Tableau N°17:
contraintes économiques
SEXE
T.R*
|
HOMMES
|
FEMMES
|
Total
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
Non
|
Ne pas pouvoir être propriétaire de terre
|
40
|
0
|
40
|
0
|
80
|
Ne pas pouvoir exercer le commerce
|
40
|
0
|
40
|
0
|
80
|
Ne pas pouvoir élever des animaux
|
40
|
0
|
40
|
0
|
80
|
Source : enquête personnelle, juin
2016
T.R: Type de Réponse
A la lecture de ce tableau, on est frappé par
l'unanimité totale et incontestable qu'ont les enquêtés sur
le fait pour les femmes de ne pas pouvoir accéder aux
opportunités économiques telles que la propriété
des terre, l'exercice des activités commerciales et le pouvoir
d'élever des animaux constitue des contraintes d'ordre
économiques qui entravent l'autonomisation de la femme.
Tableau N° 18 :
l'avenir de l'autonomisation de la femme malienne
T.R*
SEXE
|
Mythe
|
Espoir
|
TOTAL
|
Hommes
|
08
|
10%
|
32
|
40%
|
40
|
50%
|
Femmes
|
12
|
15%
|
28
|
35%
|
40
|
50%
|
Total
|
20
|
25%
|
60
|
75%
|
80
|
100%
|
Source : enquête personnelle,
juin 2016
T.R: Type de Réponse
Lorsque nous mettons ce tableau sur la loupe, on constate que
10% des hommes pensent que l'autonomisation de la femme malienne est un mythe
contre 15% des femmes enquêtées. Par contre 40% des hommes et 35%
des femmes interrogées pensent que cette autonomisation de la femme
malienne est un espoir.
Ces hommes et femmes interrogés (25%) qui voient
l'autonomisation de la femme malienne d'un mauvais oeil, comme un mythe sont
accrochés à la tradition et s'appuient sur le rapport de
domination très soutenu de l'homme sur la femme au Mali ; par
contre, ceux ou celles qui réservent un lieur d'espoir (75%) à
l'autonomisation de la malienne s'appuient surtout sur les efforts
déployés par le gouvernement et des associations
féminines dans ce sens même s'ils ne contestent pas le poids de la
tradition qui pèsent lourdement sur elle dans ce processus.
III-Synthèse et
Discussion des résultats :
L'hypothèse selon lequel le District de Bamako a
joué un grand rôle dans l'émancipation de la femme
malienne, 50 personnes, soit 62.5% des personnes interrogées confirment
que le district de Bamako a joué un rôle énorme dans
l'émancipation de la femme malienne. Ces personnes interrogées
soutiennent cette hypothèse avec des arguments qui suivent :
- les institutions chargées des femmes sont toutes
à Bamako et cela a joué en faveur de leur
l'émancipation ;
- à Bamako, les femmes sont libres et
émancipées et cela grâce à sa position
centrale ;
- la création des associations féminines est
plus facile à Bamako ; et que cela favorise mieux la
réclamation des droits des femmes ;
- le District de Bamako a reconnu les droits des femmes et
c'est à Bamako que la femme malienne est plus libre ;
- c'est dans cette ville qu'existent plusieurs centres d'appui
et d'aides des femmes maliennes ;
- toutes les structures chargées de maux
féminins sont concentrées à Bamako, ce qui fait c'est
à Bamako que tous les progrès des femmes maliennes commencent
à Bamako ;
- Bamako étant la capitale, c'est le lieu où
toutes les décisions importantes concernant les femmes sont
prises ; certains ajoutent même le fait que la première dame
y réside ;
- Les droits des femmes sont respectés à Bamako,
elles y ont plus d'opportunités ; d'autres pensent que c'est Bamako
qui a donné à la femme sa place ;
- Bamako a défendu les droits des enfants ;
- C'est à Bamako que la priorité est
donnée aux femmes aux femmes dans les différents besoins sociaux,
tel que l'intégration des femmes à la fonction publique et leur
accès facile aux infrastructures de base (santé,
éducation, etc.) ;
- Les centres de formation et d'alphabétisation des
femmes ont vu le jour avec les autorités de Bamako ;
- Bamako a joué son rôle dans
l'émancipation de la femme malienne à travers la sensibilisation
médiatique (radio, TV, etc.) ;
- Toutes les activités concernant les femmes sont
menées de Bamako vers les autres villes ;
- Bamako est le centre où tout se discute, y compris
les problèmes féminines et c'est le lieu de brassage et de
décision pour toutes les femmes du pays ;
- C'est à Bamako que les femmes maliennes
reçoivent le plus d'appui ;
- Bamako, constitue une plateforme où la femme a le
plus de liberté et d'opportunité ;
- C'est le lieu où se résolvent les soucis des
femmes maliennes.
Cependant, il y a 13.75% des enquêtés qui ont
affirmés que le District de Bamako n'a joué aucun rôle dans
l'émancipation des maliennes. Certains d'entre eux estiment qu'on ne
peut et doit même pas parler d'émancipation de la femme malienne.
Ils motivent également leurs opinions par le fait que :
- Bamako n'a rien servi pour les femmes maliennes car ce sont
les seules bamakoises qui sont émancipés alors qu'il y a une
majorité de femmes qui sont à la traine ;
- Qu'il y a plus de femmes pauvres et que Bamako n'a
joué aucun rôle dans l'émancipation de la femme
malienne ;
- Les femmes sont toujours pauvres au Mali, c'est une
poignée de femme qui en profite au nom des autres femmes du Mali que
l'émancipation ne profite qu'aux femmes intellectuelles,
« misôrôbatigui » ;
- Il y a beaucoup de femme au chômage, inactif et
pauvre ;
- La femme malienne est toujours à la traine car
les femmes souffrent et arrivent à peine à s'assurer de leurs
besoins essentiels ;
Enfin, quant au restant de 23.75% de personnes qui n'ont pas
répondues à la question, nous estimons que cela est dû
à la technicité des questions et à l'illettrisme de cette
portion de la population enquêtée.
Nous pensons qu'aux regards des chiffres nettement favorables
(62.5% des personnes enquêtées) à l'idée que le
District de Bamako a joué un grand rôle dans l'émancipation
de la femme malienne ; cette hypothèse est confirmée.
Quant à l'hypothèse selon lequel les femmes du
District de Bamako incarnent des facteurs de changement et réclament une
autonomie sur les plans économiques, politiques et social ; 59
personnes soit 73,75% des enquêtés la confirme, et 27,25% restant
de personnes enquêtés soit 21 personnes n'ont pas de positions sur
cette réponse anticipée ; cette couche silencieuse des
enquêtés à propos de cette hypothèse est simplement
indifférente et n'infirme nulle pat encore cette hypothèse.
La majorité des enquêtés (73.75%) qui
soutient qu'effectivement que les bamakoises incarnent des facteurs de
changement pensent globalement que la femme est et/ ou représente
la :
- porte-parole des sans-voix(les femmes du village et des
campagnes) ;
- femme qu'est libre, connait et revendique ses droits, c'est
une élite ;
- femme un peu en l'avance sur les autres femmes, elle est le
plus émancipée par rapport aux autres femmes ;
- la femme battante car elle joue rôle important dans la
famille ;
- la vitrine des autres femmes et qu'elle est plus
civilisée ;
- femme libre, insoumise aux travaux durs des champs, de
recherche de bois et d'eau... ;
- une modèle et une entrepreneuse ;
- femme battante qui s'emploie dans tous les secteurs
d'activités de la vie ;
- la présidente des autres femmes de par sa grande
liberté d'action ;
- l'étoile des autres femmes du pays car
dépassant toutes les consoeurs du pays ;
- la femme civilisée, revendicatrice et active dans les
associations
- le guide, l'informatrice des autres sur les défis du
moment ;
- la femme leader, travailleuse et riche, c'est la femme
idéale aux yeux de leurs homologues de la campagne ;
- la présidente de toutes les femmes du Mali et c'est
leur coordonnatrice ;
- le prototype de femme émancipée, et elle est
la patronne, la porte-parole car mieux écouté et mieux instruite
et ayant en contact avec le monde.
En guise de résumé, cette dame de l'A.C.I. 2000
de 43 ans répond : « à mon avis, la
femme du district de Bamako représente un modèle de par son
indépendance et sa confiance en soi et elle est de nos jours, une vraie
force unie pouvant à tout moment amener le changement car elle a toutes
les chances et tous les atouts : elle est instruite, présente dans
les partis politique et dans la quasi-totalité des secteurs
d'activités aussi bien dans le primaire, le secondaire que dans le
tertiaire ». Mais cette autre femme de Lassa, bien que
reconnaissant les atouts de la bamakoise, nous confie
ceci : « en terme de moyenne, si je dois noter la femme
de Bamako, je lui donnerai 02 sur 10 car sa quête de changement l'a fait
oublier son foyer et ses enfants ».
En ce qui concerne la quête d'autonomie de la bamakoise,
22.5% des enquêtés (soit 18 personnes) ont estimées que les
femmes du District de Bamako réclament l'autonomie sur le plan
financière. Ils ne sont dans la même veine, que 5
enquêtés sur un effectif de 80(soit 6.25%) à dire que la
femme du district de Bamako est à la quête d'une autonomie
politique ; en plus, une majorité des enquêtés
(38.75%) s'accorde sur l'idée que les bamakoises réclament une
autonomie sur le plan socioculturel.
En dépit de ces avis tant partagés, il existe
une frange de la population enquêtée non négligeable
(32.5%) qui ne dissocie pas les types d'autonomie que réclament les
femmes de Bamako. Elle pense effectivement que les bamakoises prétendent
une autonomie non seulement sur le plan économique, politique mais aussi
sur le plan socioculturel.
A ce niveau encore, cette hypothèse selon laquelle les
femmes de Bamako réclament une autonomie sur les plans
économique, politique et social se trouve confirmée.
En dehors de cette confirmation, les chiffres nous invitent
à constater que les femmes de Bamako sollicitent le plus une autonomie
socioculturelle (38.75%). Ce constat tient à la position
hiérarchique et sociale de la femme dans notre société qui
la laisse sous le joug de l'homme qui, traditionnellement est chargé de
l'entretenir comme une mineure ; ce qui bloque très souvent ses
possibilités d'épanouissement sur les autres plans
(économique et politique) car se heurtant aux vétos de son tuteur
(son époux le souvent ou ses parents...).
Enfin, par rapport à l'hypothèse selon laquelle
les contraintes exercées par la tradition sur la femme malienne dans sa
quête d'autonomie sont nombreuses et complexes ; l'enquête
menée auprès de la population de la commune IV et des acteurs de
la promotion féminines nous confirme que les contraintes traditionnelles
pesant sur la femme malienne dans sa quête d'autonomie sont à
divers ordres et complexes.
Aux regards des résultats, les contraintes sont d'ordre
religieux, familial, socioculturel et économique et se manifestent
différemment.
En effet, 45% des enquêtés ont affirmés
que la religion est une contrainte qui pèse sur l'autonomie de la femme
malienne et ils pensent le plus souvent que la religion ainsi que ses
préceptes véhiculent et éduquent la soumission de la femme
à son mari ; à ce propos une femme mariée de 26 ans
à Sibiribougou explique que : « la religion
musulmane recommande à une femme de demander l'autorisation de sortir ou
de faire tout autre chose à son mari. Certains disent même que la
femme ne doit pas se rendre aux funérailles d'un des parents
(père ou mère) sans attendre l'aval de son époux
absent ». L'avis de cette dame est corroboré par
l'enseignement prêché par ce prêcheur de Lafiabougou qui
nous a confié cela : « (...) si un humain devait
se prosterner à un autre, la femme le fera à son
mari ».
En ce qui concerne les contraintes familiales, les
enquêtés les ont situé à divers horizons. 32.5%
d'hommes et de femmes enquêtés les ont situés de la part du
mari ; par contre, 6.85 de femmes et 27.5% d'hommes enquêtés
ont affirmés que les contraintes familiales proviennent d'autres membres
de la famille. Même si leurs provenances diffèrent, les
enquêtés ont soulignés des pressions, des
découragements et des interdictions familiales que subissent les femmes
maliennes au cours de leur quête d'autonomie (quand il s'agit par exemple
pour la femme de faire le commerce).
Les enquêtés ont également fait part des
contraintes socioculturelles qui vont de l'infériorisation de la femme,
à la surcharge ménagère, la négation du droit
à l'éducation de la femme/ fille et à l'interdiction
d'adhésion aux associations et d'assister aux manifestations
culturelles. Ils ont relevé des contraintes d'ordre économique
qui se manifestent par l'interdiction d'accès des femmes aux
opportunités économiques comme l'empêcher de ne pas pouvoir
être propriétaire de terre, d'exercer le commerce et de pouvoir
élever des animaux.
Nous estimons que cette hypothèse selon laquelle les
contraintes exercées par la tradition sur la femme malienne dans sa
quête d'autonomie sont nombreuses et complexes se trouve
également confirmée si nous faisons la remarque la
présence dans les résultats de l'enquête, des contraintes
religieuses, familiales, socioculturelles et même des contraintes d'ordre
économique avec des manifestations différentes, d'où leur
complexité.
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