1. La prophétie des
Os
Pour cette prophétie, le prophète utilisait les
os de l'éléphant et/ou ceux du potamochère (sanglier)
connu dans l'ensemble sous l'appellation de « mukono »
(main).
De fois, il utilisait aussi les dents du potamochère
« tumondo ».
Cette pratique avait comme objectif de :
départager un différend, prophétiser les
événements futurs, clarifier le choix pendant le mariage,
découvrir l'origine ou la cause de la mort ou soit un
événement passé, la cause de la maladie et
déterminer l'origine d'autres aspects de la vie sociale dans la
communauté.
2. La prophétie du
feu
Ce feu était allumé sur base d'une bougie. Les
ingrédients qui concouraient à la fabrication de cette bougie
furent : la graisse du bouc, farine de banane plantain et poudre de
l'arbre connu localement sous le nom de « Kabig'ha nkati ».
Cette bougie était allumée à l'aide d'une autre bougie
fabriquée sur base de résine, « musuku », ou
soit sur base de l'encens « bwagha ».
L'objectif ici était de différencier la
maladie et la mort qui avaient principalement comme origine : Dieu, la
culpabilité des citoyens (péché)
« kiswabo », le tabou « kig'ha» ; la
colère du supérieur « muungo » ou la
malédiction.
e. Moyens de communication
Dans le temps, il n'y avait pas de route dans la forêt
des Walikale. D'où, pour se transmettre un message, les Batwa Babuluko
faisaient recours au tam-tam, « Lukumbi » ou soit à
une corde de raphia nouée.
v Le rythme du tam-tam traduisait directement le message. Ce
message pouvait être de joie tout comme de tristesse (deuil). Parmi les
messages de joie, on pouvait distinguer : l'abattage d'un grand
mammifère comme l'éléphant, la naissance d'un
bébé, le mariage, le rite d'initiation etc.
v S'agissant du messager qui amenait avec lui une corde de
raphia nouée ; cette corde avait le sens d'une invitation. Si le
noeud de la corde n'était pas solide, cela supposait que l'invité
était appelé d'urgence. Dans le cas contraire, c'est qu'il n'y
avait pas de danger, l'invité pouvait se préparer lentement et
venir au moment opportun.
f. la musique et la danse
La musique jouait un rôle important dans la vie sociale
des Batwa Babuluko. Elle consistait à traduire leurs émotions,
leurs sentiments mais aussi constituait un canal par excellence de transmission
de la tradition culturelle twa.
La danse chez les Batwa Babuluko s'exhibait suivant des
circonstances telles que :
v Pendant l'initiation des jeunes garçons à la
vie active par le canal de la circoncision, ils exhibaient la danse de
« Bilinga » ou « Mukomelo wa
Bwali »,
v A l'abattage d'un éléphant ou en vue de
soutenir les chasseurs d'éléphants
« Batuma », les restes de la communauté exhibaient
la danse de « Butuma »
v A la naissance d'un nouveau-né, ils exhibaient la
danse de « Bubinde»,
v Le « Mbuli », était exhibé
d'habitude pendant l'investiture d'un chef de clan, pendant l'accueil d'un
hôte, ou soit le soir dans le camp après repas.
Les instruments de musique utilisés furent :
flûte, tam-tam, « lukumbi », morceau de bois
« mukoko», likembe, etc.
2.9 . Contribution
à la protection de l'environnement
Comme énoncé ci haut, les pratiques de chasse
traditionnelles des Batwa Babuluko ont été favorables à la
conservation de l'environnement. Mais, l'essor démographique a
été en contre-courant à toutes ces valeurs. De nos jours,
plusieurs espèces sont en voie d'extinction. L'usage des techniques
modernes de chasse : fusil de chasse calibre 12, armes de guerre, collet
métallique, empoisonnement des rivières devenus monnaie courante.
Actuellement, Il est difficile de repérer les traces des grands
mammifères comme : éléphant, gorille, buffle,... dans
les forêts de Walikale. Les produits de chasse ne répondent plus
aux besoins alimentaires de la population locale. Ils sont compensés par
les produits de commerces importés des grandes villes de la
région : Bukavu, Goma et Kisangani.
En plus des instruments de chasses déjà
évoquées ; rappelons d'autres modes de capture des gibiers
appliqués par les Batwa Babuluko, dans le temps,
réputés des techniques durables de conservation de la
nature : la chasse-poursuite à éléphant, la chasse
au singe à l'arc empoisonné, capture à mains nues,
enfumage des terriers de rongeurs géants, chasse individuelle à
l'arbalète, capture dans le terrier, chasse avec chien (souvent
individuel), chasse à la sagaie en petit groupe et la grande chasse
à la trace des grands mammifères (éléphants,
gorille, buffle, ...) ; à cela pourrait s'ajouter les
différents modes de piégeages : les pièges aux
câbles traditionnel, les pièges à stick en bois avec charge
de pierre et morceaux de bois, pièges tendus sous forme de barrage des
collines, piège posés au sol sur le pistes des gibiers,
pièges posés sur les arbres et traversées des
rivières,... Tous ces modes de chasse et de piégeage,
combiné à la faible densité de la population à
l'époque, ne pouvaient pas détériorer l'environnement. Les
menaces qui pèsent sur l'environnement aujourd'hui dans l'espace
Walikalien sont souvent liées à l'explosion
démographique, aux évènements de la guerre en
répétition au Kivu et à l'exploitation artisanale des
minerais.
Ce derniers temps, les Batwa Babuluko sont engagés dans
le projet de foresterie communautaire. La forêt de communauté
locale est consacrée par différentes lois de la République
Démocratique du Congo. Par exemple :
- La constitution de la RDC du 18 février 2006
spécialement en ses articles : 34, 53, 58, et 59.
- La loi N°011/2002 du 29 Août 2002 portant code
forestier de la RDC, spécialement en ses articles : 22, 36 à
41, et de 111 à 113.
- Le décret N° 08/08 du 08 Avril 2008 fixant la
procédure de classement et de déclassement des forêts en
RDC.
- L'arrêté ministériel N°
023/CAB/MIN/ECNT/15/JEB/2008 du 07 Août 2008, portant création et
organisation du comité de pilotage du projet de foresterie communautaire
en RDC.
- La loi 73-021 du 20 juillet 1973 portant régime
général des biens, régime foncier et immobilier et
régime des suretés telle que modifiée et
complétée par la loi n°80- 008 du 18 juillet 1980 à
ses articles 387 à 389, reconnait l'existence des terres occupées
par les communautés.
En effet, huit sites ont été identifiés
par les Bawa Babuluko pour cette fin, à savoir :
· La forêt de Chankuba à Kilali
· La forêt de Mashugho/Kinsali à Kisa
· La forêt de Mutiku à Kambushi
· La forêt de Kasumba à Kasumba
· La forêt de Lungo à Bangenengene
· La forêt de Bakeka à Isangi,
· La forêt de Kiushi à Lweghe et
· La forêt de Bushishi à Kakundu.
De toutes ces forêts communautaires Batwa Babuluko,
telle qu'elles le sont par la coutume, seule la forêt de Lungo semble
conflictuelle. Cette forêt fit frappée par l'extension du Parc
National de Kahuzi Biega (PNKB) suivant l'ordonnance présidentielle
n°75/238 du 22 juillet 1975, modifiant les limites du parc de 60000
à 600000 ha. S'étendant ainsi sur les territoires de Kabare,
Walungu, Kalehe et Shabunda au Sud Kivu, Walikale au Nord Kivu et Punia au
Maniema.
Rappelons que pendant la rébellion du RCD Gama
(1998-2003), cette forêt de Lungo avait fait l'objet d'une exploitation
artisanale de coltan et de la cassitérite. Le droit coutumier de cette
exploitation revenait aux Batwa Babuluko des villages : Bangenengene,
Mintonko, Mutandala et Misenya.
Ces Batwa dépossédés sans consultation ni
indemnisation, réclament une réparation des dommages subis
auprès de l'Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN),
branche de l'Etat en charge de la gestion des aires protégées en
RDC.
2.10 Moyen de
défense en cas d'attaque
Ils ont connu comme instruments de guerre : la lance,
l'arc à flèche, le carquois des flèches, le bouclier
« Ngabo » fabriqué de l'arbre « Muntaka et
Musay ». L'on notait dans la communauté Batwa Babuluko des
grands guerriers spécialisés dans la manipulation de la lance. La
mémoire collective reconnait encore les noms des guerriers comme :
Bishina et Sakiranda. Leur faiblesse numérique était à la
base de multiples échecs. Ils avaient des systèmes d'alerte et
des stratégies pour défier l'ennemi.
2.11 Considération
dans la société :
Nous devons rappeler que les Batwa Babuluko sont en transition
sur tous les plans : culturel, économique, sociale, politique etc.
A partir de l'analyse de cette transition, nous aurons l'occasion de
découvrir la considération réservée aux Batwa
Babuluko par le reste de la société.
|