CHApiTRE 5 : L'ETAT ET LA LuTTE CoNTRE
LE pHENoMENE DE L'iNsECuRiTE ALiMENTAiRE
Depuis qu'elle a commencé à sévir
et à s'intensifier dans la région du Nord, les pouvoirs publics
n'ont pas ménagé leurs efforts pour tenter de juguler
l'insécurité alimentaire et ses effets sur les populations. Pour
maîtriser et limiter la variabilité du déficit
céréalier, des mesures sont mises en oeuvre. La lutte se fait
ainsi en amont pour augmenter et sécuriser la production afin de
répondre à des besoins sans cesse croissants ; et en aval pour
mieux valoriser et mieux gérer la production afin de réduire les
pertes et faciliter l~accès des produits. Ce combat tous azimuts est
mené au travers de la création d'organismes et l'adoption de
programmes et projets.
I- LA CRÉATION D'ORGANISMES : L'OFFICE
CÉRÉALIER
L'un des facteurs qui accentue souvent les effets de
l'insécurité alimentaire dans la région du Nord est
l~approvisionnement des populations en denrées pendant les
périodes de disette. C'est dans cette optique que l'Office
Céréalier voit le jour en 1975 ayant son siège à
Garoua. Cet organisme est mandaté par l'Etat pour constituer un stock
permanent de sécurité, disponible pour approvisionner les
marchés en céréales en période de forte
augmentation des prix, afin de les limiter. Il remplit donc une fonction de
régulation du marché car il doit tout mettre en oeuvre pour
empêcher l~inflation en maintenant une offre suffisante qui
réponde à la demande. De cette manière, la
spéculation pratiquéd par des commerçants sans scrupules
est plus ou moins freinée et les prix restent relativement
bas.
Depuis sa création et surtout depuis la grande
sécheresse de 1984-1985, lorsque le Gouvernement veut accorder des aides
alimentaires et en fonction des disponibilités, il les puise dans les
stocks de l'Office qui appartient à l'Etat. Dans la situation actuelle,
il dispose dans ses magasins d'environ 5.000 tonnes de
céréales99 ; grâce au concour financier de
l'Etat. Ce qui n'est pas négligeable quand la disette
s'annonce.
99 Il s~agit
précisément de 45.534 quintaux au 30 juillet 2009. Source
l'OC.
L'Office Céréalier est sur un projet de
stockage céréalier avec la Banque Islamique de
Développement (BID) et l'Organasation des Pays Exportateurs de
Pétrole (OPEP). Ce projet vise à stocker 15.000 tonnes de
céréales. Dans le cadre de ce projet, les deux bailleurs de fonds
prennent en charge les gros investissements notamment :
- la construction des magasins de stockage,
- le désenclavement de certaines zones à
production céréalière par l'aménagement des pistes
rurales,
- la mise en place d'une capacité suffisante de
transport de céréales,
- la mise en place des outils et des produits de
traitement des stocks.
Le Directeur Général de cette
structure, Gilbert GOURLEMONT, nous a fait part de l'autre domaine dans lequel
s'investit l'Office Céréalier : « Au niveau de la
recherche agronomique, on essaie de trouver des variétés
adaptées à cycle court pour combattre la sécheresse. On
essaie également de trouver des variétés qui puissent
être à l'abri des attaques des prédateurs
».
Jusqu'à présent, les résultats
atteints dans ce sens n'ont toujours pas été très
probants. C'est pourquoi les actions de l'Office Céréalier
restent centrés sur ses objectifs de départ à savoir la
constitution de réserves de sécurité.
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