Paragraphe 2 : La faiblesse de la fiscalité
écologique
La politique fiscale exerce une influence de type qualitatif
sur l'économie59 et semble donc tout à fait
adaptée à la protection de l'environnement. En outre l'avantage
de la fiscalité écologique est de permettre cette protection en
évitant le caractère répressif des
réglementations60 qui ne sont pas toujours efficaces.
Cependant le recours à la fiscalité environnementale n'est pas
chose aisée61. Il nécessite des études
préalables et prospectives et même des simulations sur plusieurs
plans à la fois: sur le plan économique par l'étude du
marché, sur le plan social en prévoyant les réactions
éventuelles des contribuables concernés, sur le plan fiscal en
évitant les effets pervers des taxes environnementales62.
Ces difficultés s'expliquent sans doute la
timidité de la politique fiscale environnementale en Tunisie qui,
à côté des avantages sociaux et des aides
financières revêt deux techniques : des incitations fiscales
classiques sous forme de dégrèvements d'impôts et quelques
impositions sous forme de taxes et de redevances spécifiques ou
liées à l'environnement
A-Dégrèvement d'impôt
Ils sont accordés à des domaines ayant un lien soit
direct soit indirect avec l'environnement.
? des domaines généraux ayant un lien avec
l'environnement
Cette fiscalité qui se traduit essentiellement par des
dégrèvements fiscaux, a pour trait d'être
éparpillée, elle s'est faite par à-coups et ne
relève pas d'une vision d'ensemble. En outre elle est
motivée essentiellement par la productivité, ce qui n'est pas un
critère du développement durable En effet les textes sont
répartis entre le Code d'Incitations aux Investissements (CII), les
autres codes et des lois spéciales. Le CII encourage divers domaines
qui, même s'ils s'intègrent dans le développement durable,
restent tributaires du seul critère de la rentabilité pour
bénéficier des avantages du code : ainsi les incitations fiscales
au développement
59 M. Lauré , Op Cit, p.14
60 L'exemple type est constitué par la loi
relative aux déchets de 1996qui instaure une obligation
d'éliminer les déchets sanctionnée par des amandes et des
peines privatives de liberté. Pour plus de détails voir N. Belaid
: « Vers un droit des déchets, les lacunes de la
réglementation des déchets dangereux », Mélanges
Habib Ayadi, CPU 2000, p. 87
61 Voir L. Chikhaoui : « Vers une
réforme écologique de la fiscalité ? »,
Mélanges en l'honneur de Habib Ayadi, CPU 2000, p.432
62 Voir C London : « Protection de
l'environnement : les instruments économiques et fiscaux », RFFP
n°90 mai, 2005, p.21 et s.
Mastère professionnel TCF ISG Gabés
Monaem FATTOUCH Page 57
agricole mettent l'accent sur la productivité63
; les avantages à l'encouragement au développement
régional sont accordés aux entreprises qui s'installent dans des
zones de développement régional en vue de leur
développement économique64, les projets
d'infrastructures et d'équipements collectifs des entreprises de travaux
publics et de promotion immobilière65, les incitations au
développement agricole visant à l'utilisation des ressources
naturelles disponibles en vue d'augmenter la production agricole et de
pêche ainsi que la modernisation de ces secteurs toujours dans un but de
productivité66.
? des dispositions spécifiques ciblant
l'environnement
A côté de ces dispositions
générales, le CII contient en fait deux types de dispositions
spécifiques à l'environnement : la lutte contre la pollution et
la protection de l'environnement67. A ce titre des incitations sont
accordées aux entreprises qui se spécialisent dans la collecte,
la transformation et le traitement des déchets et ordures et les
entreprises qui luttent contre la pollution générée par
les activités économiques, et ces incitations sont liées
aux organismes de protection de l'environnement.
Dans le cadre de la promotion de la technologie et de la
recherche-développement, et l'économie d'énergie,
l'investissement dans les énergies renouvelables donne droit à
une exonération des droits de douane et à la TVA au taux de 12%
pour les équipements importés n'ayant pas de similaires
localement, et la suspension de la TVA pour ceux acquis
localement68, en plus d'une prime69, alors que les
investissements dans l'économie d'eau ne donnent droit qu'à une
prime70.
63 Ainsi les critères pour
bénéficier des avantages fiscaux sont la taille de l'exploitation
qui est fonction du revenu, de la superficie, le coût de l'investissement
et l'importance des équipements.
64 Article 23 du CII
65 Article 26 du CII
66 Article 27 du CII
67 Les articles 37 et 38 du code d'incitation aux
investissements
68 Articles 40 et 41 du CII
69 Prime dont le montant est fixé par le
décret n° 2005-2234 du 22 août 2005
70 Article 42 bis du CII. Le montant de la prime est
fixé par décret n° 2001-2186 du 17 septembre 2001. Il en est
de même pour les investissements dans l'économie d'eau
d'irrigation par les groupements d'intérêt collectifs
bénéficient des avantages de la catégorie « A »,
qui sont des primes spécifiques seulement
Mastère professionnel TCF ISG Gabés
Monaem FATTOUCH Page 58
|