B. Les Organisations Non Gouvernementales (ONGs)
nationales
Certaines ONGs ou associations locales ont souvent intervenu
dans et autour du PNK pour appuyer l'INECN dans ses activités de
conservation de cette forêt de haute montagne.
En effet, le mouvement associatif a véritablement vu le
jour au Burundi avec l'adoption du décret-loi n°1/11 du 18 avril
1992 portant cadre organique des Associations Sans But Lucratif (A.S.B.L).
Actuellement, le Burundi compte plusieurs associations nationales oeuvrant pour
la sauvegarde des aires protégées. Leurs interventions se
focalisent surtout dans l'encadrement des communautés riveraines des
aires protégées autour des microréalisations.
En ce qui nous concerne, notre attention sera focalisée
sur les ONGs nationales qui sont les plus actives dans la préservation
du P NK et de ses environs.
1. L'Association Burundaise pour la protection des
Oiseaux (ABO)
L'Association Burundaise pour la protection des Oiseaux (ABO)
a vu le jour par l'Ordonnance Ministérielle n° 530/231 du 8 Avril
2000 dans un but de contribuer à assurer la protection de
l'environnement naturel au bénéfice des générations
présentes et futures par l'étude et la sauvegarde de la
biodiversité, spécialement la protection des oiseaux. Elle
s'occupe aussi, de la préservation et de la réhabilitation des
écosystèmes et habitats naturels. A cet effet, au niveau du PNK,
l'ABO intervient dans la protection de cet écosystème naturel en
encadrant la population riveraine autour des activités
forestières et fruitières sur les collines Mutana et Rukoma en
province de Kayanza78. Elle y mène également des
activités de sensibilisation autour du PNK avec comme cibles la Police
de l'Environnement, l'administration locale ainsi que les gardes forestiers.
En termes d'activités socio-économiques autour
du PNK, il est à signaler que cette association, en partenariat avec
BirdLife International (une ONG d'envergure internationale, à vocation
de protection de la Nature et des oiseaux en particulier), a initié des
projets qui procurent aux populations riveraines des revenus (élevage
des caprins) à travers l'organisation des groupes de soutien au site,
dont celui constitué par les populations de la colline Matongo, en
province Kayanza79.
En effet, ces projets que l'ABO réalise s'inscrivent
dans la droite ligne des dispositions de l'article 29 de la loi n°1/30 du
30 mai 2011 portant création et gestion des aires
protégées au Burundi qui prévoit : «Les aires
protégées doivent être considérées dans le
plan global de développement et leur gestion doit aller de paire avec le
développement du milieu humain
78 INECN, Plan d'Aménagement et de Gestion
du Parc National de la Kibira, Gitega, Burundi, Juillet 2009, p.37.
79DJIGO Seybatou A., NINDORERA D., Projet d'amélioration
de l'efficacité des aires protégées pour la conservation
de la biodiversité au Burundi, Bujumbura, 2010,
p.18.
80 UICN/PACO, (2011). Parcs et réserves
du Burundi : évaluation de l'efficacité de gestion des aires
protégées, p. 37.
riverain. La gestion participative des aires
protégées doit se préoccuper de l'amélioration du
cadre et du mode de vie des communautés locales ». Ainsi,
l'ABO, en associant les populations locales à ses projets de
développement, améliore non seulement leur niveau de vie, mais
aussi leur permet de participer à la protection de cette aire
protégée en continuelle dégradation.
Enfin, au niveau de la recherche, l'ABO collecte des
informations sur les oiseaux dans tout le pays et fait un suivi des menaces au
niveau des Zones Importantes de Conservation des Oiseaux (ZICO) y compris le
PNK.
2. L'Organisation de Défense de l'Environnement au
Burundi (ODEB)
L'Organisation pour la Défense de l'Environnement au
Burundi (ODEB) a été agréée en 1992. Cette
association a été créée avec pour missions
d'accroître la conscience de la population sur la nécessité
urgente d'une protection durable des écosystèmes, mener un
plaidoyer pour la promotion des politiques et l'application concrète des
lois sur la protection de l'environnement auprès des autorités
politico-administratives, soutenir les populations qui prennent des initiatives
visant un développement écologiquement durable et des mesures
d'adaptation et d'atténuation des effets des changements climatiques,
promouvoir et entreprendre des activités de reboisement des espaces non
ou peu couverts dans la région où elle intervient.
Au niveau du PNK, elle intervient dans la protection de sa
biodiversité par la domestication des plantes autochtones et
médicinales autour de cette aire protégée, dans les zones
de Matongo et Muruta. Il faut préciser que cette activité est en
cours d'exécution. Cette association mène aussi des
activités socio-économiques dans et autour du PNK notamment la
production de plants forestiers, agroforestiers et fruitiers au niveau des
pépinières, l'initiation des plantations communautaires pour les
boisements artificiels en vue de protéger les bassins versants.
Ainsi l'ODEB, avec l'appui du programme CARPE/UICN, a
réalisé un Projet « Contribution à la conservation de
la biodiversité du Parc National de la Kibira par l'implication
effective des parties prenantes riveraines », dont la mise en oeuvre a
pour but de faire prendre conscience aux tradipraticiens et aux familles
riveraines du PNK à la conservation durable et participative du Parc en
vue de la valorisation des plantes médicinales et l'exploitation
rationnelle des ressources naturelles dudit Parc. Ce projet permettra aussi de
sensibiliser et d'informer les tradipraticiens sur le bien-fondé de la
sauvegarde et de la protection du PNK et de les encadrer dans les
activités de domestication des essences autochtones et de promouvoir
leur plantation80.
Signalons enfin que l'ODEB mène plusieurs
activités d'éducation environnementale et de plaidoyer en faveur
du PNK:
1. Plaidoyer pour la préservation des forêts et
aires protégées ;
2.
81 INECN, Rapport d'étude sur les modes
de gouvernance et les catégories d'aires protégées
actuelles et futures au Burundi, Bujumbura, 2008, p.17.
Elaboration d'un module d'éducation environnementale
pour les enseignants des écoles primaires se trouvant dans les provinces
riveraines du PNK;
3. Formation des enseignants au contenu du module
environnemental ;
4. Initiation à la formation des clubs environnement
dans les écoles riveraines du Parc de la Kibira ;
5. Organisation des tables-rondes pour sensibiliser le public
et les responsables administratifs sur l'intérêt à
préserver la biodiversité du PNK ;
6. Tenue des réunions de sensibilisation à
l'endroit des administratifs, cadres techniques sur les problèmes
environnementaux cruciaux du Burundi, sources probables de nouveaux conflits
sociaux.
§2. Les organisations internationales et la
coopération internationale A. Les organisations internationales et
régionales
Dans la gestion des ressources naturelles forestières
du PNK, le Burundi est appuyé également par des organisations
internationales. Il s'agit notamment du PNUD, du PNUE, de la Banque Mondiale et
du FIDA dont les financements proviennent du Fonds pour l'Environnement Mondial
(FEM). L'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) appuie
aussi des associations nationales oeuvrant autour des aires
protégées dans la réalisation des projets relatifs
à la conservation du PNK. Ces organisations interviennent en tant que
bailleurs de fonds dans les activités de préservation de cette
aire protégée.
Différentes initiatives régionales sont en train
de naître également en Afrique avec une vision partagée de
protection des ressources naturelles. En effet, le Burundi fait actuellement
partie de la Commission des Forêts d'Afrique Centrale (COMIFAC) dont
l'objectif consiste en une meilleure conservation et gestion durable des
écosystèmes forestiers, de savanes d'Afrique Centrale ainsi que
les menaces croissantes qui pèsent sur eux. Le pays a également
adhéré à l'Initiative du Bassin du Nil (IBN). Ce dernier a
déjà développé plusieurs activités de
conservation et d'encadrement des communautés dans les aires
protégées et de création de l'arboretum de Butaganzwa
(Province Kayanza). Le Burundi fait aussi partie de l'Initiative du Bassin du
Congo (IBC) dont l'objectif est de protéger les forêts du Bassin
du Congo dont le PNK est le prolongement. Ainsi, ces initiatives ont
déjà développé plusieurs activités en
appuyant les Associations nationales dans la protection de la
biodiversité du PNK81.
Quant aux organisations Wildlife Conservation Society (WCS) et
Albertine Rift Conservation Society (ARCOS), qui sont particulièrement
actives dans la région du Rift albertin, elles mènent des
interventions diverses de conservation des aires protégées dans
cette région. Toutefois, nous allons axer notre analyse sur le
rôle que joue l'organisation Wildlife Conservation Society
(WCS) en raison d'un mémorandum d'accord qu'elle a
signé avec l'INECN pour sa participation dans la protection du Parc
National de la Kibira, dans un cadre d'une conservation transfrontière
entre le Parc National de la Kibira et celui de Nyungwe au
Rwanda82.
? Wildlife Conservation Society (WCS)
La Wildlife Conservation Society (WCS) est organisation non
gouvernementale (ONG ) internationale, d'origine américaine dont
l'objectif est la préservation de la nature et la conservation des zones
de la flore et de la faune dans le monde et particulièrement en Afrique.
Elle appuie des activités de conservation dans plus de vingt pays en
Afrique. Elle reste très active dans la région du Rift
Albertin83. En effet, le Rift albertin forme l'épicentre du
cercle de l'Afrique montagnarde. La WCS est, depuis 1987, présente dans
le Parc National de Nyungwe (PNN) du Rwanda, frontalier au PNK,
particulièrement à travers le Projet Conservation de la
Forêt de Nyungwe (PCFN), dont l'objectif principal est de conserver la
biodiversité unique de la forêt de montagne de Nyungwe-Kibira; la
plus large forêt de montagne qui subsiste aujourd'hui en
Afrique84.
La WCS s'intéresse à la conservation du PNK
depuis 2005. Elle a, en plus de la facilitation du processus de collaboration
transfrontalière entre le PNK et PNN, initié quelques
activités de conservation notamment le recensement de chimpanzés
et la formation dans le PNK. C'est dans ce cadre que la WCS a permis le
financement de l'élaboration du plan de gestion et d'aménagement
de la Kibira ainsi que le Plan Stratégique de collaboration
transfrontière Nyungwe-Kibira qui s'étend sur une période
de 2009 à 2018.
L'expérience et les succès enregistrés
par WCS au cours de ces dernières années au PNN et ailleurs dans
la région représentent un capital important au profit de la
conservation du PNK car les défis de conservation sont
généralement identiques. Cela permet aux autorités de
l'INECN de bénéficier d'un appui technique et institutionnel et
de renforcer ainsi sa capacité de gérer de façon effective
le PNK.
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