Autonomisation de la femme malienne face à la tradition: mythe ou espoir ? Etude de cas en commune IV du district de Bamako( Télécharger le fichier original )par Issa DOUMBIA Institut National de Formation des Travailleurs Sociaux - Diplome Supérieur en Travail Social 2016 |
CHAPITRE III : LA FEMME DU DISTRICT DE BAMAKOI. LA FEMME MALIENNE : SON ROLE SOCIAL ET CULTURELDans la société malienne, la femme a toujours occupé une place de premier choix en sa qualité d'épouse et de mère, de travailleuse et de citoyenne. Considérée comme le pilier du foyer et de la famille, elle a un rôle de production et de reproduction. C'est dans son rôle d'épouse et de mère qui lui donne un véritable statut social que la femme est reconnue en premier, ce aussi bien en milieu urbain qu'en milieu rural. Ce statut lui confère un rôle de ménagère quelles que soient les activités économiques qu'elles mènent : travaux agricoles, emplois salariés, etc. Elle est celle qui est chargée entre autres des tâches domestiques (préparation des repas, entretien de la maison, etc.) et de l'éducation des enfants ainsi que de leur socialisation. Ces tâches sont de fois longues et pénibles. La société lui donne la charge morale de gardienne des us et des coutumes et gérante de l'honneur et de la responsabilité de la famille. Aussi, si l'époux est sale ou mal habillé, d'après la société, c'est la faute à la femme ; la mauvaise conduite d'un enfant est attribuée à la mère qui en est blâmée. Toutes ces images stéréotypées font d'elle un être inférieur et discriminé. Les différentes transformations sociopolitiques intervenues dans notre pays depuis l'indépendance n'ont pas entrainé un réel changement du rôle et de l'image de la femme dans la famille et dans la société quel que soit le milieu. A. LA FEMME MALIENNE DANS LA FAMILLEPetite fille, elle est élevée à être dépendante et soumise. Dans la majorité des cas, son éducation scolaire n'est pas une priorité contrairement à celle du garçon qui est considéré comme un investissement par les parents. La fille est élevée à devenir mère et épouse plutôt que citoyenne et responsable. On lui apprend à s'effacer et à jouer un second rôle, alors que le garçon doit être indépendant, dominateur et volontaire. Adolescent, il est déjà associé à certaines prises de décision de la famille où il va jusqu'à remplacer le père absent dans certains cas. Certains parents vont jusqu'à choisir pour la fille ses jeux et ses études généralement littéraires et/ ou courtes. Cette situation d'infériorisation de la fille laisse toujours de séquelles chez la femme à l'âge adulte. Dans certaines ethnies, par exemple chez les peulhs, la fille est élevée à ne pas élever le ton et à garder la tête baissée quand elle s'adresse aux adultes ou à l'homme or il est connu de tous que le pouvoir de dire est un moyen de s'assumer et de se libérer des préjugés et des discriminations de l'ordre patriarcal. La relation de la femme à la parole se résume selon Ahmadou Kourouma à trois(03) noms qui ont la même signification : résignation, silence, soumission. Là où les hommes parlent, les femmes n'ont pas droit à la parole. Ce qui illustre bien l'adage qui dit que : « quand le coq chante, la poule se tait ». Une telle éducation est pleine de préjugés et de stéréotypes qui accompagnent la femme dans son âge adulte, dans sa vie privée et dans celle publique. Ainsi, dans au moins 90% des foyers, l'homme reste celui qui décide seul et la femme celle qui obéit25(*).Cette situation est corroborée par bien d'images stéréotypées comme « le pouvoir est du domaine mâle, c'est un domaine réservé aux hommes. » Ceci dénote d'un déséquilibre dans les relations du couple et de la domination systématique de l'homme sur la femme quel que soit le niveau d'éducation de celle-ci et son apport économique dans le foyer. Ainsi, ces rapports proviennent essentiellement des comportements culturels découlant de l'éducation reçue dans la famille, une éducation essentiellement patriarcale qui confine la femme à un rôle subalterne, loin des sphères de décisions. Dans la plupart des cas, elle n'est pas consultée dans la prise de décisions concernant la vie de la famille, surtout dans un ménage polygamique, même quand parfois il s'agit de ses propres enfants dans certaines familles : la décision du mariage de la fille revient aux tantes qu'à la mère qui est plutôt informée que consultée26(*). Nous voyons finalement que, malgré le rôle de pilier de la famille qui lui est dévolue, la femme y fait l'objet de discrimination basée sur le sexe tel que le veuvage. * 25Livre BLANC, APDF ; P-12 * 26Ibid. |
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