II.3. Importance des amendements organiques
II.3.I. Effet sur le sol, la culture et les
microorganismes
La matière organique apportée sert de base
trophique à la communauté microbienne du sol. Elle entraîne
le plus souvent une augmentation de l'activité et de la densité
microbienne. Ainsi, l'environnement du sol devient un milieu dans lequel la
compétition entre les microorganismes est forte (Paulitz, 1989),
concourant au phénomène de résistance
générale des sols (Aryantha et al., 2000 ; Scheuerell et
al., 2005 ; Termorshuizen et al., 2006).
Outre activation de la résistance
générale régit par l'amendement, des mécanismes de
résistance spécifique peuvent aussi se mettre en place suite
à ces apports. Notamment, lorsqu'il s'agit d'un compost
additionné de microorganismes antagonistes. Ceux-ci peuvent agir par
antibiose (Fravel, 1988) ou parasitisme (Hoitink et Boehm, 1999). Comme pour la
résistance naturelle des sols, l'effet suppressif des composts peut bien
sûr provenir d'une combinaison de modes d'action (Pitt et al.,
1998).
Les amendements organiques peuvent modifier les
propriétés physiques du sol, qui à leur tour peuvent
affecter négativement les comportements des nématodes tels que
l'éclosion, les mouvements et la survie. Ces changements des sols
comprennent de pH, la salinité et la conductivité
électrique « CE », le dioxyde de carbone et les concentrations
d'oxygène, (Oka, 2010).
Selon (Villenave et al., 2007), l'apport de compost
pendant 6 années successives a eu un effet positif sur les
caractéristiques physico-chimiques des sols. Les teneurs en
matière organique, en bases échangeables et en phosphore
assimilable sont plus élevées dans les parcelles à apport
de compost.
De nombreuses études ont été
menées, concluant le plus souvent de l'effet bénéfique des
amendements organiques sur la santé des plantes. Plusieurs
mécanismes expliquent ces effets bénéfiques (De Clercq et
al., 2004). Les composts peuvent permettre l'activation des
mécanismes de défense de la plante (Vallad et al.,
2003).
La préparation du sol (et éventuellement reprise
du travail) et l'apport de compost permettent d'améliorer le statut
organique du sol par rapport aux autres modes de conduite favorisant, en
conséquence, un meilleur développement de la plante
cultivée. A titre d'exemple, la production végétale de
maïs est plus élevée pour les traitements ayant reçu
du compost que pour les traitements avec travail du sol mais sans apport de
compost (Villenave et al., 2007).
La production de composés toxiques dans le sol peut
aussi être à l'origine de la réduction des populations
d'agents pathogènes (Coventry et al., 2006). Lors de la
dégradation des amendements riches en azote, en fonction des
caractéristiques physico-chimiques du sol, il y a production
d'ammoniaque, toxique pour de nombreux organismes et pour certaines formes de
conservation des agents pathogènes (Bailey et Lazarovits, 2003). Ainsi,
Tenuta et Lazarovits (2004) ont montré que les microsclérotes
peuvent être détruits par l'ammoniaque et l'acide nitreux.
Cependant, cette activité est très fortement dépendante du
pH du sol.
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