Politique monétaire non conventionnelle. Un remède à la transmission monétaire ?( Télécharger le fichier original )par Obed KAMBALA Université Protestante au Congo - Licence en Economie Mathématique 2016 |
II.3. ANALYSE FACTUELLE DE DONNEES ET PRESENTATION DE RESULTATSII.3.1. ANALYSE FACTUELLEA l`heure actuelle, le chômage stagne voire s`accentue, le pouvoir d`achat s`érode du fait de l`inflation, la pauvreté persiste et la croissance reste volatile et non inclusive. Entre temps, le taux directeur ayant atteint un niveau historiquement bas, l`impact d`une nouvelle baisse devient imperceptible car elle peut avoir des risques de foncer l`économie dans la zone de la trappe à liquidité, si elle n`y était pas déjà. Elle peut également avoir un impact négatif sur l`efficacité du Bon BCC les rendant moins attractifs étant donné que le taux directeur correspond au taux plafond de rémunération de ces Bons. Page | 30 Politique monétaire non conventionnelle : un remède au mécanisme de transmission monétaire? Mémoire de Licence présenté par KAMBALA BETU Obed Dans ce contexte, il devient donc nécessaire pour la Banque Centrale d`entrevoir les actions via un assouplissement quantitatif (BCC, 2015, p. 36), qui est l`une des trois composantes d`une PMNC. La RDC faisant face à un dysfonctionnement du mécanisme de transmission de la politique monétaire du fait notamment de l`inefficacité du taux directeur (BCC, 2015, p. 44), nous avons, sur base de l`expérience de plusieurs économies, opté pour les mesures non conventionnelles comme remède. Dans la définition d`une PMNC applicable en RDC, nous avons procédé à une analyse des faits majeurs qui affectent l`économie congolaise et avons scruté les formes de politiques non conventionnelles ayant été mises en oeuvre, leurs avantages et leurs limites respectives. Une des leçons retenues de cette observation est que malgré leurs formes diverses, ces dernières ont toutes une origine commune. Elles ont été introduites pour pallier les limites de l`instrument traditionnel, le taux d`intérêt (Zanetti A., 2014, p. 2). Pour la plupart de grandes banques centrales, à commencer par la Fed, les taux directeurs sont d`abord amenés à zéro ou proche de zéro et s`il n`y a plus de marge de manoeuvre pour une baisse des taux directeurs, les mesures non conventionnelles prennent le relais. Ces deux approches sont étroitement liées, et elles impliquent que pour prendre une décision de hausse des taux directeurs, il faut être sorti des mesures non conventionnelles. Pour Trichet J-C. (2013, p. 2), cet univers est plus contraint alors que celui de la BCE est plus souple et permet de moduler les deux approches sans impacter la politique monétaire conventionnelle. Nous estimons que la BCC gagnerait plus en adoptant cette approche car elle lui concéderait plus de flexibilité. Pour Trichet J. (2013), la mise en oeuvre des mesures de PMNC doit être dosée avec minutie à la mesure du dysfonctionnement dans la transmission de la politique monétaire. Il ne faut pas se montrer trop parcimonieux mais ne pas à l`inverse inonder de liquidités, ce qui poserait des problèmes lors de l`arrêt de ces mesures. Conformément aux recommandations de Szczerbowicz U. (2012, p. 1), nous avons tenu compte des caractéristiques spécifiques de la RDC pour la conception et l`efficacité d`une PMNC. La structure de financement de l`économie (L`oeillet G. et Roudaut N., 2012, p. 8), le niveau de développement du système financier, la nécessité de soutenir l`activité de production (faible jusque-là),... figurent parmi lesdites caractéristiques. En sus, les mesures proposées sont élaborées de manière à contourner les écueils des PMNC mises en oeuvre jusqu`ici lesquels se rapportent, entre autres, à la thésaurisation du supplément de liquidité Politique monétaire non conventionnelle : un remède au mécanisme de transmission monétaire? Mémoire de Licence présenté par KAMBALA BETU Obed injecté, aux anticipations inflationnistes liées à l`accroissement de la base monétaire et aux menaces à l`endroit de l`indépendance de la banque centrale découlant du risque de monétisation du déficit public à travers le rachat des titres publics, laquelle monétisation constitue selon Kayembe J. et Mutombo G. (2013) le premier canal de transmission du processus inflationniste en RDC. Il a été scientifiquement prouvé l`existence d`un lien assez étroit entre la masse monétaire et l`inflation en RDC à telle enseigne qu`une augmentation de 100 % de la masse monétaire entrainerait une hausse de l`inflation de l`ordre de 54,9 % selon une étude menée sur 10 ans (Kambala O., 2014, p. 68). Nous proposons l`adoption d`une politique monétaire qui stimule le crédit sans l`accroître excessivement car selon la littérature récente un tel excès est considéré parmi les meilleurs indicateurs avancés des crises et des périodes de turbulences financières (Gourinchas et Obstfeld, 2012; Schularick et Taylor, 2012)12. Toutefois, la recrudescence de l`inflation observée au premier semestre de 2016 pourrait amener à prendre des mesures restrictives pour stabiliser les choses ce qui ne profitera pas au pays eu égard à sa situation précaire. Nous sommes donc amené à nous interroger de la manière suivante : « Quelle politique monétaire pour stimuler la croissance économique sans attiser l`inflation ? » Tsasa J. (2014, pp. 34-35) a démontré que l`élasticité de l`inflation par rapport à l`écart de production est positive et faible. L`inflation demeure moins sensible aux fluctuations de la production en RD. Congo, avec comme conséquence une stabilité relative des prix étant donné le non - ajustement fréquent des prix par les firmes. Ce résultat donne une réponse à la question évoquée ci-haut en ce sens que le financement des dépenses productives permet de soutenir la dynamique économique sans impacter significativement l`inflation. Une autre question peut se poser à ce stade, à savoir : « comment mitiger le risque d`inflation importée étant donné que plusieurs entreprises en RDC recourent à des intrants importés ? » Page | 31 12 Cité par Couppey-Soubeyran J., Dehmej S. (2014, p. 7) Page | 32 Politique monétaire non conventionnelle : un remède au mécanisme de transmission monétaire? Mémoire de Licence présenté par KAMBALA BETU Obed Tableau 5. Structure des importations (en millions de CDF) (1) Il ressort du tableau ci-dessus que les biens d`équipement et les biens de consommation occupent une part importante des importations en RDC, soit 88,3% du total. Ces 2 composantes se sont, par ailleurs, sensiblement accrues (soit respectivement 20,1% et 45,1%) alors que les importations d`énergie et des matières premières et semi-produits ont régressé respectivement de 46,0 % et de 33,1 %. En considérant ce qui précède, tout porte à croire que parmi les PMNC mises en oeuvre jusqu`ici, les TLTRO (Opérations de refinancement à long terme ciblé) sont les plus applicables en RDC et y seront plus efficaces. Rappelons, ici, qu`un refinancement est un ensemble des procédures par lesquelles les banques peuvent se procurer des ressources auprès de la banque centrale ou grâce au marché monétaire.13 Un financement à long terme (FLT) est la fourniture de financement stable sur « une période de temps prolongée » pour les actifs et projets d`investissement à long terme. Ces derniers ont souvent des effets bénéfiques en matière d`innovation et de création d`emplois. (Ford G., 2013) En considérant les réflexions ci-haut détaillées, nous estimons qu`une TLTRO en RDC peut prendre la forme des opérations de refinancement à long terme conditionné par l`augmentation de l`encours de crédit aux entreprises dont la structure de production exige moins de matières premières importées ou 13 http://www.larousse.fr/dictionnaire/français consulté le 20 juillet 2016 à 4h25. Page | 33 Politique monétaire non conventionnelle : un remède au mécanisme de transmission monétaire? Mémoire de Licence présenté par KAMBALA BETU Obed aux entreprises de production de biens de consommation courante, qui sont très importés. Il s`agira, pour la deuxième alternative, de favoriser le développement des industries de substitution à l`importation et donc de réduire à moyen et long les importations. Notons toutefois que l`une des principales causes du succès limité des TLTRO est que les banques d`Europe du Sud, par exemple, avaient plus utilisé ces prêts pour acheter des obligations d`Etat domestiques refinancées avec la liquidité exceptionnelle de la BCE que pour accroître leurs crédits à l`économie. Il faudra donc veiller à ce que le refinancement accordé soit alloué au crédit à l`économie pour qu`il soutienne l`activité économique et, par voie de conséquence, améliore la transmission de la politique monétaire en RDC car elle permettra une croissance de la production avec une inflation maîtrisée. A la lumière de la démarche hypothético-déductive, retenue dans ce travail, après avoir formulé cette hypothèse, nous procédons à sa validation. Pour ce faire, comme dit supra, nous recourons à un modèle UVAR (VAR non restreint). |
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