B. La coopération bilatérale et
multilatérale
En vue de faire face aux défis environnementaux
liés à la protection des aires protégées du
Burundi, le Ministère de l'Eau, de l'Environnement, de
l'Aménagement du Territoire et de l'Urbanisme (MEEATU), à travers
l'INECN, a longtemps bénéficié de l'appui de plusieurs
pays partenaires. Citons notamment la Coopération Technique Allemande
qui a entre autres financé l'identification et la création d'un
certain nombre d'aires protégées. Il s'agit également de
l'appui de la Belgique aux activités de protection de la
biodiversité des aires protégées dont le PNK.
82 DJIGO Seybatou A., NINDORERA D., op. cit.,
p.20.
83 Le rift albertin s'étend de
l'extrémité nord du Lac Albert à l'extrémité
sud du Lac Tanganyika qui s'étend à travers les pays de
l'Ouganda, le Rwanda, la République Démocratique du Congo, au
Burundi et en Tanzanie.
84 INECN, Plan d'Aménagement et de Gestion
du Parc National de la Kibira, Gitega, Burundi, Juillet 2009, p.37.
C'est dans ce contexte qu'un mémorandum d'accord a
été signé entre l'INECN et l'Institut Royal des Sciences
Naturelles de Bruxelles (IRScNB). Ce mémorandum d'accord est
intitulé « Appui aux activités de l'INECN axées
sur la recherche, l'échange d'information et la conservation de la
biodiversité des aires protégées au Burundi ».
Ce partenariat est axé principalement sur trois points:
- les inventaires, le suivi et l'évaluation de la
biodiversité en s'appuyant notamment sur la taxonomie et
l'écologie de la biodiversité des aires protégées
;
- la sensibilisation des communautés locales, des
décideurs et autres parties prenantes sur les questions pertinentes de
la biodiversité et des aires protégées ;
- le renforcement du centre d'échange d'information en
matière de biodiversité.
Nous venons de voir que la responsabilité de conserver
et de gérer les ressources forestières du PNK est partagée
entre diverses institutions et cela sous des aspects divers. Bien que pour
chacune de ces institutions, il a été relevé sa mission et
ses activités en rapport avec la protection de cette aire
protégée, une conservation et une utilisation durables de ses
ressources repose sur la disponibilité des ressources
financières, la disponibilité des moyens humains en
quantité et en qualité et d'autres paramètres qui entrent
en jeu.
Ce faisant, il convient de souligner que ces institutions
surtout publiques éprouvent d'énormes difficultés qui sont
de plusieurs ordres et qui limitent par conséquent la mise en oeuvre de
la législation ayant trait à la protection de la
biodiversité du PNK.
Ces contraintes sont :
La faiblesse des capacités des cadres et agents de
l'INECN, organe gestionnaire du PNK. En effet, la conservation et l'utilisation
durable de la biodiversité de cette aire protégée sur base
des plans de gestion et d'aménagement suppose des connaissances
approfondies sur le milieu et des données disponibles pour
élaborer des plans de gestion. Actuellement, il y a insuffisance du
personnel qualifié pouvant participer à l'élaboration et
la mise en oeuvre des plans de gestion et d'aménagement, mais aussi une
absence des données fiables sur les ressources naturelles de cette aire
protégée ;
Le manque de cadre de coopération scientifique et
technique entre les parties prenantes à la conservation du PNK visant
à harmoniser et à rendre davantage accessibles les connaissances
sur sa biodiversité. En effet, au niveau des structures de gestion de
cette aire protégée, il a été constaté un
manque d'échange d'informations relatives à la gestion de sa
biodiversité. Il existe certes des données qui peuvent aider
à élaborer des plans de gestion, mais ces données sont
centralisées et gérées par plusieurs institutions aussi
bien nationales qu'étrangères ;
La faible performance des institutions en charge de la
conservation de la biodiversité du PNK pour faire respecter la loi. En
effet, les institutions chargées du maintien et de la surveillance de
cette aire protégée n'ont pas de moyens humains et
matériels pour s'acquitter de leurs missions. Ainsi, le PNK est sous la
responsabilité d'un conservateur, quatre chefs de secteurs et 44 gardes
forestiers, tous sans moyens de travail adéquats. La majorité du
staff habite loin de leurs postes
85INECN, Plan d'Aménagement et de
Gestion du Parc National de la Kibira, Gitega, Burundi, Juillet 2009,
p.51. 86 BARARWANDIKA, A., Etude prospective du Secteur
forestier en Afrique, 2001 : cas du Burundi, p.8.
de travail et ne peuvent donc pas s'acquitter convenablement
de leur mission85. Cela prouve à suffisance
l'inefficacité institutionnelle quant à la protection du PNK.
La faible implication des collectivités et des
communautés locales dans l'application de la loi conformément
à l'article 26 de la loi de 2011 portant création et gestion des
aires protégées au Burundi, relatif à l'implication de
toutes les parties prenantes dans l'élaboration du plan de gestion et
d'aménagement de l'aire protégée. Les autorités et
les communautés locales ne s'impliquent pas dans le maintien et la
surveillance de cette aire protégée suite à une mauvaise
perception de l'importance du parc et de la biodiversité qu'il contient
dans la vie socio-économique de la société. Ceci est
accentué par le fait que la loi en vigueur, inspirée d'une
politique autoritaire et centralisatrice, n'implique pas les
collectivités et les communautés de base dans cette tâche
;
Le manque de formations organisées en faveur des
responsables des aires protégées ; l'insuffisance du personnel
pour mener des études d'évaluation de menaces sur les aires
protégées; le manque de compétences pour la mobilisation
des ressources financières. En effet, l'absence de renforcement des
capacités au profit des agents du PNK est un handicap majeur pour sa
bonne gestion car beaucoup d'entre eux n'ont bénéficié
d'aucune formation alors que la conservation est un domaine dynamique avec
toujours de nouveaux concepts et outils de travail. Par ailleurs, le personnel
nouvellement recruté a besoin d'être formé, mais les moyens
manquent cruellement pour leur assurer une formation, même de base ;
L'absence d'un système de suivi - évaluation
permettant de connaître de façon minutieuse l'évolution des
ressources forestières du PNK ainsi que les causes principales de leur
diminution ; La coordination intersectorielle essentielle en matière de
protection des ressources naturelles du PNK fait défaut86.
C'est ainsi que les différentes institutions agissent de façon
isolée et cloisonnée. Bien qu'elles poursuivent le même
objectif ultime qui est la protection de biodiversité du PNK, il
n'existe pas de cadre technique et formel entre elles. Leurs collaborations
dépendent de la bonne volonté des acteurs, elles ne sont pas
structurées et partant fragiles.
Sur le plan institutionnel, il apparaît donc que la
question de rendre plus efficaces et fonctionnelles les institutions
chargées de la gestion de la diversité biologique du PNK se pose
avec acuité. En somme, les causes de la faible effectivité de ces
institutions sont multiples et complexes comme nous venons de le mentionner
supra. Leur importance et leur persistance constituent certes, des risques
potentiels de dégradation de la forêt, qui pourraient ainsi
progressivement causer la disparition de la riche flore et de la faune du PNK.
Il importe donc de définir des stratégies appropriées afin
de rendre effective la protection de la biodiversité de ce parc.
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