C- Les taxes sur les installations
? La TGAP installations classées
La taxe sur les installations classées n'a
rapporté que 12 M€ en 2004. Bien que depuis 1999 la TGAP «
Installations classées » ne soit plus une recette affectée
à la couverture du contrôle de ces installations, il n'en demeure
pas moins que l'économie générale de la taxe n'a pas
véritablement été modifiée et qu'elle a toujours
pour objectif de compenser les dépenses occasionnées à
l'Etat par l'inspection des installations en cause.
Cette taxe est assise sur la délivrance d'une
autorisation, complétée pour certaines activités à
risques, par une taxe annuelle. Son taux est forfaitaire par installation. Il
est compris entre 442,10 € et
2 225,76 € pour la partie « autorisation ». Il
est de 336,39 € par installation pour la partie « exploitation
», ce tarif forfaitaire de base étant assorti d'un coefficient
multiplicateur compris entre 1 et 10 en fonction de la nature et du volume des
activités exercées dans l'installation concernée.
De nombreuses installations classées sont
exonérées, notamment dans les secteurs agricole et artisanal, ce
qui contribue à limiter le caractère incitatif de cette taxe.
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? La TGAP déchets ménagers et
assimilés
La taxe « déchets ménagers » est une
taxe sur les décharges dans la mesure où elle est due par les
exploitants d'installations de stockage de déchets ménagers et
assimilés. Son produit est de 213 M€ en 2004. La taxe est
payée par un grand nombre de collectivités locales, ce qui n'en
facilite pas le recouvrement, notamment parce que les personnels des
collectivités de petite taille maîtrisent difficilement la
réglementation applicable et les modalités de paiement. En outre,
le contrôle du respect des obligations déclaratives qui revient
aux services de l'administration des douanes
en charge de la gestion de cette taxe sort du domaine de
compétence habituel de cette administration.
Cette taxe vient en complément des dispositions du code
de l'environnement relatives aux installations ayant pour objet
l'élimination des déchets. En effet, la TGAP est conçue
pour inciter à l'application de l'article L. 541-22 du code
précité53. Depuis 1999, il existe un taux
majoré applicable aux installations de stockage de déchets
ménagers et assimilés non agréées. Ce taux est de
18,29 €/t alors qu'il n'est que de 9,15 €/t pour les sites
autorisés et de 7,5 €/t pour les sites ayant fait l'objet d'une
certification environnementale54.
Le seuil de taxation exprimé en nombre de tonnes est,
pour sa part, passé de 250 tonnes à 49 tonnes entre 1993 et
200255. Cet abaissement des seuils a fait entrer dans le champ de la
taxe un nombre important de décharges et, en particulier, des
décharges non agréées dont le volume de stockage est
généralement inférieur à celui des sites
agréés. Le nombre de décharges non agréées,
taxées, est passé de 2 068 en 1994 à 1 118 unités
en 1999, représentant alors 2,85 % du tonnage taxé.56
Depuis, le nombre de décharges non agréées
53L'article L. 541-22 du code d'environnement
« ne peuvent être traités que dans les installations pour
lesquelles l'exploitant est titulaire d'un agrément de l'administration
».
54 Taux applicable si l'installation de stockage a
fait l'objet d'un enregistrement dans le cadre du système communautaire
de management environnemental et d'audit (EMAS) défini par le
règlement (CE) n° 761/2001 du Parlement européen et du
Conseil, du 19 mars 2001, ou dont le système de management
environnemental a été certifié conforme à la norme
internationale ISO 14001 par un organisme accrédité.
55Le calcul du seuil minimal de taxation
exprimé en tonnes est réalisé en divisant le minimum
annuel de recouvrement par installation par le taux simple de la taxe. Ce
calcul est réalisé dans le rapport du commissariat
général au plan déjà cité.
56 Chiffres du Commissariat général
au plan
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acquittant la TGAP a continué à diminuer, sous
l'effet de leur agrément ou de leur fermeture. Elles n'étaient
plus que 172 en juin 2005.
De manière générale, même si la
fiscalité n'est pas la seule cause de l'amélioration des
conditions de traitement des déchets ménagers, on peut estimer
qu'elle y a contribué.
? La TGAP sur les déchets
industriels
La composante déchets industriels fonctionne selon le
même principe que celle sur les déchets ménagers et
s'applique aux exploitants d'installations d'élimination des
déchets industriels spéciaux. Le nombre de redevables est modeste
(78 en 2003), les dix plus importants payant près de 70 % des 14 M€
que la taxe a rapportés en 2004. Il existe deux taux : - 9, 15 € /
tonne pour les déchets réceptionnés dans une installation
d'élimination de déchets industriels spéciaux, - 18, 29
€ / tonne pour les déchets réceptionnés dans une
installation de stockage de déchets industriels spéciaux.
La taxe générale sur les activités
polluantes est l'expression employée pour désigner un ensemble
hétéroclite de petites taxes dont le produit total atteint un
montant de l'ordre de 470 millions d'euros.
Si la plupart des taxes ont été aux
départs présentés comme ayant une finalité
écologique, les taux de ces taxes n'étant pas fixés en
fonction des dommages causés à l'environnement, leur effet sur la
pollution est limité.
De plus, les assiettes sont définies de façon
souvent complexe.
Ainsi, la taxe sur les lessives a trois niveaux de taux
fixés en fonction de la teneur en phosphates des produits taxables. La
taxe sur les produits antiparasitaires comporte sept taux dont il est parfois
difficile de savoir celui qui doit être appliqué en cas de
mélange de substances dans le même produit.
Cette complexité rend difficile le contrôle de la
TGAP par l'administration des douanes. Le principe de la TGAP apparaît
fondé mais les modalités de mise en oeuvre des différentes
taxes qui la composent peuvent être améliorées. Ces mesures
fiscales devraient être réexaminées en s'inspirant des
principes suivants :
- les taux doivent tenir compte du coût des effets
négatifs imputables à la pollution que l'on cherche à
limiter ou, pour le moins, du coût des mesures que doivent prendre les
agents économiques pour respecter un seuil de pollution
déterminé par les pouvoirs publics ;
- il est nécessaire de vérifier qu'il existe des
alternatives économiques et techniques permettant de réduire la
pollution à un coût acceptable pour l'ensemble de la
société ;
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- l'efficacité des mesures doit être
évaluée au moment où elles sont envisagées, puis
ensuite à intervalles réguliers, en vue de leur remise en cause
;
- les taxes doivent être applicables sans
difficulté excessive par
les redevables et pouvoir être effectivement
contrôlées ;
- enfin, pour les rendre acceptables par les contribuables,
des mécanismes de reversement du produit de la taxe en fonction des
comportements peuvent être justifiés. L'application de ces
principes devrait au minimum conduire à modifier un certain nombre de
composantes de la TGAP.
Dans sa forme actuelle, la taxe sur les installations
classées ne peut être rangée dans le
périmètre de la fiscalité à objectif
environnemental. Il est proposé de la sortir du champ de la TGAP.
Pour la taxe sur les huiles, il est nécessaire de
rapprocher la liste des produits taxables de la nomenclature douanière
qui constitue une référence administrative incontestable. Il faut
supprimer la déductibilité à l'exportation de la taxe sur
les matériaux d'extraction afin de limiter les dommages induits par
l'extraction des grains minéraux destinés à être
exportés. Le maintien de trois taux différents, mais très
proches, pour la taxe sur les préparations pour lessives ne se justifie
pas. Il faut, soit retenir des taux plus différenciés en fonction
du niveau de pollution engendré par ces produits, soit fixer un seul
taux en exonérant ceux qui sont les moins polluants.
La simplification du tarif actuel de la taxe sur les produits
antiparasitaires, qui comporte sept taux en fonction du niveau de
toxicité, apparaît souhaitable, certains produits faiblement
polluants pouvant être exonérés alors que les plus
dangereux devraient faire l'objet d'une mesure d'interdiction.
La taxe sur les décharges de déchets
ménagers appelle une simplification. Les différences de taux sont
en effet très faibles (7,5€ et 9,15 € la tonne). Quant au taux
majoré sanctionnant les décharges non autorisées, la
fermeture des sites concernés ou leur régularisation devrait
conduire à le supprimer, les dernières installations pouvant
subsister relevant de sanctions pénales prévues au code de
l'environnement57 et non de mesures fiscales. S'il était
décidé d'augmenter sensiblement les taux de la taxe sur les
émissions polluantes atmosphériques pour les porter au niveau
justifié par les effets de la pollution, on pourrait accompagner
cette
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mesure du reversement d'une partie du produit de la taxe aux
redevables ayant, proportionnellement à leur production, le comportement
le moins polluant.
Il apparaît souhaitable de renoncer à la taxe sur
les imprimés non sollicités dont la mise en oeuvre apparaît
trop complexe. Une taxe sur les emballages, qui pourrait être une
nouvelle composante de la TGAP, constituerait une réponse adaptée
au faible effet incitatif des TGAP sur les décharges, de la TEOM et de
la REOM à réduire le volume des déchets. Les avantages
d'une telle mesure devraient être évalués par comparaison
avec d'autres solutions envisageables, comme la réglementation ou le
renforcement du recyclage par les entreprises.
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