Missions et défis du journal d'entreprise dans les organisations au cameroun: entre propagande blanche, marketing holiste et construction d'une image institutionnelle( Télécharger le fichier original )par Hermann Essoukan Epée Université de Douala (Cameroun) - Master 2 2014 |
CHAPITRE IV : PRÉSENTATION, ANALYSE ET INTERPRÉTATION DES DONNÉES.Section 1 : Présentation du corpus des journaux d'entreprises d'AES-SONEL, et de la SABC 1-1. Le marketing appliqué au journal d'entreprise : Selon Bartels, le terme « marketing » est employé pour la première fois aux Etats unis entre 1906 et1911, pour traduire une évolution notable des cultures managériales au début du 20e siècle. Aujourd'hui, plus précisément dans les organisations au Cameroun, le marketing a réussi à s'infiltrer dans la communication interne, et en pareil occurrence dans le journal d'entreprise. Les journaux d'entreprises AES-SONEL Today et «33» degrés à l'ombre témoignent la prise en compte d'un marketing holiste111(*). A travers la différenciation du support, la segmentation, le ciblage des récepteurs dans la distribution des journaux et le positionnement de l'entreprise à travers le ton, la forme et le contenu du support. Ces pratiques concourent aujourd'hui à élever le journal d'entreprise au rang de « produit stratégique ». · Au niveau de la démarche : Le journal d'entreprise subit un certain nombre d'actions : - La segmentation : elle est réalisée en fonction des objectifs de l'organisation. Segmenter c'est découper un marché en sous-ensembles homogènes significatifs et accessibles à une action marketing. AES-SONEL et la SABC, classent son audience visée en deux parts de marché : le public interne et le public externe. - Le ciblage : c'est l'action de cibler, de choisir ceux sur qui l'entreprise concentrera ses efforts. AES-SONEL Today a deux types de cibles : les cibles internes (les salariés, qui constituent le coeur de cible), les cibles externes (médias « ceux qui ont une large audience », administrations assimilées « le MINEE, la primature et le cabinet civil de la présidence », les grandes écoles « universités d'Etat et les grandes écoles professionnelles », y compris les gros clients). La SABC possède également des cibles internes (les salariés, qui constituent le coeur de cible), les cibles intermédiaires (les filiales et partenaires, qui sont en même temps internes et externes), les cibles externes (certains médias, le grand public). - Le positionnement : les deux entreprises citées dans notre corpus, se servent de leurs journaux d'entreprises pour se différencier clairement des autres structures ; pour promouvoir leurs produits, services et images, afin d'avoir une position spécifique dans l'esprit des lecteurs. · Au niveau de la forme : Le journal d'entreprise à travers ses caractéristiques, parvient à satisfaire les besoins d'ordre matériel (l'utilité du support) et d'ordre symbolique ou psychologique (la représentation que les récepteurs se font du support). Au niveau de la forme, il concerne la couverture « packaging », et l'esthétique « stylique ». - Le packaging (la couverture) : C'est la prise en compte du conditionnement en tant qu'outil de communication. Il assure cinq fonctions112(*) : a) L'alerte : elle consiste à attirer l'attention du lecteur par les couleurs (AES-SONEL Today est une quadrichromie mate, «33» degrés à l'ombre est une quadrichromie brillante) la titraille (les Unes accrocheuses), l'image (une photographie évocatrice). (Voir annexes) b) L'information : la couverture fournie au lecteur les éléments essentiels à son choix de lecture. La périodicité du journal, le numéro de production, la titraille qui à travers les numéros de pagination permettent de donner les positions des articles. c) Le service : la couverture donne des informations sommaires du journal, protège le contenu. En plus, de par son aspect pratique, le journal d'entreprise est un document consultable qui permet de pérenniser son contenu, il est réutilisable. Une couverture attrayante et captivante joue une fonction d'appel, parce qu'elle donne l'envie de découvrir le contenu. d) L'attribution : la couverture du journal d'entreprise permet d'identifier l'appartenance à une organisation. Le logotype, la marque, le choix des couleurs permettent à l'entreprise de s'affirmer et de se distinguer des autres. e) Le positionnement : la couverture du journal d'entreprise véhicule une image de la marque et de la structure. - La stylique (le design): C'est une conception constituée de l'ensemble des éléments contribuant à l'apparence visuelle externe du produit (le journal d'entreprise). Elle prend en compte les impératifs esthétiques, fonctionnels et économiques. Appliquée à notre corpus, la stylique couvre deux domaines ; le design de firme ou corporate design (le support papier du journal recouvre plusieurs formes de signatures de l'entreprise), et le web design (l'habillage cosmétique du site web, qui met en exergue le design pour attirer les internautes). Ainsi, la stylique possède quatre fonctions,113(*) que nous avons adapté au journal d'entreprise : a) L'esthétique : couleurs, disposition des images et du paratexte sur la couverture; b) L'ergonomie : couverture adapté aux attentes et à la psychologie des lecteurs ; c) La fonctionnalité : couverture pratique (solide, évocatrice et séduisante) ; d) L'économie : c'est une fonction qui trouve sa raison d'être dans les résultats de l'entreprise, car la production du journal doit être rentable (promotion de l'image, du service ou du produit). · Au niveau du fond : Le marketing se décrit dans le journal d'entreprise à travers la diffusion des actions internes et externes, la place qu'occupe les images, les publicités réalisées par les annonceurs, partenaires et filiales, l'auto-publicité (l'entreprise fait une publicité sur elle-même, ses produits où ses services) à «33» degrés à l'ombre, chaque page du journal possède la publicité d'un produit précis. Cette démarche marketing s'exprime sous une logique holiste114(*) : - le marketing relationnel Le journal d'entreprise a pour but de construire des relations durables et satisfaisantes entre l'entreprise (le produit, le service ou l'image) et les différentes cibles ; afin de gagner leur préférence et leur confiance à long terme. - le marketing intégré Il est le plus souvent présenté en marketing mix. Appliqué au journal d'entreprise, il emprunte plusieurs formes (support papier, News-letter, page web) pour atteindre les objectifs de l'entreprise. A ce niveau, le journal d'entreprise est constitué des programmes intégrés en vue de communiquer, et de fournir de la valeur ajoutée à l'entreprise et aux consommateurs. - le marketing interne Le marketing interne est appelé à former, à fédérer et à motiver les employés, en faisant des promotions interne, en facilitant les promotions et en attribuant des récompenses aux salariés les plus laborieux, assidus et intègres. A travers le journal d'entreprise, ces actions sont mises sur les projecteurs. - le marketing orienté vers la performance Le journal d'entreprise bien utilisé est plus un profit qu'une dépense, en boostant en fédérant les salariés, il participe à la performance de l'entreprise. Et justifie la rentabilité et le retour à l'investissement. - le marketing socialement responsable Le journal d'entreprise présente le contexte éthique, environnemental et social dans lequel s'inscrivent les programmes réalisés par la structure. PHOTOS ILLUSTRATIVES TIREES DANS AES-SONEL Today (voir annexes) Légende : publicité tirée dans le magazine no25 à la deuxième de couverture Légende : publicité diffusée dans le magazine no24 à la page 10 PHOTOS ILLUSTRATIVES TIREES DANS «33» degrés à l'ombre (voir annexes) Légende : publicité diffusée dans le magazine no 059 à la page 19 1-2. Le journal d'entreprise comme vecteur de propagande Le journal d'entreprise est un excellent outil de propagande ; en ce sens qu'il permet de conditionner et dissuader les récepteurs, de contrôler l'opinion, d'exercer une influence sur les personnes pour les faire agir dans un sens donné. Dans le journal d'entreprise, la propagande blanche se sert de l'information, des rubriques (la ligne éditoriale), des images, la culture d'entreprise, la responsabilité sociale et sociale, la publicité et l'auto-publicité. - L'information : L'information n'est pas la propagande, mais la matière première de la propagande. Les deux concepts entretiennent une relation de subordination ; la propagande se sert de l'information pour avoir des effets (efficacité), contrairement à l'information qui modifie aussi les modes de comportement, la propagande n'apporte pas forcement une nouvelle connaissance. Elle milite également pour l'adoption d'une idée, d'une opinion déjà connue ; elle renforce une idéologie établie. Dans le journal d'entreprise, et à travers l'information, la propagande est manifeste dans les registres d'expression, les champs lexicaux et sémantiques, les figures de style et les tonalités lyrique, poétique, pathétique et tragique présentant ainsi l'entreprise comme « le Christ » le sauveur qui vient à la rescousse des populations besogneuses. - La culture d'entreprise : Elle est l'un des maillons fort de la propagande blanche, à travers la ligne éditoriale qui donne l'orientation du journal, les valeurs, les rites, symboles, traditions et règles le journal d'entreprise comme « un bras de fer dans un gang de velours » conditionne symbolique les manières de faire, penser et d'agir des salariés. C'est la culture d'entreprise qui développe la logique d'engagement et le sentiment d'appartenance très partagés à AES-SONEL ; la compétitivité et la réactivité (veille concurrentielle) à la SABC. - La photographie : Les images et symboles sont de excellents instruments de propagande. Dans les journaux d'entreprises AES-SONEL Today et «33» degrés à l'ombre, les images occupent une place de choix, elles servent d'illustration et d'argument aux faits, elles apportent la preuve de ceux qui est dit. Mais, dans sa vocation persuasive et dissuasive pour certains cas, une chose est visible : la propagande à travers la photographie, présente un triomphalisme excessif de l'entreprise. Dans ces journaux « les trains arrivent toujours à l'heure », tout va pour le mieux ; presque toutes les images de ces journaux d'entreprises présentent en tout syncrétisme, les personnes toujours contentes, en train de rire, de partager et de sourire. Les photos les plus illustratives sont celles des éditorialistes, qui non seulement sont les mêmes durant des années (photos standard), en plus présentent sans cesse la fierté du chef d'entreprise même en temps de crise. Les rares images se démarquant imposent le sérieux, l'assurance et la sérénité. Portant réellement ce n'est pas toujours le cas, ces entreprises sont en tout temps absorbées par les crises et conflits ; des réalités faces auxquelles AES-SONEL et la SABC jouent à la sourdine, à l'aveugle et à la carpe muette ; dans l'optique de satisfaire la stratégie entrepreneuriale. - Les actions sociales et sociétales : A travers les formes de communication sociale, la propagande blanche joue un rôle déterminant dans le journal d'entreprise. Comme cheval de bataille : la responsabilité sociale et sociétale de l'entreprise. AES-SONEL Today ou «33» degrés à l'ombre ne ratent pas l'occasion de mettre en exergue et sous les projecteurs les actions sociales et sociétales menées par l'entreprise. Parmi ces actions nous pouvons citer : en interne l'organisation des activités (journée sportive, pour lutter contre le stress au travail, l'hypertension et le diabète, les accidents cardio-vasculaires), centre de santé, assurance maladies... En externe, l'entreprise fait des dons (orphelinats, écoles, sinistrés...) et les constructions (ponts, forages, foyers...). - La publicité et l'auto-publicité : C'est le domaine de prédilection de la propagande et sa principale raison de vivre. La propagande à partir de la publicité cherche à créer, modifier ou confirmer des opinions. «33» degrés à l'ombre à travers l'auto-publicité (la publicité d'un produit spécifique appartenant à la structure sur chaque page de son journal d'entreprise), fait un martelage et un matraquage publicitaire conduisant ainsi certains de ses salariés à faire dans l'espace public (quartiers, églises, restaurants, véhicules commerciaux de transport...) ce que nous appelons ici « la publicité informelle ». Une publicité non payante, qui est le fruit du sentiment d'appartenance du salarié vis-à-vis à son entreprise ; présentant ainsi sa structure, ses produits, ou ses services comme étant les meilleurs. PHOTOS ILLUSTRATIVES TIREES DANS AES-SONEL Today (voir annexes) Légende : première de couverture du magazine no 25 Légende : publicité tirée de l'Edition spéciale 10ème anniversaire, à la page 33 PHOTOS ILLUSTRATIVES TIREES DANS «33» degrés à l'ombre (voir annexes) Légende : première de couverture du magazine no 061 Légende : publicité diffusée dans le magazine no 057, à la deuxième de couverture 1-3. Le journal d'entreprise, porte étendard de l'image institutionnelle Le journal d'entreprise est à l'organisation ce que les emblèmes sont pour une nation. C'est un document institutionnel, réalisé pour promouvoir l'image de l'entreprise, son identité (ce qui rend l'entreprise identifiable) et la positionner (obtenir une place dans l'esprit des récepteurs). Le journal d'entreprise est considéré dans ce travail comme le porte étendard de l'image institutionnelle, parce qu'il est l'apanage de définition des moyens d'indentification de l'entreprise. - La marque : la marque est la première composante de l'identité de l'entreprise. Les noms des journaux d'entreprises AES-SONEL Today et «33» degrés à l'ombre sont des sous-marques qui permettent de mettre en évidence les marques ombrelles, AES-SONEL et Les Brasseries du Cameroun. - Le logotype : c'est le signe de reconnaissance d'une marque, la clé de voûte de l'identité visuelle, le drapeau d'une entreprise. Le logotype permet à l'entreprise de s'identifier, s'attribuer une appartenance, et de se différencier. A AES-SONEL, le logo est un cercle au sein duquel différentes énergies (le vert, le bleu, le blanc et le noir) sont en giration. A la SABC, le logo (logotype) est un ensemble constitué du lion rouge tenu debout sur ses deux pattes, du nom les Brasseries du Cameroun et de since 1948. Cependant il faut souligner que, le logotype de la SABC subit un processus stratégique ; en 2008 la SABC a décidé d'enlever du logo since 1948 et en 2018, l'entreprise envisage enlever aussi Les Brasseries du Cameroun pour ne laisser que le lion (le lion à l'origine regardait vers l'arrière, mais depuis 1998 il s'est retourné parce que se projette vers la modernité). - Les couleurs : elles permettent de se distinguer des autres, de donner plus de vie à la marque et au logo de l'entreprise. Les couleurs ont un rôle d'appel. La SABC a quatre couleurs, le jaune, le rouge, le gris et le noir ; AES-SONEL a également quatre couleurs, deux couleurs institutionnelles de base (le bleu marin et le vert claire) et des couleurs d'accompagnement (le bleu foncé et le vert foncé). - La signature : elle est considérée comme le sceau, la griffe de l'entreprise. Sur les affiches publicitaires la signature est le nom de l'annonceur (l'entreprise qui émet). Dans le journal d'entreprise, la signature va au-delà du nom de l'entreprise, mais assemble la marque, les couleurs, le logo, et les valeurs au nom de l'entreprise. - Les valeurs : les valeurs sont le point d'honneur de l'entreprise, ses principes. AES-SONEL à travers AES-SONEL Today fait partager cinq valeurs (Sécurité-Intégrité-Engagement-Excellence-Fun). La SABC avec 33 degrés à l'ombre véhicule trois valeurs (Performance-Responsabilité-Intégrité). SECTION 2 : MÉTHODE D'ANALYSE DU CORPUS ET INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS2-1.Choix de la méthode d'analyse du corpus Dans le cadre de notre recherche, nous avons opté pour les méthodes d'analyse à la fois logiques et sémantiques (logico-sémantiques) ; prenant en compte l'index, la catégorisation, l'analyse de tendances des journaux d'AES-SONEL, de la SABC et la comparaison de tendances. (Voir annexes) En travaillant sur les missions et défis du journal d'entreprise dans les organisations au Cameroun, nous nous sommes engagés à faire une analyse de contenu dans le but de comprendre les logiques d'action des acteurs dans les différents usages du journal d'entreprise, d'analyser les objectifs de production des journaux d'entreprises d'AES-SONEL et de la SABC et d'étudier la perception de cet outil par les cibles (internes et externes), pris comme récepteurs dans le processus de communication. Cela étant dit, il est question pour nous de ressortir non seulement sur le fond le contrat de lecture entre l'émetteur et le récepteur, également sous la forme de décrire le rôle clé du paratexte et de la dimension iconique dans le changement de comportement des cibles. 2-2. Analyse des données : Au-delà des techniques d'analyses et des informations de fond obtenues lors de nos nombreuses descentes sur le terrain, les entretiens (à travers un schéma d'entrevue) nous ont également permis de dégager et de donner une dimension terrain à l'étude. Ces descentes sur le terrain ont été menées dans le but d'appréhender les missions et défis du journal d'entreprise dans les organisations au Cameroun (AES-SONEL, SABC) ; de ressortir les logiques d'action des acteurs dans les différents usages du journal d'entreprise, les objectifs de production de ces journaux et la perception que les cibles (internes et externes) pris comme récepteurs (et forcement émetteur vue la situation d'échange que le journal d'entreprise entretien) du processus de communication. La population étudiée est composée d'un échantillon de cent (100) individus des deux sexes, âgés de 25 à 60 ans ; constitué des cadres (14) et des salariés (86) interviewés ; en moyenne (7) cadres et (43) salariés par structure. Nous avons choisi un échantillon de cent individus pour être plus efficace dans la collecte, le traitement et l'interprétation des données. En sus, parce que nous travaillons sur un objet double : le support papier du journal d'entreprise qui correspond à ces cinquante individus et la dimension numérique en ligne du journal d'entreprise ou du journal de l'entreprise au web, qui constitue une cible éclatée, hétérogène et imprévisibles dont la collecte des données se fera qu'à travers les bilans et index de visite des pages web des entreprises concernées. Par conséquent, notre analyse sur les questions consistera à décrire, expliquer, comprendre et classifier les questions ouvertes et réponses du guide d'entretien (parce que le guide d'entretien contenait aussi des questions fermées). Catégorisation des questions ouvertes et réponses données par le personnel cadre de l'entreprise AES-SONEL :
Q.1. Quelle est la vocation du journal d'entreprise ? 42% du personnel cadre pense que le journal AES-SONEL Today a pour vocation de développer l'opinion du Top-management, 28% du personnel cadre estiment que le journal permet de développer la culture d'entreprise, 28% autres considèrent ce magazine comme un support qui permet de sensibiliser les salariés. Q.2. Qui intervient dans la rédaction du journal d'entreprise ?
La majorité du personnel cadre de AES-SONEL déclare que c'est la Direction Communication et Gestion de la Marque qui intervient dans la rédaction du magazine. Q.3. Quel système de valeur voulez-vous communiquer ?
A l'unanimité, tout le personnel cadre de AES-SONEL a présenté les valeurs de l'entreprise. Q.4. Quels sont les sujets prioritairement abordés ?
Nous pouvons constater qu'AES-SONEL communique plus sur sa vision et ses objectifs (57%). Malgré la qualité du service peut satisfaisant, l'entreprise communique également sur la satisfaction de la clientèle (nous percevons là une action propagandiste). Q.5. Quels sont les critères de sélection des sujets prioritaires ?
Dans le journal AES-SONEL Today les sujets prioritairement sont ceux se rapportant à l'actualité et à la performance de l'entreprise. Par conséquent, les sujets concernant les salariés sont abordés lors des évènements. Q.6. Pourquoi les salariés devraient-ils s'intéresser au journal d'entreprise?
42% du personnel cadre estiment que les salariés devraient s'intéresser au journal d'entreprise parce qu'ils doivent s'informer sur l'entreprise. Nous apercevons dans cet élément de réponse une mission informatrice du journal AES-SONEL Today. Q.7. Quels sont les objectifs assignés au journal d'entreprise ?
Ces résultats confirment ceux de la question précédente. Informer est une priorité pour le magazine AES-SONEL Today. · Catégorisation des questions ouvertes et réponses données par le centre opérationnel (les salariés de base) de l'entreprise AES-SONEL : Q.1. Avez-vous accès au journal d'entreprise ?
Une très grande partie (76%) des salariés a accès au journal d'entreprise, et 23% affirment ne pas recevoir les journaux. Contrairement à ce que déclare la ligne hiérarchique, la distribution n'est pas effective. Q.2. Comment percevez-vous le journal d'entreprise de votre structure ?
Plus de la moitié des salariés de base (60%) perçoivent le magazine AES-SONEL Today comme un support qui diffuse des informations sur l'entreprise et les salariés. Mais un nombre non négligeable (28%) voie en ce magazine un support de distraction et de divertissement. Et pour une minorité (5%), le journal permet de fédérer le personnel.
Q.3. Avez-vous l'impression d'être impliqué et interpellé par ce journal ?
70% des salariés de base ne se sentent pas impliqués et interpellés par AES-SONEL Today. La minorité des salariés (30%), pour la plupart se sentent indirectement concernées (lorsque le chef de service, ou un collègue est impliqué) Q.4. Qu'est-ce qui vous pousse à lire le journal d'entreprise ?
Plus de la moitié des salariés de base lisent le journal d'entreprise pour s'informer ; et 42% lisent ce magazine par curiosité et pour s'occuper. Q.5. Le journal d'entreprise parvient-il à vous motiver (encourager à plus et mieux travailler) ?
Les pourcentages démontrent que le journal d'entreprise de AES-SONEL ne parvient à motiver que 21% de ses salariés de base ; un taux inférieur à la moyenne.
Q.6. Quelle est la contribution du journal d'entreprise dans votre travail ?
Le journal d'entreprise AES-SONEL Today à 56% n'a aucune contribution dans le travail des salariés de base ; participe à 23% à susciter l'engagement et 21% à favoriser l'esprit d'équipe. Q.7. Quelles sont vos attentes à l'endroit du journal d'entreprise ?
Ces pourcentages montrent que le journal d'AES-SONEL communique moins sur les intérêts et les conditions de vie des salariés.
· Catégorisation des questions ouvertes et réponses données par le personnel cadre de la SABC : Q.1. Quelle est la vocation du journal d'entreprise ?
Contrairement au journal de AES-SONEL, «33» degrés à l'ombre a pour vocation principale d'informer (57%), ensuite de développer la culture d'entreprise (29%) et sensibiliser les salariés (14%). Q.2. Qui intervient dans la rédaction du journal d'entreprise ?
57% des salariés, 29% des partenaires et 14% du grand public participent à la rédaction du journal de la SABC. Contrairement au journal d'AES-SONEL, celui de la SABC est plus participatif. Q.3. Quel système de valeur voulez-vous communiquer ?
Pour l'ensemble du personnel cadre, ce sont les valeurs de l'entreprise. Q.4. Quels sont les sujets prioritairement abordés ?
Nous nous apercevons que, la SABC communique plus sur la a qualité des produits et des services (57%) et sur sa responsabilité sociale (29%). Q.5. Quels sont les critères de sélection des sujets prioritaires ?
Q.6. Pourquoi les salariés devraient-ils s'intéresser au journal d'entreprise?
57% du personnel cadre pensent que les salariés devraient s'intéresser au magazine pour partager l'information ; 29% pour développer la culture d'entreprise et 14% parce que le journal est conçu pour eux. Q.7. Quels sont les objectifs assignés au journal d'entreprise ?
Comme à AES-SONEL, nous constatons qu'à «33» degrés à l'ombre informer est une priorité (57%) ; bien qu'en deuxième ressort il est question de développer le sentiment d'appartenance (29%) et de motiver le personnel (14%) en troisième ressort.
· Catégorisation des questions ouvertes et réponses données par le centre opérationnel (les salariés de base) de la SABC : Q.1. Avez-vous accès au journal d'entreprise ?
Presque tous les salariés de base ont accès au journal de la SABC (91%), sauf 9% des salariés ; par conséquent la distribution n'est pas effective. Q.2. Comment percevez-vous le journal d'entreprise de votre structure ?
Q.3. Avez-vous l'impression d'être impliqué et interpellé par ce journal ?
77% des salariés de base se sentent moins impliqués et interpellés par le journal de la SABC. Q.4. Qu'est-ce qui vous pousse à lire le journal d'entreprise ?
65% des salariés de base lisent le journal de la SABC pour s'informer sur la vie de l'entreprise, 21% pour les promotions et 14% pour être à la page. Q.5. Le journal d'entreprise parvient-il à vous motiver (encourager à plus et mieux travailler) ?
Q.6. Quelle est la contribution du journal d'entreprise dans votre travail ?
A 74% nous constatons que le journal d'entreprise n'a pas un grand impact dans le travail des salariés. Q.7. Quelles sont vos attentes à l'endroit du journal d'entreprise ?
Comme a AES-SONEL, les salariés de la SABC se sentent également lésé par le journal d'entreprise ; surtout ceux qui produisent, les salariés de l'usine. Index des consultations du journal de l'entreprise/page web de la SABC :
2-3.Interprétation des résultats issus des différentes analyses L'interprétation des résultats issus des différentes analyses, nous permettra de situer les aboutissements de la recherche dans une certaine logique. Nous nous rendons compte que, le journal AES-SONEL Today a pour vocation principale de développer l'opinion du Top-management (42%) ; Tandis que «33» degrés à l'ombre au-delà d'informer en premier (57%), met l'accent sur le développement de la culture d'entreprise. Ces différentes vocations confirment la volonté pour ces organisations d'orienter l'opinion publique et d'induire les cibles. AES-SONEL à travers son magazine communique plus sur sa vision et ses objectifs (57%) et sur la satisfaction de la clientèle (29%) ; tandis que la SABC communique plus sur la qualité des produits et des services (57%) et sur sa responsabilité sociale (29%). Des discours propagandistes qui permettent d'obstruer les faits réels. (Voir problèmes qui découlent de la revue de la littérature). Ainsi, dans le journal AES-SONEL Today les sujets prioritairement traités sont ceux se rapportant à l'actualité et à la performance de l'entreprise. A la SABC les sujets prioritaire se rapportent au commercial et à la responsabilité sociale et sociétale de l'entreprise. A AES-SONEL, les salariés sont le plus souvent mis sous projecteur lors des évènements. Les salariés de ces deux structures se sentent lésés et marginalisés surtout les salariés de la SABC qui travaillent dans les usines. Par conséquent, 70% des salariés de base à AES-SONEL et 77% à la SABC ne se sentent pas impliqués et interpellés par les journaux d'entreprises de leurs structures. Les analyses attestent que le journal d'entreprise AES-SONEL Today à 56% n'a aucune contribution dans le travail des salariés de base et «33» degrés à l'ombre à 74% n'a pas un grand impact dans le travail des salariés. Cela étant dit, les nombreux constats faits lors de l'analyse des données présentées ci-dessus, nous permettent de confirmer notre hypothèse générale. En ce sens que, les logiques d'action de la hiérarchie à AES-SONEL et à la SABC, consistent à se servir du journal d'entreprise pour exercer une influence sur les cibles (internes et externes), à travers l'information et la communication (la hiérarchie se sert de l'information pour faire de la propagande, le marketing holiste et construire son image). D'induire les modes de comportement et d'orienter les conduites des salariés à travers une politique managériale (l'idéologie du « top-management », comité directionnel) afin de s'assurer de l'adhésion et la participation de ces derniers dans l'atteinte des objectifs fixés par la structure. Cependant, la première hypothèse de travail, n'est qu'affirmée partiellement. Car, notre première hypothèse secondaire de départ stipulait que, les objectifs de production des journaux d'entreprises d'AES-SONEL et de la SABC, sont de promouvoir l'idéologie de la Direction en interne (la culture d'entreprise) et de positionner l'entreprise à l'externe (objectifs de notoriété, affectif et conatif). Même si les résultats présents ne démontrent pas le contraire ; mais apportent un plus diagonal. A AES-SONEL, les journaux ont pour objectifs d'informer premièrement le personnel et ensuite le grand public, de former, éduquer, et faire adhérer les cibles. A la SABC, le journal d'entreprise est produit pour informer les salariés et les différents publics sur ses activités, motiver le personnel et développer le sentiment d'appartenance. Nonobstant les faits, notre première hypothèse spécifique trouve toujours sa raison d'exister dans la mesure où, la culture d'entreprise (promotion de l'idéologie par les valeurs, les rites, et les symboles...) permet d'entretenir et de consolider le sentiment d'appartenance énuméré par ces entreprises. En plus, les objectifs telles que : informer, former, éduquer et faire adhérer les différentes cibles répondent aussi à une stratégie de positionnement. Car toute information est une tentative d'influence sur l'autre. Et pour que les cibles (internes et externes) adhèrent, l'entreprise est appelée à positionner soit le produit, le service, son image ou les trois à la fois dans l'esprit des récepteurs. Quant à la deuxième hypothèse de travail (la dernière des trois hypothèses), l'analyse des données du terrain ne nous permet pas de la rejeter, mais de l'infirmer. Car, contrairement à notre deuxième hypothèse secondaire qui stipulait que ; les salariés d'AES-SONEL et de la SABC, perçoivent le journal d'entreprise comme un instrument de propagande, mis sur pied par la structure pour se construire une image de marque et sympathie. A AES-SONEL 60% des salariés perçoivent le journal d'entreprise comme un support qui diffuse des informations sur l'entreprise, 28% perçoivent AES-SONEL Today comme un magazine de distraction et de divertissement, et 12% comme un journal qui permet de fédérer le personnel. Alors qu'à la SABC, les pourcentages sont aux coudes, 42% des salariés de base perçoivent «33» degrés à l'ombre comme un journal qui ne dit pas grande chose, 42% voient en ce magazine un journal qui informe sur la vie de l'entreprise et 16% le perçoivent comme un journal qui a sa place dans l'entreprise. Des résultats ambivalents qui montrent la nécessité de s'appesantir sur les objectifs poursuivis par les journaux d'entreprises d'AES-SONEL, et de la SABC. Dans cette interprétation des résultats, nous pouvons retenir que, les journaux d'entreprises d'AES-SONEL et de la SABC à travers les logiques d'action de la hiérarchie dans les différents usages du support et les objectifs de production de ces magazines ; sont des dispositifs d'info-communication, qui s'appuient sur la propagande blanche, le marketing holiste pour se construire une image institutionnelle et pour faire adhérer les cibles au projet de l'entreprise afin d'atteindre ses objectifs.
* 111Marketing holiste est un terme utilisé par Kotler P., Keller K., Manceau D., Dubois B., dans leur ouvrage collectif, Marketing management, paru aux éditions Pearson Education France, Paris, 2009, P. 27. Pour ces auteurs, le Marketing holiste consiste à élaborer et mettre en oeuvre des programmes, des processus et des actions marketing à large spectre et reliés entre eux. Le marketing holiste est à la fois relationnel, intégré, interne, orienté vers la performance et socialement responsable. * 112 Op.cit. Communication des entreprises, stratégies et pratiques, Nathan, VUEF, 2001, p.67- 68 * 113 Op.cit. Communication des entreprises, stratégies et pratiques, Nathan, VUEF, 2001, p.66- 67 * 114Kotler P., Keller K., Manceau D., Dubois B., Marketing management, paru aux éditions Pearson Education France, Paris, 2009, P.28 à 31. |
|