I.6.Action des facteurs abiotiques et biotiques sur les
nématodes
Tout organisme est soumis, dans le milieu ou il vit à
des actions simultanées des différents agents, physiques,
chimiques, édaphiques, climatiques et biotiques contrôlant ses
diverses activités.
De par leur statut de parasite, l'abondance des
nématodes est dépendante de la présence de la plante
hôte, mais si cette condition est nécessaire, elle n'est pas
suffisante. Il faut aussi que l'environnement édaphique permette le
déroulement de la phase tellurique du cycle biologique des
nématodes (Stirling, 1991).
En effet, d'après Norton(1989), Kandji et al.
(2001) ; Cadet et al. (2005) les caractéristiques du sol
affectent l'abondance, la distribution et la structure des communautés
de nématode, indépendamment de l'influence directe de la plante
hôte.
I.6.1.Influence des facteurs abiotiques Type du
sol
La relation (nématode-type de sol), nommée
relation mésologique, est connue depuis longtemps. De nombreux auteurs
ont observé que la répartition des nématodes
phytoparasites est en relation avec le sol (Seinhorst ,1956 ;
Quénéhervé, 1988 ; Blair et al., 1999). En effet
une récente étude faite par Zhao et al. (2000), sur 5
types de sols différents limoneux, sableux, argileux, limoneux-sableux,
et argileux-limoneux et sur chaque type de sol inoculé (de 2000 à
2500 L2) de Meloidogyne ont remarqué que le taux de
développement des nématodes et plus élevé dans les
types de sol : Limoneux, sableux et limoneux-sableux. Brown et Swain (1974
cité par Bachelier,1978) ont montré que la structure, par
l'instabilité des agrégats du sol peut devenir un facteur
limitant dans la distribution des nématodes en déterminant une
forte compacité des sols et un manque d'aération.
La présence d'une plante ne déterminant pas
obligatoirement celle des espèces de nématodes qui sont capables
de la parasiter. Estioko et Reyes (1984) affirment que pour une même
plante, les espèces de nématodes présentes dans les sols
sableux sont souvent différentes de celles que l'on rencontre dans les
sols argileux. L'étude de Cadet et Debouzie (1990) dans les parcelles de
la canne à
sucre au nord de la Côte d'Ivoire montrent, que sur les
plateaux gravillonnaires les plantes sont surtout attaquées par
Meloidogyne, alors que sur celles situées sur les
zones limono-argileuses en bordure des rivières se sont
les attaques par Pratylenchus qui sont observées.
Prot et Van Gundy (1981) ont démontré
expérimentalement l'influence de la texture du sol (teneur en argile)
sur le déplacement de Meloidogyne. La texture du sol agit
également sur la répartition d'une même espèce.
Cadet et al. (1994) signalent au sud de la Martinique dans les
vertisols (sols à argile de type smectite) la présence
espèce d'Helicotylenchus, H. retusus ; par contre celle-ci est
absente dans les andosols (sols à minéraux argileux de type
allophane) situés à faible distance, mais on y trouve H.
erythrinae ou H. dihystera. Or, ces espèces ectoparasites,
morphologiquement comparables, sont présentes sur une même plante,
par exemple la tomate, cultivée sur toute l'île.
I.6.2.Influence des facteurs biotiques Matière
organique
La matière organique dans le sol permet la
réduction des nématodes. Lors de sa décomposition, elle
libère certains produits toxiques tels que l'acide butyrique (Jones,
1982). D'après Mohammed et Abdoul, (2000), l'amendement organique
stimule l'activité des micro-organismes du sol qui sont des antagonistes
des nématodes parasites des plantes. Sa décomposition et son
accumulation dans le sol, peut être comme un nématicide car ce
produit et principalement biologique peut provenir des friches et des
déchets agricoles.
L'incorporation de matières organiques (par exemple:
fumier) dans le sol, stimule l'activité microbienne et fournit des
ressources pour des espèces de nématodes opportunistes ; par
conséquence, il ya une diminution rapide de la Indice de Maturité
(IM) suivie par une augmentation progressive au cours de succession
ultérieure (Ferris, Venette et Lau, 1996). Le IM augmente au cours de la
succession et avec la diminution de l'activité microbienne. (Ettema et
Bongers, 1993).
Chapitre II. Donnés bibliographiques sur les
amendements organiques
II.1. Généralités sur les
amendements organiques
Le contrôle biologique des nématodes a
été étudié comme une approche alternative ou
complémentaire à l'intégrité physique ou aux
méthodes chimiques (Weller, 1988).
Parmi ces moyens, les techniques basées sur l'addition
de matière organique au sol ont a été exploré comme
méthode alternative aux moyens chimiques. Il s'agit de débris de
plantes, de cultures, de foin (Mian et Rodriguez Kabana, 1982), de compost de
déchets de crevettes (Dia, 1995), les plantes nématicides, les
déchets protéiques et les résidus végétaux
(Oka, 2010). L'application des amendements organiques est une méthode
traditionnelle afin de contrôler les nématodes phytoparasites
d'une part (Mankau, 1962; Khan et al., 1974 ; Badra et Oteifa, 1979)
et d'autre part améliorer la fertilité et la structure des sols.
Les apports en amendements organiques d'origine animale ou
végétale s'avèrent favorables pour les cultures. Singh et
al. (1966) ont observé que le fumier de vache, le terreau de
feuilles et les tourteaux de ricin, de moutarde diminuent les populations de
Meloidogyne tout en augmentant la croissance de plants et en diminuant
les problèmes de champignons parasitaires. D'après les
mêmes auteurs Singh et al. (1983) les tourteaux
d'oléagineux semblent particulièrement efficaces contre les
nématodes. Ces substances augmentent les phénols et les acides
aminés dans la plante ce qui rebute ces nématodes.
II.2. Différents types d'amendements
organiques
Le terme amendement organique recouvre une très large
gamme d'intrants, ayant des propriétés très variables. Les
amendements organiques sont le plus souvent des produits principalement
composés de résidus de végétaux, fermentés
ou fermentescibles. Mais il existe aussi des amendements organiques avec une
moindre proportion de végétaux, notamment ceux à base de
déjections animales (Janvier, 2007).
Un premier type d'amendement est composé de
déchets organiques. Les fumiers compostés ou non, les lisiers ou
les composts de déchets ménagers appartiennent à cette
catégorie. Ils sont utilisés depuis très longtemps en
agriculture, surtout pour l'entretien du pool de matière organique dans
le sol, mais possèdent aussi un effet bénéfique sur la
stabilité structurale du sol. A noter que l'amendement organique se
distingue de l'engrais organique, qui contient plus d'éléments
fertilisants (Villenave et al., 2007).
Les résidus de cultures est un autre type d'amendement
organique. Ces résidus, incorporés dans le sol, forment un
engrais vert, riche en matière organique fraîche, non
préalablement décomposée ou fermentée. Cette
matière organique peut être beaucoup plus labile et facilement
dégradable que celle des produits compostés, selon la teneur en
cellulose et en lignine du matériel de départ. De nombreux
composés actifs peuvent être produits lors de la
dégradation biologique de ces résidus de culture (Janvier,
2007).
Amendement organique d'origine
végétale
En raison de la conjoncture actuelle, les biopesticides
d'origine botanique sont appelés à un meilleur avenir. La demande
en produits phytosanitaires sans danger, de faible rémanence et
qualifiés de produits verts est présentement en hausse
(Philogene et al., 2005). D'après Ranasingh
(2007), 2121 espèces de plantes possèdent des
propriétés de lutte antiparasitaire. De nombreuses plantes ont
été utilisées comme amendement pour lutter contre les
nématodes dans les expériences à petite échelle,
seuls quelques rapports ont identifié le composé
nématicide de ces plantes (Oka, 2010).
La production de substances nématicides par les
végétaux supérieures est connue depuis très
longtemps. Les données acquises sur le terrain, démontrent
l'efficacité de certains végétaux introduits
traditionnellement dans les assolements, en culture intercalaire ou sous forme
broyats pour lutter contre les nématodes phytoparasites.
Diverses espèces peuvent être utilisé tel
que (Tagetes spp, Crotalaria spectabilis, Chrysanthemums
spp, Allium sativum, Cinnamomum verum « Cannelle
» et Azardiracta indica « Neem ») (Duke,1999 ;Kong et
al.,2007 ;Lee et al,2001 ;Park et al,2005 ; Satti et
al ,2003; Satti et Naser ,2006 ).
Certaines plantes sont utilisées comme engrais vert tel
que la Crotalaire, le Radis fourrager. La Crotalaire constitue un engrais vert
nématicide intéressant (comme c'est une légumineuse, son
enfouissement constitue une fumure azotée non négligeable), Il
faut impérativement l'enfouir pour avoir une action nématicide
(Bertrand et al., 2001).
Des auteurs affirment que la décomposition des engrais
verts, libère dans le sol différent acide gras volatil dont
l'effet nématicide pourrait s'ajouter à celui des
molécules contenues dans les tissus des plantes enfouies.
L'utilisation des résidus de végétaux
comme les grignons d'olive comme biopesticide exprime un décroissement
des maladies causées par les nématodes mais les recherches
restent toujours en voie d'exploitation (Cayuela et al., 2008).
Les déchets d'olive sont connus pour contenir un
certain nombre de substances biologiquement actives. Les
propriétés phytotoxiques et antimicrobiennes de ces
résidus ont été largement étudié et sont
associés à la présence de composés
phénoliques et composés des acides gras libres (Obeid et
al., 2005). Plusieurs chercheurs ont signalé l'inhibition de la
croissance des plantes et des microbes par les phénols à faible
poids moléculaire présents dans les déchets d'olive (Della
Greca et al, 2001 ; Fiorentino et al, 2003 ; Isidori et
al., 2005). Bien que les polyphénols de haut poids
moléculaire comme l'oleuropéine ou des polymères de la
lignine ont également montré activité toxiques (Aziz et
al., 1998 ; Bisignano et al., 1999) ; Hydroxytyrosol a
été identifié comme l'un des majeurs composés
phénoliques naturelles présents dans les déchets d'olive
(Lesage-Meessen et al., 2001; Romero et al., 2002;.
Fiorentino et al., 2003). Toutefois, de nombreux composés
restent non identifiés et il y'a encore une controverse sur le type et
le nombre exactes des composants phytotoxique de grignons d'olive. Cependant,
certains chercheurs ont constaté la toxicité des grignons
d'olive, même après l'extraction totale des phénols, ce qui
suggère que autres produits chimiques contribuent à la
toxicité globale (Capasso et al., 1992; Greco et al.,
2006).
Les propriétés phytotoxiques et antimicrobiennes
des déchets d'olive ont souvent été la cause limitant
utilisation de ces matériaux. Ainsi, plusieurs méthodes ont
été développées ces dernières années
afin de dégrader les phénols dans les résidus liquides et
solides des olives (Martirani et al., 1996; Linares et al.,
2003; Greco et al., 2006).
Les déchets d'olive pourraient être
utilisés comme bio-pesticide vu les composés naturels qu'ils
contiennent qui pourraient agir contre divers champignons, mauvaises herbes et
les nématodes (Cayuela et al., 2008).
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