3. Evolution des paramètres biologiques et
biochimiques.
Cadre d'étude.
Le suivi des paramètres biologiques s'est
déroulé dans un centre spécialisé en
phytothérapie CPHYSAM pour les patients de la ville de Lomé et au
centre hospitalier préfectoral de Kpalimé pour les patients de la
ville de Kpalimé. L'étude de Rajkumar et al. en 2007
s'est déroulée dans les hôpitaux de Chennai, Tamilnadu en
Inde, de même que l'Essai clinique de Kéita en 1995 s'est
déroulé à l'hôpital de Bamako au Mali. Nous avons
mené une étude prospective en 3 mois puis le contrôle des
paramètres biologiques en 4 mois ce qui explique en partie la taille
réduit de notre échantillon. Contrairement les travaux de
Rajkumar et al. en 2007 ont enrôlé pour une durée
de 10 mois 25 patients, et ceux de Keita en 1995 qui sur une période de
1 an ont enrôlés 47 patients. Par ailleurs notre étude non
subventionnée est limitée. Elle ne pouvait prendre en charge
qu'un effectif réduit de patients pour les explorations biologiques.
Caractéristiques du Phytomédicament
Tobacoak's
Tobacoak's a fait l'objet d'étude in vitro sur
sa cytotoxicité, sur ses propriétés antimicrobiennes et
antivirales (de Souza et al., 1998) et sur le coeur isolé, le
duodénum, la respiration et la pression artérielle chez le lapin
(Okou-obou et Guede-Guina, 1999). Dans l'étude de Rajkumar et
al. en 2007 sur les capsules HD-03/ES indiquées contre
l'hépatite B chronique active et élaborées à partir
de plantes médicinales de l'Inde. Sur HD-03/ES il a été
réalisé des tests de toxicité aiguë et subaiguë
ainsi que les tests d'activités antivirales. Pour l'étude de
Kéita en 1995, les extraits de Desmodium adscendens ont fait
l'objet de test de toxicité aiguë chez le rat, test
hépato-protecteur et le test de micronoyau sur la souris. Notre
série comporte 4 malades et un témoin contrairement à
l'étude de Rajkumar et al en 2007 qui ne comporte pas de
témoin. Mais en ce qui concerne les malades les deux études ont
distinctement sélectionné les patients atteints d'une
hépatite B chronique active sans antécédent d'une
co-infection virale et dont les limites d'âge sont comprises entre 18 et
60 ans.
On peut également souligner que les deux études
ont éliminé les cas de complications cardio-vasculaires et
rénales, les troubles mentaux et les personnes sous un autre antiviral.
Comme lors des études de Rajkumar et al. en 2007 et de
Kéita en 1995, un dosage mensuel du taux des transaminases (ASAT, ALAT)
et de la bilirubine dans les sérums des patients a été
effectué. Le dosage de la créatinine a
été aussi réalisé pour évaluer la
toxicité des phytomédicaments sur le rein.
Les transaminases ALAT et ASAT
Le but du traitement de l'hépatite chronique active est
la normalisation des transaminases, l'arrêt de la réplication
virale et le rétablissement du foie du point de vue histologique (David
et Smuth, 2004). En ce qui concerne la normalisation des transaminases, signe
qui marque l'arrêt de la cytolyse, nous pouvons dire que le but est
atteint. Car nous pouvons constater qu'après deux mois, trois patients
sur les quatre ont eu la normalisation de leurs transaminases sériques
c'est-à-dire un taux en transaminases ALAT et ASAT inférieur
à 41 UI/L. Les transaminases ALAT sont passées de 71.8#177; 25.36
UI/L à 31.8#177;10.28 UI/L après les 4 mois. Les
phytomédicaments ont donc eu un effet positif sur le
rétablissement général du foie. Chez le patient n°2,
on note qu'après la baisse des transaminases au deuxième mois une
hausse est survenue au troisième et au quatrième mois. On
pourrait penser dans ce cas que le traitement n'est pas encore arrivé
à bloquer totalement la cytolyse hépatique. Seul un dosage de la
charge virale pourra nous permettre de tirer des conclusions plus
précises sur l'effet des phytomédicaments sur ce patient.
L'étude de Keita au Mali sur les 47 cas
d'hépatite chronique a connu la normalisation des transaminases
sériques chez 22 patients après 45 jours de traitement. Dans
l'étude de Rajkumar et al. en 2007 nous avons constaté
également la normalisation des transaminases sériques dans 14 cas
sur 25 patients. Dans cette étude la teneur en transaminases ALAT passe
de 66.5 #177; 11.1UI/L à 39.1 #177; 5.2UI/L en 6 mois.
Dans les travaux publiés par Dusheiko et Antonakopoulos
en 2007, il a été reporté qu'un essai thérapeutique
à la lamivudine sur 60 patients a connu la normalisation des
transaminases de 56% des patients après un an de traitement.
La normalisation des transaminases est une étape
importante vers la guérison. Elle est suivie d'abord d'une importante
baisse de la charge virale et parfois de l'absence de détection des
antigènes HBe, HBs. On peut constater que dans notre étude elle
est survenue dans un délai de deux mois. Ce délai est plus court
comparé à celui reporté lors des essais de Rajkumar et
al. en 2007 et de Dusheiko et Antonakopoulos en 2007 mais plus long
que celui de l'étude de Keita en 1995 qui est de 45 jours.
Evolution de la bilirubine conjuguée
Au cours de notre étude nous avons constaté une
diminution de la teneur des sérums en bilirubine conjuguée de
4.68#177; 0.96 mg/l à 2.68#177; 0.63 mg/l après les 4 mois de
traitement. Comme dans l'étude de Kéita en 1995 et dans
l'étude de Rajkumar et al. en 2007, la
diminution de la teneur en bilirubine conjuguée marque
la fin de l'ictère chez le patient. Au cours des hépatites
virales la bilirubine conjuguée reflux dans le sang (Odou, 2006). Dans
l'étude de Rajkumar et al. en 2007, la teneur en bilirubine
conjuguée passe de 1.3 #177; 0.6mg/l à 1.2 #177; 0.5mg/l en
quatre mois de traitement et de 1.2 #177; 0.5mg/l à 1.1 #177; 0.5mg/l en
six mois de traitement.
Evolution de la teneur en créatinine
La concentration de la créatinine dans le sang
dépend de la capacité d'élimination du rein et de la masse
musculaire. Son évaluation permet d'apprécier un
dysfonctionnement de la filtration rénale. Au cours de notre
étude nous avons constaté une variation de la teneur en
créatinine de 8.8#177;0.96 mg/l à 9#177;1.2 mg/l après 4
mois. Ces taux restent nettement inférieurs à 13 mg/l chez tous
les patients. Ces résultats ne montrent aucun dysfonctionnement des
reins suite à l'administration des phytomédicaments sur la
période de 4 mois. Par contre, l'essai de Hadziyannis et al. en
2006 sur les patients d'hépatite B chronique évoque une
augmentation significative de la teneur en créatinine chez 3% des
patients au cours d'un essai thérapeutique randomisé à
l'Adénovir dipivoxil sur 186 patients.
L'antigène HBe
Après 4 mois de traitement l'antigène HBe a
été retrouvé chez les patients n°5 et n°2 ceci
montre que le virus demeure actif. Par contre chez le patient n°4, on note
la disparition de l'antigène HBe ceci pourrait être dû
à l'arrêt de la réplication du virus. L'antigène HBe
étant l'antigène caractérisant la réplication
virale. Chez le patient n°3 on note l'absence de l'antigène HBe en
début de traitement nous pourrions penser qu'il s'agit d'un cas
d'hépatite B chronique active à antigène HBe
négatif.
L'antigène HBs
L'antigène HBs a été retrouvé chez
tous les patients après les quatre mois de traitement. Ce
résultat était prévisible quelque soit l'efficacité
du traitement on ne pourrait s'attendre à une disparition de
l'antigène de surface du virus en 4 mois. Dans le traitement de
l'hépatite chronique active. On définit la réponse
virologique complète comme l'absence soutenue de l'AgHBs. Cela se
produit chez une minorité de patients après quelques
années. On doit donc recourir à d'autres critères pour
définir la réussite du traitement (réponse virologique
partielle). Ces critères sont :
- Normalisation des transaminases sériques ;
- Séroconversion AgHBe (statut AgHBe positif à
statut anti-HBe positif) ;
- Réduction marquée de l'ADN du VHB avec la charge
virale du VHB inférieure à 105 copies/ml (Thomson et
al., 2005).
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