Contribution des activités touristiques au développement territorial : une étude cas de la commune de Port-Salut.( Télécharger le fichier original )par Charly Camilien VICTOR Universite d'Etat d'Haiti - Licence 2016 |
II-1-g Economie Territoriale : théorie de base économiqueSelon Franck Chaigneau, la théorie de base économique se situe dans les théories de l'économie territoriale44.La première personne qui a réfléchi là-dessus est un sociologue allemand du nom de Werner Sombart45 en 1916 en ayant expliqué des mécanismes de développement régional. Ce dernier se porte plus précisément sur la capacité exportatrice qui occasionne des revenus locaux propres à partir de dépenses qui occasionnent des emplois internes à l'espace concerné. Homer Hoyt46 a repris les réflexions de Sombart en 1950 avec un certain accent porté sur l'emploi local basique et domestique. De son côté, François Perroux47 en 1961 y apporte sa contribution par l'ajout de l'innovation comme facteur pouvant favoriser des pôles de croissance. Cette théorie-là avance qu'il faut bien distinguer sur un même territoire deux activités distinctes : premièrement, celles qui profitent des revenus externes du territoire, deuxièmement, celles qui assurent la circulation de ces revenus à l'intérieur de ce territoire dépendant de l'étendue du marché. Ainsi, il existe des activités qualifiées de base économique dont leur clientèle est à l'extérieur du territoire (les exportations) et les activités domestiques dont la consommation vise plutôt les agents économiques internes. Cependant, il faut ajouter le fait qu'il est difficile de déterminer la base économique d'un territoire. Il est possible de constater que cette théorie fait baser le développement sur la demande extérieure. C'est le reproche porté principalement à cette théorie en raison de la négligence sur le rôle de l'épargne 44Franck Chaigneau. lundi 4 septembre 2006. Le point sur : La théorie de la base économique. Responsable veille, études et prospective territoriale, Caisse des Dépôts Paris, France. 45 Werner Sombart Der Moderne Kapitalismus, Erster Band: Die Vorkapitalistische Wirtschaft, 2nd rev. ed. (Munich: Duncker and Humblot, 1916). Voir aussi Krumme, Gunter. «Werner Sombart and the Economic Base Concept.» Land Economics 48 (1968): 112-16.citee par Davezies Laurent, « L'économie locale « résidentielle ». »,
Géographie, économie, société 1/2009 (Vol.
11), p. 47-53 46 Hoyt Homer. mai 1954. « Homer Hoyt on the development of economic base concept » in Land Economics, Mai, p. 182-7. 47 Perroux François .1961. L'économie au XX* siècle. P.U.F., Paris. Cite par Bailly Antoine. La théorie de la base économique : son histoire, son utilisation. In: Revue Géographique de l'Est, tome 11, n°3-4, Juillet-décembre 1971. Méthodes d'approche de l'analyse régionale. pp. 299-317. doi 10.3406/rgest.1971.1206. http://www.persee.fr/doc/rgest_0035-3213_1971_num_11_3_1206 35 et du crédit dans l'économie puisque le développement part du secteur basique (secteur vendant à l'extérieur de l'espace). En fin, il convient de mentionner l'apport important de Laurent Davezies48 à partir des années 1990 dans l'idée de réhabiliter cette théorie en essayant plutôt d'expliquer la base suivant des revenus disponibles avec la capacité d'attraction des populations riches d'un territoire donné. Quatre sources de revenus extérieurs ont été dès lors identifiées à savoir la base privée ou productive (activités exportatrices dont les services principalement), la base publique (salaires du secteur public), la base résidentielle ou présentielle (retraite, dépenses des touristes, etc..), puis la base sociale (chômage et prestations sociales). Les mutations sociales ont surtout un impact sur la création de la valeur ajoutée en raison des changements enregistrés dans la distribution de revenus. Autrefois, il était insinué que s'il y a création de la valeur ajoutée, il y aura création d'emplois et ensuite création de revenus. Laurent Davezies49 essaie d'avoir une explication à cela en disant que la croissance nationale du PIB favorise de l'emploi et la baisse de la pauvreté. Cependant, il peut y avoir augmentation d'emploi et diminution de la pauvreté sans pourtant qu'il y'ait hausse du PIB régional. De même, il est également possible qu'une augmentation de la valeur ajoutée de certaines régions n'entraine pas d'un coup une concentration d'emplois. En plus, Davezies avance qu'il faut surtout se centrer sur revenus disponibles et dépenses locaux. II-1-h Mécanismes de planification inspirés principalement de Gunn. A. Clare50 Généralement chaque entrepreneur touristique prend sa décision en fonction de son spécifique rôle. Dans ce cas, tout développement touristique répond pour un seul et vraiment un seul souci d'utilité pour le tourisme à un point du temps pour une journée entière. Sur le plan collectif, en 48 Davezies Laurent, « L'économie locale « résidentielle ». », Géographie, économie, société 1/2009 (Vol. 11) , p. 47-53. URL : www.cairn.info/revue-geographie-economie-societe-2009-1-page-47.htm 49 idem 50 Gunn, A. Clare.1994.Tourism Planning: Basics, concepts, cases. Third edition. Philadelphia: Publisher and Fancis. 36 dépit de l'indépendance de ces agents de décisions, il y'a développement touristique du côté de l'offre en raison de leur préoccupation concernant les espaces à louer, les infrastructures hôtelières, les activités de loisir etc. Il est possible de voir l'activité touristique sous un angle statique quand le problème est approché par secteur ou un angle dynamique quand il s'agit de prendre en compte la multiplicité des acteurs qui agissent sur les lieux en même temps. En dépit de cela, il y'a toujours des effets négatifs allant à l'encontre des satisfactions cherchées par les visiteurs en général et des menaces sur l'environnement. Le problème principal résulte spécifiquement d'un manque de l'ingrédient planificateur. Le fait de construire des hôtels, d'embaucher des staffs, de mettre à la disposition des gens des maisons de vacances, des services de restauration, etc. n'est pas tout à fait de la bonne planification touristique .Il importe de savoir que les habitants des territoires sont la proie continue des trafics résultant des activités touristiques qui génèrent souvent du bruit, de la perturbation, des désordres et des conflits. Les environnementalistes dénoncent souvent les dommages causés par le tourisme sur les ressources fragiles des territoires. Cependant, les promoteurs d'activités touristiques finissent par percevoir que ces difficultés potentielles ne résultent pas intégralement ou nécessairement toutes du secteur du tourisme en développement51. S'inspirant de certaines expériences de réussites et pour remédier à ces difficultés-là, il y'a quatre objectifs de planifications pour un meilleur développement touristique : 1-) augmenter la satisfaction des visiteurs 2-) améliorer les succès économiques et commerciaux 3-) protéger les atouts en ressources 4-) intégrer les territoires et les communautés52. Le premier objectif s'appuie sur le fait que le touriste a toujours besoin d'aide, de confiance en ce qui a trait aux prix pratiqués, aux services standards, et à l'assurance. Si quelque part les choses ne conviennent pas, il peut y avoir un recours. Ainsi, en réalité la planification ne doit 51 Id. 52 Gunn, A. Clare.1994.Tourism Planning: Basics, concepts, cases. Third edition. Philadelphia: Publisher and Fancis, p. 11. 37 pas se contenter de résoudre des problèmes mais aussi d'éviter des problèmes en fournissant un contrôle sur les interrelations afin de s'assurer que les désirs, les habitudes, les souhaits et les besoins des visiteurs sont satisfaits. La valeur d'un développement planifié ne se mesure pas par le seul jugement du propriétaire ni du planificateur mais par le visiteur. La demande standard via le produit touristique est donc une politique de planification orientée à l'endroit de l'utilisateur53. Le second objectif s'intègre à l'idée qu'un impact positif du tourisme exerce une influence sur l'économie de beaucoup de territoires. Le bénéfice économique est généralement entendu comme une augmentation flagrante de la richesse ou du revenu mesuré en termes monétaires des gens placés sur le territoire en question au-dessus ou en dessous du niveau qui prévaut en absence d'activité sous étude54. Cependant, la planification ne s'attaque pas uniquement à la liberté du secteur d'avoir une importante tâche commerciale qui conduira au succès de ses entreprises privées mais aussi au développement des initiatives gouvernementales tant au niveau local, national ou territorial qui ne s'inscrit pas dans un objectif commun. En ce sens, la coopération, la collaboration et la coordination doivent encourager mais non détruire la créativité et l'innovation individuelle du développement. Il convient donc de faire de la planification un service de protection ainsi que socialement responsable. De loin, un autre but de la planification collaborative du tourisme est la fourniture des retombées croissantes pour la propriété et le développement55. Le troisième objectif est l'objet de controverse entre les environnementalistes et l'idée du développement continu. Ce paradoxe demeure incompréhensible puisqu'une bonne part des activités touristiques dépend de la protection des ressources. Ainsi, et l'économie de tourisme et les satisfactions des visiteurs dépendent de la nécessité absolue d'arrêter la dégradation des 53 Gunn, A. Clare.1994,op.cit 54 Idem,p.13 55Gunn. Clare .A. op cit. 38 ressources si flagrante à travers le monde. L'essentiel selon Gunn Clare56, c'est que toute planification touristique est un nouvel engagement au sujet de la protection des ressources. En dernier lieu, l'objectif d'une intégration communautaire et territoriale passe précisément par une planification intégrée à l'intérieur de la planification officielle des communautés et des territoires. La majorité des objectifs de planification pour des agences de planification légale a été menée envers les citoyens et non les visiteurs. Cependant, il faut penser à un processus de planification inscrit dans le long-terme et la plupart des dirigeants qui élaborent les politiques avancent que c'est trop difficile d'envisager un plan de long-terme. Pourtant, en raison des multiples dommages environnementaux et économiques à travers des pays, le peuple pourrait mieux supporter une planification coordonnée de long terme57. A cet effet, il est possible d'ajouter que le tourisme doit être planifié avec le but spécifique de mettre ensemble tourisme et vie économique et sociale d'un territoire ou d'une communauté. Aujourd'hui, beaucoup de communautés et nations cherchent à faire du tourisme une force économique du développement, toutefois c'est surtout dangereux si le tourisme devient le seul moyen économique d'amorcer le développement58. Une nouvelle tendance de planification en cours à travers le monde saisit l'aspect multidimensionnel de cette activité intégrative. Il embrasse à la fois les facteurs sociaux, environnementaux, politiques, psychologiques, anthropologiques, et technologiques et prend en considération le passé, le présent et le futur59. Pourtant, des gens pensent qu'un tel choix est trop placé dans un mécanisme bureaucratique à l'unique initiative du gouvernement. L'idéal sera que la planification pour le tourisme résulte de la collaboration entre les planificateurs d'agence gouvernementale et les consultants professionnels de planification. 56 Idem 57 Id. 58 CNUCED. Tourisme durable : contribution à la croissance et au développement durable. Réunion d'expert sur la contribution du tourisme à un développement durable tenu à Genève, 14 et 15 mars 2013. 59 Rose, Edgar.A.1984.»Philosophy and purpose in planning». In The Spirit and Purpose of Planning,2nd ed. M.J. Burton (ed),pp.31-65.London:Hutchinson.p.45 39 La planification touristique peut être approchée suivant trois échelles selon Gunn Clare 60 : 1-) A l'échelle de site, qui est devenue la plus populaire en retraçant les propriétés du développement individuel dont la liberté devrait être protégée au même instant que le propriétaire devienne plus éclairé sur les grandes opportunités offertes. À ce niveau, la planification doit permettre la facilité pour les services touristiques tout en renfermant beaucoup de relations. 2-)A l'échelle de zone de destination (territoire récepteur) quand les fonctions du tourisme sont mieux comprises, des opportunités existent pour une planification incluant la zone de destination en rapport nécessairement avec les impacts sociaux, environnementaux, et économiques. Quand le site est bien désigné et que la zone entière est planifiée valablement, beaucoup de visiteurs réduiront leurs impacts négatifs sur l'environnement et la société. La zone de destination qui se rapproche du terme territoire peut se définir comme un espace géographique qui contient une masse critique de développement qui satisfait les objectifs des voyageurs. 3-)A l'échelle régionale, dans le but de déterminer la plus grande potentialité pour une région ou une nation, la planification est recommandée afin d'attirer les investisseurs et entrepreneurs. Ceci sera possible en se servant des plans régionaux qui retracent ou identifient bien les zones où des opportunités se trouvent réellement à partir d'une étude sur les facteurs du développement touristique et la faisabilité des investissements. Ce type de planification demande qu'il y ait comme principale raison de planification à ce niveau macro l'intégration de tous. La motivation pour une planification touristique peut provenir de différentes sources, car chaque communauté, territoire ou région a une histoire, tradition, politique, et aspirations différentes. Il n'y a pas de type de développement qui est plus compliqué socialement, économiquement, et environnementalement que le tourisme. Ses fondements font qu'il est 60 Gunn, Clare.A.1994.Tourism Planning: basis, concepts, cases. Third edition. Philadelphia: Taylor & Francis. Ou en français, Planification touristique, base, concepts et cas.3e édition, Philadelphie. 40 difficile à généraliser c'est-à-dire en donnant un aspect universel à ses principes. L'amélioration de la planification touristique peut avoir d'impacts à partir d'un tourisme national ou par une organisation adoptée par toute la nation. En réalité, il est clair qu'un tourisme non planifié ou mal planifié peut être la cause principale de la dégradation du patrimoine naturel et culturel. Cette dégradation peut aboutir à des bouleversements des traditions et des modes de vie des gens habitant l'endroit où les activités touristiques mal planifiées ont été effectuées. Ceci occasionne toutefois, un certain conflit entre populations locales et touristes. A cet effet, il devient nécessaire que l'inscription des activités touristiques dans des stratégies globales de développement au niveau national, territorial, rural soit faite afin d'atteindre un développement maitrisé, coordonné et géré. De là, le problème de gouvernance doit être pris en compte. Partant de la définition de la gouvernance donnée par Karim et Wayland cités Par David Picard et Mike Robinson61 à savoir « La gouvernance concerne des questions aussi diverses que l'administration, l'application de la loi, l'engagement civique, la participation des citoyens et la promotion de l'égalité ». Il est bien d'insinuer qu'il existe une nécessité à prendre en compte des interférences complexes entre tourisme, culture et développement car c'est très difficile d'arriver à une définition indiscutable d'une politique touristique. Il s'agit alors de mettre en place des dispositifs efficaces d'encadrement en essayant d'encourager au préalable la coopération sectorielle. En conclusion, il s'avère importante de faire de la planification du développement touristique un outil important en vue de favoriser le développement d'un tourisme durable dans le but d'éviter ces fortes concentrations de flux touristiques afin de réduire les différentes nuisances. Il s'agit de remettre en question les pratiques traditionnelles de planification pour mieux 61 Karim, K.H and Wayland, S.V. (2001) Culture, Governance and Human Rights. In: Matarasso, F. (ed) Recognising Culture. A series of briefing papers on culture and development. UNESCO, Department of Canadian Heritage and Comedia, with support from the World Bank, London. Cité dans UNESCO.2006.Tourisme,culture, et développement durable par David Picard et Mike Robinson.DOC no CLT/CPD/CAD-06/13. 41 garantir la résolution des problèmes spécifiques de financement et de valorisation du secteur touristique |
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