Chapitre IV : DISCUSSION
La présente étude avait pour objectif de
déterminer la fréquence des accouchées avec
rétention de poids à la 6ème semaine du
post-partum; de déterminer le niveau de cette rétention,
d'identifier les facteurs ainsi que les comportements à risque qui y ont
été associés et de déterminer la proportion des
femmes obèses 6 semaines après l'accouchement.
IV.1.Taille de l'échantillon
Notre échantillon était constitué de 199
accouchées. Cet effectif est comparable à ceux d'autres auteurs
qui ont travaillé sur la rétention pondérale à la
6ème semaine du post-partum dans d'autres milieux à
travers le monde. En effet, Monvit T. et al. (96) en 2010, ont
étudié la rétention pondérale en post-partum chez
155 thaïlandaises; Althuizen E.et al. (97) en Hollande, en 2011, ont
étudié le comportement en postpartum comme facteur
influençant le changement de poids jusqu'à une année
après l'accouchement chez 118 accouchées.
Tableau XVI. Taille de la population dans les
études sur la RPP à la 6ème Semaine
Années
|
Pays
|
Auteurs
|
Effectifs
|
1986
|
USA
|
Olsen et Mundt (98)
|
182
|
2007
|
Bénin
|
Fiossi Ke (99)
|
104
|
2008
|
Thailande
|
Monvit T. (96)
|
155
|
2011
|
Hollande
|
Althuizen E. (97)
|
118
|
2013
|
RDC
|
Notre étude
|
199
|
Comme nous le constatons, la taille de notre
échantillon correspond bien à celles d'autres études
réalisées à travers le monde; ceci nous donne la
possibilité de confronter nos résultats aux leurs.
IV.2.Caractéristiques de la population
d'étude
IV.2.1. Etat nutritionnel avant la grossesse et à
la 6ème semaine du post-partum
Il a été évalué par l'indice de
masse corporelle (IMC) ou indice de Quételet, défini par le
rapport entre le poids (en kilogrammes) et la taille (en mètre)
élevée au carré. L'IMC pré-gravidique dans notre
étude a varié entre 15 et 40 Kg/m2 avec une
moyenne de 24,3#177;4,6Kg/m2. . Cette moyenne
est comparable à celles obtenues par d'autres études
réalisées à Kinshasa. En effet, elle se rapproche de la
moyenne de 22,6 Kg/m2 trouvée chez les femmes par Longo et
al. (26) en 2006 dans une enquête sur les facteurs de risque des
maladies non transmissibles à Kinshasa. Elle se
rapproche également de 23,2 #177; 5,3Kg/m2 obtenue par
Mbungu et al. (93) en 2007 dans son étude sur l'évolution de la
composition corporelle et du métabolisme basal au cours de la grossesse
chez la noire congolaise de Kinshasa; de 24,2 #177; 4,8Kg/m2 obtenue
par Makawani (100) en 2010 dans son étude sur le gain pondéral
gravidique dans une population obstétricale de Kinshasa; ainsi que de
22,18 #177; 3,57 kg/m2 obtenue par Lokomba (101) en 2012 dans son
étude sur les courbes de croissance d'une population foetale à la
maternité de
Kingasani. Notons en outre qu'un IMC moyen similaire, de 24,72
#177; 6,3 kg/m2, a été observé au Cameroun
par Assembe (102) en 2009 dans son étude sur l'évaluation de la
prise pondérale chez la femme enceinte à Yaoundé.
Avant la grossesse, 5,5% des enquêtées
étaient maigres, 55,8 % avaient un état nutritionnel normal,
28,1% étaient en surpoids et 10,6 % étaient obèses. Six
semaines après l'accouchement, les proportions des femmes maigres et
celles avec état nutritionnel normal ont régressé pour
passer respectivement à 3,3 % et 49,7% ; par contre celles des femmes en
surpoids et obèses ont progressé avec respectivement 28,6 % et
18,6%.(Figure 2)
40
60
50
30
20
10
0
5,5
Maigre Normal Surpoid Obésité
3,3
49,7
55,8
28,6
28,1
18,6
10,6
Pré-grav. 6è Sem. PP
Fig.2. Evolution des effectifs par catégories
d'IMC de la période pré-gravidique à la
6ème semaine du post-partum
Nous constatons donc une forte croissance de la proportion des
femmes obèses (IMC = 30 Kg/m2) avec une incidence de 8%.
Cette observation a également été faite par Tzu-ting et
al. (103) en 2010 dans une étude sur l'effet du poids corporel d'avant
la grossesse sur le GPG et la RPP 6 mois après l'accouchement chez les
thaïlandaises. Dans cette étude, la fréquence du surpoids et
de l'obésité est passée de 18,27% avant la grossesse
à 27,5% au 6ème mois du post-partum.
Nos résultats confirment donc que la grossesse est un
facteur de risque de l'obésité.
La réduction de la proportion des femmes maigres
accompagnée de l'augmentation de celle des femmes obèses en
post-partum peut s'expliquer par le fait que les femmes maigres avant la
grossesse ont un plus grand risque d'avoir un GPG excessif (104). En effet,
faiblement pourvues en masse grasse, elles ont tendance à stocker plus
de tissu adipeux au début de la grossesse pour couvrir les besoins
énergétiques du 3ème trimestre et de la période
d'allaitement. D'autres part, ces femmes considèrent que la grossesse
les affranchit de leur responsabilité par rapport à leur poids,
d'où la tendance à une alimentation excessive (105).
|