Importation du riz et sécurité alimentaire au Bénin de 1990 à 2010( Télécharger le fichier original )par Senghor LAGA Université d'Abomey Calavi - Maà®trise en économie 2012 |
CHAPITRE PREMIER:PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE Chapitre 1 : Problématique et MéthodologieLe concept de sécurité alimentaire a été introduit par le secrétaire d'Etat Américain Henry Kissinger pour la première fois au cours d'une conférence mondiale sur l'alimentation à Rome en 1974. En effet, depuis l'avènement de la dure et longue sécheresse qui a couvert la période (1968-1973), la crise alimentaire des pays africains s'est cristallisée en conquérant l'opinion internationale. Ce concept faisait suite aux craintes de pénuries alimentaires chroniques et de famine de masse consécutive à la montée des cours internationaux de céréales et au retard accusé par la production alimentaire dans plusieurs pays à faible revenu de l'Asie et de l'Afrique au début des années 1970. « En 1974, la production des pays développés représentait quatre fois celle de l'ensemble des pays en développement et un multiple encore plus important de celle des pays à faible revenu. Les taux de croissance de la production de céréales vivrières ont fortement chuté passant de 10,5% de 1966 à 1968 à 0,9 de 1969 à 1974 par an ». Il en résulte que le phénomène de la sécurité alimentaire n'est pas nouveau. Au cours des années 2007-2008, la FAO s'est alarmée de la hausse des prix mondiaux des denrées alimentaires et de la baisse des stocks (FAO, 2008). Après une hausse moyenne de 37 % de la facture des importations céréalières des pays les plus pauvres en 2007, la hausse devrait atteindre les 56% en 2008. L'alimentation représente environ 10 à 20% des dépenses de consommation dans les pays en voie de développement. Une autre estimation de la FAO en Avril 2008, présente 37 pays qui sont confrontés à des crises alimentaires dont 21 pays se trouvent en Afrique. En effet, les prix internationaux de produits alimentaires ont flambé entre janvier 2006 et mars 2008, allant jusqu'à doubler ou tripler leurs valeurs initiales avec une chronologie variable selon les produits. La hausse concerne pratiquement tous les produits mais les plus touchés sont les denrées alimentaires de base (céréales et oléagineux et des produits laitiers). La croissance des prix est moins importante pour la viande et les produits tropicaux (Cacao, café), tandis que le sucre est épargné sur cette période. Les prix redescendent à partir de 2008 mais les cours sont toujours à l'automne à un niveau élevé. D'après le rapport du sommet de l'Union Africaine sur la sécurité alimentaire en Afrique, qui a eu lieu du 4 au 7 décembre 2006 à Abuja (Nigeria), l'insécurité alimentaire se situe à un niveau élevé inacceptable de 27% de malnutris en dépit d'un grand nombre de consultations, plans, recommandations, engagements et déclarations. En effet, en Afrique, le taux de croissance de la production alimentaire est inférieur au taux de croissance de la population, ce qui entraîne donc ce rapport élevé d'insécurité alimentaire. (FAO, 2008). Compte tenu de l'ampleur de l'insécurité alimentaire, beaucoup de sommets ont été organisés notamment ceux de l'Union Africaine tenus en juillet 2003 à Maputo (Mozambique) et en Février 2004 à Syrte (Libye). Il y eut aussi, le Plan d'Actions adopté au cours du sommet extraordinaire des chefs d'Etat et de gouvernement de l'OUA qui a eu lieu à Lagos les 28 et 29 avril 1980, le plan d'action des Nations Unies du sommet mondial organisé par la FAO en 1996, sans oublier l'accent mis par le NEPAD, l'UEMOA et la CEDEAO sur la sécurité alimentaire dans leurs politiques agricoles. Aussi, faut-il remarquer que, le premier des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) consiste à la réduction de moitié de la proportion de la population qui souffre de la pauvreté et de la faim au plus tard en 2015. Malgré l'importance accordée au problème de la sécurité alimentaire par les différentes institutions, en 2008, on a assisté à de nombreuses émeutes de la faim dans une vingtaine de pays en développement. Particulièrement en Afrique, le Burkina Faso, le Cameroun, le Sénégal, la Mauritanie, la Côte d'Ivoire, l'Egypte et le Maroc ont connu des manifestations ou des scènes d'émeutes à la fin de l'année 2007 et au début de l'année 2008 liées au renchérissement des prix des denrées alimentaires de base. Par exemple, le premier Avril 2008 à Abidjan (Côte d'Ivoire), la police a dû utiliser des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants lors d'une émeute contre la faim. Ces émeutes étaient provoquées par la hausse des prix de la nourriture et du carburant. A Dakar, une marche organisée le 31 mars 2008 par l'association des consommateurs du Sénégal a tourné à l'affrontement avec la police. Au Cameroun, 4ème pays producteur mondial du cacao, il y a eu en mois de février 2008, une émeute à grande échelle. (FAO, 2008). Récemment en 2010, une combinaison de circonstances naturelles (sécheresse en Russie, inondations en Australie) et d'un marché du pétrole de nouveau orienté à la hausse, ayant un effet sur le marché des biocarburants et par là-même sur les marchés des oléagineux, a conduit à de nouvelles hausses des prix de l'ensemble des produits agricoles. Il faut noter que l'utilisation de récoltes alimentaires pour la production de biocarburants a augmenté entre temps pour la plupart des denrées alimentaires ( soja, maïs, colza, canne à sucre), (FAO, 2010). Au Bénin, selon les résultats de l'Enquête Modulaire Intégrée sur les Conditions de Vie des Ménages (EMICoV, 2006), 29,9 % et 16,3 % des populations respectivement urbaines et rurales vivent en dessous du seuil de pauvreté alimentaire. Les mêmes investigations révèlent que 36 % des enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition. Ces données mettent en exergue une situation alimentaire d'autant plus préoccupante qu'elle contraste fortement avec les statistiques du Ministère du Développement Rural. Selon ces dernières, la moyenne de la production vivrière dépasse de 8 % les besoins alimentaires de la population en ce qui concerne les céréales. Une telle manifestation complexifie la sécurité alimentaire et rend le phénomène difficilement maîtrisable au moyen d'études classiques. En effet, le phénomène implique des aspects allant de la production vivrière à l'environnement en passant par les conditions et formes d'accès à l'alimentation. Par rapport à cette complexité, il n'est pas aisé de définir des critères ou indicateurs types pour restituer la nature et l'ampleur du phénomène sans tomber dans des considérations théoriques de moindre intérêt pour le décideur politique. L'insécurité alimentaire, mesurée par le score de consommation alimentaire (SCA) du PAM, s'est aggravée au Bénin entre 2008 et 2010. Elle touche en particulier les ménages dirigés par les femmes et les populations rurales. L'Analyse Globale de la Vulnérabilité, de la Sécurité Alimentaire et de la Nutrition (AGVSAN) conduite au Bénin en novembre et en décembre 2008 par les agences du Système des Nations Unies au Bénin (SNUB) en collaboration avec l'INSAE a permis d'estimer à 972.000 le nombre de personnes en situation d'insécurité alimentaire, soit 12% des ménages. En outre, 1.048.000 personnes (13,2% des ménages) sont en risque d'insécurité alimentaire. En 2010, la situation s'est considérablement détériorée. La proportion de ménages en insécurité alimentaire a presque triplé pour se situer à 33,6% et ceux à risque s'est accru à 21,6%. Ainsi, plus du tiers des ménages béninois sont touchés par l'insécurité alimentaire et un peu plus d'un ménage sur cinq est en risque d'insécurité alimentaire (EMICoV 2010). Selon le Rapporteur Spécial du droit à l'alimentation (Olivier de Schutter) suite à une visite effectuée du 12 au 20 Mars 2009 à l'invitation du Gouvernement béninois, la couverture des besoins journaliers en énergie ne dépasse guère 1300 kilocalories au lieu des 2400, minimum nécessaire à un adulte moyen de 65 kg pour une vie active normale. La sous-alimentation et la malnutrition qui en découlent ainsi que leurs corollaires de maladies chroniques ou invalidantes, de manque de résistance à l'effort physique, de fort taux de mortalité maternelle et infanto-juvénile sont révélateurs de l'insécurité alimentaire et nutritionnelle structurelle prévalant depuis plusieurs années. 33 des 77 Communes que compte le Bénin sont en insécurité alimentaire et nutritionnelle chronique à cause de la précarité de la disponibilité d'aliments de qualité au sein des ménages, des importantes pertes post-récoltes des produits vivriers, des systèmes de stockage/conservation peu performants, des technologies de transformation rudimentaires avec des rendements faibles et de qualités variables, de l'inadéquation et de la faible synergie entre politiques sectorielles et programmes, et du peu d'intérêt accordé à la nutrition (singulièrement la nutrition communautaire) dans les politiques et programmes de lutte contre la pauvreté. Par ailleurs, le riz était considéré par le passé comme aliment de luxe, donc consommé seulement lors des fêtes et manifestations spéciales, mais est progressivement entré dans les habitudes alimentaires au Bénin. Troisième culture mondiale et principale denrée alimentaire de près de la moitié de la population mondiale, le riz contribue à plus de 20 % à la fourniture mondiale en calorie consommée (ADRAO, 2006). Les statistiques pour l'année 1997 révèlent que chaque béninois consomme en moyenne 12 kg du riz par an (contre 2,9 kg/habitant/an en 1965). Toutefois, la consommation du riz reste faible par rapport à la consommation du maïs, du sorgho et du mil ; sauf les départements du sud Bénin (Abiassi, 2006). La riziculture n'a réellement démarré au Bénin qu'après l'indépendance. De 1961 à 1978, la production du riz a connu un essor rapide avec le développement de périmètres irrigués par des sociétés nationales. Au début des années 80, ces grands périmètres ont été abandonnés et la production rizicole a largement diminué, passant de 20.000 tonnes à moins de 10.000 tonnes. L'Etat a donc abandonné les grands périmètres rizicoles faute de moyens financiers et humains pour l'entretien. En effet la taille des aménagements était trop grande, avec des coûts d'aménagement et d'équipement trop importants par rapport aux capacités réelles des bénéficiaires et des services techniques ; les nouvelles formes de gestion n'étaient pas intégrées par les paysans ; leur participation était trop faible. (Verlinden et Soulé, 2003). L'activité n'a véritablement repris qu'au début des années 90 et a connu, depuis, un essor puisque la production atteignait déjà en 2011, 110 000 tonnes. Cependant, la production reste très inférieure aux besoins et une quantité importante du riz est importée pour satisfaire la demande nationale (FAO, 2011). En effet, le riz a connu une histoire sans pareil en République du Bénin cette dernière décennie. Ainsi, dans la période de 2000 à 2010, les statistiques ont révélé une augmentation progressive de la production nationale passant du simple au double et plus; de même que la superficie emblavée au niveau national. Cette situation explique l'ampleur que prend la riziculture au Bénin. Au cours de la même période, les importations ont connu une évolution croissante. La valeur maximale de ces importations s'observe entre 2003-2004, la période au cours de laquelle la production a relativement baissé. Ceci explique l'importance de la production locale même si cette dernière n'est pas compétitive ; et appelle les acteurs à divers niveaux à y consentir des efforts. Mais ces chiffres n'expriment pas à priori les valeurs de la consommation nationale compte tenu du phénomène de réexportation vers le Nigéria. Cependant, il faut retenir que la consommation du riz au Bénin dépend en grande partie de l'importation. Pour la période de 2008 à 2010, alors que la production locale du riz blanchi est en moyenne 84 000 tonnes, l'importation est de 163 000 tonnes et la consommation est de 248 000 tonnes du riz blanchi soit un taux d'auto-approvisionnement de 34 % (del Villar et al, 2011). Durant ces dernières années, le riz provient essentiellement de la Thaïlande, de l'Inde et de la Chine. Il est destiné à deux types de marchés : satisfaction de la demande intérieure, urbaine principalement mais également rurale (environ 50 000 tonnes), et réexportation vers les pays frontaliers (Nigeria principalement). Depuis quelques années, dans le cadre de la coopération bénino-japonaise, 5.000 à 7.000 tonnes du riz blanc, sont en outre octroyées sous forme d'aides alimentaires. Il s'agit de dons japonais revendus à bas prix sur le marché béninois par deux structures, la Centrale Coop (coopérative de distribution) et l'Office National d'Appui à la Sécurité Alimentaire (ONASA). De tout ce qui précède, il ressort clairement que la sécurité alimentaire, admise en 1990 comme un droit fondamental de l'Homme par les Nations Unies (FAO, 1996), reste un grand problème au Bénin malgré la part importante des importations des denrées alimentaires et principalement du riz. Les importations alimentaires y compris celles du riz contribuent aux disponibilités alimentaires en suppléant aux insuffisances de la production nationale. On peut donc les considérer comme une composante essentielle de la sécurité alimentaire dont les caractéristiques et les effets méritent d'être cernés. Vu le volume important du riz importé ces dernières années et la persistance de la récente crise alimentaire mondiale au Bénin, notre thème se focalisera sur : Importation du riz et sécurité alimentaire au Bénin de 1990 à 2010. Ainsi, on se pose la question de savoir : quels sont les effets de l'importation du riz sur la sécurité alimentaire au Bénin ? Cette question principale fait naître les questions spécifiques ci-après : · Comment évolue l'importation du riz et la sécurité alimentaire au Bénin ? · Quels sont les facteurs déterminant l'importation du riz au Bénin ? · Quel est l'impact de l'importation du riz sur la sécurité alimentaire au Bénin? Ces différentes interrogations permettront de montrer les effets de l'importation du riz sur la sécurité alimentaire au Bénin. Dans cette revue de littérature, nous traiterons les aspects ci-après : - approche conceptuelle : clarification de quelques concepts de base, - la revue de la littérature théorique et - la revue de la littérature empirique. D'après le dictionnaire le Grand Robert (2007), importation signifie : action d'importer, de faire entrer dans un pays (des marchandises, des produits provenant d'autres pays). D'après le dictionnaire le Grand Larousse Universel(1984), importation veut dire : -Action d'importer, de faire entrer dans un pays des produits soumis ou non aux tarifs douaniers. -Action de faire entrer, adopter, utiliser dans un pays un usage, un produit, etc. D'après le dictionnaire Encyclopédique d'Economie Internationale (1984), importations se disent des marchandises importées. Dans la balance des paiements, les importations comprennent les marchandises achetées à l'étranger. Elles constituent avec les exportations le commerce visible. Les importations sont recensées sous forme CAF et les exportations sous forme FOB. La politique en matière d'importation agit sur les prix ou/et les quantités. Dans le premier cas, l'Etat taxe de droits de douane les marchandises qui franchissent la frontière, dans le second cas, l'Etat peut soit interdire totalement l'entrée d'un produit, soit autoriser celle-ci dans les limites d'un contingent fixé pour une période donnée. En période d'équipement et de construction d'une économie, les considérations de besoins l'emportent sur celles de disponibilités. L'acte essentiel pour la réalisation du plan est l'importation. Il s'agit d'assurer à l'économie nationale les matières premières et des produits de consommation essentiels qui lui manquent (P. George, 1952). Le concept du riz local sera utilisé dans cette étude pour désigner le riz produit sur le territoire national. Par contre, le riz importé désignera le riz introduit sur le territoire national à titre commercial ou de don par le port autonome de Cotonou pour être consommé au Bénin ou réexporté vers les pays limitrophes du Bénin. v La notion de sécurité alimentaire Depuis la Conférence Mondiale de 1974 sur l'alimentation, la notion de sécurité alimentaire a évolué. Dès lors, on parlait surtout de la sécurité alimentaire nationale et elle s'apparentait davantage à l'autosuffisance alimentaire - que les pays produisent suffisamment d'aliments pour couvrir les besoins alimentaires nationaux -. En effet, le concept de sécurité alimentaire suppose le recours au commerce international comme une composante essentielle de l'offre. Contrairement à celui d'autosuffisance, la sécurité alimentaire ne fait pas référence à une stratégie de développement autocentré mais s'inscrit dans une logique de développement fondée sur la spécification internationale et les avantages comparatifs (Azoulay et Dillon, 1993). Plusieurs auteurs et institutions ont définit la notion de la sécurité alimentaire : - Reutlinger (1985) a défini la sécurité alimentaire comme la possibilité d'accès par tous et à tout moment à une alimentation suffisante pour une vie active et saine. Les éléments de la sécurité alimentaire dans ce cas sont l'existence d'une offre alimentaire et la possibilité de l'acquérir. - Siamawalla et Valdes (1985) ont défini la sécurité alimentaire comme la capacité des pays, des régions ou des ménages où l'alimentation est insuffisante d'atteindre actuellement les taux de consommation qu'ils se sont fixés. - Selon la Banque Mondiale (1986), la sécurité alimentaire est « l'accès pour chaque individu à tout instant à des ressources alimentaires permettant de mener une vie saine et active ». Cette définition lie deux éléments de la sécurité alimentaire à savoir : la disponibilité des biens et la capacité des individus à acquérir ces biens. - Une définition plus récente est donnée par l'Association pour la Santé Publique de l'Ontario: « les gens vivent dans une situation de sécurité alimentaire lorsqu'ils sont en mesure de se procurer une quantité suffisante d'aliments sûrs pour la santé, qu'ils aiment et qui contribuent à assurer leur bonne santé. La manière dont ils se procurent ces aliments doit leur permettre de préserver leur fierté, et celle de leur famille ». (DRHC, 2002). En plus du caractère disponibilité, accessibilité, et la bonne utilisation des ressources alimentaires, cette définition met en exergue le fait que la manière de se procurer les aliments doit permettre aux individus de préserver leur fierté, et celle de leur famille. - La définition donnée au sommet mondial de l'alimentation est la suivante : « La sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active » (FAO, 1996). Quatre conditions sont requises: (i) des approvisionnements ou des disponibilités alimentaires suffisantes, (ii) la stabilité des approvisionnements alimentaires, sans fluctuations ou pénuries d'une saison (ou d'une année) à une autre, (iii) la nourriture accessible ou abordable, et (iv) la qualité et l'innocuité des aliments. La première composante de la sécurité alimentaire (la disponibilité des approvisionnements) implique l'existence de toutes les denrées qui composent le régime alimentaire en qualité et en quantité suffisante pour satisfaire les besoins de tous les individus concernés durant une période donnée (Azoulay et Dillon, 1993). Selon la FAO (1996), en parlant « d'une alimentation en quantité suffisante », on sous entend une alimentation suffisante pour : - Couvrir les besoins nutritionnels ; - Assurer la santé et la croissance ; - Assurer une vie productive et saine ; - Couvrir les besoins énergétiques de chaque membre de la famille, permettant à chacun d'être et de rester en bonne santé et de mener une vie productive. De même, le concept de « quantité suffisante » a des particularités suivantes : - Il prend en compte l'individu ou dans le cadre du ménage, un ensemble d'individus. - Il englobe également la satisfaction des besoins caloriques; il est basé sur l'hypothèse qu'une couverture des besoins caloriques assurera de facto l'apport suffisant des autres nutriments. - Le concept véhicule en même temps la notion de ce qui manque et la gravité de l'insécurité alimentaire : ainsi, on distingue sur la base du degré de l'insécurité alimentaire les pauvres des très pauvres. L'offre alimentaire au niveau d'un pays ou d'une localité correspond à la somme de la production alimentaire locale, des importations commerciales et de l'aide alimentaire, diminuée des exportations et des variations de stocks. La deuxième composante est la stabilité des approvisionnements alimentaires. Elle implique la régularité spatio-temporelle de la disponibilité alimentaire (Nago, 1998). Selon Azoulay et Dillon (1993), cette stabilité peut être menacée par un ensemble de facteurs tant internes qu'internationaux : - L'instabilité de la production domestique résultant des facteurs alimentaires et des facteurs économiques. Elle se manifeste à la fois dans le temps (instabilité annuelle ou saisonnière) et dans l'espace (disparités régionales). - Les déficiences en matière d'infrastructures de stockage et commercialisation contrecarrant les efforts des producteurs à assurer d'abord leur autoconsommation et l'approvisionnement des marchés. - Les fluctuations saisonnières de l'offre entraînant des fluctuations des prix. La troisième composante de la sécurité alimentaire (l'accès aux denrées alimentaires disponibles) se réfère à la capacité physique et économique des individus à satisfaire complètement leurs besoins, notamment par le recours au marché. Cette composante « accès » est donc essentielle. Elle exprime en particulier le lien direct entre la sécurité alimentaire et la question de la pauvreté et permet d'expliquer la non satisfaction des besoins nutritionnels de certains ménages dans un pays ou une localité donnée, malgré la disponibilité des denrées alimentaires en quantités adéquates. En Afrique par exemple, les disponibilités alimentaires paraissent globalement suffisantes pour répondre aux besoins énergétiques de la population. En effet, les bilans des disponibilités alimentaires (BDA) ont indiqué des disponibilités de 2160 à 2200 calories/habitant/jour durant la période 1985-1990 alors que les besoins sont estimés à 2112 calories. Pourtant, dans les différents pays, y compris ceux disposant des surplus céréaliers exportables, il subsiste de graves problèmes de malnutrition chronique (Azoulay et Dillon, 1993). La quatrième composante (la qualité et l'innocuité des aliments) : on dit souvent que "Nous sommes ce que nous mangeons". Notre état nutritionnel, notre santé et nos capacités physiques et mentales dépendent de ce que nous mangeons. L'accès à une nourriture de qualité a toujours été l'une des principales préoccupations de l'humanité. L'innocuité des aliments est une caractéristique fondamentale de leur qualité. Par "innocuité des aliments", on entend l'absence, ou la présence à des niveaux acceptables et sans danger, de contaminants, de toxines naturelles ou de toute autre substance susceptible de rendre l'aliment nocif pour la santé de manière aiguë ou chronique. La qualité d'une denrée alimentaire peut être considérée comme une caractéristique complexe de cette denrée qui détermine sa valeur ou son acceptabilité pour le consommateur. Outre l'innocuité, les attributs de la qualité incluent: la valeur nutritionnelle, les caractéristiques organoleptiques telles que l'apparence, la couleur, la texture, le goût; et les propriétés fonctionnelles. (FAO, 1996) Plusieurs concepts restent à définir autour de la sécurité alimentaire. Au nombre de ces concepts, on peut citer : l'alimentation, la faim, la malnutrition, la sous-alimentation, l'insécurité alimentaire, la famine, le risque d'insécurité alimentaire, la vulnérabilité à l'insécurité alimentaire, l'aide alimentaire, la dépendance alimentaire, l'arme alimentaire, le droit à l'alimentation, la souveraineté alimentaire, l'autosuffisance alimentaire, la pauvreté et la sécurité alimentaire, l'émaciation et le retard de croissance. Chaque jour, l'homme a besoin de se nourrir : l'alimentation est donc indispensable à la vie. Elle est l'une des clés essentielles de la santé. Grâce au processus de la digestion, l'alimentation fournit à notre organisme les matériaux de base nécessaires à la fabrication des cellules et des organes qui composent notre corps et l'énergie utilisée par les cellules ou les organes pour fonctionner. D'après l'encyclopédie Encarta 2009, une bonne et saine alimentation devrait fournir à l'organisme humain quatre types d'aliments à savoir : l'eau, les aliments de construction, les aliments énergétiques et les aliments fonctionnels. L'alimentation vient donc comme en réponse à la faim. La faim est un vif besoin de manger rendu possible par des contractions de l'estomac vide. Quand les apports fournis par l'alimentation ne sont pas adaptés aux besoins de l'organisme, on parle de malnutrition (FAO, 2008). La malnutrition est un défaut d'adaptation de l'alimentation aux conditions de vie d'un individu, d'une population ou encore, la malnutrition peut être perçue comme un déséquilibre alimentaire. Elle peut être liée soit à une alimentation en quantité insuffisante, soit à une alimentation en quantité trop importante. Selon la FAO (2008), près de 30% de la population mondiale souffre de malnutrition sous une forme ou sous une autre et des centaines de millions de personnes souffrent de maladies causées par une alimentation trop abondante ou déséquilibrée. Lorsque les ressources alimentaires ne suffisent pas pour couvrir les besoins alimentaires, on parle de sous-alimentation. Selon la FAO (2008), le terme "Sous-alimentation" fait référence à la situation des personnes dont l'apport énergétique alimentaire est en permanence inférieur au besoin énergétique alimentaire minimal pour mener une vie saine et pratiquer une activité physique modérée. En effet, la malnutrition et la sous-alimentation proviennent de l'insécurité alimentaire. On parle d'insécurité alimentaire quand les apports alimentaires sont insuffisants ou bien justes suffisants pour survivre mais très déséquilibrés par rapport aux besoins du corps (C'est-à-dire qu'il manque des nutriments essentiels à la santé). D'après le rapport de l'Union Africaine sur la sécurité alimentaire (2005), « on remarque en Afrique un rapport élevé d'insécurité alimentaire, soit 27% de malnutris ». Il ressort de cette déclaration que le problème lié à l'alimentation en Afrique n'est pas à négliger. L'insécurité alimentaire représente l'inquiétude liée à une capacité limitée ou incertaine de se procurer et de consommer une quantité suffisante d'aliments nutritionnellement appropriés par les moyens habituels (DRHC, 2002). Selon Azoulay et Dillon (1993), l'insécurité alimentaire est un terme qui regroupe l'ensemble des situations où des populations souffrent ou risquent de souffrir des manifestations de la faim c'est-à-dire des diverses formes de malnutrition ou de la famine. Des conceptions non identiques engendrent également des typologies différentes. La Banque mondiale considère qu'il existe deux types d'insécurité alimentaire : l'insécurité alimentaire temporaire et l'insécurité alimentaire chronique. Cependant, la FAO (1999) en considère trois types : L'insécurité alimentaire chronique, l'insécurité alimentaire saisonnière et l'insécurité alimentaire cyclique. Une situation de sous-alimentation grave peut découler de conditions plus ou moins exceptionnelles, comme une importante et longue sécheresse ou une guerre. Quand cette situation se prolonge, il n'y a plus rien à manger et on parle alors de la famine. La famine est un manque total d'aliments dans une région pendant une certaine période. Les situations de famine dans le monde, ont essentiellement pour origine la pauvreté. · Le risque d'insécurité alimentaire Pour Luc Cambrezy et Pierre Janin (2003), il y a risque d'insécurité alimentaire pour un individu, lorsqu'il ne peut accéder en temps opportun à une ration adéquate, en quantité et en qualité, pour qu'il soit en bonne santé dans le respect des choix culinaires. · La vulnérabilité à l'insécurité alimentaire Selon la FAO (2008), la vulnérabilité à l'insécurité alimentaire se définit par l'exposition au risque atténué par la capacité d'y faire face. Cette vulnérabilité peut avoir un caractère structurel ou conjoncturel. Une autre manière de formuler le concept de vulnérabilité serait: « Est vulnérable, celui qui, se trouvant confronté à un environnement à haut risque est sous-assuré par rapport au risque encouru ». L'aide alimentaire consiste à la distribution des denrées alimentaires aux populations pour assurer leur survie en cas de famine. Il s'agit d'une nécessité d'urgence qui peut avoir des effets néfastes à long terme. Elle constitue l'une des trois (03) composantes des disponibilités alimentaires de la sécurité alimentaire. Elle constitue un transfère gratuit de ressources alimentaires entre un pays donateur et un pays bénéficiaire. Au Bénin l'aide alimentaire est utilisée sous trois formes différentes qui sont : - L'aide d'urgence mise en place lors d'événements exceptionnels et soudains (sécheresses, inondations, réfugiés politiques). Elle est multilatérale, bilatérale, d'ONG et est distribuée gratuitement. - L'aide projet ou aide aux groupes vulnérables permet de satisfaire les besoins nutritionnels des pauvres dans le cadre, le plus souvent, de projets quelle vise à appuyer. - L'aide programme est d'origine bilatérale et est vendue à bas prix à l'ensemble de la population. Le gouvernement utilise le produit de la vente pour des actions de développement (REP, 2001). C'est la situation par laquelle un pays fait recours à l'alimentation étrangère (aide alimentaire ou importation alimentaire) pour satisfaire le déficit alimentaire national (FAO, 2008). La dépendance alimentaire mesure l'expression simultanée des aides alimentaires et des importations alimentaires sur l'offre alimentaire disponible dans un pays. Plus le taux de dépendance est grand, plus le pays dépend de l'extérieur. Les grandes puissances agro-exportatrices ont en effet compris qu'elles avaient le pouvoir de déstabiliser les pays « insoumis » en leur imposant un embargo sur des biens essentiels, comme les produits alimentaires. L'arme alimentaire, pour être opératoire, implique qu'il y ait pénurie dans certain pays (ceux qui pourraient être menacés), et surabondance dans d'autres (ceux qui voudraient menacer). Elle exclut donc la possibilité d'une pénurie alimentaire à l'échelle de la planète, laquelle n'est circonscrite en fait qu'aux pays dont on dit périodiquement qu'ils souffrent de faim. Ainsi seule une pénurie localisée, même si elle affecte des territoires étendus, peut être génératrice de l'emploi de cette arme. (Bessis, 1979). La FAO définit le droit à l'alimentation comme un droit des populations à disposer de nourriture saine en quantité suffisante et en qualité. Mais comme tout droit appelle à un devoir, ce droit des populations appelle à un devoir de l'Etat à mettre en oeuvre des politiques en vue de satisfaire sa population en matière d'alimentation. Ce devoir des Etats découle de la souveraineté alimentaire (FAO, 2008). C'est le droit de chaque nation de maintenir et de développer sa propre capacité de production alimentaire, en respectant la diversité des produits et des cultures, sans nuire à la sécurité alimentaire des autres pays. Cette approche donne la priorité à la production locale, prône le droit des consommateurs à choisir leurs produits et le droit des Etats à se protéger des importations agricoles et alimentaires à bas prix (Sylla, 2007). · L'autosuffisance alimentaire C'est la capacité d'un pays à couvrir ses besoins alimentaires internes par la production nationale. L'autosuffisance alimentaire pour Sylla Kalilou (2007), consistait à ce que la demande en nourriture ne devrait être satisfaite que par l'offre nationale. · La pauvreté et la sécurité alimentaire Selon la FAO (2008) la faim est un symptôme, une conséquence, une expression de la pauvreté. Les personnes extrêmement pauvres vivent dans l'insécurité alimentaire et sont hautement vulnérables. Néanmoins, tous ceux qui sont pauvres ne sont pas toujours vulnérables à l'insécurité alimentaire. Certaines populations peuvent avoir des revenus faibles sans toutefois être en situation d'insécurité alimentaire. L'émaciation est un déficit pondéral caractérisé par un faible rapport poids/taille. Ce dernier décrit des événements récents et graves qui résultent en une importante perte de poids, en général occasionnée par une forte diminution de l'alimentation ou une maladie grave. Il caractérise la « malnutrition aiguë » (FAO, 2008). Le retard de croissance est caractérisé par un faible rapport taille/âge. Ce dernier est un indicateur des effets cumulatifs d'une nutrition et/ou de soins de santé inadéquats. Une petite taille pour l'âge est le reflet d'un déficit de croissance (FAO, 2008). 1-2-2- La revue de littérature théorique v Fondement théorique des échanges extérieurs · Les doctrines mercantilistes Le mercantilisme est une politique économique qui s'appuyant sur un corps de doctrines préconisant l'intervention de l'Etat pour développer la richesse nationale, ce développement étant assuré par l'excédent des exportations sur les importations, dans un contexte marqué par l'expansion du commerce international. Le mercantilisme fut de manière plus ou moins intégrale, appliqué dans la plupart des pays européens entre le XVIème et le XVIIIème siècle. Coïncidant avec l'apparition des Etats-nations et les premières manifestations du capitalisme moderne, il favorisa les premières descriptions portant sur le rôle de la monnaie et de la production, ainsi que les premières analyses du circuit économique. Il constitua ainsi une étape majeure dans l'élaboration de la science économique moderne. (Encarta, 2009). Selon cette doctrine, la richesse de la nation s'identifie au stock de métaux précieux. Pour qu'un pays puisse accumuler des métaux précieux, il faut que la balance extérieure soit favorable. Dès lors, le principe de la politique commerciale d'un tel pays est clair : Il s'agit de freiner autant que possible les importations, en allant jusqu'à les interdire, et de favoriser par tous les moyens les exportations. b. Le mercantilisme commercial anglais Comme l'Espagne, l'Angleterre, au XVIIème siècle, tirait profit du commerce international. Afin de s'appuyer sur un avantage absolu, elle décréta un pacte colonial et des actes de navigation. Il faut souligner que ces deux régimes du pacte colonial et des actes de navigation se complétaient. Le commerce entre la métropole et ses colonies alimentait en fret la flotte nationale qui, de son côté, consolidait, comme dans le cas espagnol, la disposition dominante de la métropole dans les colonies. c. Le mercantilisme industriel Colbert croyait que le développement d'une économie tenait à la qualification de sa main-d'oeuvre. Or, les industries nécessitant la qualification la plus élevée sont essentiellement destinées à la production de luxe. Afin de permettre l'implantation de telles industries. C'est- à- dire qu'il faut interdire les importations. En outre, la consommation de biens de luxe corrompt les moeurs, il faut donc en favoriser l'exportation. La non compréhension de la source de gains que représente le commerce international pour tous les participants, constitue le dénominateur commun de toutes ces doctrines. Aussi, était- il facile de réfuter ces théories au XVIIIème siècle, ce que firent David Hume en 1750 d'une part, et David Ricardo en 1817 d'autre part. Ces deux auteurs peuvent donc être considérer comme les fondateurs de la théorie classique de l'échange international. Une fois les doctrines mercantilistes réfutées, la voie était libre pour démontrer que l'échange international profitait à tous les co-échangistes. · La théorie classique de l'échange international A. Smith considère que grâce à la division du travail, les pays peuvent, au lieu de produire tous leurs biens eux-mêmes, importer les biens produits par d'autres pays et en retirer un bénéfice car la spécialisation améliore sensiblement la productivité. Smith considère en plus le commerce extérieur comme avantageux en lui-même, pourvu qu'il arrive à son heure et se développe spontanément. C'est Ricardo et à ses successeurs, en particulier à John Stuart Mill, qu'il était réservé de trouver une base scientifique solide à la théorie du commerce international. a. La loi des avantages comparatifs Cette loi démontre que la spécialisation internationale est payante pour chaque nation, même si toutes ses activités économiques ont des coûts absolus très bas. b. La théorie des valeurs internationales John Stuart Mill ne se base pas seulement sur la comparaison des coûts de production. Il introduit la réaction de la demande telle qu'elle se manifeste dans chaque pays pour chacun des biens considérés. Selon lui les prix relatifs sur le plan international sont donc déterminés par les forces du marché dans chacun des pays considérés. · La nouvelle théorie du commerce international Selon les tenants de cette doctrine, la spécialisation d'échange se fait selon la dotation relative en facteurs de production dans chaque pays. La théorie économique ne s'est pas arrêtée en si bon chemin. Dans le cadre plus vaste de la macroéconomie, elle cherche à comprendre, derrière la loi des avantages comparatifs quels sont les facteurs qui déterminent la spécialisation internationale. Une thèse qui, par sa cohérence logique est encore aujourd'hui d'explication est celle d'Heckscher-Ohlin. Pour ce penseur, un pays se spécialise selon son intensité relative ou en abondance en facteurs de production. Cette théorie tient généralement compte du capital et du travail seulement (Ahounou N., 2010). v Les mesures de politique commerciale agissant principalement sur les importations Le droit de douane est une taxe à l'importation. On distingue : - La taxe spécifique (ts) : c'est une somme d'argent en monnaie locale prélevée sur chaque unité de la marchandise importée. Ils sont certainement la forme la plus ancienne et l'on imagine facilement les scribes de la haute antiquité égyptienne ou babyloniennes griffer leurs tablettes d'argile d'autant de bâtonnets qu'ils comptaient des mesures de grain ou des ballots de coton,... En effet, la taxation spécifique est de loin la plus simple à mettre en oeuvre, les droits à percevoir étant basés sur des quantités mesurables telles que le nombre, le poids ou les dimensions. Ce fut le système employé pendant très longtemps par les douanes, pratiquement jusqu'après la première guerre mondiale. A cette époque, le défaut majeur de ce système est apparu. En effet, la taxation spécifique n'a pas résisté à l'instabilité monétaire qui a caractérisé les années 30 en Europe ou aux Etats-Unis. La procédure de réajustement des droits de douane, relevant dans la quasi-totalité des pays de la procédure légale, ne permettait pas à la taxation spécifique de suivre les progrès de l'inflation. Seule la Confédération Helvétique, garantie par l'incroyable stabilité du Franc suisse a pu se permettre de conserver ce mode de taxation. Si nous désignons par PD comme le prix domestique et PM comme le prix mondial, on retiendra que : - La taxe ad valorem (ta) : c'est un taux appliqué sur la valeur unitaire de la marchandise. Les droits « ad valorem » sont conception beaucoup plus récente et protègent la fiscalité contre l'érosion monétaire puisque l'ajustement est automatiquement réalisé par le système. Les droits sont alors exprimés en pourcentage de la valeur taxable et le niveau de protection, tout comme celui des recettes suit sans pertes d'efficacité. Tout au plus, doit-on observer le côté inflationniste du système. Autre avantage non négligeable de la taxation ad valorem, c'est qu'elle permet d'ajuster avec une très grande finesse la protection liée au droit de douane. Toutefois, le système porte en lui-même les inconvénients de sa grande précision, dans deux domaines où ils n'apparaissent vraiment que lorsqu'on est familiarisé avec ces questions, ce qui explique aussi une certaine incompréhension de la part des profanes : la taxation ad valorem nécessite une définition claire de la valeur en douane et exige une nomenclature de classement tarifaire particulièrement sophistiquée. Ici le prix domestique PD devient : Une combinaison des deux taxes précitées donne la relation : (3) (Ahounou N., 2010) Le quota d'importation est une restriction directe sur la quantité d'un bien qui peu être importée. La restriction est généralement mise en oeuvre par l'octroi de licence à des individus ou entreprises. Il importe d'éviter l'idée fausse selon laquelle les quotas limitent les importations sans augmenter les prix intérieurs. Un quota d'importation augmente toujours le prix intérieur du produit. Lorsque les importations sont limitées, le résultat immédiat est que, au prix initial, la demande du bien excède l'offre intérieure plus les importations. La concurrence des consommateurs fait augmenter le prix jusqu'à ce que le marché s'équilibre. En fin de compte, le quota d'importation augmentera le prix intérieur du même montant qu'un droit de douane qui limite les importations au même niveau (il faut faire exception d'un monopole intérieur où le quota augmente les prix dans une mesure plus grande). La différence entre quota et droit de douane est qu'avec le quota, le gouvernement ne perçoit pas de recettes. Lorsqu'on emploie un quota au lieu d'un tarif pour restreindre les importations, la somme d'argent qui serait apparue comme recette du gouvernement avec un droit de douane va à ceux qui reçoivent les licences d'importation, quels qu'ils soient. Les détenteurs de licences sont capables d'acheter les produits d'importation et de les revendre à un prix plus haut sur le marché intérieur. Les profits ainsi réalisés par les détenteurs de licences d'importation sont connus sous le nom de rentes de quota. Pour déterminer les coûts et les bénéfices d'un quota d'importation, il est donc essentiel de déterminer qui recueille ces rentes. Lorsque les droits de vendre sur le marché intérieur sont attribués aux gouvernements des pays exportateurs, comme c'est souvent le cas, la rente est transférée à l'étranger : le coût du quota pour le pays devient ainsi substantiellement plus élevé que celui d'un droit de douane équivalent (Krugman P., 2004). Le contingentement est la barrière commerciale non tarifaire la plus répandue. C'est une mesure qui tend à limiter quantitativement les importations annuelles d'une marchandise. Elle est réalisée par l'octroi de licence. Le contingentement est souvent utilisé pour améliorer la balance commerciale du pays concerné car elle permet de réduire les importations (Jaime de Melo, 1997). Il s'agit de la combinaison d'un quota et d'un tarif. Dans une version de ce système, un certain volume d'importation entre sous les conditions régissant le quota. Toute importation au-delà de ce montant paye un droit de douane. Dans une autre version, c'est l'opposé, avec un volume d'importation (M) inférieur au volume de quota d'importation (Mo) qui entre en payant un droit, et toute importation au-delà du quota est interdite (Jaime de Melo, 1997). Selon l'OMC (2009), les licences d'importation peuvent être définies comme étant des procédures administratives qui exigent, comme condition préalable à l'importation de marchandises, la présentation à l'organe administratif compétent d'une demande ou d'autres documents (distincts des documents requis aux fins douanières). Celles-ci peuvent représenter une barrière importante aux importations quand elles sont difficiles à obtenir (à cause des délais bureaucratiques) ou quand leur obtention est incertaine. Il en est de même des licences d'exportation qui représente souvent une barrière importante aux exportations dans les pays qui les requièrent. 1-2-3- La revue de littérature empirique Le riz est devenu l'aliment de base mieux consommé dans le monde. Sa demande augmente de plus en plus. Plusieurs mesures sont prises en Afrique et au Bénin en particulier pour augmenter la production du riz, réguler le commerce du riz et satisfaire cette demande sans cesse croissante. Plusieurs auteurs se sont intéressés à déterminer et mesurer les effets des différentes politiques économiques sur l'offre de produits agricoles, et en particulier sur l'offre du riz dans le monde, en Afrique et au Bénin. Parmi ces études, nous distinguons celles qui ont mesuré les effets des politiques macroéconomiques et ceux des politiques sectorielles. Au nombre des effets des politiques macroéconomiques en Afrique, on trouve les effets de la politique de libéralisation et de privatisation du programme d'ajustement Structurel (PAS), les effets de la dévaluation, et les effets de la subvention des agriculteurs européens sur l'offre du riz en Afrique. D'après la CNUCED, les politiques de libéralisation du PAS ont eu des effets sur la production des pays africains. Si une libéralisation agricole pourrait favoriser certains pays en développement, elle aurait certainement un effet négatif sur d'autres pays en développement, importateurs nets de produits agricoles et alimentaires. Ces pays sont très hétérogènes. Par ailleurs, les bénéfices de la libéralisation commerciale multilatérale pourraient être nuls, voire négatifs, pour les pays ayant actuellement des accès préférentiels vers des pays riches, comme les Pays les Moins Avancés (PMA) vers l'Union européenne (Bouet et al, 2009). Dans l'ensemble, ces politiques n'ont pas eu les effets escomptés du fait des asymétries d'information, d'un niveau peu concurrentiel, du rôle des incertitudes liées aux risques naturels, à la faiblesse des marchés des facteurs de production et à un environnement institutionnel déficient (Hugon, 2008). Pour Bouet et al. (2009) ce sont les institutions inadaptées ou de mauvaises qualités, des infrastructures de transports ou de télécommunication médiocres, des politiques macroéconomiques défaillantes qui sont les facteurs majeurs du sous-développement. Le modèle des pays développés (ou de la Banque Mondiale et du FMI) transposé à l'Afrique n'a pas intégré les facteurs des réussites agricoles comme en Asie (prix garantis et stabilisés, proximité du crédit, rôle de l'Etat dans les infrastructures, voire subventions et protections). Selon la FAO (2004), pour les cultures vivrières, la dévaluation pourrait accroître la substitution aux importations à mesure que la production intérieure se développe. N'Diougou (2005) a montré qu'avec la libéralisation et la mondialisation, l'agriculture ouest-africaine entre directement dans une compétition impitoyable et déloyale avec des agricultures hautement productivistes jouissant de larges mesures de soutien et de subvention. La politique nationale des pays membres de la CEDEAO est influencée par la politique régionale de la communauté. Selon lui, la politique agricole des pays membres de la communauté a été influencée depuis les indépendances par : la convention de Yaoundé 1 (1963) et Yaoundé 2 (1969), la convention de Lomé 1 (1974) et Lomé 2 (1979), les politiques de stabilisation des recettes extérieures. La plupart de ces politiques n'ont pas été efficaces. Selon Assogba (1995), l'inefficacité de ces politiques de développement prouve que toutes les stratégies extérieures élaborées à travers les expériences occidentales ne peuvent être que défavorables. Le regard est tourné vers le plan d'action de Lagos de 1980 et le nouvel ordre économique intérieur de la CEDEAO de 1998. Mais pour Sabourin (1987), tous les projets de négociations globales pour un Nouvel Ordre Economique International ont échoué et les pays en voie de développement recherchent de nouveaux mécanismes de restructuration de l'économie internationale pour un développement plus large et des échanges commerciaux mieux réglementés : l'accord de partenariat économique ACP-UE de Cotonou (2007). La politique agricole de l'UEMOA (PAU) élaborée en 2001 s'est fixé pour objectif global de contribuer, de manière durable, à la satisfaction des besoins alimentaires de la population, au développement économique et social des Etats membres et à la réduction de la pauvreté. Malheureusement, la PAU a été un «bébé mort-né'' à cause de la démarche et du faible niveau de protection dont jouit l'agriculture ouest-africaine. En effet, les droits de douane aux frontières connus sous l'appellation du Tarif Extérieur Commun (TEC) sont tellement faibles que l'Afrique de l'Ouest est devenue trop rapidement une zone franche pour de nombreux produits alimentaires d'importation. Cela a sans aucun doute contribué à aggraver la situation de pauvreté des ménages ruraux. Pour le riz, le TEC est fixé à 5%. Si ce TEC est appliqué au niveau de la CEDEAO, l'agriculture ouest-africaine ne saurait être prospère. Il faut noter que cette faible tarification des droits de douane est une imposition du FMI. L'application de cette mesure a des conséquences graves sur le riz local et sur les producteurs. Les producteurs du Burkina, du Niger, du Mali et du Bénin ont été évincés de leur propre marché par le riz asiatique ou américain. Pour le Mali, la situation est simplement cocasse. Ce pays a tous les atouts pour produire suffisamment du riz pour l'ensemble de l'Afrique de l'Ouest. Mais à seulement 25 km de la zone de production, l'office du Niger, toutes les boutiques de commerçants sont remplies du riz importés (N'Diogou, 2005). Au Bénin, Houndékon (1996), Bailey (2002), Adégbola (2005) et Abiassi (2006) ont montré qu'avec la libéralisation, le volume des importations a augmenté affectant la compétitivité intérieure du riz local. En Afrique, nous notons que les politiques sectorielles des pays sont influencées par les accords de partenariat : les politiques agricoles régionales et la politique agricole de l'Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE). Plusieurs politiques sectorielles ont été mises en oeuvre tant au niveau régional qu'au niveau des pays. Au nombre de ces politiques, on peut citer les politiques d'irrigation, les politiques de formation et de recyclage des producteurs, les mesures d'accompagnement de la production (subvention d'intrants, construction de pistes rurales, aménagement des rizières etc.) S'agissant des subventions, Martin et al. (1989) trouvent que dès lors que l'on protège ou que l'on subventionne l'agriculture, deux possibilités se présentent: soit le prix intérieur de ce secteur augmentera par rapport au prix intérieur de l'industrie et des services, soit ses coûts de production diminueront par rapport aux autres secteurs. En conséquence, la production agricole deviendra plus rentable et la valeur du produit marginal du capital et du travail augmentera dans le secteur agricole par rapport aux autres secteurs. Dans ces conditions, une partie du capital et du travail précédemment mis en oeuvre dans l'industrie et les services se déplacera vers le secteur agricole, de sorte que la production dans l'industrie et dans les services aura tendance à diminuer. Quoi qu'il en soit, la protection accordée à l'agriculture a l'effet d'une taxe à l'importation sur les autres secteurs de production de biens échangés (Martin et al, 1989). Une politique de prix incitatifs favorise la production. En effet selon Hugon (2008) les pays africains (Côte d'Ivoire, Kenya, Malawi) qui ont adopté des prix incitatifs et/ou stabilisés ont connu des progrès notables de production. Bon nombre d'auteurs ont montré que l'application de prix incitatifs encourage les producteurs à augmenter leur offre. Phélinas (1988) a par exemple montré que l'augmentation de l'offre du riz sur le marché en 1974 en Côte d'Ivoire est due en partie à la hausse des prix du riz. Selon ce dernier, ce phénomène laisse supposer d'une part que les producteurs ont satisfait leurs besoins en riz ou qu'ils ont préféré consommer d'autres denrées et profiter de l'opportunité d'un prix du riz élevé. D'autre part, les ajustements aux variations de prix privilégient l'extension des superficies plutôt que l'intensification de la production. Ceci peut s'expliquer par le fait que le riz en Côte d'ivoire est cultivé principalement de manière traditionnelle : les inputs « modernes » (engrais, pesticides, herbicides, etc.) sont peu utilisés, l'irrigation est encore peu développée. De ce fait, nous pouvons noter que la politique des prix est un instrument très puissant. L'étude de Phélinas (1988) a mis en lumière la réaction des producteurs du riz face à la hausse et à la baisse des prix du riz. Mais il faut noter que cet instrument doit être utilisé avec prudence dans la mesure où le riz importé est devenu peu coûteux sur le marché africain. Diagne (2003) a montré qu'après la dévaluation, au Sénégal, l'offre du riz a baissé malgré les politiques incitatives du prix alors que la politique de prix avait un effet positif sur l'offre du riz avant la dévaluation. Il faut noter qu'après la dévaluation, le taux de protection du riz au Sénégal a diminué, favorisant la vente du riz importé à un prix relativement bas. Toutefois s'il apparaît que les riziculteurs peuvent réagir très vivement à une amélioration ou à une détérioration des incitations économiques, celles-ci ne peuvent à elles seules expliquer entièrement le comportement des producteurs. D'autres facteurs autres que le prix semblent jouer des rôles complémentaires. Phélinas (1988) a trouvé que le coefficient d'impact des facteurs autres que le prix s'est révélé statistiquement significatif pour presque toutes les relations testées: prix et facteurs autres que le prix semblent jouer des rôles complémentaires. Il faut alors une cohérence entre la politique des prix et les autres politiques agricoles (concernant les facteurs de production, l'amélioration des réseaux de commercialisation, etc.) Au Bénin le secteur agricole a fait l'objet de plusieurs réformes agricoles et des actions stratégiques depuis les indépendances. Elles visent à accroître la production locale du riz et à atteindre l'autosuffisance alimentaire. On peut citer :
Actuellement, les chinois appuient les producteurs dans l'aménagement et la maîtrise de l'eau sur les périmètres irrigués de Dévé dont le bassin rizicole couvre 150 ha. De plus, dans le cadre de l'intensification des cultures, les techniciens vietnamiens et leurs homologues béninois apportent un appui technique à la production du riz dans les trois zones d'intervention du PSSA sus-citées. Toutes ces politiques n'ont pas permis d'atteindre leurs objectifs. Le bilan montre que la plupart de ces politiques rizicoles n'incitent pas vraiment la production du riz local mais réduisent plutôt sa compétitivité face au riz importé. Ces différentes politiques ont des effets au niveau de la balance des paiements qui est déficitaire suite à l'accroissement des dépenses d'importations face au recul des recettes d'exportation et au niveau des producteurs qui ne sont pas très stimulés à augmenter l'offre du riz face à une demande sans cesse croissante. Pour pallier ces effets pervers de la politique agricole, de nouvelles mesures ont été prises. C'est ainsi que depuis 2006, un accent particulier est mis sur le développement des cultures vivrières. Pour inciter la production du riz local et assurer la sécurité alimentaire en riz au Bénin, l'Etat a pris de nouvelles mesures. Ces mesures consistent entre autres à appuyer le riziculteur dans sa production et lui permettre de produire efficacement. Ces mesures sont : modernisation agricole, promotion et diversification des filières agricoles, promotion des grandes exploitations/entreprises agricoles, appui à l'émergence et à la professionnalisation des acteurs, amélioration des approches de gestion des projets et programmes, mise en place d'un mécanisme de financement de l'agriculture, renforcement de l'autorité de l'Etat dans son rôle de contrôle et de régulation, maîtrise de la variation inter-saisonnière des flux des produits et de leurs prix, amélioration de l'environnement institutionnel, juridique, législatif et réglementaire, revalorisation du statut des producteurs et des productrices, sécurisation du foncier, préservation et valorisation de l'environnement. Pour la filière riz l'objectif de la politique agricole est d'atteindre une production de 180 000 tonnes en 2011 (Adégbola, 2007). Les travaux du forum organisé par APM Bénin (Avril 2003) sur le commerce international du riz et les enjeux de la riziculture au plan régional ont montré que : la croissance de la production mondiale du riz diminue, le marché international du riz est étroit et instable, les importations du riz croissent en Afrique, le marché mondial demeure déprimé à court terme. Ainsi, s'il est certain que le marché mondial du riz devrait se redresser et se développer à moyen terme, il est vrai que pour le moment on n'en voit pas encore les signes. Il faut donc faire un pari sur l'avenir. La plupart des observateurs s'attendent à terme à une augmentation des cours mondiaux du riz. Les pays africains devront alors choisir entre supporter une facture de plus en plus lourde pour assurer la sécurité alimentaire de la population ou bien relancer la production locale. C'est cette option qu'il faut bien sûr privilégier dans l'intérêt des producteurs et dans l'intérêt national (APM-Bénin, 2003). Alors autant anticiper le mouvement en soutenant les initiatives paysannes partout dans le pays et en concevant une politique sectorielle sérieuse permettant aux paysans d'accéder aux innovations techniques (mobilisation des acquis de la recherche rizicole, systèmes de vulgarisation, systèmes d'approvisionnement, crédit, amélioration du décorticage...) Adégbola et Sodjinou (2003) ont réalisé une étude sur les Préférences des consommateurs et leurs raisons. Selon ces études, il ressort que les populations consomment relativement plus le riz importé que le riz local. En ce qui concerne le riz local, 64% des personnes interrogées par les chercheurs ont déclaré avoir une grande préférence pour le riz étuvé. Les raisons de cette préférence sont multiples. Il s'agit surtout de la saveur (31% des cas), de la disponibilité sur le marché et du prix relativement faible (environ 13% des cas). D'autres encore (environ 10% des cas) ont évoqué les qualités nutritives du riz étuvé par rapport au riz importé. Les autres raisons de préférence évoquées (entre 1 et 3% des cas) par les consommateurs sont : la disponibilité au village, le pouvoir de gonflement (ou d'absorption d'eau) et la facilité de cuisson. Par contre, beaucoup de personnes n'apprécient pas le riz local. Les raisons évoquées par ces personnes sont essentiellement la présence de cailloux ou de déchets (42% des cas), la non succulence du riz étuvé (environ 9% des cas), la cherté et la méconnaissance de ce type du riz (24% des cas). Parmi les autres raisons on retrouve la difficulté de préparation (3% des cas) et la préférence trop poussée pour le riz importé. Adégbola et Singbo (2005) ont étudié l'impact de l'importation du riz sur la compétitivité et la rentabilité de la production nationale au Bénin et sont arrivés à la conclusion que la production nationale en riz est en progression ces dernières années. Toutefois, cette production nationale ne couvre que 10 à 15% des besoins effectifs en riz. Le déficit alimentaire structurel en riz de l'ordre de 50.000 tonnes du riz décortiqué en 2002 est couvert par les importations. Cependant, les importations béninoises en riz sont plus dictées par l'évolution de la réglementation commerciale nigériane que par le niveau du déficit national. Le principal problème du riz local demeure sa faible qualité comparée au riz importé. Il est donc important d'améliorer le rapport qualité/prix de la production locale. Cet objectif passe avant tout par une amélioration des activités de post-récolte (battage, séchage du paddy, étuvage, décorticage conditionnement) et des stratégies de mise en marché. La concurrence de l'importation du riz et de la production locale semble provenir du don japonais. Perret (2003) a mis en exergue la position du riz local, particulièrement celui produit dans la région de l'Ouémé (Dangbo et Adjohoun), face au riz importé et les possibilités pour le premier de trouver les moyens d'arriver à mieux concurrencer le second. Il est arrivé à situer la production du riz locale comme une culture assez marginale, puisqu'elle ne représente que 5%, en volume, de la production céréalière du Bénin, et environ 0,5% de la valeur de la production agricole nationale. En outre, la production locale du riz consommable avoisinant 25.000 à 30.000 tonnes annuelles, se situe entre 10% et 20% des importations du riz au Bénin selon les années, et ne permet pas de satisfaire le besoin de consommation nationale de l'ordre de 70.000 à 80.000 tonnes. Les études montrent que, même si la production nationale du riz demeure marginale au Bénin, elle est également concentrée dans le nord et le centre du pays, la production de l'Ouémé atteignant difficilement 1% de la production nationale, où environ 500 tonnes annuelles pour les sous-préfectures de Dangbo et d'Adjohoun. Une comparaison intéressante serait de dire que la production annuelle de Dangbo et d'Adjohoun représente la quantité du riz importé qui est réexporté de manière bi-hebdomadaire par Igolo. Hormis une production du riz marginale, il souligne les autres points faibles de la production locale. Ces points faibles sont : § Une présence discontinue sur les marchés compte tenu du fait qu'il est majoritairement cultivé une seule fois l'année (prédominance d'une culture de bas-fonds avec un seul cycle annuel de production) et qu'il est difficile d'un point de vue technique et financier de faire des stocks tout au long de l'année ; § Un rapport qualité prix peu attractif, puisqu'à qualité à peu près « équivalente », le riz importé est vendu 1.000 à 2.000 FCFA moins cher au niveau des semi-grossistes. De même, par comparaison au niveau des détaillants, l'écart de prix pour un sac de 50 kg, atteignant entre 500 et 1.500 FCFA, demeure favorable au riz importé. Pour le compte du CCR-Bénin, Hounhouigan(2005) a fait une étude qui vise à évaluer les qualités de quelques types du riz vendus au Bénin. Cette étude montre que les variétés du riz local étudiées ont des caractéristiques physiques, culinaires, nutritionnelles et organoleptiques similaires à celles d'une ou de plusieurs des variétés importées étudiées. La grande difficulté reste d'intégrer tous les paramètres de qualité dans un même type du riz mis en marché. Ceci dépend des caractéristiques génétiques des variétés, des conditions environnementales de production et surtout des prétraitements et des traitements de décorticage subis par le riz paddy. De manière générale, la qualité du riz produit localement peut être améliorée de manière notable en maîtrisant les opérations de prétraitement, de décorticage et de triage du riz dans la mesure où les caractéristiques physiques, nutritionnelles, culinaires et organoleptiques complétant ces opérations peuvent affecter la valeur nutritionnelle, l'aptitude culinaire et les qualités sensorielles du produit. Parmi les variétés locales produites et testées dans son étude, le riz 11365 et Béris 21 ont eu les meilleurs scores d'acceptabilité au niveau des panels de dégustateurs avec une mention spéciale pour Béris qui n'a pu être distingué du riz importé Caprice par le panel de dégustation. Mais leur décorticage et triage nécessitent d'être améliorés pour réduire leur taux d'impureté (valable surtout pour Béris 21) et surtout le taux de brisures. Par ailleurs, le décorticage peut améliorer leur valeur nutritionnelle, qui, dans les conditions actuelles n'est pas très différente de celle des variétés importées. Indépendamment de ses caractéristiques intrinsèques, IRAT 127 nécessite un décorticage et triage plus soigneux qui affectera certainement sa valeur nutritionnelle, mais améliorera sa qualité culinaire et ses qualités organoleptiques. Abiassi (2006) a étudié les instruments de régulation des importations du riz au Bénin et a montré que l'élasticité de la demande des importations du riz par rapport au prix relatif est de -0,677 à court terme et de - 1,053 à long terme. Ces différentes élasticités expriment qu'à court terme, une augmentation des tarifs sur le prix des importations de 10% entraînerait une baisse du volume des importations de 6,77% toutes choses étant égales par ailleurs et qu'à long terme, cela se traduirait par une baisse des importations de 10,5%. Les rapports de la commission de l'Union Africaine sur la sécurité alimentaire en 2005 indiquent que la production alimentaire de l'Afrique doit augmenter d'au moins 4 à 6% par an pendant un certain nombre d'années pour pourvoir répondre aux besoins de la population africaine qui doit passer de 0,9 milliard en 2005 à 1,26 milliard de personnes en 2020. Ainsi la commission de l'Union Africaine a donc exhorté les gouvernements africains et le secteur privé à soutenir durablement la production et la consommation d'aliments ayant une haute valeur nutritive. Le problème de la sécurité alimentaire dans le monde et surtout en Afrique n'est pas nouveau. C'est ce qui explique les nombreux travaux réalisés sur ce problème depuis 1974 (année de la première parution de ce concept) jusqu'à nos jours. En effet, atteindre la sécurité alimentaire demeure un problème pertinent dans les pays de l'Afrique de l'Ouest. Selon Shapouri et Rosen (1999), l'Afrique Subsaharienne est la région la plus vulnérable en matière de sécurité alimentaire. Pour Solagral (2000), malgré une amélioration lente mais régulière de la situation alimentaire dans le monde, la situation demeure très préoccupante en Afrique sub-saharienne où 180 millions de personnes étaient sous alimentées entre 1995 et 1997, sois 1/3 de la population. Collomb (1999) pense que le nombre de sous-alimentés en Afrique Sub-saharienne risque d'être multiplié par deux, passant de 175 à 300 millions avec des disparités régionales extrêmement fortes. Pour Luc Cambrezy et Pierre Janin (2008), les disponibilités alimentaires sont quantitativement et qualitativement insuffisantes : moins de 2500 calories par jour et par personne. Aussi, pensent- ils que la diversité alimentaire est faible et se réduit au profit d'aliments de substitution. Selon la FAO (2004), la fréquence des personnes malnutries est passée de 34% à 57% en Afrique Centrale. Tous ces travaux mettent en exergue la pertinence du problème de l'insécurité alimentaire dans les pays de l'Afrique de l'Ouest et du Centre. Mais ces problèmes ne sont pas sans causes. Pour Dembélé (2001), la crise alimentaire en Afrique subsaharienne s'explique par la conjugaison de plusieurs facteurs dont les plus importants sont la stagnation, voire la baisse de la production alimentaire par habitant à cause de la croissance rapide de la population par rapport aux gains de productivité agricole, le manque de devises et la pauvreté des populations. Cette crise alimentaire qui s'est traduite par la flambée des prix des matières agricoles de base a affecté l'ensemble de la population mondiale et en particulier celle de l'Afrique de l'Ouest. La plupart des analystes s'accordent à fixer le début des manifestations de cette crise mondiale à 2007, mais ses racines et ses signes annonciateurs sont antérieurs. Ainsi Josette Sheeran, directrice du Programme Alimentaire Mondial (PAM) estime que ces signes étaient visibles dès 2005 ou 2006 : « Je pense que tout a commencé il y a trois ou quatre ans, lorsque la consommation de certains produits agricoles de base a dépassé la production à l'échelle mondiale. La sécheresse dans des pays comme l'Australie n'a rien arrangé (la production de céréale a été divisée par deux). Les stocks alimentaires ont commencé à baisser, et pas simplement dans les pays riches. Ça a été la même chose en Éthiopie par exemple. Est venue s'ajouter la hausse des cours du pétrole. A 80 dollars le baril de brut, il devenait intéressant, d'un point de vue économique, de fabriquer des carburants à partir de denrées agricoles ». La combinaison de deux facteurs a aggravé la crise. Cette flambée des prix marque également la fin d'une période stabilité des prix. Ceci pose le problème de la dégradation des terres dans ces deux régions. En réalité, sous l'effet conjugué de l'urbanisation, le processus de désertification, les impacts de réchauffement climatique, la déforestation ou l'abus des engrais, on assiste à la réduction des terres arables (Montcho, 2010). Selon la FAO (1996), les deux tiers du continent sont sujets au risque de sécheresse dû à l'instabilité des pluies et leurs mauvaises répartitions dans l'espace et dans le temps. Aussi l'utilisation de plus en plus croissante des matières agricoles pour produire des biocarburants a-t-il entraîné une diminution de l'offre de nourriture disponible pour la consommation humaine à l'échelle globale. C'est pourquoi les terres consacrées aux cultures de biocarburants de synthèse ne sont plus disponibles pour les cultures vivrières ; ce qui fait que les subventions aux biocarburants sont un facteur majeur de la crise alimentaire mondiale de 2007 (Montcho, 2010). Pour atteindre un niveau de sécurité alimentaire adéquat, Cleassens et Feijen (2007) pensent que tout repose sur l'augmentation de la productivité et des investissements en équipements agricoles. Savadogo (2009), attire l'attention sur le fait que le développement récent des investissements directs étrangers, vu sous un angle positif, devrait être appréhendé avec beaucoup de précautions. C'est-à-dire qu'au lieu de permettre à l'agriculture de jouer son rôle de sources de devises pour les Etats et son rôle de sécurité alimentaire pour les populations, ces investissements pourraient contribuer à désarticuler les initiatives mises en place. En matière de politique en faveur de la sécurité alimentaire, il existe une multitude d'initiatives engageant à la fois la responsabilité des Etats, des différentes organisations d'intégration régionale, des réseaux de recherche, d'opérateurs économiques et des ONG. C'est dans cette optique que le Réseau de Prévention des Crises Alimentaires au Sahel et en Afrique de l'Ouest (RPCA) lors de sa 23e réunion a souligné une prise en compte insuffisante des données nutritionnelles et socio- économiques; ce qui contribue à l'insécurité alimentaire. Certes plusieurs pays disposent actuellement des politiques ou plans d'actions de nutrition adoptés (Burkina Faso, Gambie et Sénégal par exemple), d'autres ont des politiques agricoles et ou sanitaires qui intègrent des objectifs de nutrition (Bénin, Mauritanie, Mali par exemple). Mais les effets de ces politiques sont invisibles. C'est pourquoi Savadogo (2009) a fait une remarque pertinente : Il constate une absence totale de la revue de littérature sur les études d'impact de la politique agricole de l'UEMOA qui aurait pu permettre de savoir si cette Politique Agricole a propulsé la sécurité alimentaire dans les différents Etats membres et pour l'Union dans son ensemble ou si la PAU incorpore en son sein des mécanismes pour juguler à l'avenir les effets des chocs internationaux des prix alimentaires. Montcho (2010) rappelle à ceux qui élaborent les politiques et plans que « la formulation de politiques publiques pertinentes doit prendre en compte les caractères structurelles des filières qu'elles souhaitent appuyer». L'exploitation des données issues des enquêtes sur les ménages réalisées par le PAM et ses partenaires en 2009 au Bénin, au Libéria, en Guinée-Bissau et au Sénégal (2010) permet de situer la place du riz dans la sécurité alimentaire familiale de ces pays. La part du riz dans la consommation des ménages est élevée - supérieure à 20% - au Libéria, en Guinée Bissau et au Sénégal. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, le riz ne semble pas être un aliment spécifiquement consommé par les ménages urbains. Sur les quatre pays analysés, il n'y a qu'au Bénin où le taux de consommation du riz est supérieur en zone urbaine par rapport aux zones rurales. La contribution du riz à la consommation alimentaire globale est particulièrement forte pour les ménages en situation d'insécurité alimentaire. Le poids du riz passe d'environ 20% (excepté le Benin) pour les ménages en situation de sécurité alimentaire à plus de 40% (au Sénégal) et même de 50% (au Libéria, en Guinée-Bissau) de la consommation alimentaire globale pour les ménages en insécurité alimentaire sévère. Le riz étant très majoritairement acheté au comptant (à l'exception de la Guinée-Bissau), son prix est un enjeu majeur en termes de sécurité alimentaire. Sur les quatre pays pour lesquels les données sont disponibles, on peut noter que dans trois d'entre eux (Libéria, Guinée Bissau et Sénégal) les producteurs du riz souffrent plus d'insécurité alimentaire sévère que l'ensemble de la population. Toutefois, au Bénin et au Libéria, la prévalence de l'insécurité alimentaire sévère est moins élevée chez les producteurs du riz qu'elle ne l'est en milieu rural. Le Sénégal est le seul pays où le taux d'insécurité alimentaire sévère est plus élevé chez les producteurs du riz que dans l'ensemble du monde rural. Le phénomène tient sans doute à la grande précarité de la riziculture familiale au Sénégal (del Villar et al, 2011). Au vu de cette littérature, la situation alimentaire au Bénin reste encore précaire, malgré les efforts déployés par les gouvernements depuis les indépendances. En somme, il a été constaté que la majeure partie des sommets, réunions et ouvrages se sont penchés sur l'importance de la sécurité alimentaire en Afrique de l'Ouest. Ils ont aussi abordé les causes et les conséquences de l'insécurité alimentaire, les politiques à mettre en oeuvre ainsi que la place du riz dans la sécurité alimentaire des ménages en Afrique de l'Ouest et particulièrement au Bénin. Cependant, ils n'exposent pas clairement l'influence de l'importation du riz sur la sécurité alimentaire au Bénin. C'est sans doute ce à quoi les parties qui vont suivre seront consacrées. 1-3-1- Les objectifs de l'étude L'objectif général de cette étude est d'analyser les effets de l'importation du riz sur la sécurité alimentaire au Bénin sur la période 1990-2010. De façon spécifique, il s'agit de : 1- Analyser l'évolution de l'importation du riz et de la sécurité alimentaire au Bénin, 2- Analyser les déterminants de la demande d'importation du riz au Bénin, 3- Analyser les effets de l'importation du riz sur la sécurité alimentaire au Bénin. Quatre hypothèses serviront de base à cette étude : H1 : Le ratio de la production nationale du riz à l'importation du riz est inférieur à l'unité. H2 : Le taux de dépendance alimentaire au Bénin est inférieur à 12%. H3 : La réexportation du riz est le déterminant principal de la demande d'importation du riz. H 4 : L'importation du riz a une incidence positive sur l'offre alimentaire disponible par habitant.
Elle fera l'objet dans le cadre de cette étude, de la présentation de l'échantillonnage, des types de données collectées et leurs sources, des différents modèles appropriés pour la vérification de chaque hypothèse et enfin de la méthode d'estimation utilisée. Les données utilisées dans le cadre de cette étude sont des séries temporelles. Elles couvrent la période 1990-2010 soit 21 observations. La riziculture n'a réellement démarré au Bénin qu'après l'indépendance. De 1961 à 1978, la production du riz a connu un essor rapide avec le développement de périmètres irrigués par des sociétés nationales. Au début des années 80, ces grands périmètres ont été abandonnés et la production rizicole a largement diminué, passant de 20 000 tonnes à moins de 10 000 tonnes (Verlinden et Soulé, 2003). L'activité n'a véritablement repris qu'au début des années 90 et a connu, depuis, un essor puisque la production atteignait déjà en 2011, 110 000 tonnes (FAO, 2011). Aussi faut-il remarquer que la sécurité alimentaire, n'est admise comme un droit fondamental de l'Homme par les Nations Unies qu'en 1990. (FAO, 1996) 1-4-2- Les données et leurs sources. Les données concernant les importations, les exportations et les réexportations ont été recueillies au Port Autonome de Cotonou (PAC), à l'Institut National des Statistiques et de l'Analyse Economique (INSAE). Pour ce qui concerne la collecte des données sur la sécurité alimentaire, les centres de documentation de l'ONASA, de l'INSAE, du MAEP, et des sites internet ont été visités ou consultés. Les données recueillies sont des données secondaires. Nous avons utilisé à cet effet les annuaires, les bulletins statistiques et les rapports annuels disponibles dans lesdits centres. 1-4-3- Les modèles conceptuels v Le modèle 1 : le modèle de la demande d'importation du riz · Présentation du modèle de base Les modèles économétriques retenus ont pour cadre de référence celui de Khan, Ross (1975), de Pritchett (1987) et de Abiassi (2006). Les premiers ont estimé pour cinquante (50) pays, une fonction de demande traditionnelle des importations qui expliquent les importations réelles (M) par des variables telles que le revenu réel (Y), le ratio du prix des importations (Pm) et le prix domestique (Pd). La fonction de base de la demande d'importation se présente donc comme suit : Ln M(t) = b0 + b1ln Y(t) + b2 ln [Pm(t) / Pd(t)] + v(t) (4) Abiassi (2006) a réalisé une étude sur les instruments de régulation des importations commerciales du riz au Bénin. Le modèle économétrique utilisé est inspiré du modèle précédent dans lequel il a introduit la taxe à l'importation (tm). Le modèle se présente comme suit : Ln M(t) = b0 + b1ln [Pm(t)x[1+ tm] / Pd(t)] + b2 ln Y(t) + v(t) (5) V(t) est le terme d'erreur aléatoire. Les variables ont été mises sous forme logarithmique pour traduire directement leur sensibilité sur la demande d'importation du riz. · Choix du modèle économétrique Les remarques faites sur les deux modèles de base nous permettent de distinguer deux catégories de variables susceptibles d'influencer l'importation du riz. On note les prix d'une part et les agrégats macroéconomiques d'autre part. Ainsi, pour mesurer l'effet de chaque catégorie de variables sur la demande d'importation du riz, nous avons distingué deux modèles de demande d'importation du riz. Modèle 1-1 : Effet prix sur l'importation du riz Sous sa forme générale, le modèle se présente comme suit : La forme fonctionnelle du modèle est la suivante : · Définition et justification des signes attendus des coefficients des variables. o M(t) : représente le volume d'importation du riz à l'année t. C'est la quantité du riz introduite sur le territoire national à titre commercial ou de don pour être consommé au Bénin ou réexporté vers les pays limitrophes. Elle représente la variable dépendante de ce modèle. o b10 : le terme constant. Ce terme explique l'existence d'une quantité indépendante du riz importé. C'est le volume incompressible du riz importé. D'où son signe positif attendu ( . o PM(t) : le prix à l'importation du riz. Il représente le coût auquel le riz est acheté à l'étranger par les importateurs béninois. Il est introduit dans le modèle pour mesurer la sensibilité du pouvoir d'achat des importateurs sur le volume du riz importé. Plus il augmente, moins le pouvoir d'achat des importateurs est important. D'où le signe négatif attendu du prix à l'importation du riz sur le volume du riz importé o PRLD(t) : le prix du riz local à Dantokpa. C'est le coût moyen annuel auquel le riz local est acheté au marché international de Dantokpa par les consommateurs. Cette variable est introduite dans le modèle pour éviter l'hétérogénéité des prix du riz local sur les différents marchés du Bénin. Lorsque ce prix augmente, le riz importé devient compétitif au riz local, ce qui entraine une augmentation du volume du riz importé. D'où le signe positif attendu du PRLD sur le volume du riz importé . o PRMD(t) : le prix du riz importé à Dantokpa. C'est le coût moyen annuel auquel le riz importé est acheté au marché Dantokpa par les consommateurs. Cette variable est introduite dans le modèle pour éviter l'hétérogénéité des prix du riz importé sur les différents marchés du Bénin. Lorsque ce prix augmente, le riz local devient compétitif au riz importé, ce qui entraine une diminution du volume du riz importé. D'où le signe négatif attendu du PRMD sur le volume du riz importé . o TCDC(t) : le taux de change du Dollar par rapport au FCFA. C'est le nombre d'unité de monnaie FCFA qu'on peut obtenir pour une unité de Dollar. Il est introduit dans le modèle pour mesurer la capacité des importateurs béninois à acheter le riz de l'étranger (pays utilisateurs du Dollar). Son augmentation se traduit par une diminution du pouvoir d'achat des importateurs. D'où le signe négatif attendu du TCDC sur le volume du riz importé . o TCCN(t) : le taux de change du FCFA par rapport au Naira. C'est le nombre d'unité de monnaie Naira qu'on peut obtenir pour une unité de FCFA. Il est introduit dans le modèle pour mesurer les effets de sa variation sur celle de l'importation du riz. Lorsque ce taux augmente, les importateurs sont plus incités à réexporter le riz vers le Nigéria du fait des gains de change, ce qui entraine une demande supplémentaire d'importation du riz. D'où le signe positif attendu du TCCN sur le volume du riz importé . o (t) : le terme d'erreur. Ce terme prend en compte les différentes erreurs qui seront commises lors de notre estimation. Modèle 1-2 : Effet de l'offre et de la demande sur l'importation du riz. Sous sa forme générale, le modèle se présente comme suit : La forme fonctionnelle du modèle est la suivante : · Définition et justification des signes attendus des coefficients des variables o M(t) : représente le volume d'importation du riz à l'année t. c'est la variable dépendante. o : le terme constant. Ce terme explique l'existence d'une quantité indépendante du riz importé. o PNR(t) : la production nationale du riz. Elle représente le volume total du riz produit au Bénin. Son augmentation se traduit par une diminution du volume du riz importé. D'où le signe négatif attendu de la PNR sur le volume du riz importé o REXR(t) : la réexportation du riz. D'après la littérature, elle est une des causes principales de l'importation du riz au Bénin. Elle est introduite dans le modèle pour étudier les effets de sa variation sur celle de l'importation du riz et aussi pour vérifier l'hypothèse N°3. Son augmentation se traduit par une hausse de l'importation du riz. D'où le signe positif attendu de la REXR sur le volume du riz importé . o AAL(t) : l'aide alimentaire. Elle est introduite dans le modèle pour étudier les effets de sa variation sur celle de l'importation du riz. C'est une autre forme d'importation du riz. Elle vient donc en augmentation du volume total des importations alimentaires. D'où le signe positif attendu de l'AAL sur le volume du riz importé . o PIBr(t) : le produit intérieur bruit réel. La croissance du PIBr est source de richesse et d'augmentation de productivité au niveau des différentes branches de l'économie. Dans l'approche dépense du calcul du PIB, les importations viennent en diminution. D'où le signe négatif attendu du PIBr sur le volume du riz importé o POP(t) : la population totale. Elle est introduite dans le modèle pour mesurer l'effet de la croissance démographique sur le volume du riz importé. Sa croissance se traduit par une demande supplémentaire de la consommation. D'où le signe positif attendu de la POP sur le volume du riz importé . o (t) : le terme d'erreur. Ce terme prend en compte les différentes erreurs qui seront commises lors de notre estimation. Le modèle 2 : le modèle de sécurité alimentaire · Présentation du modèle de base Le modèle économétrique retenu a pour cadre de référence celui de Laga et Kpoto (2010) qui ont estimé pour le Bénin sur la période de 1990 à 2008 une fonction d'offre alimentaire disponible par habitant. Les variables utilisées pour la construction du modèle sont les suivantes : o L'offre alimentaire disponible par habitant (OADH) o La production alimentaire nationale (PAN) o Les importations alimentaires (MAL) o Les aides alimentaires (AAL) o Les exportations alimentaires (XAL) o Le taux de croissance du PIB réel (TPIB). Sous sa forme générale, le modèle se présente comme suit : La forme fonctionnelle du modèle est la suivante : Avec Ut le terme d'erreur aléatoire. Cette équation indique que le niveau de l'offre alimentaire disponible par habitant est fonction de l'effet conjugué de la PAN, MAL, XAL, AAL, TINF et du TPIBr. En effet, l'offre alimentaire au niveau d'un pays ou d'une localité correspond généralement à la somme de la production alimentaire locale (production végétale, animale et halieutique), des importations commerciales et de l'aide alimentaire, diminuée des exportations et des variations de stocks. D'après la littérature, l'insécurité alimentaire résulte des déficiences dans l'offre alimentaire, de l'instabilité de cette offre dans le temps et dans l'espace et des possibilités insuffisantes d'accès économique et physique des individus et des ménages aux denrées alimentaires disponibles. La défaillance de l'un ou de plusieurs des facteurs qui sous-tendent les trois composantes provoque une insécurité pour certains groupes de populations qui en subissent les effets et en termes de malnutrition ou de famine (Azoulay et Dillon, 1993). Au Bénin, une étude réalisée par la FAO (1995) a révélé globalement les causes de l'insécurité alimentaire qui sont entre autres : o les pénuries alimentaires liées aux aléas climatiques et autres catastrophes ; o une pression démographique très forte, qui est à l'origine d'épineux problèmes fonciers et d'une production alimentaire insuffisante ; o l'absence de possibilités de sources de revenus ou d'emplois alternatifs ; o les pertes de production liées au stockage et aux procédés de transformation ; o la pauvreté rurale et urbaine ; o l'isolement et l'enclavement de certaines localités qui vont de pair avec un manque de structure de commercialisation (marché). Dans ces zones, la commercialisation de la production est difficile et s'effectue souvent à des conditions désavantageuses (prix bas). En situation déficitaire s'ajoute les problèmes de ravitaillement : les denrées ne sont pas disponibles et les prix sont souvent prohibitifs, principalement dus aux difficultés de transport. Pour ramener ce modèle dans le cadre de la réalisation de l'objectif spécifique 3, certaines modifications seront apportées au modèle de base. Les variables telles que : l'importation du riz (MR) et la réexportation du riz (REXR) seront introduites. Sous sa forme générale, le modèle se présente comme suit : La forme fonctionnelle du modèle est la suivante : Avec Ut le terme d'erreur aléatoire et L le logarithme népérien. Dans ce modèle, outre les taux, les variables ont été mises sous forme logarithmique pour permettre une analyse directe des sensibilités en termes d'élasticité à travers les coefficients. Les variables telles que PALN, MAL, XAL, AAL, TINF et TPIBr expliquent le modèle de base à près de 99,51%, ce qui implique sans doute leur pertinence. En ce qui concerne la variable MR, elle est pertinente dans la mesure où l'analyse des effets de sa variation sur un indicateur de la sécurité alimentaire nous permettra de réaliser l'objectif général de notre étude. Quant à la variable REXR, elle est introduite dans le modèle pour voir les effets de sa variation sur l'OADH car, elle constitue l'une des causes principales de l'importation du riz au Bénin. · Définition et justification des signes attendus des coefficients des variables. o OADH(t) : l'offre alimentaire disponible par habitant à l'année t. Elle correspond à la production nationale (production végétale et production animale et halieutique), les importations et l'aide alimentaire, moins les exportations par habitant. Elle représente la variable dépendante du modèle. o PALN(t) : la production alimentaire nationale. Elle regroupe la production végétale, la production animale et la production halieutique. Pour la production végétale, les céréales et les tubercules constituent l'alimentation de base de la population béninoise. D'autres groupes de produits, les légumineuses et les maraîchers, viennent en complément. La production de ces denrées croît au fil des années en dehors de quelques périodes d'insuffisances pluviométriques (REP, 2001). L'accroissement de la PALN s'accompagne d'une augmentation de l'OADH. D'où l'effet positif attendu de la PALN sur l'OADH o MAL(t) : l'importation alimentaire. Les importations alimentaires viennent gonfler l'offre alimentaire intérieure. D'où l'effet positif attendu des importations alimentaires sur l'OADH o XAL(t) : les exportations alimentaires. Elles sortent d'un pays pour l'extérieur. Par conséquent diminue offre alimentaire disponible par habitant. D'où le signe négatif attendu des XAL sur l'OADH o AAL(t) : les aides alimentaires. Tout comme les importations alimentaires, les aides alimentaires viennent gonfler l'offre alimentaire intérieure. D'où le signe positif attendu des AAL sur l'OADH o MR(t) : l'importation du riz. Tout comme les MAL, l'importation du riz vient en augmentation de l'offre alimentaire intérieure. D'où l'effet positif attendu de l'MR sur l'OADH o REXR(t) : la réexportation du riz. Tout comme les exportations alimentaires, la réexportation du riz sort d'un pays pour l'extérieur. D'où l'effet négatif attendu de la REXR sur l'OADH o TINF(t) : le taux d'inflation. Il représente une augmentation du niveau général des prix. Lorsque les prix augmentent, la demande baisse. D'où le signe négatif attendu du TINF sur l'OADH o TPIBr(t) : le taux de croissance du PIB réel. C'est un outil d'analyse de l'activité économique en tant qu'indicateur de la croissance économique qui est une source de richesse et d'augmentation de productivité au niveau des différentes branches de l'économie. Or la production agricole alimentaire fait partie des différentes branches de l'économie. d'où le signe positif attendu du TCPIBr sur l'OADH 1-4-4- Les méthodes d'estimation des coefficients des modèles L'estimation des différents coefficients des modèles sera faite par la méthode des Moindres Carrés Ordinaires (MCO) au moyen du logiciel Eviews 5.1. Cette étude se fera sur vingt-un ans, couvrant ainsi la période allant de 1990 à 2010. Pour s'assurer de la qualité de notre modèle, des tests de diagnostic, de validation seront effectués. Test de racine unitaire : c'est le test de Dickey-Fuller Augmenté (ADF) qui est utilisé pour vérifier la stationnarité des séries. En effet, une série temporelle est dite stationnaire si sa moyenne et sa variance sont constantes dans le temps et si la valeur de la covariance entre deux périodes ne dépend pas du moment auquel la covariance est calculée. Ainsi, la non stationnarité d'une série se manifeste à travers deux composantes : la présence de tendance déterministe et/ou de tendance stochastique. A cet égard, le test proposé par Dickey-Fuller (1981) prend en compte le trend (tendance déterministe) et la racine unitaire (tendance stochastique). Il se fait sur la base de trois modèles que sont : En conséquence, la lecture du résultat se fait en deux étapes : 1/ la significativité ou non du trend : elle est appréciée à partir de la statistique calculée ou la probabilité attachée à cette statistique (elle est comparée à 5%) 2/ la présence ou non de racine unitaire : à cet effet, on teste l'hypothèse nulle H0 contre l'hypothèse alternative H1. Les hypothèses sont : H0 : présence de racine unitaire H1 : absence de racine unitaire - Si ADF > valeur critique alors on accepte H0 : la série a une racine unitaire. - Si ADF = valeur critique alors on accepte H1 : la série n'a pas de racine unitaire. Deux tests de coïntégration sont généralement utilisés : - Test de coïntégration de Engle et Granger (1987). En effet, deux séries sont dites coïntégrées si les deux conditions suivantes sont vérifiées : * les deux séries sont affectées d'une tendance stochastique de même ordre d'intégration d : * une combinaison linéaire de ces deux séries permet de se ramener à une série d'ordre d'intégration inférieur : [1 2] est le vecteur de coïntégration. Ce test se fait en estimant le modèle de long terme et en étudiant la stationnarité des résidus du modèle ainsi estimé. Si ces résidus sont stationnaires en niveau, alors les séries sont coïntégrées. - Test de coïntégration de Johansen (1988) permet par la méthode de maximum de vraisemblance de tester l'existence d'une relation de long terme dans les séries temporelles stationnaires et d'obtenir tous les vecteurs de coïntégration dans un cadre multi-varié. Contrairement à l'approche de Engle et de Granger qui ne tient compte que d'une seule relation de coïntégration, celle de Johansen parait plus attrayante lorsqu'on veut tester la coïntégration dans un système de plusieurs variables. Ce test est basé sur deux (02) approches : * La première, appelée statistique de la trace, test l'existence d'au moins n vecteurs de coïntégration dans un système comportant N-n variables. * La seconde dénommée statistique de la valeur propre maximale, teste s'il existe exactement n vecteurs de coïntégration contre l'alternative de n+1 vecteurs. · Tests de validation du modèle o La statistique R2 pour la qualité de la régression. o Le test de significativité globale du modèle de Fisher. o Le test de normalité de Jarque-Bera. o Le test de Breusch-Godfrey et la statistique de DW pour l'autocorrélation des résidus. o Le test d'hétéroscédasticité de White. o Les tests de stabilité de Cusum et Cusum of Squares pour vérifier la stabilité du modèle. |
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