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L'integration des batwa au Kivu comme moyen de lutter contre la discrimination et la pauvreté. Cas des batwa babuluko de Walikale.

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par Dieudonné AKILIMALI
Institut Supérieur Technique Commercial et Économique "ISCTE" Bukavu - Licencié en développement communautaire et rural  2012
  

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1. La prophétie des Os

Pour cette prophétie, le prophète utilisait les os de l'éléphant et/ou ceux du potamochère (sanglier) connu dans l'ensemble sous l'appellation de « mukono » (main).

De fois, il utilisait aussi les dents du potamochère « tumondo ».

Cette pratique avait comme objectif  de : départager un différend, prophétiser les événements futurs, clarifier le choix pendant le mariage, découvrir l'origine ou la cause de la mort ou soit un événement passé, la cause de la maladie et déterminer l'origine d'autres aspects de la vie sociale dans la communauté.

2. La prophétie du feu

Ce feu était allumé sur base d'une bougie. Les ingrédients qui concouraient à la fabrication de cette bougie furent : la graisse du bouc, farine de banane plantain et poudre de l'arbre connu localement sous le nom de « Kabig'ha nkati ». Cette bougie était allumée à l'aide d'une autre bougie fabriquée sur base de résine, « musuku », ou soit sur base de l'encens  « bwagha ».

L'objectif ici était  de différencier la maladie et la mort qui avaient principalement comme origine : Dieu, la culpabilité des citoyens (péché) « kiswabo », le tabou « kig'ha» ; la colère du supérieur « muungo » ou la malédiction.

e. Moyens de communication

Dans le temps, il n'y avait pas de route dans la forêt des Walikale. D'où, pour se transmettre un message, les Batwa Babuluko faisaient recours au tam-tam, « Lukumbi » ou soit à une corde de raphia nouée.

v Le rythme du tam-tam traduisait directement le message. Ce message pouvait être de joie tout comme de tristesse (deuil). Parmi les messages de joie, on pouvait distinguer : l'abattage d'un grand mammifère comme l'éléphant, la naissance d'un bébé, le mariage, le rite d'initiation etc.

v S'agissant du messager qui amenait avec lui une corde de raphia nouée ; cette corde avait le sens d'une invitation. Si le noeud de la corde n'était pas solide, cela supposait que l'invité était appelé d'urgence. Dans le cas contraire, c'est qu'il n'y avait pas de danger, l'invité pouvait se préparer lentement et venir au moment opportun.

f. la musique et la danse

La musique jouait un rôle important dans la vie sociale des Batwa Babuluko. Elle consistait à traduire leurs émotions, leurs sentiments mais aussi constituait un canal par excellence de transmission de la tradition culturelle twa.

La danse chez les Batwa Babuluko s'exhibait suivant des circonstances telles que :

v Pendant l'initiation des jeunes garçons à la vie active par le canal de la circoncision, ils exhibaient la danse de « Bilinga » ou « Mukomelo wa Bwali »,

v A l'abattage d'un éléphant ou en vue de soutenir les chasseurs d'éléphants « Batuma », les restes de la communauté exhibaient la danse de « Butuma »

v A la naissance d'un nouveau-né, ils exhibaient la danse de « Bubinde»,

v Le « Mbuli », était exhibé d'habitude pendant l'investiture d'un chef de clan, pendant l'accueil d'un hôte, ou soit le soir dans le camp après repas.

Les instruments de musique utilisés furent : flûte, tam-tam, « lukumbi », morceau de bois « mukoko», likembe, etc.

2.9 . Contribution à la protection de l'environnement

Comme énoncé ci haut, les pratiques de chasse traditionnelles des Batwa Babuluko ont été favorables à la conservation de l'environnement. Mais, l'essor démographique a été en contre-courant à toutes ces valeurs. De nos jours, plusieurs espèces sont en voie d'extinction. L'usage des techniques modernes de chasse : fusil de chasse calibre 12, armes de guerre, collet métallique, empoisonnement des rivières devenus monnaie courante. Actuellement, Il est difficile de repérer les traces des grands mammifères comme : éléphant, gorille, buffle,... dans les forêts de Walikale. Les produits de chasse ne répondent plus aux besoins alimentaires de la population locale. Ils sont compensés par les produits de commerces importés des grandes villes de la région : Bukavu, Goma et Kisangani.

En plus des instruments de chasses déjà évoquées ; rappelons d'autres modes de capture des gibiers appliqués par les Batwa Babuluko, dans le temps,  réputés des techniques durables de conservation de la nature : la chasse-poursuite à éléphant, la chasse au singe à l'arc empoisonné, capture à mains nues, enfumage des terriers de rongeurs géants, chasse individuelle à l'arbalète, capture dans le terrier, chasse avec chien (souvent individuel), chasse à la sagaie en petit groupe et la grande chasse à la trace des grands mammifères (éléphants, gorille, buffle, ...) ; à cela pourrait s'ajouter les différents modes de piégeages : les pièges aux câbles traditionnel, les pièges à stick en bois avec charge de pierre et morceaux de bois, pièges tendus sous forme de barrage des collines, piège posés au sol sur le pistes des gibiers, pièges posés sur les arbres et traversées des rivières,... Tous ces modes de chasse et de piégeage, combiné à la faible densité de la population à l'époque, ne pouvaient pas détériorer l'environnement. Les menaces qui pèsent sur l'environnement aujourd'hui dans l'espace Walikalien sont souvent liées à l'explosion démographique, aux évènements de la guerre en répétition au Kivu et à l'exploitation artisanale des minerais.

Ce derniers temps, les Batwa Babuluko sont engagés dans le projet de foresterie communautaire. La forêt de communauté locale est consacrée par différentes lois de la République Démocratique du Congo. Par exemple :

- La constitution de la RDC du 18 février 2006 spécialement en ses articles : 34, 53, 58, et 59.

- La loi N°011/2002 du 29 Août 2002 portant code forestier de la RDC, spécialement en ses articles : 22, 36 à 41, et de 111 à 113.

- Le décret N° 08/08 du 08 Avril 2008 fixant la procédure de classement et de déclassement des forêts en RDC.

- L'arrêté ministériel N° 023/CAB/MIN/ECNT/15/JEB/2008 du 07 Août 2008, portant création et organisation du comité de pilotage du projet de foresterie communautaire en RDC.

- La loi 73-021 du 20 juillet 1973 portant régime général des biens, régime foncier et immobilier et régime des suretés telle que modifiée et complétée par la loi n°80- 008 du 18 juillet 1980 à ses articles 387 à 389, reconnait l'existence des terres occupées par les communautés.

En effet, huit sites ont été identifiés par les Bawa Babuluko pour cette fin, à savoir :

· La forêt de Chankuba à Kilali

· La forêt de Mashugho/Kinsali à Kisa

· La forêt de Mutiku à Kambushi

· La forêt de Kasumba à Kasumba

· La forêt de Lungo à Bangenengene

· La forêt de Bakeka à Isangi,

· La forêt de Kiushi à Lweghe et

· La forêt de Bushishi à Kakundu.

De toutes ces forêts communautaires Batwa Babuluko, telle qu'elles le sont par la coutume, seule la forêt de Lungo semble conflictuelle. Cette forêt fit frappée par l'extension du Parc National de Kahuzi Biega (PNKB) suivant l'ordonnance présidentielle n°75/238 du 22 juillet 1975, modifiant les limites du parc de 60000 à 600000 ha. S'étendant ainsi sur les territoires de Kabare, Walungu, Kalehe et Shabunda au Sud Kivu, Walikale au Nord Kivu et Punia au Maniema.

Rappelons que pendant la rébellion du RCD Gama (1998-2003), cette forêt de Lungo avait fait l'objet d'une exploitation artisanale de coltan et de la cassitérite. Le droit coutumier de cette exploitation revenait aux Batwa Babuluko des villages : Bangenengene, Mintonko, Mutandala et Misenya.

Ces Batwa dépossédés sans consultation ni indemnisation, réclament une réparation des dommages subis auprès de l'Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN), branche de l'Etat en charge de la gestion des aires protégées en RDC.

2.10 Moyen de défense en cas d'attaque

Ils ont connu comme instruments de guerre : la lance, l'arc à flèche, le carquois des flèches, le bouclier  « Ngabo » fabriqué de l'arbre « Muntaka et Musay ». L'on notait dans la communauté Batwa Babuluko des grands guerriers spécialisés dans la manipulation de la lance. La mémoire collective reconnait encore les noms des guerriers comme : Bishina et Sakiranda. Leur faiblesse numérique était à la base de multiples échecs. Ils avaient des systèmes d'alerte et des stratégies pour défier l'ennemi.

2.11 Considération dans la société :

Nous devons rappeler que les Batwa Babuluko sont en transition sur tous les plans : culturel, économique, sociale, politique etc. A partir de l'analyse de cette transition, nous aurons l'occasion de découvrir la considération réservée aux Batwa Babuluko par le reste de la société.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo