Contribution des activités touristiques au développement territorial : une étude cas de la commune de Port-Salut.( Télécharger le fichier original )par Charly Camilien VICTOR Universite d'Etat d'Haiti - Licence 2016 |
Section 2 : Brève revue de la littérature empiriqueDans cette partie, le choix de certains travaux de recherche a été fait. Ainsi, le travail de Juanchich Laure mené sur la Seine-Saint-Denis a été pris en compte en raison de la liaison établie entre tourisme, culture et territoire. Puis, le travail de Marco Menozzi basé sur 15 années d'activités du dispositif d'agences de développement local en région wallonne, territoire touristique, est considéré. Enfin, le principal travail qui a retenu le plus notre attention tout au long de ce bilan de présentation et a servi de référence à notre façon de concevoir l'étude des cas, c'est la recherche de Dujardin et Marek sur la commune de Durbuy. Travail de recherche de Juanchich Laure sur la Seine-Saint-Denis Partant de l'hypothèse que tourisme et culture peuvent évoluer dans un rapport de coopération afin de tirer bénéfices l'un de l'autre Laure Juanchich62 a développé une réflexion qui tient compte des contradictions existant entre la volonté de préserver le patrimoine touristique et culturel et celle de recevoir bon nombre de visiteurs. L'émergence d'un tourisme culturel peut participer au développement local du territoire puisque l'interaction entre tourisme, culture et territoire produit des effets sur l'environnement. Ainsi, il met en valeur l'importance du territoire en tant qu'espace de valorisation à la fois de la culture et du tourisme puisque le tourisme se fait toujours dans des lieux spécifiques choisis comme destination. Saisir le sens de cette relation selon l'auteur convient à prendre en considération deux aspects clé à savoir l'identité locale et patrimoine, ce qui amène à dire que la culture devrait faire partie intégrante de toute stratégie de développement d'un territoire donné à travers différents domaines. Ce type de relation selon l'auteur ne se trouve pas partout de la même façon, il 62 Juanchich, Laure. 2007. Culture, tourisme, territoire : Les apports du tourisme culturel au développement local. Paris .master présenté, année
universitaire 2006-2007.En ligne :
http://doc.sciencespo- 42 importe alors d'identifier des régions à fortes potentielles touristiques afin de les transformer en pôle d'attraction surtout en optant pour les produits d'un tourisme plutôt culturel lorsque ces territoires sont en phase d'expansion. Pour mener à bon port cette analyse, l'auteur situe sa recherche dans le territoire de la Seine-Saint-Denis situé au Nord-est de Paris, dans la région l'Ile de France pour montrer les impacts du tourisme culturel sur le développement de ce territoire. Le maillage culturel de ce territoire a été rendu possible grâce à la mise en place des structures qui garantissent la création, les résidences d'artiste, la diffusion, la médiation surtout dans les lieux de valeurs, ce qui permet au territoire d'avoir une offre culturelle et un patrimoine ancien diversifié. Dans son analyse, l'auteur ne réalise aucune distinction entre développement local et développement territorial qu'il trouve assez proches quand il s'agit d'aborder les effets du tourisme sur un territoire donné. Pour Laure, il est plausible d'envisager l'approche locale du développement quoique confrontée à un double contexte à savoir celui de la mondialisation prônant des rapports économiques planétaires puis celui de territorialisation infra-étatique. A ce niveau, il cite des auteurs en développement local dont Bernard Pecqueur63 qui adopte une définition qui dépasse très largement la seule valorisation économique des biens et services marchands. Plus loin, il s'est référé à l'économiste Paul Krugman64 qui voit dans le développement territorial l'effet d'auto-consolidation du succès plutôt que d'un quelconque avantage imputable à l'existence des ressources préexistantes, c'est-à-dire qu'il y'a bien des échanges d'autre nature qui renforcent en tout cas les échanges économiques. En Seine-Saint Denis, il y' a eu des retombées économiques liées spécifiquement aux équipements culturels entrainant la forte fréquentation touristique en ayant occasionné d'un coup la hausse des recettes propres. Malgré tout il y'a des fuites enregistrées, sur chaque 1 € dépensé sur le site culturel 8 à 10 € sont dépensés ailleurs sur le territoire. De plus, il y'a le développement fulgurant du tourisme d'affaires grâce au tourisme culturel. Tout cela a entrainé 63 Pecqueur Bernard.2000. Le développement local. Paris, Editions Syros, Collection : Alternatives économiques. 64Krugman, Paul.2000. La mondialisation n'est pas coupable. Vertus et limites du libre-échange. Paris, La Découverte. 43 au niveau du territoire l'augmentation du chiffre d'affaires du territoire. En plus, des emplois directs et indirects ont été créés. En zone touristique, sur chaque 10000 arrivées sur un site culturel, il y' a eu près d'un emploi direct et d'un ou de deux emplois indirects ayant pris naissance sur le territoire en raison de l'offre culturelle. Ce type de tourisme a requis toutefois des cadres de diplôme bac + 2 ou au-delà. Le tourisme culturel industriel en Seine-Saint-Denis a favorisé des liens sociaux et des rencontres entre les entreprises et les populations locales, qui tirent aussi avantage des actions du comité départemental du tourisme. Cependant, il faut souligner, comme l'a fait remarquer l'auteur, sa recherche ne s'est pas basée sur des études quantitatives approfondies. Recherche de Marco Menozzi sur le développement local en Wallonie Marco Menozzi65 a essayé d'étudier l'activité de développement local en région Wallonne au Belgique. Pour lui, il implique d'abord de bien faire preuve de prudence quand il s'agit de définir le mot « territoire » à cause de sa nature polysémique car il y'a différence au prime abord entre territoire politique, territoire culturel et touristique, cependant il a fini par adopter la définition de Pecqueur qui le voit surtout comme « un espace d'intelligibilité des acteurs »66.Cette définition-là lui permet surtout d'aborder le développement local durable sur un territoire comme un processus qui engage l'acteur pendant un certain temps à s'approprier de cet espace dans sa quintessence en saisissant toutes ses particularités. En conséquence, à travers le territoire, les liens entre les acteurs sont bien tissés puisque c'est un facteur de marqueur d'identité. Cette dernière, en tant que concept selon l'auteur, se rapproche même de l'acception de développement local durable du fait qu'elle sous-tend dans l'optique du développement local une dimension interactionniste qui se rapporte aux articulations entre l'individuel et le collectif. Lorsqu'il s'agit de site, suivant des recherches déjà réalisées dans des pays industrialisés et émergents sur le développement local, le dit site est d'abord singulier, ce qui permet aussi de comprendre à partir du principe d'identité que le 65 Menozzi, Marco. 2013. Approche théorique du développement local durable et regard critique sur 15 années d'activité du dispositive d'agences de développement local en région wallonne. Bruxelles: mémoire pour l'obtention d'un diplôme de Master en politique économique et sociale. 66 PECQUEUR, Bernard.1995. Rationalité et territoire, texte d'une conférence Université de Grenoble 2, p.6 cité par Menozzi 44 territoire est bien une entité unique avec ses particularités et une identité propre. Cependant, il ne faut jamais prendre un territoire ou un site comme étant isolé dans le cadre du développement local durable. Pour réaliser cette étude, une enquête a été menée, en ayant fait passer un questionnaire aux différentes agences de développement local (ADL) au nombre de 51 agréés contre seulement 23 qui l'ont rempli. Ces agences-là ont été mises en place quinze ans de cela, par rapport à la période de recherche, au moment d'une prise de conscience dans l'intention d'aider à la constitution d'un développement local efficace dans les communes de Wallonie. Il s'agissait d'un projet Pilote pris par le gouvernement Wallon afin de créer des emplois à l'échelle locale. Cette enquête était réalisée afin de procéder à un état des lieux de leur dispositif. Une grande partie des ADL a mis en valeur un plan stratégique de développement local (PSDL) puisqu'il est nécessaire à ce que la démarche pour un tel développement ne s'improvise pas. Cela aura dû être réfléchie et partagée par une large couche de la population. En Wallonie, il était constaté que 61 % des agences de développement local ont mis en place un tel plan(PSDL) et la plupart, des axes stratégiques évoqués. Il y'a eu en réalité une préférence pour les activités économiques et touristiques, cependant l'auteur a constaté que tous les agents de développement local de nature mono-communale, pluri-communale disposaient bien d'un diagnostic du territoire concerné. Toutefois, le territoire duquel il était question dans le cadre de cette étude était de nature politique. Une entente cordiale s'est trouvée entre les ADL et les élus locaux à Wallonie propre à faire du pouvoir politique un levier indispensable de la démarche entreprise par les agences. De plus, ces ADL ont eu des rapports privilégiés à hauteur de 91% avec les UVCW67 qui jouaient selon eux le rôle de Porte-Parole de leurs revendications. En raison du décret pris en leur faveur à partir de ces relations privilégiées, il était constaté que le nombre d'agents ayant bénéficié d'un contrat déterminé est passé de 60% à 83%. Par rapport au décret près de 57% se sont montrées satisfaites. Concernant les axes stratégiques prises en compte dans leur plan 67 Union des Villes et Communes de Wallonie. 45 stratégique du développement local, les axes économiques et touristiques ont été privilégiés par 64.3% des ADL. Il y'a eu certaines difficultés avec les pouvoirs politiques communaux à cause d'une méconnaissance de certains principes dont la dimension transversale du développement local ou territorial ainsi que d'un manque de communication et de compréhension. En quelque sorte, l'importance de l'apport des élus locaux au projet de développement territorial s'avère être une condition inévitable. La plupart des agents questionnés voyaient le développement local durable à leur manière. Travail de recherche sur le développement territorial à Durbuy L'étude sur le développement territorial de la commune de Durbuy, une province de Luxembourg réalisée par Dujardin et Alyson68 permet d'analyser le rôle moteur que joue le secteur touristique accompagné du commerce de détails et de la construction de la région pour le développement. C'est une perspective qui est donc intéressante en ce qui a trait à notre travail de recherche. Ils partent d'une présentation du profil économique avec des sociétés dont les plus présentes sont les PME (petites et moyennes entreprises) et les TPE (très petites entreprises).Par la suite, ils s'orientent sur plusieurs tendances théoriques dont une première centrée sur l'économie d'agglomération pour montrer que l'activité touristique née autour de Durbuy-Vielle-Ville fait augmenter l'attraction touristique et a entrainé d'autres secteurs dont la construction et le commerce. Au niveau de cette commune, sur les 5 plus grandes entreprises, il y'a trois qui sont liées directement au tourisme, ce qui permet d'insinuer que l'activité touristique a dopé l'économie de cette région. Dujardin et Alyson poursuivent leur analyse en essayant d'estimer les externalités liées au secteur touristique. Les autorités communales ont rapporté qu'en 2001 le tourisme représentait 7.44% des recettes du budget communal, sur 884 entreprises 111 étaient liées directement au tourisme. 68 Dujardin, Sébastien; Marek Allyson.2008.Développement territorial: Etude de cas concret de la commune de Durbuy. 46 Il est montré dans cette étude que par le biais de l'approche d'économie d'agglomération le secteur agricole se développe en raison de son lien direct avec l'activité touristique par le fait qu'il façonne bien le paysage de la région. Par souci de diversification, les acteurs du secteur agricole développent une offre en hébergement touristique avec des gîtes à la ferme, camping de ferme puis autres produits gustatifs (fromages de chèvres, confiture etc..) du terroir attirant l'attention des touristes. En plus, deux types de commerces s'étaient développés : celui de gros afin de répondre aux besoins immédiats de la population locale et ceux de détail, en lien avec la demande exogène du tourisme par exemple des magasins de souvenirs. De plus, il est constaté une relation importante entre le tourisme et la mise en valeur d'espaces urbanisés au niveau de la région (villages des vacances etc.). Ainsi, le progrès enregistré dans l'immobilier au tourisme permet l'activité de location et la vente de secondes résidences. Dans cette région au final, il est possible de constater l'importance du tourisme sur le développement territorial vu l'induction dynamique qu'il entraine même si c'est parfois exogène au niveau du territoire. Néanmoins, il y'a un peu d'externalités négatives liées à la région dont le manque de nécessité pour une main-d'oeuvre très qualifiée occasionnant par-là, la non concentration de cerveaux à haut revenus sur le territoire. Tout compte fait, en dépit des effets négatifs enregistrés sur le territoire, il est constaté une mise en place de politiques publiques dans la lignée des auteurs dont E. Perrin et N.Rousier69 en vue d'un renforcement des forces d'agglomération par le fait que les autorités font du tourisme une activité structurante et dominante dans la région .Pour eux, le tourisme entrainera sans aucun doute le développement local par le truchement d'une cohésion entre plusieurs acteurs et entreprises. De plus, il y'a aussi mise en place d'Agence de Développement Local(ADL), qui a permis le renforcement du capital humain par une incitation sur des mentalités entrepreneuriales. 69 C. LACOUR, E. PERRIN, N. ROUSIER.2005. Les Nouvelles Frontières de l'Économie Urbaine. Paris : éd. de l'Aube. 47 En raison de la spécificité de la commune de Durbuy, les auteurs Dujardin et Allyson70 pensent qu'elle est fortement ancrée dans la perspective de développement territorial. L'économie d'agglomération existante la rend différente des autres communes en termes d'activités économiques classiques surtout dans le domaine touristique. Elle offre des produits centrés sur le patrimoine architectural et le patrimoine naturel. « Durbuy-Veille-Ville » est donc vue comme étant une ressource territoriale qui concourt bien à sa spécificité du fait qu'il soit un cadre touristique spatialement contraint à lier à des caractéristiques intrinsèques non cessibles et non transférables suite à la reconnaissance de ce site par les premiers touristes bourgeois depuis au 18e siècle . A Durbuy, il y'a offre d'un produit cohérent, unique et spécifique propre à l'image de la ville. Ainsi, la rente de qualité territoriale définie comme la capacité des acteurs à créer des processus institutionnels susceptibles de capter le consentement à payer des consommateurs associés à l'environnement du produit est surtout captée de manière individuelle par des prestataires touristiques. Au final, les auteurs ont associé l'étude de ce cas aux théories du développement régional ou territorial dans la catégorie de la « théorie du développement endogène local » puisqu'ils insistent sur le caractère endogène des activités de la commune de Durbuy. Différents plans de développement mettant accent sur les micro-initiatives ont été privilégiés. |
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