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Autonomisation de la femme malienne face à  la tradition: mythe ou espoir ? Etude de cas en commune IV du district de Bamako

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par Issa DOUMBIA
Institut National de Formation des Travailleurs Sociaux - Diplome Supérieur en Travail Social 2016
  

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Tableau N°9: Charge d'occupation quotidienne aux activités domestiques :

Zone de résidence

HOMMES

FEMMES

Ratio temps H/ temps Femmes

Effectif

Zone urbaine

0.6h

3.7h

16.4 %

20

Zone rurale Sud

0.7h

13.5h

5.0%

15

Zone rurale Nord

2.6h

3.4h

77.8%

15

Ensemble du Mali

1.0h

7.2h

14.2%

50

Source : Etude d'Evaluation Stratégique des enjeux en matière de genre au Mali, 2005.

De l'analyse du tableau, il ressort que les femmes du sud sont les plus chargées car seules 5% des tâches domestiques sont exercées par les hommes, les 95% sont prises en charges par les femmes. Au nord par contre, 77,8% des tâches domestiques incombent aux hommes.

Dans cette répartition du travail domestique, on constate un grand écart entre les ratio homme/femme du milieu rural par rapport au milieu urbain ; les femmes rurales consacrent beaucoup plus temps que les femmes urbaines aux travaux domestiques. Les femmes urbaines consacrent moins de temps aux activités domestiques car elles recrutent des aides ménagères ou « bonnes », ce qui leur permet de mener d'autres activités génératrices de revenus.

D'après les résultats des enquêtes 123 réalisées auprès de 7 pays membres de l'UEMOA entre 2001-2002, dont Bamako, les femmes passent en moyenne 17 heures par semaine à effectuer des activités domestiques quand les hommes se contentent de huit fois moins (2 heures). Par ailleurs, ces enquêtes mettent en évidence, un phénomène dit de la « double journée des femmes actives » en milieu urbain qui passe plus de temps que les inactives à se consacrer aux activités domestiques (18h contre 16h). Ceci traduit le rôle social joué par les femmes qui se partagent entre deux fonctions : la prise en charge de la reproduction interne des unités familiales et une contribution importante au pouvoir d'achat des ménages à travers l'exercice d'une activité économique.

B- Le difficile accès à la terre

a-Accès à la terre selon le droit foncier moderne

Au Mali, c'est le Code Domanial et Foncier qui détermine les conditions d'accès au foncier naturel (terre et accessoires, eaux, formations végétales) et au foncier artificiel (aménagements hydro agricoles).

Au niveau du foncier naturel, la femme rurale dispose donc de tout un éventail d'instruments juridiques de droit moderne qui lui garantit le droit de propriété. Toutefois, les populations rurales continuent de privilégier les us et coutumes en la matière.

Au niveau du foncier artificiel, l'accès à la terre est reconnu à la femme sans discrimination alors que les critères d'accès ne favorisent pas la femme. Le foncier artificiel est constitué de périmètres aménagés dont les principaux sont l'Office du Niger (ON) qui fournit actuellement 50% de la production de riz du Mali, de l'Office du périmètre réhabilité de Baguinéda (OPIB), de l'Office Riz Ségou (ORS), de l'Office Riz Mopti (ORM), et des petits périmètres irrigués villageois de Gao. Dans toutes ces zones, les terres sont toujours immatriculées au nom de l'Etat ; par contre, les modes d'exploitation de ces aménagements ressortent de la réglementation propre à chaque zone.

· Dans la zone de l'Office du Niger (ON), Ségou :

La loi reconnaît à la femme rurale le droit d'accès au foncier aménagé de l'Office du Niger sans discrimination et établit une parité entre l'homme et la femme pour ce qui concerne les voies d'accès. La substitution de l'indicateur d'attribution à connotation discriminatoire "travailleur-homme" par celui de "travailleur-actif" plus neutre a facilité l'intégration des femmes dans ces périmètres. Même si les femmes, chefs d'exploitation, ne représentent que 3% des effectifs en 2003.

· Sur les terres aménagées de l'Office du Riz de Ségou (ORS), Ségou 

L'ORS est un établissement public doté de personnalité morale et d'autonomie financière. Il encadre 234 villages ; la propriété des terres revient à l'Etat. L'accès à la terre est soumis à l'avis d'une commission technique qui accorde la priorité aux femmes exploitantes sur place. Les femmes ne souffrent d'aucune discrimination quant à l'accès aux terres rizicoles tant à titre individuel qu'à titre collectif.

Sur l'ensemble de ces deux zones, la démarche d'attribution est la même. Hommes et femmes ont les mêmes droits à ce niveau. La formulation de la demande et le respect du cahier de charge sont exigés pour les deux sexes.

· Dans la zone de l'Office du Riz de Mopti (ORM), Mopti 

Dans cette zone la population est à 98% rurale. Les demandes de parcelles pour la culture du riz sont adressées à l'Office Riz Mopti à travers les associations villageoises. Pour être éligible, il faut être chef de famille ou chef d'unité de production et avoir un degré d'équipement conséquent ou des moyens financiers suffisants afin de mettre en valeur la terre.

Ces critères seront difficiles à remplir par les femmes dans la mesure où le statut de chef de ménage revient à l'époux et qu'elles sont rarement propriétaires d'actifs de production. De plus, à ces disparités s'ajoutent les normes d'attribution des superficies qui octroient 0,30 ha à l'homme contre 0,21 ha à la femme éligible. La priorité est de fait accordée aux hommes en tant que chef de famille.

· Sur les terres irriguées de l'office du périmètre de Baguinéda 

L'attribution de parcelles aux ruraux se fait dans les mêmes conditions qu'à l'Office du Riz de Mopti où les critères de chef de famille et de disponibilités d'actifs de production sont appliqués.

Ainsi, malgré les textes officiels qui stipulent l'égal accès à la terre sur le foncier artificiel, il faut souligner que dans la pratique l'attribution est inégalitaire comme en attestent les critères d'attribution dans les zones de l'ORM et de l'OPIB. En réalité, la pression est le facteur déterminant. En effet, chaque fois que les terres sont limitées, la priorité est accordée à l'homme. Les propos recueillis auprès de chefs d'exploitation illustrent bien cet état de fait :

En fait, dans la catégorie des chefs de famille, seule la femme veuve peut être considérée comme telle et cela en cas d'inexistence ou d'absence d'un fils majeur. Pour les sites aménagés pour la culture maraîchère, où les femmes sont les principales productrices, les superficies, également attribuées selon le critère de chef de famille, représentent le double de celles attribuées aux femmes.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon