La céréale représente la
principale constituante des habitudes alimentaires des populations de la
région du Nord. Une nécessité s'impose d'adopter une large
gamme de cultures pour une sécurité alimentaire durable. C'est le
cas par exemple des racines et des tubercules qui doivent être
encouragés.
« Ces cultures ont des atouts
indéniables que le paysan peut exploiter notamment son
adaptabilité aux sols très marginaux et à la
sécheresse. Ils regorgent d'importantes quantités de calories,
enfin ils donnent des rendements élevés, les feuilles sont aussi
consommables. »116
Les racines et tubercules constituent une source non
négligeable de revenus pour les paysans. Les sous produits (cossettes,
galettes, tapioca ...) peuvent être vendus également.
Heureusement, ils entrent déjà dans les us des populations de la
région dans la mesure où en 1998/1999, 4.195 tonnes d'ignames ont
été produits et pendant la saison agricole 1999/2000, ce sont
3.679 tonnes qui ont été produits117. Mais cette
production reste insuffisante.
L'handicap majeur qu'on peut relever dans la
consommation des racines est leur valeur nutritionnelle. Celle-ci est de
quantité vraiment médiocre et cela ne va pas sans poser des
problèmes sur la santé humaine.
Cette diversification du système agricole doit
aussi porter sur le maraîchage. A l'heure actuelle, le maraîchage
se limite essentiellement autour des cases et à l'autoconsommation. Ce
dernier doit se combiner de avec d'autres activités destinées
à procurer des revenus complémentaires. Il est adapté au
climat à influence soudano-sahélien. Les produits qui en sortent
à l'instar de l'oignon, du haricot ou de la tomate sont très
prisés sur les marchés locaux. D'ailleurs, la culture de l'oignon
et du haricot entre de plus en plus dans les mSurs des populations. Par exemple
pendant la période agricole 1999/2000, 428 hectares de plantations ont
produit 7.072 tonnes d'oignons. Le haricot (niébé) fut produit
à hauteur de 12.598 tonnes. Cependant, cette production est marginale
par rapport à ce que peut produire la région voisine de
l'Extrême-Nord118.
116 BIYONG BIYONG, op.cit., p.36.
117 Source MINADER.
118 A la même période, l'Extrême-Nord
a produit 48.575 tonnes d'oignons sur 4.894 hectares d'exploitations ; et
36.374 tonnes de haricot. Source : MINADER.
Les cultures fruitières, quoique très
sensibles à la sécheresse, ne doivent pas rester à la
traîne. La production a souvent une rentabilité pour celles des
exploitations qui disposent d'eau en permanence, et le paysan doit
intégrer dans sa nutrition la consommation des fruits qui semble
nécessaire pour l'édification de son organisme. Une
expérience de ce genre est exposée par Anselme KAMENI et al.
à propos des mangues. Ils estiment en effet que :
« Au Cameroun, la production du manguier
(Mangifera indica) est forte pendant la période de récolte qui
dure (2 à 3) mois an suivant les régions. En zone rurale, il y a
alors un problème de surproduction et le séchage de la mangue
serait une voie intéressante pour la conservation de cette surproduction
»119.
Brièvement, nous résumons cette technique
du séchage de la mangue ainsi qu'il suit :
> Matériel et méthodes
Les fruits de trois variétés de mangue
améliorées (Amélie, Zill et Irwin) et d'une
variété locale (Horé Wandou) ont été
récoltés à deux degrés de maturité :
maturité commerciale et maturité avancée. Après
préparation des fruits, la pulpe a été
découpée en lamelles et séchée soit par
séchoir solaire, soit par exposition directe au soleil. La composition
physico-chimique des échantillons de pulpe a été
étudiée avant et après séchage.
> Résultats
Après un séchage à 50 °C
pendant 24 h, les lamelles de mangue séchée obtenues ont
présenté une teneur en eau comprise entre (16 et 24) %. Des
différences significatives sont apparues dans les rendements au
séchage des variétés étudiées. Les teneurs
des différents constituants physico-chimiques analysés ont
varié en fonction des variétés et du degré de
maturité des fruits récoltés. Les taux moyens de
conservation des constituants (vitamine C, sucres réducteurs, extraits
secs solubles) après séchage ont été
supérieurs à 56 % sauf pour la teneur en fibres dont le taux de
conservation a été de 16 %. Les mangues séchées
directement au soleil ont été semblables à celles obtenues
par passage en séchoir électrique malgré une durée
de séchage plus longue et un moindre taux en vitamine C.
119 Anselme KAMENI et al, Aptitude au séchage
des fruits de quelques variétés de manguiers cultivées au
Cameroun, CIRAD, EDP Sciences 2003.
> Conclusion
Les variétés Amélie, Zill, Irwin
et la variété locale Horé Wandou se prêtent bien au
séchage qui conserve les principaux éléments nutritifs
avec des rendements importants.
Par ailleurs, l'élevage dans la région
du Nord dépend de la disponibilité en eau et du fourrage. Les
principaux problèmes proviennent de l'insuffisance des pâturages,
de l'absence des soins appropriés et enfin des conflits entre
agriculteurs et éleveurs. Le potentiel productif des pâturages
peut être augmenté par l'intégration d'une graminée
pérenne spontanée : l'andropogon ganajus, comme à
Bobo-Diolasso au Burkina Faso. Cette graminée a une valeur
fourragère très recherchée par les animaux. Les tiges sont
également fort utilisées par les paysans pour la confection des
toits et des palissades. Les graines et les plantules sont peu
compétitives par rapport à d'autres herbacées.
L'itinéraire technique est simple,
répond à la protection contre l'érosion et enfin ne
nécessite pas un investissement coûteux. Il y a toutefois quelques
contraintes techniques qui peuvent être de nature à
décourager les agriculteurs. On peut citer par exemple les
difficultés à se procurer des semences en quantité
suffisante. Celles-ci doivent être recueillies auprès des
reservoirs naturels d'andropogon, au moment de la fructification des tiges.
C'est aussi un travail fastidieux (pour des raisons liées à la
biologie de la plante) et qui plus est, nécessite de la part des paysans
un reflexe d'anticipation, de prévoyance.