I.2- Connaissance des symptômes et du mode de
transmission
I.2.1- Connaissance des symptômes du
paludisme
Le niveau de connaissance des symptômes du paludisme
peut influer sur les comportements de la population par rapport à la
maladie. Les résultats de nos enquêtes nous révèlent
que les habitants de la Communauté Rurale de Mampatim ont
généralement une bonne connaissance des symptômes de
paludisme (cf. tableau 20). La multiplicité des réponses
simultanées fait que nous nous retrouvons avec un total dépassant
les 100 %.
Tableau 20 : Niveau de connaissance des
symptômes du paludisme
Symptômes du paludisme
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Courbature/arthralgie
|
86
|
31%
|
Fièvre/frisson
|
233
|
84%
|
Ictères (coloration jaune des yeux)
|
36
|
13%
|
Maux de tête/vertige
|
138
|
50%
|
Vomissements/nausées
|
170
|
61%
|
Ne sait pas
|
9
|
3%
|
Source : Enquête dans les
ménages, 2008
La lecture de ce tableau indique que les symptômes les
plus connus par les ménages interrogés sont la
fièvre/frisson, les vomissements/nausées et les maux de
tête/vertige. Il faut noter que seulement 3 % des ménages ne
savent pas reconnaitre les signes du paludisme. Pour ce qui est de la
connaissance des symptômes au niveau des villages, nous avons fait une
corrélation entre le nombre de cas de paludisme pour chacun des villages
enquêtés et le symptôme le mieux connu par les
ménages. Les résultats obtenus nous permettent de voir si le
niveau de connaissance à une quelconque incidence sur la
morbidité palustre (cf. graphique10).
83
Graphique 10 : Connaissance du symptôme
"Fiévre/frisson" et nombre de cas de paludisme
présumés
Source : Enquête dans les
ménages, 2008
L'analyse de ce graphique montre que les ménages
résidant dans les villages qui ont une bonne connaissance du
symptôme "Fiévre/frisson" présentent un taux de
présomption palustre élevé. De ce fait, un bon niveau de
connaissance des symptômes du paludisme peut favoriser une prise en
charge précoce du malade.
Par contre, les villages où l'on note une faible
connaissance du symptôme le plus connu du paludisme présentent un
taux de présomption palustre bas. Ce qui veut dire que la
mordidité diagnostiquée est différente de la
morbidité réelle car beaucoup de cas ne sont pas
déclarés par ignorance.
I.2.2- Connaissance du mode de transmission
Au cours de nos enquêtes, nous avons interrogés
les ménages sur leur niveau de connaissance du mode de transmission du
paludisme. A la question de savoir quel est le mode de transmission du
paludisme, plusieurs réponses simultanées ont été
données par les chefs de ménages (cf. tableau 21).
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Tableau 21 : Connaissance des populations du mode
de transmission du paludisme
Mode de transmission
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Piqûre moustique
|
210
|
76%
|
Contact paludéen
|
9
|
3%
|
Mauvaise alimentation
|
29
|
10%
|
Insalubrité
|
57
|
21%
|
Hivernage
|
58
|
21%
|
Bétail
|
5
|
2%
|
Fait de Dieu
|
15
|
5%
|
Ne sait pas
|
25
|
9%
|
Source : Enquête dans les
ménages, 2008
L'examen du tableau ci-dessus nous permet de constater qu'un
effectif de 210 enquêtés, représentant 76%, affirme qu'une
piqûre de moustique peut transmettre le paludisme. Malgré ce
pourcentage élevé, force est de reconnaitre l'ignorance flagrante
de certains chefs de ménages quant à la connaissance du mode de
transmission. Des réponses aussi surprenantes les unes que les autres
ont été recueillies : 10 % des ménages disent qu'une
mauvaise alimentation est à l'origine du paludisme. Par mauvaise
alimentation, il n'est pas rare d'entendre des réponses comme «
boire du lait en hivernage », ou « manger de l'oseille » ou
encore « un excès d'huile ».
Comme pour les symptômes, nous avons essayé de
savoir s'il y'a une relation entre la connaissance du seul et unique mode de
transmission de la maladie et le nombre de cas de paludisme
présumés (cf. graphique 11).
A travers ce graphique, nous remarquons, à une
exception prés, que ce sont les mêmes villages ayant une bonne
connaissance des symptômes du paludisme qui ont également une
meilleure perception du mode de transmission de la maladie. En effet, les
populations de ces villages, en plus de celles de Diankancounda Oguel, savent
pertinemment qu'une piqûre de moustique peut provoquer le paludisme.
L'incapacité de certains habitants de la
Communauté Rurale de Mampatim à ne pas savoir la cause
réelle de la transmission du paludisme peut avoir des
répercutions négatives sur les conditions d'hygiène de vie
de la population. Pour cause, une mauvaise gestion, par exemple, de
l'évacuation des ordures ménagères et des eaux
usées pourrait favoriser la multiplication des moustiques.
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Graphique 11 : Connaissance du mode de
transmission et nombre de cas de paludisme
présumés
Source : Enquête dans les
ménages, 2008
I.3- L'utilisation des moustiquaires
La prévention contre le paludisme passe par la
protection contre les piqûres des moustiques. Selon l'EDS IV, une des
stratégies majeures de lutte contre le paludisme est la protection
individuelle par l'utilisation des moustiquaires imprégnées
d'insecticides. Subséquemment, nous avons posé des questions aux
ménages relatives à la possession ou non de moustiquaires et si
ces moustiquaires sont imprégnées ou non.
Les résultats présentés dans le tableau
24 montrent qu'une bonne partie de la population (79 %) possèdent au
moins une moustiquaire. On peut dire alors que la prévention est prise
au sérieux pour éviter toutes piqûres de moustiques dans
l'espace communautaire de Mampatim.
Tableau 22 : Proportion de ménages
possédant des moustiquaires
Possession de moustiquaires
|
Effectifs
|
Fréquence
|
Aucun
|
57
|
21 %
|
Moustiquaires imprégnées
|
150
|
54 %
|
Moustiquaires non imprégnées
|
70
|
25 %
|
Total
|
277
|
100 %
|
Source : Enquête dans les
ménages, 2008
86
Cependant, il reste à savoir si ces moustiquaires
imprégnées ou non imprégnées sont en bon
état. En effet, beaucoup de ménages affirment que les
moustiquaires sont détériorées et ne savent plus à
quelle date remonte la dernière imprégnation. A la question de
savoir pourquoi ces moustiquaires ne sont pas changées, le manque de
moyen revient souvent comme réponse. Pourtant, le prix de la
moustiquaire imprégnée est subventionné. Il est de 1.000
FCFA. Cette négligence pourrait être dangereuse pour les groupes
les plus vulnérables face à la maladie : il s'agit des enfants de
moins de cinq ans et des femmes enceintes. .
De ce fait, nous avons interrogés les ménages
pour savoir si les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans dorment
sous une moustiquaire. Les résultats obtenus montrent que globalement,
trois villages sortent du lot en matière de prévention (cf.
graphique 14). Il s'agit des villages de Médina Samba Baldé,
Anambé et Thiéoulé. Dans ces villages, les ménages
affirment, pour la plupart, que les enfants de moins de cinq ans et les femmes
enceintes dorment sous une moustiquaire imprégnée ou non
imprégnée. Par contre, dans les autres villages de notre
échantillon, la proportion de réponse négative est
importante (Mampatim et Missirah Demba Sadio), voire plus élevée
que la réponse positive (Dembayel). Selon les ménages, ce fait
est dû au manque de moyen, mais également au refus de certains
enfants à dormir sous une moustiquaire car se sentant
"enfermé".
Graphique 12 : Prévention des femmes
enceintes et des enfants de moins de cinq ans
Source : Enquête dans les
ménages, 2008
87
En définitive, la majeure partie de notre
échantillon utilise les moustiquaires imprégnées ou non
imprégnées. Cependant, on note dans certains villages que les
groupes les plus vulnérables ne sont pas assez protégés.
Ce manque de protection augmente les risques de transmission du paludisme et
peut accroitre les dépenses de santé effectuées pour
soigner un épisode morbide palustre.
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