b- Accès à
la terre suivant le droit foncier coutumier
En dehors des périmètres aménagés,
on constate que les ressources naturelles sont régies par le droit
coutumier qui est constitué d'un ensemble de règles
traditionnelles de nature socioreligieuse qui déterminent la position
des populations vis-à-vis de l'attribution, de la gestion et de
l'exploitation de la terre et de ses accessoires (eau, pâturage,
forêts...). Il convient de faire une distinction entre la situation dans
le Sud et dans le Nord du Mali.
· Les Zones non aménagées du Sud du
Mali
Pour connaître les moyens par lesquels la femme rurale
accède à la terre selon les us et coutumes, il suffit de mettre
en exergue le rôle qui lui est dévolu dans le système de
production rurale.
Ainsi on observe que la facilité d'accéder
à une parcelle de culture n'est pas synonyme de sécurité
foncière pour la femme rurale.
Dans les périphéries des grandes villes, on
observe une pression de plus en plus forte sur la terre à cause d'un
changement de mentalité chez les ruraux pour qui la terre perd peu
à peu sa valeur sacrée.
· Les Zones non aménagées du Nord
du Mali
La région de Gao présente la
particularité, au plan foncier, d'avoir subi un recensement foncier vers
1949. Ce recensement a modelé le caractère individualiste de la
propriété foncière, qui sert de base au cadastre
traditionnel pour l'identification des terres.
Une des conséquences de l'individualisation de la terre
est la disparition du terroir villageois en tant qu'espace homogène
collectif géré par une autorité ou une institution au nom
de la communauté villageoise. Cette situation a fait qu'aucune terre ne
peut être affectée à un usage sans le consentement de son
propriétaire. Le fait que la majorité des terres appartienne
à la minorité de la population favorise toutes sortes de
situations : vente, métayage, location, etc.
Ainsi, quel que soit la communauté concernée, la
relation de la femme à la terre est régie par les règles
du droit coutumier et ce malgré les dispositions de la Constitution et
du Code Domanial et Foncier qui reconnaissent l'accès égal
à la terre à l'homme et à la femme.
Ces disparités de traitement explicitent bien les
difficultés que la femme rurale rencontre pour subvenir à ses
besoins, à ceux de sa famille et en même temps participer
efficacement au développement économique du ménage. Cette
situation contribue pour beaucoup à la féminisation de la
pauvreté. Elle affecte également la capacité
d'investissement de la femme parce que, si rien ne change, elle ne sera jamais
en mesure de fournir en garantie un titre de propriété pour
obtenir par exemple un crédit bancaire, destiné à
accroître sa surface financière.
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