L'Etat, en dehors des deux stratégies
ci-dessus mentionnées, en déploie d'autres pour lutter contre
l'insécurité alimentaire. Par exemple, il promeut le stockage des
céréales par les populations elles-mêmes par l'entremise du
projet Développement Paysannal et Gestion du Terroir (DPGT) à
travers les Associations des Producteurs Stockeurs de Céréales
(APROSTOC). Le but de ce projet est :
- un accès permanent à un stock vivrier de
sécurité ;
- une meilleure rémunération du travail des
producteurs ;
- un assainissement de la trésorerie des
exploitations.
Lorsque les déficits céréaliers
sont chroniques, des réponses ponctuelles sont apportées par les
pouvoirs publics à travers la distribution d'une aide alimentaire
d'urgence auprès des populations sinistrées. Par exemple en
1997-1998, le gouvernement a sollicité 26.000 tonnes de denrées
auprès du PAM et de la FAO et en a obtenu 12.100 tonnes. Au cours des 15
dernières années, 8 opérations d'urgence ont
été mises en oeuvre pendant les soudures les plus difficiles. Un
comité de gestion des interventions d'urgence dans les régions de
l'Extrême-Nord et du Nord a été mis sur pied en
décembre 1997 par le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, suite
à l'invasion du criquet migrateur africain ; et afin de mieux
gérer ces opérations d'urgence. Ce comité de gestion
dispose de deux antennes régionales qui :
- évaluent l'état des infestations, les
besoins en moyens de lutte phytosanitaire et en aide alimentaire ;
- procèdent au recensement des populations
sinistrées ;
- organisent les opérations de lutte
phytosanitaire et de distribution de l'aide alimentaire sur le terrain
;
- et veillent à l'exécution des
décisions du Comité dans leur ressort.
Cependant, l'aide alimentaire pose des questions de
gouvernance. L'imprécision des statistiques agricoles empêche
d'établir des situations et de prendre des décisions. Les volumes
distribués sont sans commune mesure avec les déficits
annoncés : en 1999, 9 500 tonnes de céréales devaient
répondre à un déficit gonflé à 155 000
tonnes. Ces campagnes d'aide sont pourtant très onéreuses (3,78
milliards de FCFA pour l'aide financée en 1998 par l'Union
européenne) et de nombreux cas de
détournements sont signalés. L'aide alimentaire devient, de fait,
le support d'opérations médiatiques à la gloire des
cellules gouvernementales et des caciques locaux impliqués. Elle
correspond le plus souvent à un saupoudrage
généralisé plutôt qu'à une distribution
ciblée. L'espoir de gains politiques fait que la notion de zone
vulnérable n'est pas acceptée : il faut servir le plus grand
nombre, quelle que soit l'acuité de la disette, pour obtenir un
bénéfice électoral maximal.
Nous avons mentionné au niveau des causes
naturelles de l'insécurité alimentaire les maladies qui frappent
les populations. Parmi celles-ci figurait en bonne place la méningite.
Cependant, il faut relever que cette maladie connaît une expansion
regressive du fait des campagnes de vaccination qui se déroulent, depuis
2000, de manière systématique dès le début de la
sécheresse. Ces campagnes de vaccination sont appuyées par une
intense campagne d'information et de sensibilisation à travers les
médias publics et privés locaux. C'est ainsi que des 2.044 cas
pour 235 décès enrégistrés en 1998, nous sommes
passés à 272 cas pour 49 décès en 2002 pour
parvenir à 157 cas pour 33 décès en
2003100.
100 Données fournies par la
Délégation Régionale de la Santé Publique du
Nord.