2.4.5. 2.6.
CONCLUSION PARTIELLE
Face au danger du progrès technoscientifique, une
éthique appropriée à la technologie qu'est
l'éthique de la responsabilité s'avère très
nécessaire. Celle-ci, contrairement à l'éthique
traditionnelle, est censée prendre en charge la nature tant humaine
qu'extrahumaine, les générations futures, la technologie... En
fait, elle est venue combler le vide laissé par l'éthique
traditionnelle. L'éthique jonassienne met en exergue la
responsabilité. Celle-ci envers la nature, les hommes, les
générations futures. Bref, envers la vie, c'est-à-dire
l'existence.
Dans le premier point de ce chapitre, nous avons
cherché à élucider le concept de responsabilité,
lequel a été appelé à transcender la conception
juridique ou générale qui est objective, pour déboucher
sur la conception morale qui est à son tour subjective. Le nouveau
concept de responsabilité transcende aussi le temps : je suis non
seulement responsable de mon acte, mais aussi de ce qui est à faire, de
ce qui réclame mon agir. Dans la conception juridique ou légale
ou encore objective, c'est la valeur de l'acte qui est visée. Tandis que
dans la conception morale, et l'acte et l'acteur sont visé. Un
décalage, nous l'avons dit, entre l'exercice du pouvoir et l'observance
de l'obligation conduit à l'irresponsabilité.
L'éthique de la responsabilité, chez notre
auteur, a un fondement métaphysique. La métaphysique ainsi
considérée comme doctrine de l'être en tant qu'être.
Elle est par conséquent capable d'expliciter le pourquoi de l'existence
de l'humanité. C'est avec Jonas que la métaphysique revient sur
la scène philosophique, étant donné qu'elle était
menacée par les sciences de la nature et le positivisme. L'heuristique
de la peur est certes la méthode que propose notre auteur. Elle nous
permet à avoir un savoir anticipé sur le danger que peut courir
notre monde. Cette méthode consiste à susciter en nous la peur
non pathologique de voir disparaître un jour notre humanité.
L'analyse des paradigmes éminents de la
responsabilité a été bénéfique, car elle
nous permet de cerner comment les responsabilités parentale et politique
s'interpénètrent, se ressemblent et se démarquent. Les
points de ressemblance entre ces deux responsabilités se laissent
apercevoir à partir de leur caractère total, continu et
futurologique. Cette responsabilité est asymétrique,
c'est-à-dire non-réciproque et s'étend aux
générations futures. La question pour finir est celle de savoir
comment vivre ici et maintenant pour que le monde soit toujours habitable et
qu'il y ait une vie en permanence, car il faut que la vie soit, que
l'être soit, qu'il existe à travers les âges.
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