I-1-1-1 Le climat
D'une manière générale, le climat
dans la région du Nord est tropical de type soudanien avec une tendance
guinéenne au sud de la province et sahélienne au nord de Garoua.
La pluviométrie moyenne annuelle varie entre 500 et 1.200 mm d'eau avec
une saison de pluie de 4 à 6 mois par an.
Pendant les mois de décembre et janvier, le
climat est froid et sec tandis que pendant les les mois de novembre et
décembre, il est froid et humide. La température moyenne est de
35°C et les mois où l'on enrégistre les températures
les plus élévées sont ceux de mars et avril avec des
températures oscillant entre 18 et 50°C.
On note une opposition entre une longue saison
sèche, qui est de rigueur de cinq à sept mois, et une courte
saison de pluies. La première saison va d'octobre à juin, la
seconde de juin à octobre. Cette prédominance de la saison
sèche est caractéristique des pays africains, en particulier ceux
du Sahel.
Guy PONTIER et Michel GAUD affirment que :
36 Ibrahim BABA KAKE, ELIKIA
M'BOKOLO, Histoire générale de l~Afrique, Paris,
Casterman, 1978, p.9.
(( Le continent africain connaît de forts
contrastes climatiques, les précipitations et par voie de
conséquence les ressources en eau représentent souvent un facteur
limitant, contrainte au développement. Les zones arides couvrent
près de 60 % du continent ... L'Afrique subsaharienne francophone est
bien représentative de cette diversité climatique, puisque l'on
j' retrouve toute la palette des régimes climatiques, depuis les zones
désertiques aux précipitations rares jusqu'aux zones
équatoriales aux précipitations abondantes réparties sur
toute l'année. La zone la plus sensible aux aléas climatiques est
la zone sahélienne définie au sens large.
»37
Cependant, la présence des arbres
améliore ce climat de façon considérable, et rend le
paysage des montagnes attrayants. Plus loin, ils concluent en affirmant que :
(( le climat imprime ainsi fortement son empreinte sur l'environnement et
sur les sociétés humaines »38. Ainsi, des
éléments du climat tels la durée des pluies ou la
sécheresse entraînent souvent l'insécurité
alimentaire.
> L'irrégularité et la durée des
pluies
A cause des perturbations climatiques qui ont lieu
à l'échelle mondiale et nationale, le cycle et le rythme des
pluies connaissent progressivement de nombreux dysfonctionnements. La
conséquence immédiate est que la croissance des plantes est
fortement perturbée et ne produisent plus le rendement escompté.
Il arrive donc que les pluies arrivent plus tôt que prévu et
durent à peine 45 jours. Par conséquent, les plants qui sont
semés et qui commencent à germer ne résistent pas à
la sécheresse. HAMITI TIZI nous apprend à ce sujet que
:
(( Quand on n'attend pas les pluies et qu'elles
arrivent avant l'heure, la sécheresse va aussi vite arriver. Tout ce qui
va pousser va mourir parce que ce n'est pas encore solide. Même si
ça ne meurt pas, quand on va récolter il n j' aura presque rien
dedans parce que ça n'a pas bien pris. »
Parfois, la situation est inversée et les
pluies surviennent tard ; ce qui fait que les plants n'atteignent pas la
maturité et/ou ne produisent pas suffisamment. Tantôt c'est
l'abondance des pluies qui détruit les plants. Le dernier aspect est
qu'il arrive qu'il n y ait pas de pluie du tout. Dans ce cas, les semailles
sont très difficiles.
37 Guy PONTIER et Michel
GAUD, (( L'environnement en Afrique » in Afrique Contemporaine,
Trimestriel n°161, 1992, p. 60.
38 Guy PONTIER et Michel
GAUD, op.cit.
Quel que soit le cas de figure qui se présente,
aucun n'est enviable parce que la production agricole en pâtit. Ce
dérèglement du rythme des pluies peut être imputé
à la sécheresse qui sévit dans cette partie du
pays.
Quand la saison sèche a été
très rude, le retour des pluies est souvent caractérisé
par d'innombrables inondations. Celles-ci sont fréquentes entre les mois
de juillet et d'août. Si elles peuvent être
bénéfiques pour l'agriculture, des inondations imprévues
dues à des pluies anormalement importantes ont des effets
dévastateurs. En effet, la saison des pluies de juillet et août
cumule à elle seule 2/3 du total pluviométrique annuel de la
région. Ainsi, à la suite des multiples pluies du mois
d'août 2007, le réseau hydrographique de la région,
constitué essentiellement de cours d'eau saisonniers appelés
(( mayos » issus de montagnes avoisinantes, a rapidement
été saturé, créant des inondations.
(( Le mal a été accentué par
la topographie plane de la pédologie de la région où les
sols argileux et très peu perméables entraînent une longue
stagnation des eaux. Les routes desservant la région ont
été coupées. Les popoulations ont donc dû patienter
pendant plusieurs jours, se passant de leurs activités agricoles. Les
plus téméraires allaient récolter les produits
épargnés par les eaux, perchés sur des pirogues
(..)
Cependant, le grand sujet d'inquiétude
concerne le risque de suraccident : la survenue d'épidémies,
notamment le choléra. Les inondations mettent en effet hors d'usage la
quasi-totalité des puits des zones affectées : ceuxci sont
envahis par les eaux souillées produites par l'évènement.
Le risque de suraccident concerne aussi la survenue possible de la famine dans
la localité, car des plantations sont dévastées par les
eaux. Les inondations détruisent des greniers contenant les
réserves alimentaires de plusieurs familles. Le petit bétail est
également emporté par les eaux en furie. Il va sans dire que cela
accroît la vulnérabilité des populations en période
de soudure, notamment lors de la saison sèche. »39
Le bilan de ces inondations survenues en 2007 dans le
village d'Houmbal fait état de : 43 cases et 19 greniers
détruits, près de 5 hectares de plantations
dévastés, près de 100 têtes de bétail et
environ 200 têtes de volailles emportées.
HAMITI TIZI se souvient :
(( Il y a peut-être trois ans, le village a
connu une situation grave à cause des inondations. C'était
pendant les grandes vacances en août. Il avait plu pendant des jours et
des jours. L'année-là, on avait perdu presque tout. Il ne restait
rien. Il n'y avait pas grand-chose à manger et les gens avaient faim.
Les greniers étaient vides. Si on ne nous venait pas en aide, je ne sais
pas comment on allait vivre ici. »
39 MINATD, Rapport sur
l'état de la protection civile au Cameroun, Yaoundé,
février 2008, pp.34 -35.
> La sécheresse
Les sécheresses sont causées par le
manque de pluies sur une longue période. Elles se produisent
généralement dans des régions chaudes et sèches.
Dans la plupart des cas, la zone est sèche car les précipitations
y sont très minimes. La pluie qui tombe sera vite absorbée dans
le sol ou sera emportée par le courant d'air qui se déplace sur
le terrain. Par conséquent, la terre est très sèche et pas
grand-chose n'y pousse. Elle sévit dans la région du Nord entre
les mois de février et d'avril. D'après la FAO40, la
sécheresse, phénomène insidieux qui progresse lentement,
détruit les cultures vivrières, tue les êtres humains et
les animaux et à des effet à long terme sur l~environnement. La
sécheresse affecte les populations de différentes façons :
il est important de comprendre et de suivre ces différences dans le
temps pour prévenir la famine. Par exemple, la sécheresse peut
entraîner des mouvements inhabituels de troupeaux sur de longues
distances, en quête de pâturages, et les mettre en contact avec de
nouvelles maladies.
Par ailleurs, les systèmes d'irrigation
risquent d'être touchés, notamment lorsqu'il ne pleut pas pendant
une très longue période. Les rendements des cultures sont
réduits lorsque l'eau d'irrigation vient à manquer ou lorsqu'elle
devient trop saline. Les puits peu profonds, les points d'abreuvement et les
petits reservoirs s'assèchent ou sont contaminés, ce qui
compromet la santé des humains et des animaux.
La terre, qui n'est plus protégée par la
végétation, devient vulnérable à l'érosion
éolienne et lorsque les pluies reviennent enfin, à
l'érosion hydrique. A son tour, l'érosion entraîne une
perte de fertilité des sols, ce qui réduit par la suite le
rendement des cultures. L'augmentation du ruissellement sur les sols
érodés peut entraîner l~envasement des retenues d'eau et
des ouvrages d'irrigation, aggraver le phénomène d'érosion
et provoquer des inondations.
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