I.3.1. Généralités sur le mercure
Le mercure est un métal présent naturellement
à des concentrations variables au niveau des océans, de
l'atmosphère et de l'écorce terrestre.
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Sa dynamique dans l'environnement est conditionnée par
trois propriétés fondamentales : physique, par sa
volatilité à température ambiante ; chimique, par sa
stabilité du fait de ses liaisons avec le carbone et le soufre et
biologique par sa très forte bioconcentration et sa toxicité
(Cossa et Ficht, 1999). De ce fait il est considéré comme un
polluant global du fait de sa large dissémination à partir d'une
concentration très faible dans l'atmosphère. Sa forme la plus
mobile est le mercure élémentaire (Hg°). Ses formes les plus
stables sont le sulfure et le séléniure (Hg Se). Sa forme la plus
toxique est le méthyl mercure (CH3Hg+) (Clarkson, 1997 ; Boening, 2000).
Ce dernier composé, en très faible quantité dans l'eau, se
concentre jusqu'à dix millions de fois dans les organismes aquatiques,
particulièrement chez les poissons carnivores. En effet, le mercure peut
entrer dans le système aquatique par différents moyens :
dépôt atmosphérique sec et humide, ruissellement de surface
et/ou directement à partir des eaux usées localement
polluées. Ainsi les écosystèmes aquatiques sont
particulièrement sensibles à la contamination par le mercure du
fait des conditions physico-chimiques et biologiques pouvant faciliter les
transformations des différentes espèces chimiques du mercure qui
contrôlent son cycle biogéochimique (Pestana et al., 2000
; Wang et al., 2009) et sa circulation à l'échelle du
globe.
I.3.2. L'utilisation du mercure dans l'orpaillage
Le mercure est utilisé dans l'orpaillage pour extraire
l'or du minerai par la formation d'un amalgame or-mercure (UNEP, 2012). Cette
méthode d'extraction de l'or est utilisée par les orpailleurs,
car elle est moins coûteuse que la plupart des autres méthodes,
qu'elle est à la portée d'une personne seule travaillant en
exploitant indépendant et qu'elle est à la fois rapide et facile
(UNEP, 2012). Dans l'ensemble du monde, l'exploitation artisanale de l'or est
responsable d'environ 37 % des émissions de mercure et elle
représente la source la plus importante de pollution mercurielle de
l'air et de l'eau (UNEP, 2013). Autour des points où l'amalgame est
chauffé, la teneur de l'air en vapeurs de mercure peut atteindre des
valeurs très préoccupantes et elle dépasse presque
toujours la limite fixée par l'OMS pour l'exposition de la population
générale, c'est-à-dire 1,0 ìg/m 3 (UNEP, 2012).
Les exploitants ne sont pas les seuls à subir cette
exposition ; il en va de même des communautés qui vivent au
voisinage des lieux d'exploitation (UNEP, 2012) ainsi que la faune.
Après vaporisation, le mercure finit par se déposer dans le sol
et les sédiments des lacs, des cours d'eau, des baies et des
océans où les micro-organismes anaérobies le transforment
en méthyl mercure (figure 5).
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Dans les étendues d'eau, le méthyl mercure est
absorbé par le phytoplancton, ingéré par le zooplancton et
les poissons, contaminant ainsi la chaîne alimentaire.
Il s'accumule notamment chez les espèces
prédatrices à longue durée de vie comme les squales et les
espadons (OMS, 2007).
Figure 5: Le cycle biogéochimique du
mercure (source : Boubou et al, 2006a) I.3.3. La
Toxicité du mercure
Le mercure est un élément chimique très
toxique. Sa libération dans l'environnement entraîne une
intoxication massive des populations humaine et animale locales, voire celles
très éloignées des lieux d'émissions. Le
consommateur est ainsi exposé à des doses qui peuvent, dans les
extrêmes cas, occasionner à long terme une neurotoxicité
grave (Sow, 2010). Ainsi Quelques impacts ont été
étudiés sur la vie sauvage :
? Inhibition de la croissance des algues, des bactéries,
des champignons,
? Elévation de la mortalité embryo-larvaire
étudiée par exemple chez les amphibiens,
? Moindre succès reproductif et pontes inhibées
chez le poisson zébré et d`autres
espèces,
? Inhibition de la spermatogenèse étudiée
par exemple chez Poecilia reticulata),
? Inhibition de croissance chez la truite arc-en-ciel, avec
mortalité élevée des embryons
et des larves,
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? Moindre succès de reproduction (couvées plus
petites) et de survie des canetons chez les oiseaux d'eau vivant en milieux
pollués par le mercure (IAEA, 1984).
De manière générale, le mercure est un
contaminant ubiquiste dangereux et toxique pour toutes les espèces
vivantes connues. Ainsi, les chimpanzés qui vivent dans des zones
proches des lieux d'exploitation dans la région de Kédougou ne
sont donc pas épargnés.
I.4. Le Chimpanzé
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