Section 1 : Profil de la dette publique
extérieure
L'endettement extérieur du Burundi ne date pas d'hier,
mais les problèmes y relatifs ne commencent à faire surface qu'au
début des années 80. Il s'avère donc important de
s'intéresser à sa genèse, sa structure et son
évolution.
1.1. Genèse de l'endettement
extérieur
L'endettement public extérieur du Burundi commence au
lendemain de son indépendance comme la plupart des pays de l'Afrique
Noire. BARANSAKA (1988) indique qu'hormis le crédit consenti par la BIRD
en 1960 pour la réfection de la route BUJUMBURA-BUGARAMA, la
première dette extérieure du Burundi indépendant date de
la première République.
De 1966 jusqu'en 1969, on observe un début
d'endettement encore timide. La dette contractée jusqu'à ce jour
était encore dérisoire et s'élevait à 564,6MBIF. En
revanche, selon toujours le même auteur, un changement spectaculaire est
amorcé en 1972 avec l'octroi d'un unique prêt chinois, 4,1 fois
supérieur à la dette jusqu'alors contractée pour le
financement des divers projets de développement. Il s'agissait a
priori d'un endettement soutenable mais compte tenu de l'insuffisance de
l'épargne intérieure, ce volume de financement extérieur
n'était certainement pas suffisant pour amorcer le développement
économique et social d'un pays fraichement sorti de la monarchie.
Au Burundi, la flambée des cours mondiaux du
café (principale source des devises) en 1978-79 après le choc
pétrolier d'octobre 1973 a généré des recettes
supplémentaires qui lui ont permis de compenser largement le
surcoût provenant des importations et d'initier beaucoup de projets. Les
gains ont été si importants que les objectifs du deuxième
plan
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quinquennal de développement économique et
social (PQDES) ont été révisés à la hausse.
Le Burundi a ainsi enregistré des performances économiques
considérables.
Le véritable mouvement de l'endettement
extérieur s'est déclenché au début des
années 80, mais le rythme n'a cessé de s'accélérer
jusqu'au début la mise en oeuvre de l'IPPTE. Celle-ci se voulant
résoudre définitivement les problèmes liés à
l'endettement extérieur. La structure et l'évolution de la dette
extérieure ne sont pas restées figées tout au long de la
période en revue.
1.2. Evolution de la dette extérieure du
Burundi
L'encours de la dette totale (intérieure et
extérieure) est passé de 18 772,2 MBIF en 1980 à 1 840
396,30 MBIF en 2008 soit une hausse de 9703,8% sur une période de trois
décennies alors que, sur la même période, le PIB a connu un
accroissement moins sensible. En effet, revenu national réel est
passé de 85 607MBIF en 1980 à 146 999MBIF en 2010.
De 1980 à 1995, la dette extérieure a crû
rapidement passant respectivement de 11 030,4 à 306 168,3MBIF pour
atteindre 1 530 542,8MBIF en 2007. Sur la même période, le service
de la dette extérieure est passé de 553 à 7 390 MBIF (13,
3 fois) pour frôler un montant des 50 000MBIF (90, 3 fois) en 2007. A ce
niveau, il y a lieu de déceler une disproportion entre l'encours et le
service qui est due certainement à l'accumulation des
arriérés de paiements dans les années 90 suite à
l'éclatement d'une guerre civile qui a durement
déstabilisé l'économie.
Avec l'avènement de l'IPPTE, la situation a
commencé à se redresser. L'encours de la dette extérieure
a sensiblement chuté, revenant de 1 567 958,7MBIF en 2008 à 527
748,2MBIF fin 2010 (soit une diminution de 66,34%).Quant au service de la dette
extérieure et sur la même période, il a chuté en
passant de 47 047,4 à 5 782,3MBIF, soit une nette amélioration de
87,7%.
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Graphique n°1 : Evolution du stock de la dette
publique en % de la dette totale
(1980-2010)
100
40
80
60
20
0
Dette Publique Extérieure
Ce graphique indique que la dette du Burundi est
principalement d'origine extérieure. Le stock de la dette
extérieure est passé respectivement de 11 030,40 à 1 244
659,2 MBIF sur la période allant de 1980 à 2005 soit des parts
relatives respectives de 58,76 et 86,57% de la dette totale. Cela permet de
constater que la structure globale du financement public n'a pas beaucoup
changé et est restée dominée par le financement
extérieur.
Il faut remarquer que la dette extérieure et la dette
intérieure se substituent pour financer les dépenses publiques.
En effet, le graphique montre que la dette extérieure baisse quand la
dette intérieure augmente et vice versa. Cela montre que l'Etat
accuse une faiblesse des ressources propres lui permettant de réaliser
ses objectifs sans recourir à l'endettement. Entre 2005 et 2010, la
dette extérieure a sensiblement baissé, mais au même
moment, la dette intérieure augmentait au même rythme.
Il importe alors d'analyser la structure de la dette publique
extérieure en distinguant les différents créanciers du
Burundi.
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1.3. Structure de la dette
extérieure
La dette extérieure est majoritairement composée de
la dette multilatérale, suivie par la dette bilatérale et la
dette commerciale représentant une part très faible de la dette
publique extérieure totale.
Graphique n°2 : Dette
extérieure par type de bailleurs en % de la dette
totale
(1980-2010)
100%
40%
80%
60%
20%
0%
Dette Multilatérale Dette Bilatérale Dette
Commerciale
Comme le montre ce graphique, la dette multilatérale
occupe une place importante par rapport aux autres composantes de la dette
publique du Burundi. A travers son évolution, la dette
multilatérale s'est sensiblement écartée de la dette
bilatérale depuis les années 90.
De 1980 à 1990, la dette d'origine multilatérale
est passée de 5 242,6 à 108 169,3MBIF et la dette
bilatérale, quant à elle, est passée de 4 350,5 à
29 604,4MBIF. En termes de pourcentage, ces deux composantes de la dette
extérieure sont respectivement passées de 50,43% et 41,85% en
1980 contre 78,00% et 21,35% en 1990. S'agissant de la dette commerciale, elle
est de 801,7MBIF (soit 7,71%) en 1980 pour passer à 911,8MBIF (soit
0,66%) en 1990.
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Ici encore, il sied de remarquer que le Burundi fait un
arbitrage entre la dette multilatérale et la dette bilatérale
parce que les deux composantes de façon à se substituer
mutuellement. La baisse de l'une des composantes de la dette publique ne
signifie donc pas une amélioration en termes des performances
économiques, mais plutôt un changement de créancier par le
Burundi dans un contexte marqué par la faiblesse des ressources de
l'Etat pour faire face à ses engagements.
En outre, l'évolution de la dette affiche un changement
de tendance, en considérant la période allant de 2008 à
2010. Cette inversion de tendance observée en fin de période sous
étude est due à l'aboutissement au point d'achèvement en
2009 qui a occasionné une remise importante de la dette
multilatérale.
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