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Facteurs de risques et acces aux soins pour le paludisme dans la communauté rurale de Mampatim (Kolda): analyse géographique

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par Boubou Thiam
Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Sénégal) - Maitrise Géographie 2009
  

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I.4- La consommation médicale en cas d'accès palustre

La consommation médicale est définie comme l'utilisation de biens et services médicaux, marchands ou non par l'ensemble ou une partie de la population [Picheral, 1984]. Pour mesurer la consommation médicale des ménages lors du dernier épisode morbide palustre, nous nous sommes basés sur l'enquête socio-sanitaire effectuée auprès des ménages. Cependant, cette enquête ne nous a pas permis d'avoir des chiffres exacts sur les sommes dépensées. Devant l'incapacité des populations à donner les montants justes, nous nous sommes contentés le plus souvent de réponses approximatives. Les dépenses de santé concernent particulièrement les achats de médicament, les frais de consultation, les frais de transport et les frais d'hospitalisation (tableau 25).

Tableau 23 : La nature des dépenses de santé lors du dernier épisode morbide palustre

Nature des dépenses

Dépenses (FCFA)

Fréquence

Dépense moyenne par ménage

Achat de médicament

971.015

86%

4.012

Consultation

43.150

4%

178

Frais de transport

59.725

5%

246

Frais d'hospitalisation

75.000

7%

309

Total

1.148.890

100%

4.747

Source : Enquête dans les ménages, 2008

La lecture du tableau ci-dessus révèle que sur les 277 ménages de notre échantillon, 242 ont effectué des dépenses lors du dernier épisode palustre. Le montant total des sommes s'élève à 1.148.890 FCFA, soit une dépense moyenne de 4.747 FCFA par ménage.

En outre, on note une différence dans les dépenses selon leur nature. En effet, 86% des dépenses de santé concernent l'achat de médicament. Ces résultats montrent une forte consommation médicale puisque les ménages déboursent en moyenne 4.012 FCFA pour les

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frais de médicament. Il faut signaler, par ailleurs, que nos enquêtes se sont déroulées en hivernages où les cas de paludisme sont nombreux.

Les frais de transport ne représentent que 5% des dépenses totales. Cette situation signifie que l'accès aux services de santé pose problème. Seuls les ménages proches de la route nationale et des pistes peuvent utiliser les moyens de transport tels que la voiture. Les populations utilisent en général le vélo comme moyen de transport. D'après nos enquêtes, 42 % de notre échantillon se déplacent à vélo pour joindre le poste de santé en cas de paludisme. Comme l'illustre la photo n° 4, montrant une femme qui vient de se faire consulter au poste de santé, le vélo demeure le moyen de locomotion la plus prisée dans la Communauté Rurale de Mampatim.

Photo n°3

Le moyen de transport le plus utilisé en cas d'accès palustre

Il ressort de notre analyse que les dépenses de santé effectuées par les ménages lors du dernier épisode morbide palustre sont élevées quelque soit leur nature. Cependant, les dépenses de santé se différencient selon les villages (cf. tableau 26).

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A travers ce tableau, nous discernons que c'est au niveau des villages de Mampatim et d'Anambé où les dépenses de santé sont les plus élevées. Ces villages, à eux deux, regroupent plus de 350.000 FCFA pour l'achat de médicament sur un total de 971.015 FCFA. C'est dans ces villages également que les dépenses en frais de consultation sont les plus importantes. Ces fortes dépenses montrent tout simplement que les ménages sont proches des postes de santé et ont la possibilité d'acheter sur place leur médicament

Les dépenses de santé des villages de Médina Samba Baldé et d'Awataba se chiffrent à 181.100 FCFA. Cette situation s'explique par le fait que les populations de ces villages préfèrent se faire consulter au poste de santé Diaobé. Cette préférence de se faire soigner au poste de santé de Diaobé est conditionnée par la qualité de soins qui est meilleure selon les ménages. Ce déplacement contraint les populations à acheter les médicaments au niveau de la pharmacie où les prix ne sont pas subventionnés Les dépenses de santé occasionnées par les frais de transport sont surtout l'oeuvre des habitants des villages de Missirah Demba Sadio et d'Aine Mady Yoro. Grace à leur position géographique (ces villages sont traversés par la route bitumée de la Nationale 6 et sont distants du poste de santé de Mampatim de 7 et de 8 km), les populations de ces villages bénéficient des transports en commun qui font la navette entre Kolda et Vélingara.

Pour ce qui est des frais d'hospitalisation, c'est dans le village de Mampatim que l'on a rencontré un cas de paludisme grave qui nécessitait un transfert du malade à l'hôpital régional de Kolda.

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Tableau 24 : Répartition des dépenses de santé selon leur nature de l'échantillon

Villages

Achat de médicament

Consultation

Frais de transport

Frais

d'hospitalisation

Total

Anambé

115475

6850

600

 

122925

Aine Mady Yoro

47900

2500

10100

 

60500

Awataba

59950

1950

1500

 

63400

Dembayel

92300

3200

5900

 

101400

Diank. Oguel

107475

2900

5725

 

116100

Kossanké

50725

3200

6700

 

60625

Mampatim

254050

13350

2400

75000

344800

Medina S.Baldé

110800

2900

4000

 

117700

Missirah D.Sadio

102490

3800

14900

 

121190

Thiéoulé

29850

2500

7900

 

40250

Total

971015

43150

59725

75000

1148890

Source : Enquête dans les ménages, 2008

.

Selon les ICP des deux postes de santé : « ces dépenses faramineuses pouvaient être évitées si les populations se rendaient à temps au niveau des structures de santé modernes pour soigner le paludisme. Au lieu de cela, elles préfèrent venir au dernier moment après avoir usées tous les recours aux soins inimaginables. Bien entendu, à partir de là, le coût du traitement, qui ne devait pas dépasser au maximum 500 FCFA (le prix de l'ACT est fixé à 300 FCFA), triple voire quadruple compte tenu des complications ».

Somme toute, qu'importe le lieu de résidence et le niveau de vie des ménages, les dépenses de santé effectuées lors d'un épisode morbide palustre sont élevées et les populations jugent les prix des médicaments assez chers en milieu rural. La récurrence du paludisme dans la Communauté Rurale de Mampatim fait subir aux ménages de lourdes pertes économiques allant de la réduction du revenu à la baisse de la consommation. Selon le PNLP, le paludisme est responsable au Sénégal d'une perte considérable de journées de productivité et constitue un frein à la productivité chez les adultes.

Afin de réduire les cas de paludisme et les conséquences qui en découlent, différentes stratégies de lutte ont été développées dans l'espace communautaire de Mampatim. Ces stratégies sont étudiées dans le second chapitre de cette troisième partie.

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Chapitre II : Les stratégies de lutte contre le paludisme développées dans la
Communauté Rurale de Mampatim

Dans ce chapitre, compte tenu de la vulnérabilité économique des populations à faire face à la maladie, nous étudierons les différentes stratégies de lutte contre le paludisme développées dans l'espace communautaire de Mampatim. Ces stratégies sont mises en oeuvre par le PNLP, les partenaires au développement et les mouvements associatifs tels que les groupements féminins. A travers les guides d'entretien administrés aux responsables des intervenants dans la lutte contre le paludisme, nous avons pu évaluer leurs actions.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore