4.1.2 Le rôle et la place du secteur informel dans
l'économie camerounaise
La place du secteur informel dans les économies
sous-développées et au Cameroun en particulier est aujourd'hui
devenue incontestable (les annexes 9 et 10 en donne une
illustration assez claire), que ce soit au niveau de la création
d'emploi (1), que de celui de la contribution à la construction d'un
développement durable ou alors de son impact sur le produit
intérieur brut (2). Le secteur informel apparaît aujourd'hui
après les dépassements des considérations basées
sur son caractère illégal et illégitime un vecteur de
croissance économique convenant d'être reconnu par tous.
4.1.2.1 Le secteur informel et la création
d'emploi
La situation du marché de l'emploi au Cameroun au cours
de ces dernières années est la plus précaire, le chiffre
concernant le chômage sont très alarmant en dépit du niveau
de plus en plus élevé d'instruction notamment de la tranche de
population la plus jeune.
Le Cameroun en 2005 présente un taux de chômage
élargi (chômeurs Bit + chômeurs découragés)
estimé à 6,2 % contre un taux de 4,4 % selon le Bit, soit un
écart très réduit de 1,8 % traduisant en effet le
caractère dynamique du marché de l'emploi. Le
phénomène est principalement urbain (10,7 %) ; notamment dans les
deux principales métropoles Yaoundé et Douala les capitales
politiques et économiques où l'on retrouve les taux les plus
élevés soit respectueusement 14,7 % et 12,5 %. La tranche de
population la plus touchée est celle des jeunes d'âge compris
entre 10 et 29 ans avec une proportion de 6,5 % contre 3,1 % pour les personnes
de 30 à 49 et 1,2 % pour les 50 ans et plus.
5 0ALBAGLI C. (1996), «L'entrepreneur» in
Création d'entreprise en Afrique, ed. EDICEF/AUPELF, p.35 5
1DENOL et NIHAN, cités par HERMANDEZ E.-M. (1996),
«L'entreprise» in Création d'entreprise en Afrique, ed.
EDICEF/AUPELF, p.58
Ceci étant, le pays affiche de façon globale un
taux de sous-emploi de près de 75,8 % des actifs au chômage parmi
lesquels 12,7 % sont imputable au sous-emploi invisible (ensemble de personnes
travaillant involontairement moins de 35 heures par semaine) et 69,3 % au
sousemploi visible qui lui concerne les travailleurs dont la
rémunération est inférieurs au minimum horaire garanti
(l'équivalent de 23 500 F cfa par mois pour 40 heures de travail par
semaine).
Les explications à la présente situation sont
nombreuses, mais la principale est liée au caractère
sociodémographique de la population camerounaise selon lequel : les
jeunes de moins de 17 ans représente la moitié de la population,
et les personnes de plus de 65 ans, 3 % ; la taille moyenne des ménages
étant estimée à 4,5 personnes avec une
prépondérance des femmes chefs de ménage (surtout
monoparentaux).
La structure de l'emploi quand à elle n'est pas en
reste et témoigne en effet d'un dynamisme sans pareil et une
réelle volonté des populations à l'emploi ainsi
qu'à l'accroissement de leur revenu. De façon globale 37 % des
personnes actives sont en situation de pluriactivité de manière
à pouvoir lutter contre la faible rémunération issue
ça et là en fonction de l'emploi.
De ce fait, 90,4 % des personnes en activité se retrouvent
dans le secteur informel pendant que 4,9 % exercent dans le secteur public et
4,7 % dans le privé formel52.
Par conséquent, le secteur informel apparaît
comme le premier et principal pourvoyeur d'emploi au Cameroun ; son
intérêt dans ce secteur de la vie socio-économique reste
donc incontestable. Ceci va en droite ligne avec les données et les
conclusions du rapport BIT (2002) « vers la promotion d'un travail
décent » sur l'évolution du secteur informel en
matière d'emploi dans les pays en voie de développement. Ainsi
durant la période 1980/1990, le secteur informel est passé, de
façon spectaculaire, d'un taux d'occupation des deux tiers à un
taux d'occupation des trois quarts de la population active non agricole de
l'Afrique Subsaharienne. Cette importance du secteur informel en l'emploi
restera relativement stable et même va connaître une
légère augmentation à partir des années 1990 de
façon à atteindre entre 2001 et 2003, 76,2 % des emplois contre
14,2 % pour le secteur privé informel et 8,4 % pour le secteur
public.
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