Le traitement a pour but d'influer sur l'histoire naturelle
de l'hépatite B chronique en raccourcissant sa durée. Il permet
dans certains cas d'éviter l'évolution vers la cirrhose et donc
éviter la survenue du carcinome hépatocellulaire. Le traitement
interrompt la réplication du VHB et donc, avance le moment de la
séroconversion HBe, HBs. La durée du traitement est assez
variable de six mois à une ou plusieurs années (Perrez, 2004).
4.1.1. L'alpha interféron
L'interféron alpha (IFN a) est une cytokine
naturellement produite par le système immunitaire. Au cours de
l'hépatite B chronique, il existe un défaut de production de
l'IFN a par les cellules mononuclées qui pourrait être lié
à un effet inhibiteur du virus lui-même.
L'IFN a a un effet antiviral sur l'infection du VHB via deux
mécanismes. Il a un effet antiviral direct et rapide en inhibant les ARN
viraux et en activant des enzymes ayant une activité antivirale, la
2'5'oligoadénylate synthétase et une protéine kinase.
La 2'5'oligoadénylate synthétase
polymérise 3 à 5 molécules d'ATP par une liaison 2'-5'.
Les oligonucléotides ainsi formés vont activer une RNase, qui va
fragmenter les ARN messagers du virus. De plus, l'IFN a augmente
l'efficacité de la réponse immunitaire vis-à-vis des
cellules hépatiques infectées, en augmentant l'expression des
antigènes d'histocompatibilité de classe I. Il stimule
également l'activité des lymphocytes T helpers et des cellules NK
(Naturel Killer). La destruction des cellules hépatiques
infectées, lors d'un traitement à l'interféron a, conduit
donc à une libération du contenu cellulaire dans la circulation,
d'où un pic du taux plasmatique des transaminases (David et Smuth,
2004).
4.1.2. L'interféron
pégylé
Il existe actuellement deux types d'IFN pégylés
: IFN pégylé a-2a et IFN pégylé a-2b. Il s'agit
d'IFN alpha auxquels on a attaché un groupement
polyéthylène glycol permettant d'allonger la demi-vie de la
molécule. En effet, cette modification chimique augmente le poids
moléculaire de la molécule, diminuant ainsi sa clairance
rénale. Cette pégylation de l'IFN alpha a également
optimisé sa pharmacocinétique et a permis de rendre son
administration hebdomadaire. L'activité antivirale de l'IFN
pégylé est identique à celle de l'IFN a.
Une réponse prolongée et durable après
l'arrêt du traitement par l'interféron n'est observée que
chez 30% des patients en moyenne (Dusheiko et Antonakopoulos, 2007).
4.1.3. La lamivudine
La lamivudine (29,39-dideoxy-39-thiacytidine) est un
L-nucléoside analogue de la didésoxycytidine. Elle inhibe la
polymérase du VHB par incorporation compétitive avec la
didésoxycytidine. Lors d'un traitement à la lamivudine, par
administration quotidienne de 100 mg, le taux sérique d'ADN du VHB chute
considérablement, jusqu'à devenir indétectable dans
certains cas. Cependant, dès l'arrêt du traitement, le taux
revient rapidement à ses valeurs pré
thérapeutiques. Le problème réside dans
le mode d'action de cette molécule. En effet, la lamivudine inhibe la
polymérase mais n'a pas d'action sur la formation initiale d'ADN super
enroulé et le maintien du pool de cet ADN dans les hépatocytes
(Dusheiko et Antonakopoulos, 2007).
4.1.4. L'adéfovir dipivoxil
L'adéfovir, ou PMEA
(9-(2-phosphonylméthoxyéthyl) adénine), appartient
à une famille de drogues antivirales récentes, les phosphonates
de nucléosides acycliques. La forme active diphosphorylée de
l'adéfovir inhibe les virus à ADN et certains rétrovirus.
Le PMEApp, le métabolite actif du PMEA, est un inhibiteur
compétitif du désoxy-ATP, substrat naturel de la
polymérase du VHB. Le PMEApp inhibe également les
polymérases de VHB mutants résistants à la lamivudine ou
au famciclovir (Dusheiko et Antonakopoulos, 2007).
4.1.5. L'entécavir
L'entécavir est un analogue de la cyclopentylguanosine
et inhibe spécifiquement la polymérase du VHB. L'entécavir
a montré son efficacité dans les cas de résistances du
virus VHB à la lamivudine mais cette efficacité est partielle et
nécessite une forte dose de la molécule (David et Smuth,
2004).
4.1.6. Les autres Analogues nucléosidiques et
Inhibiteurs de la polymérase
virale.
Telbivudine Il s'agit d'un L-nucléoside analogue de la
thymidine, qui inhibe spécifiquement l'activité de la
polymérase du VHB.
· Le ténofovir est une molécule proche de
l'adéfovir, c'est un analogue de la didésoxyadénosine. Il
inhibe la polymérase du VHB et du VIH, même dans les formes
résistantes à la lamivudine. L'efficacité du
ténofovir a été démontrée chez des sujets
co-infectés VIHVHB.
· ARA-AMP l'arabinoside adénine monophosphate,
est un analogue de l'adénosine et inhibe également
l'activité de l'ADN polymérase du VHB. Mais, ce composé
étant peu sélectif de l'ADN polymérase virale, il s'est
révélé très toxique (Vochelle et
al.,2007).
D'autres molécules sont en cours d'évaluation
clinique, on peut citer l'emtricitabine (structure proche de la lamivudine), la
clévudine (analogue de pyrimidine), l'elvucitabine et la thymosine.