INTRODUCTION
La grossesse est une période caractérisée
par d'importantes modifications de l'organisme maternel. Outre les effets
produits par les hormones d'origine placentaire, on assiste à une
néoformation tissulaire qui concerne essentiellement l'utérus,
les seins et le sang. Ces modifications, associées à la formation
et au développement du produit de conception avec ses annexes, ont comme
conséquence un gain pondéral
gravidique. Après l'accouchement, le retour
physiologique à l'état non gravide des organes qui ont subi
les modifications de la grossesse intervient généralement autour
de la 6ème semaine. Cependant, un grand nombre de femmes
conservent leurs poids
plusieurs mois après l'accouchement. La
différence entre le poids d'avant la grossesse et le poids à
un moment donné après l'accouchement définit la
rétention pondérale en post-partum (RPP). Les études
euro-américaines (1-10) ont montré que, 6 à 18 mois
après l'accouchement, la majorité des femmes retiennent 1
à 2Kg ; et
qu'une année après, 14 à 25% retiennent
au moins 5Kg (11, 8, 12). Les facteurs favorisants la RPP sont le gain de
pondéral gravidique (13, 14, 15), le surpoids ou l'obésité
avant la grossesse, la multiparité, l'allaitement maternel,
l'arrêt du tabagisme, la consommation d'aliments riches en énergie
et l'inactivité physique bien que ces associations n'ont pas
été retrouvées dans toutes les études (15, 16).
La RPP expose les femmes touchées à un risque
accru de développer l'obésité (8), les maladies chroniques
non transmissibles (17) ainsi que certaines pathologies très
fréquentes au cours de la grossesse notamment la
pré-éclampsie et le diabète gestationnel (18-22).
1. Problématique
L'obésité se répand à une vitesse
alarmante non seulement dans les pays industrialisés mais aussi dans
ceux en développement. En effet, la prévalence de
l'obésité dans le monde a doublé depuis 1980 et continue
à augmenter; c'est pourquoi, elle est considérée
aujourd'hui par métaphore comme une pandémie, bien qu'il ne
s'agisse pas d'une maladie infectieuse (23).
En 2008, 1,5 milliards d'adultes étaient en surpoids
(plus de 30% de la population adulte mondiale) dont 200 millions d'hommes et
300 millions de femmes obèses (17).
Une personne sur 10 est obèse dans le monde
d'après l'OMS et, d'après les prédictions, plus de la
moitié de la population adulte deviendra obèse ou en surpoids
d'ici 2030 (24). A cette époque, 80% des personnes touchées par
l'obésité appartiendront aux pays en développement
(14).
Les femmes sont les plus touchées par
l'obésité à travers le monde (25) et de nombreuses
études (1-10) ont mis en évidence la grossesse comme facteur
déclenchant de l'obésité.
Etant donné la morbi-mortalité importante
occasionnée par l'obésité et ses co-morbidités chez
la femme, et particulièrement chez la gestante, ainsi que leurs prises
en charge très onéreuses, la prévention demeure la
meilleure alternative pour nos pays à revenu faible.
Cette prévention passe par la détermination des
personnes et des périodes à risque ainsi que par la
détection et l'éviction des facteurs de risque. La
rétention pondérale du postpartum, identifiée comme
facteur de risque de la survenue de l'obésité chez la femme en
âge de procréer, mérite donc une attention
particulière.
En RDC les fréquences de l'obésité (26),
de la pré-éclampsie(22) et du diabète gestationnel (18)
sont non négligeables chez la femme. Il est donc impérieux de
s'assurer du niveau de la rétention pondérale en postpartum en
vue de recruter les femmes à surveiller ou à traiter et ainsi
prévenir le développement d'éventuelles complications.
C'est dans cette optique qu'il nous a paru utile
d'entreprendre une étude sur la rétention pondérale en
postpartum.
2. Question de recherche
" Quelle est l'ampleur de la rétention
pondérale en postpartum chez la noire congolaise de Kinshasa?
" Quel est le niveau de cette rétention?
" Quels sont les facteurs associés?
3. OBJECTIFS 3.1. Objectif
général
Evaluer la rétention pondérale à la
6ème semaine du postpartum chez la noire congolaise et ainsi
contribuer à la prévention de l'obésité et de ses
co-morbidités dans notre milieu.
3.2. Objectifs spécifiques
+ Déterminer le taux de femmes concerné par la
rétention pondérale en postpartum dans notre milieu ;
+ déterminer le niveau moyen de cette rétention;
+ identifier les facteurs et les comportements à risque
associés à cette rétention;
Chapitre I : GENERALITES
I.1.L'obésité
I.1.1.Définition de l'obésité
L'obésité correspond à un excès de
masse grasse pouvant avoir des conséquences néfastes pour la
santé. Officiellement reconnue comme maladie depuis 1985, elle se
caractérise par une augmentation de poids et notamment du tissu adipeux
résultant d'un déséquilibre entre les apports et les
dépenses énergétiques (24).
Pour évaluer la masse grasse chez l'adulte,
l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande l'utilisation de
l'indice de masse corporelle (IMC) ou indice de Quételet, défini
par le rapport entre le poids (en kilogrammes) et la taille (en mètre)
élevée au carré. Ainsi, le surpoids et
l'obésité sont respectivement caractérisés par un
IMC compris entre 25 et 29,9 kg/m2 et supérieur ou
égal à 30 kg/m2 (Tableau I). De plus, une
classification en trois grades selon la sévérité de
l'obésité a été définie (Tableau I).
Récemment, deux grades supplémentaires d'obésité
ont été décrits et correspondent à la «
super-obésité » (50 = IMC < 60 kg/m2) et à la
« super-super-obésité » (IMC = 60 kg/m2) (28, 29).
Tableau I : Classification des adultes en fonction de
l'IMC selon l'OMS (28)
Classification
|
IMC (kg/m2)
|
Poids normal
|
18,5 - 24,9
|
Surpoids
|
25 - 29,9
|
Obésité modérée, grade I
|
30 - 34,9
|
Obésité sévère, grade II
|
35 - 39,9
|
Obésité morbide, grade III
|
= 40
|
|