IV.3.Fréquence de la rétention
pondérale à la 6è sem. du post-partum
Dans notre étude, 75,4% des participantes avaient une
rétention pondérale à la 6ème semaine du
post-partum. Cette observation est proche de celle de Schauberger et al. (12)
en 1992 ainsi que d'Olsen et al. (100) aux USA qui ont trouvé
respectivement des fréquences de rétention pondérale
à la 6ème semaine du post- partum étaient
respectivement de 78% et de 72%.
Cette fréquence élevée de la RPP à
cette période peut s'expliquer en partie par le modèle de perte
de poids dans les premiers jours du postpartum proposé par Walker (50).
En effet, d'après cet auteur, une femme de poids pré-gravidique
normal avec GPG conforme aux recommandations de l'IOM (1990) (13,75 kg par
exemple) peut maintenir environ 4,75 kg après l'expulsion du produit
conception (5 kg), les premières pertes de liquide et la
régression du volume des tissus non gras (4 kg) pendant les 2
premières semaines de postpartum (17, 48, 49). Le poids restant est en
grande partie fait de dépôt de graisse (52). Or, d'après
Lawrence et al. (53), la perte des dépôts de graisse dans les
premières semaines du postpartum se fait à la vitesse de 0,25 kg
par semaine. Par conséquent, il faudra environ 19 semaines pour perdre
les 4,75 kg retenus après expulsion du produit de conception.
En outre, dans leurs études respectives, Olson et al.
(116) en 2003 aux USA et Schmitt et al. (49) en 2007 dans une revue
systématique, ont montré qu'une année après
l'accouchement, la rétention pondérale moyenne était
relativement faible (entre 0,5 et 3kg) et ne pouvait pas entraîner
l'obésité à long terme.
En effet, une rétention pondérale de plus de 5kg
à 1 an du post-partum (rétention substantielle de poids)
contribue à l'accroissement de la proportion des femmes obèses
aux USA de 6,4 à 10%.
Dans notre étude, nous avons également
constaté que 24,6% des accouchées avaient
atteint leur poids pré-gravidique à la
6ème semaine du post-partum. Nos résultats
se rapprochent de ceux des études de Schauberger et coll. (12) en
1992 ainsi que Olsen et coll. (98) aux USA dans lesquelles respectivement 22%
et 28% des femmes avaient atteint leur poids pré-gravidique à la
6ème semaine du post-partum. Notre fréquence est par
contre supérieure à celle de Walker L. et al. aux USA (50) qui
avait
obtenu une fréquence de 15%. Cette différence
peut s'expliquer par le fait que Walker a utilisé des poids
pré-gravidiques subjectifs (rapportés par les participantes)
contrairement aux autres études qui, comme la nôtre, ont eu
recours à la mesure du poids pré-gravidique des femmes (44).
Chez la noire congolaise de Kinshasa, 6 semaines semblent
être un délai trop court pour permettre le retour au poids
pré-gravidique après l'accouchement. Cette observation a
également été faite chez les asiatiques par Cheng et coll.
(117) en 2011 dans une revue systématique sur la rétention
pondérale en post-partum et chez les américaines par certaines
études aux USA (12, 98).
Ainsi donc, pour prévenir l'accroissement de la
fréquence de l'obésité et d'autres maladies
métaboliques dans notre milieu, il faudrait réfléchir sur
l'opportunité de suivi des accouchées, et particulièrement
leurs états nutritionnels (IMC), au-delà de la 6ème
semaine du post-partum.
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