IV.4.Niveau de rétention à la 6ème
Semaine du post-partum
La rétention pondérale moyenne à la
6ème semaine du post-partum dans notre population
d'étude était de 3,14 #177; 3,59 Kg avec une médiane de 3
Kg. Cette moyenne est comparable à celle de certains auteurs qui ont
travaillé sur la rétention pondérale à la
6ème semaine dans d'autres milieux (Tableau IV).
Dans une revue de la littérature de 1986 à 2004,
la rétention pondérale moyenne à la 6ème semaine du
post-partum chez les occidentaux variait de 3-7 kg sans distinction de race
(44). Une revue similaire réalisée en Asie de 1990 à 2010
a rapporté une rétention moyenne comprise entre 2,5 et 8,6 Kg
(116).
Tableau XVII. RPP moyenne à la
6ème semaine du post-partum
Années
|
Auteurs
|
Pays
|
RPP 6ème Semaine Moy. #177;
écart type (Kg)
|
1986
|
Olsen et Mundt (98)
|
USA
|
2,7
|
1992
|
Schauberger et al. (12)
|
USA
|
3 #177; 4,8
|
1992
|
Guillermo-Tuazon (118)
|
Philippines
|
2,5
|
1996
|
Muscatti et al. (119)
|
Canada
|
5,3 #177; 5,7
|
1998
|
To WW et Cheung. (120)
|
Chine
|
6,77#177; 3,31
|
1999
|
Sampselle et al. (121)
|
USA
|
4,8
|
2004
|
Walker et al. (50)
|
USA
|
|
|
-Latino-américaine
|
|
6,2
|
|
-Noire américaine
|
|
6,7
|
|
-Blanche
|
|
6,9
|
2007
|
Deng et al. (122)
|
Chine
|
7,8 #177; 4,7
|
2008
|
Monvit et al. (96)
|
Thailande
|
4,99 #177; 4,03
|
2008
|
Kim et al. (123)
|
Corée du Sud
|
4,9
|
2011
|
Althuizen E. et al. (97)
|
Holland
|
3,7 #177; 4,2
|
2013
|
Notre étude
|
RDC
|
3,14 #177; 3,597
|
La rétention pondérale moyenne à la
6ème semaine du post-partum chez la noire congolaise se
retrouve dans les intervalles décrits chez les occidentaux et les
asiatiques pour la même période.
Notre population a donc une moyenne de rétention
comparable à celle des pays où l'obésité constitue
actuellement un problème de santé publique suite à sa
fréquence élevée. En effet, d'après le rapport de
l'OMS en 2012 (23) dans la région européenne de l'OMS,
Méditerranée orientale (Arabie Saoudite, Liban, Qatar, Emirats
arabes unis, Bahreïn) et celle des Amériques, plus de 50 % des
femmes étaient en surpoids.
Dans ces trois régions, environ la moitié des
femmes en surpoids étaient obèses (23, 24 et 29 % respectivement)
(23).
D'où le risque réel pour notre pays, qui
connaît un problème naissant d'obésité (25), de voir
croître la fréquence de l'obésité si des mesures
préventives ne sont pas prises.
IV.5.Facteurs associés à la RPP à la
6ème semaine
Dans notre étude, deux facteurs étaient
significativement associés à la RPP à la 6ème
semaine; ce sont le gain pondéral gravidique et le niveau
socioéconomique.
Le gain pondéral gravidique est le facteur
prédictif le plus important de la rétention
pondérale en post-partum (P < 0,000). Ce constat a
également été fait dans deux grandes revues
systématiques réalisées en Occident (44) et en Asie (117).
C'est le seul qui fait l'unanimité dans la littérature parmi les
facteurs incriminés dans la rétention pondérale à
la 6ème semaine du post-partum.
Le niveau socio-économique est significativement
associé à la RPP à la 6ème semaine
(p < 0,04). Les femmes de niveau socioéconomique
élevé retiennent plus de poids que celles de niveau
moyennement élevé, moyen et bas avec différence
statistiquement significative entre les femmes de niveau élevé et
celles de niveau moyen (0,000). L'existence d'une disparité dans le
retour au poids pré-gravidique en fonction du niveau
socioéconomique a également été relevée chez
les américaines dans l'étude de Quesnel (124) aux U.S.A où
les femmes noires à faibles revenus avaient tendance à avoir une
rétention pondérale en post-partum plus importante et à
développer l'obésité par la suite ainsi que dans celle de
Walker L. (50) qui a constaté que seules 15% des femmes à faible
revenu, quelles que soit leur race, avaient atteint leur poids
pré-gravidique à la 6ème semaine du
post-partum.
Cette tendance à la rétention de poids en
post-partum chez les américaines avec niveau socioéconomique bas
peut être liées au fait que la plupart d'entre elles ignorent
leurs poids (38) mais aussi au fait que le retour au poids
pré-gravidique n'est pas une priorité pour la plupart de ces
femmes (104).
Dans notre étude, ce sont plutôt les femmes avec
niveau socioéconomique élevé qui
retiennent plus de poids. Ceci correspond à la
situation réelle dans les pays en développement. En effet, au
cours de ces deux dernières décennies, le taux d'urbanisation
(125) est resté croissant sur fond d'acculturation, d'occidentalisation
par de transitions épidémiologiques (126), démographiques
(127) et nutritionnelles
(128). De nombreux facteurs (27) liés à
l'industrialisation et à la modernisation des villes entraînent
un changement dans le style de vie : diète non équilibrée
(habitude alimentaire riche en sel et en matières grasses, mais pauvre
en fruits et légumes), stress, diminution de l'activité physique
(sédentarité) du fait d'activités professionnelles plus
sédentaires, de l'utilisation des ordinateurs, de regarder les
programmes de la télévision et du recours à des moyens de
transports motorisés. Et, dans nos pays, tous ces changements concernent
surtout les classes de niveau socioéconomique élevé.
C'est ainsi que, contrairement aux pays industrialisés
où l'obésité touche préférentiellement
les classes les plus pauvres, dans les pays en voie de développement le
statut socio-économique élevé favorise la survenue de
l'obésité (129).
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