II-LA FEMME DANS LES SOCIETES
MODERNES MALIENNES
Tout comme dans les sociétés traditionnelles
maliennes, la femme dans nos sociétés modernes actuelles reste
cet être faible à qui on ne doit pas confier de secrets. Sa
faiblesse ressort au niveau de la prise de décisions au sein de la
famille. En plus de cela, ajoutons son identité en tant qu'agent de
production.
Les femmes dans les sociétés modernes sentent le
besoin de s'affirmer, c'est pourquoi elles commencent malgré les
difficultés de tout genre, à s'imposer dans tous les
domaines : politique, économique, culturel et social.
Notons cependant que le rôle et l'image de la femme
comme avant, n'ont pas beaucoup changé, seulement avec la crise
économique, elle se sent plus obligée d'avoir le moyen de
s'auto-affirmer. De ce fait, au niveau de son image personnelle, on peut parler
de changement avec la création des associations, des groupements
d'intérêt économiques, des coopératives
gérées et financées par elles-mêmes.
La femme était autrefois respectée à
cause de ses vertus, qualités et rôle, mais elle est devenue de
nos jours un objet de plaisir, une marchandise qui, pour être vendue, se
livre à des pratiques honteuses telles que la dépigmentation.
III- LA FEMME DU DISTRICT DE
BAMAKO
La femme du district de Bamako est diversiforme pour ne pas
dire « multicouche » et leur caractère
diffère selon les quartiers, les secteurs et les disparités
socioculturelles sont notoires.
Elle est analphabète, instruite et interviennent selon
sa classe sociale, dans l'économie, dans la politique sans
déroger à sa fonction sociale principale de
ménagère. On peut dire que la femme de Bamako est entre la
tradition et la modernité.
Dans ce dualisme, les femmes les plus démunies, tout
comme leurs homologues de milieux ruraux, pratiquent des activités
orientées essentiellement vers la production des biens de consommation
alimentaire de la famille. Sans pouvoir d'épargne suffisant, ces femmes
arrivent tout de même à tirer de leurs activités assez
d'argent pour faire face aux dépenses liées à l'entretien
des enfants, aux besoins collectifs de la famille( sucre, savon, sel...) et aux
évènements sociaux( mariage, baptême...).
Cette couche généralement analphabète se
livre à des activités commerciales surtout dans l'alimentation,
le textile, des ustensiles de cuisines et passent presque toute la
journée hors de la maison (marché, grandes artères ou
autres espaces / places publiques) ; ce qui les oblige à recruter
des aide-ménagères pour les travaux ménagères
domestiques et la garde des enfants ; elles exercent tout de même
des activités libérales (teintures, coiffures, etc.) dans
lesquelles elles s'en sortent bien et qui les procurent un plus grand prestige
sur les plans esthétique et vestimentaire.
Quant à celles ayant fréquenté
l'école, elles sont salariées, et présentes dans tous les
secteurs (public et privé) et occupent actuellement dans des domaines
comme le Bâtiment et Travaux Pratiques et les Nouvelles Technologies de
l'Information et de la Communication considérés autrefois comme
des « domaines masculins » du fait de leur
technicité.
Leur situation de salariée fait qu'elle n'est
plus « esclave » de leur mari dans la mesure où
elles gagnent un revenu fixe dont elle peut jouir librement. Le travail
salarié a permis à la femme de s'émanciper. Grace à
son activité professionnelle et salariale, la femme s'impose comme une
personne responsable et consciente. Son travail salarié constitue donc
une promotion sociale et économique, si nous nous référons
à son statut dans la société traditionnelle. Pour ces
femmes, l'emploi est source d'autonomie financière.
La femme du district de Bamako est le prototype de femme qui
essaie de joindre les deux bouts tout en préservant son identité
de ménagère. Comparativement à leurs consoeurs du village,
elle est émancipées car ayant la capacité de transformer
son entourage, elles sont libres et osent prendre la parole pour discuter
d'égal à égal avec leur époux des problèmes
familiaux. Tout au moins elles savent que la femme et l'homme forment le couple
et qu'ils sont complémentaires dans le foyer même si elles se
heurtent fréquemment aussi à certaines pensées et images
socioculturelles stéréotypées dans certaines
sphères de l'émancipation de la femme. Elles sont visibles sur la
scène politique, à de proportions faibles, et à tous les
niveaux (municipal, régional, dans le gouvernement...). A cette
époque de démocratie, les bamakoises se regroupent de plus en
plus au sein des associations, formelles et informelles, dans de mutuelles de
santé ainsi que dans les groupements d'intérêts
économiques. C'est ce qui explique la prolifération des
associations et groupements féminines à buts divers.
De par sa situation sociale et économique mieux en
avance sur celle des autres femmes du pays, la femme de Bamako restent le
modèle à copier, une vitrine et un miroir pour leurs consoeurs du
pays car jouissant d'un meilleur cadre de vie relativement aux autres femmes.
Ne serait-ce que de par son emplacement (sa position, dans la capitale) moins
hostile par rapport au village, la bamakoise est un peu à l'abri du
besoin, loin des champs, maitrisent sa maternité, ayant plus
accès aux services sociaux de base et plus enclin à entreprendre.
La bamakoise milite pour ses homologues des régions
mais en réalité, elle-même ne sent pas / subit pas le
besoin ou les difficultés contre lesquelles elle revendique au nom de
toutes les femmes raison pour laquelle certains n'hésitent pas à
les taxer de « MISÔRÔBATIGUI »
(littéralement, femme aux grandes voiles), c'est-à-dire grandes
dames, déjà émancipées et autonomes et qui crient
sans cesse à l'autonomisation et à l'émancipation.
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