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De l'image de la France dans les trois dernières fictions romanesques de Mongo Beti

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par Jean Baptiste NTUENDEM
Université de Dschang - Master II 2013
  

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I-4- La France fraudeuse et manipulatrice de l'opinion

Trop de soleil tue l'amour est le roman du retour des exilés. C'est aussi un regard posé sur certains dysfonctionnements perceptibles dans la vie politique de l'ancienne métropole qui se projette comme modèle de fraudes électorales. Autant elle aide ses protégés dictateurs africains à frauder à chaque scrutin électoral, autant elle-même manipule les urnes :

C'est pour ainsi dire une institution dans ces pays là mêmes qui se prétendent de vieilles démocraties, sinon les inventeurs de la démocratie. Sinon les inventeurs de la démocratie. Camarades, est-ce que vous connaissez le nombre de demandes d'annulation déposées devant les tribunaux après la récente élection s législatives françaises ? Trois cent cinquante six, pas une de moins, camarades. Il n'y a de demande d'annulation que s'il y eu fraude cela concerne la moitié des députés français. La moitié des députés français ont été élus grâce à la fraude. (Mongo Beti 2000 : 192)

Dans l'étude que nous avons faite sur l'image du Président dans les derniers romans de Mongo Beti, il nous a été donné de constater que ce dictateur qui bénéficie des protections de l'ancienne métropole est un tyran qui spolie la presse dite indépendante pendant que la presse gouvernementale est contrôlée et instrumentalisée comme outil de propagande politique et de manipulation de l'opinion. Nous avons pu lire aussi les traces de la presse étrangère, en l'occurrence la presse écrite et la presse électronique françaises. Il s'agit d'une presse complaisante et complice de la dictature qui sévit ici. Dans la monotonie existentielle qui sévit dans cette république bananière, la presse française apparaît comme la seule diversion : « Les journaux du monde civilisé, seule diversion au désespoir rampant, arrivent avec une semaine de retard. » (Mongo Beti 1999 : 12)La presse écrite française dont on retrouve les traces dans L'Histoire du fou est l'Univers. La légèreté avec laquelle elle gère les informations qu'elle diffuse montre une carence très grave dans la déontologie et dans l'éthique de la profession journalistique. Le narrateur note :

Tout semblait avoir commencé avec un journal de l'ancienne métropole, l'univers, quotidien paraissant le soir, qui, en évoquant l'affaire du marabout des putschistes, sans avoir dépêché d'envoyé spécial sur place, sans bénéficier des conseils et de la documentation d'aucun correspondant local(...) s'était autorisé à d'écrire par la caricature la situation politique du pays. (Mongo Beti 1994 : 94)

L'univers est une presse méprisante qui est au service de la dictature. Toutefois, son manque de professionnalisme porte entorse à l'image même du dictateur qu'elle protège : « Au lieu de l'effet de désamorçage espéré, le mépris affiché par l'univers avait abouti au résultat exactement inverse, qui allait rendre plus périlleuse que jamais la position de son protégé, le dictateur chef de l'Etat. »(Mongo Beti : 95)

La presse de l'ancienne métropole est un outil de manipulation de l'opinion utilisé dans sa diversité pour nettoyer et pour embellir l'image du dictateur qu'elle protège :

Le pays était livré à ce que, avec le recul, je ne peux appeler autrement qu'une anarchie policière. L'ancienne métropole avait eu beau se démener dans la coulisse, inspirer des articles de presse remplis des plus nobles références, commander à la hâte des ouvrages aussi savants qu'il est imaginable, financier à grands frais des reportages télévisés à la gloire de son protégé, l'image de sa position que laissait le chef de l'Etat n'était pas, (...) une dynastie victorienne... » (Mongo Beti 1994 : 187)

Par contre, cette presse pro impérialiste au service de la dictature est très apte au dénigrement et à la moquerie, quand il est question de l'Afrique noire francophone :

En revanche, une information fâcheuse à propos des ressources de sieur Ndibilongo Joachim ne serait pas seulement préjudiciable, à son image personnelle, elle éclabousserait toute l'élite de notre société toujours exposée au dénigrement et aux moqueries de l'étranger. Les médias de là-bas, qui voient bien la paille dans nos yeux mais ignorent la poutre des leurs, auraient tôt fait d'extrapoler et de généraliser. (Mongo Beti 2000 : 328-329)

Dans les rapports qui existent entre l'ancienne métropole et ses anciennes colonies, la francophonie apparaît aux yeux de Mongo Beti comme un instrument d'oppression et non de partage. A cette francophonie politique qui sert essentiellement à instituer et à perpétuer la conquête sous le couvert du partage linguistique s'ajoute les relents de racisme et de xénophobie français.

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