Section 2 :L'intérêt d'une
fiscalité écologique locale pour la TUNISIE
L'intégration de la dimension écologique dans la
fiscalité procède dans un premier temps souci de corriger les
effets pervers du système existant dans la mesure ou tarification
actuelle
81 La norme NT 106 relative aux valeurs limites et
valeurs guides des pollutions dans l'air ambiant, rendue obligatoire un mois
après la publication au JORT de l'arrêté du ministre de
l'économie nationale du 28/12/1994 portant homologation de cette norme
(JORT n° 2 du 6/01/1995, p. 15)
82 Contrairement au droit communautaire où
la fiscalité du combustible se développe parallèlement
à la fiscalité des transports (près de 20% des recettes
fiscales environnementales de l'UE sont liées aux transports),
l'imposition du transport en Tunisie ne reflète aucunement la
réalité écologique des coûts externes et donc de la
pollution que ce secteur cause. Il est souhaitable qu'à l'instar du
droit communautaire, d'intégrer des critères environnementaux
dans le calcul des redevances, tels que le type de véhicules, la
catégorie d'émission, le degré du dommage
causé...etc. Même si dans le cadre du système actuel ; il
est tout à fait légitime que les prélèvements
semblent conçus pour avantager le transport public par rapport au
transport privé, une future taxe sur les carburants serait pertinente au
niveau des transports, secteur gros consommateur d'énergie fossile, ce
qui implique d'en taxer l'exercice.
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des ressources naturelles ne prend nullement en compte leur
fonction écologique et qu'il s'agirait donc de corriger ces effets juges
pervers.
Sur un autre plan les raisons qui militent en faveur de
l'introduction d'une reforme fiscale écologique proviennent des
bénéfices attendus de la mise en place d'une fiscalité
fondée sur un souci de sauvegarde des ressources et de taxation de la
pollution.
Paragraphe 1 : Eradication des effets pervers de la
fiscalité actuelle sur le milieu
La tendance de la fiscalité actuellement en vigueur
dans la majorité des Etats et donc également en Tunisie et de
méconnaitre les intérêts de l'environnement et de favoriser
la mise en valeur économique des espaces naturels plutôt que leur
conversation en l'état.
Ainsi en France la jurisprudence du début du
siècle refusait l'exonération de taxe foncier aux
propriétaires qui avaient laisse leurs terrains se reboiser
naturellement83.
La fiscalité a en effets généralement
pour finalité la croissance et l'industrialisation plutôt que la
protection de l'environnement en tant que telle.
Les effets pervers de la fiscalité sur l'environnement
se manifestant ainsi dans divers domaines mais principalement au niveau des
espaces naturels et de transports.
La fiscalité actuelle encourage en effet dans le
premier cas une surexploitation de ces espaces soit une mise en valeur
plutôt qu'une conservation en l'état et le maintien de modes de
transport particulièrement polluants dans le second cas.
En droit comparé plus précisément en
France un inventaire systématique de toutes les mesures fiscales
existantes et de leur incidence positive et ou négative sur
l'environnement a
83- Arrêts du Conseil d'Etat du 19
décembre 1904, Sieur Tondu du Metz, Oise . Lebon p 844, et du 19 janvier
1917, Lehnes, Gironde : Recueil des arrêts du Conseil d'Etat,
publiés par la Direction Générale des impôts,
n°4666.
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ainsi été réalise a la demande du
ministère du l'environnement84 sur la base dune
définition assez large de la fiscalité85.
Les résultats ont été inscrits sur un
tableau regroupant toutes ces mesures et les classant selon leur effet positif
négatif ou neutre sur l'environnement.
Au terme de l'analyse il a pu être constate que la
fiscalité française ne prenait en compte la protection de
l'environnement qua titre exceptionnel quand elle ne participait pas a sa
destruction par le jeu de certains effets pervers.
Il a ainsi été remarque qu'un petit nombre
seulement des cent mesures répertoriées avait une finalité
environnementale avérée car l'on rencontre plutôt des
dispositions ayant une finalité économique ou sociale principale
avec incidemment des effets sur l'environnement dont certains peuvent entre
négatifs.
Par exemple la politique agricole en France se traduit par un
volet fiscal avantageux qui s'étend a la production du bois et ces
mesures ont pu dans le passe contribuer a une gestion rationnelle de l'espace
mais ceci se vérifié de moins a l'heure actuelle dans la mesure
où les technique d'exploitation modernes font courir des risques
croissants au milieu naturel.
Par ailleurs les espaces a finalité non productive sont
soumis a une fiscalité pénalisent alors que ce sont
précisément ces espaces qui recèlent les plus grandes
environnementales paysagères floristiques ou faunistiques.
C'est ainsi que la fiscalité directe locale dissuade
les particuliers de préserver lez zones naturelles dont ils sont
propriétaires dans la mesure où elle leur accorde une exemption
temporaire de taxe foncière lorsqu'ils les mettent en exploitation.
Sont en effet exonères aux termes de l'article 1395-2 du
Code général des impôts français :
84 - Ce travail a été
commandité par le Service de la recherche, des Etudes et du Traitement
de l'Information sur l'Environnement du ministère de l'Environnement, et
réalisé sous la direction de A. Aviam et J.Theys en 199192.
85 - Cette définition englobe l'ensemble des
prélèvement publics obligatoires, et regroupe non seulement les
impôts au sens strict, c'est-à-dire les « contributions en
argent requises des particuliers, à titre obligatoire et sans contre
partie, en vertu de la loi et en vue de la couverture des charges publiques
» ; mais également les redevance, les taxe fiscales, les
impositions quasi-fiscales, les taxes parafiscales et les amendes, de
déversement ou pour services rendus, couramment utilisées en la
matière. La subvention les contributions volontaires et les emprunts ont
été par contre volontairement exclus de l'étude.
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-Les marais dessèchent pendant les vingt années qui
suivent le desséchement
-Les terres inclûtes, vaines et vagues ou en friches,
mises en culture, ou plantées en arabes fruitiers ou en friches, mise en
culture, ou plantées en arabes fruitiers, pendant le dix années
qui suivent le défrichement ou la plantation.
Les études sur la fiscalité de l'espace naturel
en France ont ainsi démontre que la fiscalité du patrimoine
pesait plus lourdement sur le foncier non bâtis, incitant a la
rentabilisation des espaces vierges par leur mise en culture, leur
viabilisation ou leur urbanisation86.
Le régime fiscal de la propriété
non-bâti semble en effet avoir pour seul objet d'inciter à
l'intensification de la sylviculture et de l'agriculture, certaine disposition
ayant même une incidence négative directe, alors même qu'il
s'agirait plutôt de protéger ces espaces et d'encourager leur
maintien en l'état naturel dans une optique
environnementale87.
L'élevage intensif est pour sa part exempte de taxe
professionnelle, en tant qu'activité agricole, alors même qu'il
s'agit dune forme d'agriculture particulièrement polluante et n'acquitte
quine taxe foncière limitée dans la mesure où il n'utilise
quine faible surface de terre, bien que ses écologique soient
globalement néfastes.
En revanche, aux Pays-Bas, les propriétaires fonciers
bénéficient d'exonérations fiscales au titre des
impôts fonciers et des droits de succession en contrepartie d'obligations
de sauvegarde du paysage.
De manière générale, les avantages
fiscaux et financiers sous forme de réductions d'impositions et de
subvention accordée dans les domaines agricole, favorisent
l'excès d'engrais et de pesticides ainsi que la surproduction, qu'il
s'agisse de pays développes ou en développement tels que la
Tunisie.
86 - Guillaume Sainteny : « La
fiscalité des espaces naturels » Litec, 1993. La même
étude avait d'abord été réalisée par le
même auteur pour le compte du ministère de l'Environnement en
1990. Voir aussi T.Schmit : « L'impôt foncier l'espace rural et
l'environnement », l'Harmattan, Dossier Environnement, Paris, 1993.
87 - l'article 1395-2 du Code général
des impôts contribue à la disparition des zones humides, et son
effet se trouve renforcé par la prise en des travaux de drainage par les
collectivités locales ; étant précisé que ceci
était l'état du droit positif en 1997.
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Dans notre pays, une contribution foncière sur les
terrains non bâtis était ainsi due depuis 1919 et vient
d'être remplacée par une taxe sur les terrains non bâtis au
taux de 0.3% ce qui réduit quelque peu la pression fiscale sur le non
bâtis88.
Les exemptions précédentes ont également
été maintenues par le Code de la fiscalité locale, et
concernant les jardins d'agrément, les terrains agricoles ou a usages
industriel et commercial, ainsi que ceux appartenant a des personnes
publiques.
D'autres exonérations ont été
ajoutées, pour ce qui est des terrains lotis en vue d'un usage
particulier, préalablement à la cession par le lotisseur, ainsi
que les terrains situent à l'intérieur de
périmètres d'intervention foncière.
Si de telles mesures ne tendent pas forcement à
favoriser la surexploitation des ressources naturelles, il en est d'autres qui,
en méconnaissant les intérêts écologiques, ou en
étant simplement écologiquement indifférentes peuvent
nuire a l'environnement.
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