CONCLUSION :
En mettant en filigrane toutes les parties de notre devoir, on
est frappé d'abord par l'historique de l'émancipation de femme
malienne dont quelques associations et mouvements féministes, à
des époques différents, ont été les meneurs de ce
combat à partir de Bamako.
En effet, depuis les
indépendances jusqu'à l'ère de la démocratie
(1991), ces associations et mouvements féminines se sont
succédés et constitués en lobbies pour faire en sorte que
les préoccupations des femmes soient prises en compte dont la plus
épineuse dans une société patriarcale comme la nôtre
a été celle de l'émancipation de la femme.
Ces associations, toutes initiées à Bamako, ont
contribué à l'éveil de leurs soeurs illettrées des
campagnes et des régions. Elles se sont également
organisées de sorte que leur siège (Bamako) a servi de canal de
décision, de transmission des idées importantes sur la question
féminine car, avait plus de femmes lettrées, intellectuelles
comparativement au reste du pays. En outre, leur lobbying a contribué
à une implication des autorités au plan politique avec la
création de différentes institutions au service des femmes.
Ensuite, on est hâté par la mise en relief de
l'image, la conditions de la femme malienne en général et celle
du district de Bamako en particulier dont la situation n'est pas trop enviable
du fait des coutumes maliennes qui la considère comme inférieure
à l'homme et devant se soumettre à lui ou du moins comme une
personne devant s'occuper seulement du foyer, qui doit obéir à
ses parents, à son époux, son avis n'étant presque jamais
pris en compte. Elle n'est pas consultée avant les prises de
décisions même si cela la concerne. Son rôle essentiel
étant non seulement de s'occuper du foyer mais aussi d'assurer la
pérennisation de la famille.
Nous constatons également que bien que marquée
par le poids stéréotypé et discriminatoire de la
coutume ; la femme malienne semble aujourd'hui sortir progressivement de
ce stéréotype qui l'a longtemps caractérisée par le
fait que la bamakoise est de nos jours à tous les bouts de champs et
sollicite une autonomie multidimensionnelle.
Enfin, on est tenté de comprendre le poids des
traditions « maliennes » sur l'autonomie de la femme. Cette
pesanteur se situe à plusieurs niveaux. Elle s'exerce non seulement sur
le plan religieux, familial, socioculturel mais aussi sur l'échiquier
économique.
A ce niveau, n'ayons pas peur des expressions, la phallocratie
ou du moins la misogynie sinon l'esclavage à voile cachée est
une réalité chez nous au Mali. Elle fait partie de nos moeurs et
de nos coutumes. Nous concevons qu'il faut vivre avec nos réalité
mais il ne faut pas perdurer celles qui sont négatives. S'il y a par
contre des aspects magnifiques de nos traditions, nous devons oeuvrer à
les conserver.
Ce poids de la tradition se manifeste non seulement dans
l'attitude de la communauté qui veut que la femme soit l'être
subalterne de l'homme, qu'elle soit à la charge de celui-ci, qu'elle ait
toujours besoin de l'aval de ce dernier pour décider de ses choix et
même de son être, qu'elle se soumette à l'homme, qu'elle
effectue tous les travaux ménagers qui la laissent moins de temps pour
diversifier ses activités ; bref, qui la laisse sous le joug
l'homme ou de son époux qui décide de ce qu'elle doit ou ne pas
faire à sa place qui, le plus souvent, est animé d'un souci de
transcendance de la femme sur lui ou à l'extrême, de
l'égoïsme en interdisant la femme d'accéder à ses
opportunités d'épanouissement ; mais aussi par le
caractère discriminatoire et sexiste de certains textes
législatifs et réglementaires ; or, tout porte à
croire que la femme qui exerce un emploi rémunéré ou une
activité économique génératrice de revenus dans un
environnement social et juridique sécurisé a un accès et
un contrôle plus important sur les ressources productives et
financières du ménage. Sa contribution à la satisfaction
des besoins de la famille lui donne plus d'autonomie et un pouvoir
d'intervention plus significatif dans les décisions concernant le
ménage, les enfants et les investissements à faire au niveau du
foyer. Mais pour la majeure partie des femmes, la position sociale dominante de
l'homme sur la femme est une réalité qu'elles se doivent de
respecter au risque de briser l'image préconçue de leur
féminité, ce qui explique le désespoir de certaines
personnes enquêtées (25%) qui voient l'autonomisation de la femme
malienne comme un mythe.
Pour aboutir aujourd'hui, à une autonomisation de la
femme malienne, il faudra lutter contre ces pesanteurs sociales souvent
enseignées et véhiculées par la religion dont
l'interprétation des préceptes est en défaveur des femmes,
pour ainsi poser la question de la femme malienne en termes
généraux de développement et cela, par leur information,
leur formation et leur éducation car il est constant de nos jours que l'
illettrisme et l'analphabétisme des femmes sont endémiques au
Mali et sont un frein à leur croissance. Ils constituent en fait dans
notre société moderne le point principal de relégation de
la femme en seconde zone.
Il est également à noter que malgré le
poids grandissant de la tradition, 75% des enquêtés voient
l'autonomisation de la femme malienne comme un espoir, une pente que les femmes
peuvent bien relever.
Cette recherche se voudrait être une contribution
à la compréhension des phénomènes ou du moins des
maux qui empêchent la femme malienne d'être un être au vrai
sens du terme avec ses attributs de liberté, de participation au
développement, bref, d'autonomie. Elle a par contre la faiblesse sinon
la lacune de ne pas approfondir la participation des femmes au
développement afin de fournir une analyse sur la situation des femmes
comme par exemple en politique, économie, dans les administrations
publiques, dans l'emploi...qui serait à notre avis des pistes de son
autonomisation.
Nous restons cependant réceptifs à toute
remarque, critique, ou suggestion dans un but d'amélioration du
présent mémoire.
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