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L'insécurité alimentaire dans la région du Nord au Cameroun: représentations sociales, stratégies de lutte et enjeux

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par Alain Christian ESSIMI BILOA
Université de Yaoundé I - Master en sociologie 2010
  

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III- LES AUTRES STRATÉGIES DE LUTTE CONTRE L'INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE

L'Etat, en dehors des deux stratégies ci-dessus mentionnées, en déploie d'autres pour lutter contre l'insécurité alimentaire. Par exemple, il promeut le stockage des céréales par les populations elles-mêmes par l'entremise du projet Développement Paysannal et Gestion du Terroir (DPGT) à travers les Associations des Producteurs Stockeurs de Céréales (APROSTOC). Le but de ce projet est :

- un accès permanent à un stock vivrier de sécurité ;

- une meilleure rémunération du travail des producteurs ;

- un assainissement de la trésorerie des exploitations.

Lorsque les déficits céréaliers sont chroniques, des réponses ponctuelles sont apportées par les pouvoirs publics à travers la distribution d'une aide alimentaire d'urgence auprès des populations sinistrées. Par exemple en 1997-1998, le gouvernement a sollicité 26.000 tonnes de denrées auprès du PAM et de la FAO et en a obtenu 12.100 tonnes. Au cours des 15 dernières années, 8 opérations d'urgence ont été mises en oeuvre pendant les soudures les plus difficiles. Un comité de gestion des interventions d'urgence dans les régions de l'Extrême-Nord et du Nord a été mis sur pied en décembre 1997 par le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, suite à l'invasion du criquet migrateur africain ; et afin de mieux gérer ces opérations d'urgence. Ce comité de gestion dispose de deux antennes régionales qui :

- évaluent l'état des infestations, les besoins en moyens de lutte phytosanitaire et en aide alimentaire ;

- procèdent au recensement des populations sinistrées ;

- organisent les opérations de lutte phytosanitaire et de distribution de l'aide alimentaire sur le terrain ;

- et veillent à l'exécution des décisions du Comité dans leur ressort.

Cependant, l'aide alimentaire pose des questions de gouvernance. L'imprécision des statistiques agricoles empêche d'établir des situations et de prendre des décisions. Les volumes distribués sont sans commune mesure avec les déficits annoncés : en 1999, 9 500 tonnes de céréales devaient répondre à un déficit gonflé à 155 000 tonnes. Ces campagnes d'aide sont pourtant très onéreuses (3,78 milliards de FCFA pour l'aide financée en 1998 par l'Union

européenne) et de nombreux cas de détournements sont signalés. L'aide alimentaire devient, de fait, le support d'opérations médiatiques à la gloire des cellules gouvernementales et des caciques locaux impliqués. Elle correspond le plus souvent à un saupoudrage généralisé plutôt qu'à une distribution ciblée. L'espoir de gains politiques fait que la notion de zone vulnérable n'est pas acceptée : il faut servir le plus grand nombre, quelle que soit l'acuité de la disette, pour obtenir un bénéfice électoral maximal.

Nous avons mentionné au niveau des causes naturelles de l'insécurité alimentaire les maladies qui frappent les populations. Parmi celles-ci figurait en bonne place la méningite. Cependant, il faut relever que cette maladie connaît une expansion regressive du fait des campagnes de vaccination qui se déroulent, depuis 2000, de manière systématique dès le début de la sécheresse. Ces campagnes de vaccination sont appuyées par une intense campagne d'information et de sensibilisation à travers les médias publics et privés locaux. C'est ainsi que des 2.044 cas pour 235 décès enrégistrés en 1998, nous sommes passés à 272 cas pour 49 décès en 2002 pour parvenir à 157 cas pour 33 décès en 2003100.

100 Données fournies par la Délégation Régionale de la Santé Publique du Nord.

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