B. LA FEMME MALIENNE DANS LA
SOCIETE
Son rôle et son image sont des plus
stéréotypés car découlant d'une éducation
patriarcale reçue et renforcée par des préjugés
socioculturels crées et entretenus par la société.
N'est-il pas dit au garçon depuis l'adolescence « qu'un
homme ne doit pas confier son secret à une femme ? » une
telle pensée exclut toute confiance, voire toute complicité entre
l'homme et la femme même dans le couple. La femme est plutôt vue
comme un être léger ne sachant pas garder les secrets, donc elle
doit mériter aucune confiance de la part de l'homme. Ces pratiques
traditionnelles néfastes exercées, voire imposées à
la femme, aux filles du fait de son genre. Ce sont entre autres : le
mariage précoce ou forcé, la répudiation, lévirat,
sororat et les mutilations génitales féminines communément
appelé excision. Cette situation de violence et de violation des droits
de la femme est aussi favorisée par l'option de polygamie qui est la
pratique la plus courante, laquelle met souvent les femmes en
compétition face aux faveurs distribuées par l'époux
commun. Ainsi, cette option permet légalement à l'homme
d'épouser jusqu'à quatre(04) sans en remplir les conditions
requises par les textes ou même les percepts de l'islam.
La société malienne tolère et même
accepte cette injustice dont sont victime les femmes. Au-delà de cette
acceptation, elle va jusqu'à reconnaitre à la pratique de la
polygamie le signe d'un pouvoir de l'homme, pouvoir qui peut être social,
culturel ou simplement économique.
Le plus intéressant est que les femmes
elles-mêmes l'acceptent car dans bien des cas, elles disent y trouver
leur « compte ». Après tout,
ce « compte » dont elles parlent est plus
imposé par la société malienne qui est moins
tolérante vis-à-vis du célibat de la femme. Tout en lui
donnant des « responsabilités » dans la famille, la
société ne reconnait pas à la femme le droit de participer
officiellement aux prises de décision, ou celui de
représentation.
Aussi, le cadre de l'affirmation de la responsabilité
de la personnalité et de l'exercice du pouvoir par la femme, si on peut
parler de pouvoir à ce niveau, est-il délimité par cette
même société qui lui laisse la sphère
privé, un domaine moins visible, moins reconnu et plus contraignant, la
sphère publique étant le domaine réservé à
l'homme avec plus d'opportunité de s'affirmer, de prendre ou d'exercer
le pouvoir, quel qu'il soit.
Toute femme qui essaie d'occuper une partie de
ce « no man's land »est mal acceptée, mal
jugée et mal vue par la société et par certaines femmes
aussi. Malheureusement, elle est souvent accusée à tort de
vouloir « porter le pantalon », c'est-à-dire
devenir homme; une manière de dire encore que le pouvoir est d'essence
masculin. Ce rôle secondaire et cette image
stéréotypés imposés à la femme par la
société ne sont pas, bien sûr, exempts de violence.
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