Deuxième Partie : Présentation et
interprétation des résultats
Chapitre I : Présentation des
résultats
I- Les résultats de l'étude
documentaire
La recherche d'informations nous a permis d'avoir des articles
de journaux de Fraternité Matin sur le discours de M. BEDIE lors de la
cérémonie du prix national de la famille en 1997, des documents
sur la Quatrième Conférence Mondiale sur les Femmes à
Beijing en 1995 au Ministère de la Famille, de la Femme et des Affaires
Sociales, des travaux de certains chercheurs à l'Université de
Cocody.
II- Les résultats de l'étude
qualitative
Depuis la proclamation de l'année Internationale de la
Femme en 1975, la Côte d'Ivoire s'est engagée à traduire
dans les faits, les recommandations des Nations Unies visant à
promouvoir le rôle de la femme dans tous les secteurs de
développement. Cela s'est caractérisé par la
création en 1976 du premier Ministère de la Condition de la Femme
dont la mission était de coordonner les interventions de promotion de la
femme, d'assurer la mise en oeuvre et le suivi de la politique du gouvernement
dans le domaine de la protection de la famille, de la femme et de l'enfant.
Par ailleurs, suite à sa participation à la
Quatrième Conférence Mondiale sur les Femmes ( Beijing en 1995),
et l'adoption de la Convention sur l'Elimination de toutes les formes de
Discrimination à l'Egard des Femmes (CEDEF en 1995) ainsi que les
Objectifs du Millénaire pour le Développement, (2000), la
Côte d'Ivoire s'est de nouveau engagée à assurer
l'Egalité entre les sexes et la participation des femmes et des hommes
à tous les niveaux de prise de décisions.
La création de la Direction de l'Egalité et de
la Promotion du Genre (DEPG) au Ministère de la Famille et des Affaires
Sociales s'inscrit pleinement dans le cadre de cette volonté politique,
impulsée par le gouvernement, afin de disposer d'un cadre institutionnel
propice à la promotion de l'Egalité et de l'Equité entre
les sexes.
Selon Madame YAO Euphrasie, Directrice de l'Egalité et
de la Promotion du Genre (DEPG), sa structure est une Direction
d'Administration Centrale, régie par le décret No 2006-41 du 15
mars 2006 portant organisation du Ministère de la Famille et des
Affaires Sociales. Son financement est assuré par une subvention de
l'Etat de Côte d'Ivoire et les contributions des partenaires au
développement.
La DEPG a pour missions de :
Ø Veiller au respect de l'Equité et de
l'Egalité entre les hommes et les femmes ;
Ø Elaborer le document de Politique Nationale
Genre ;
Ø Suivre et évaluer la mise en oeuvre des
engagements pris par la Côte d'Ivoire au plan international en
matière d'Equité et d'Egalité entre les sexes.
Les actions menées:
Promotion de l'éducation de la fille ;
Inscription des filles au CP1 ;
Réduction des inégalités entre les femmes
et les hommes ;
La promotion des filles dans les filières
scientifiques ;
Institution des cantines scolaires à travers le service
de cantines scolaires au sein du Ministère de l'Education Nationale
depuis 1997 ;
Ø Aménagement de foyers pour les filles (un
foyer par sous-préfecture),
Ø Intégration des handicapés en
aménageant des espaces appropriés dans les
écoles ;
Ø Mise en oeuvre des mesures incitatives ;
Ø Redynamisation de l'environnement socioculturel de
l'école et mise en place de fonds de soutien.
Ses perspectives sont les suivantes :
Ø Installer et suivre les activités des cellules
sectorielles Genres dans toutes les structures actives et dans tous les
secteurs d'activité au plan national ;
Ø Instaurer l'Egalité des sexes à tous
les niveaux ;
Ø Faire le plaidoyer auprès des
décideurs ;
Ø Sensibiliser les décideurs, les ONG, les
populations, les communautés ;
Ø Organiser des séminaires, des
conférences, des causeries sur l'Egalité entre les Femmes et les
Hommes ;
Ø L'élimination des stéréotypes
(préjugés) avec comme impact les croyances sexistes sur les
relations liées au genre ;
Ø Révision du contenu des manuels en y
intégrant les notions du genre ;
Ø Former en genre les planificateurs, les enseignants
et les concepteurs de manuels scolaires.
III- Les résultats de l'étude
quantitative
Critères d'identification
Tableau n°1 : Répartition des filles
enquêtées selon l'âge
Variables
|
Fréquences
|
%
|
14 ans
|
8
|
8
|
15 ans
|
12
|
12
|
16 ans
|
21
|
21
|
17 ans
|
57
|
57
|
18 ans
|
1
|
1
|
19 ans
|
1
|
1
|
Total
|
100
|
100%
|
Source: Données compilées
à partir des résultats de l'enquête
L'objectif de cette enquête est d'identifier les raisons
liées à la déscolarisation des filles et les orienter par
la communication sur les autres créneaux porteurs d'avenir.
Sur un échantillon de cent (100) filles
enquêtées, 57% d'entre elles ont un âge de 17 ans, 21% ont
16 ans et 12% ont 15 ans. Ces résultats montrent que les filles les plus
touchées par le phénomène ont leur âge compris entre
15 ans et 17 ans. Celles qui ont 8 ans et 19 ans, sont les moins
affectées, peut être les plus suivies par les parents d'une part
et d'autre part ont pris une certaine conscience de leur avenir (Confère
tableau 1).
Situation sociale des filles
déscolarisées
Pour connaître les facteurs relatifs à la
déscolarisation des filles, l'étude a fait ressortir la situation
familiale des enquêtées. Les résultats obtenus de
l'enquête font état de la situation selon le type parental. En
effet, le graphique 2 ci-dessous permet de noter que 41% des filles
enquêtées vivent avec leurs parents biologiques, 39% avec des
membres de famille, 13% avec l'un/des ami(s) de la famille et le reste 7% des
filles avec la mention autres. Ces résultats amènent à
faire une hypothèse selon laquelle, la déscolarisation pourrait
provenir du fait que près de 59% des filles ne vivent pas avec leurs
parents biologiques.
Situation professionnelle des parents
Le graphique 3 illustre la répartition des
enquêtées selon que leurs parents travaillent ou non. Les
résultats obtenus montrent que sur les cent (100) personnes
enquêtées, seules 41% ont répondu que leurs parents
travaillent alors que les 59% ont leurs parents qui ne travaillent pas (Voir
graphique 3).
Sur les cent (100) personnes interrogées par rapport
à la profession du père ; il y a 31% qui ont répondu
à cette question. Cependant, 65% de celles qui ont répondu,
affirment avoir leurs pères salariés alors que 35% affirment
avoir des pères exerçant une profession libérale.
De manière analogue, 29% des enquêtés ont
répondu à la même question par rapport à la
profession de leur mère et ont confirmé avoir 24% des
mères salariées et 76% exerçant des professions
libérales.
Le Parcours scolaire des filles
déscolarisées
L'étude a aussi pour objectif de connaître le
niveau d'éducation des déscolarisées. Ainsi, il ressort
des résultats de l'enquête que 53% des enquêtées se
sont arrêtées au niveau primaire, 31% au niveau du collège
et 16% au niveau du lycée. Le graphique 5 illustre l'analyse
précédente.
Suivant la répartition selon l'âge au primaire,
il faut noter que la plupart des enquêtées avaient leur âge
compris entre 6 ans et 7 ans soit respectivement 38% et 33%. Toutefois, on
assiste également à des enquêtées qui avaient 5 ans
et 8 ans soit respectivement 19% et 6%. Mais, l'âge minimum est de 4 ans
et le maximum est de 9 ans.
Pour ce qui concerne le niveau collège, le graphique 7
montre bien que les enquêtées sont dans la tranche d'âge
comprise entre 11 ans et 15 ans. Mais, les plus grands nombres sont celles
ayant 12 ans et 13 ans avec comme pourcentage 35% et 32%.
Par rapport à celles du lycée, les
résultats de l'enquête montrent que, seuls 15 % ont répondu
avoir atteint le lycée et que 47% ont 16 ans, 27% ont 17 ans. Celles de
18 ans ne sont que 20% et plus celles de 19 ans font 6%.
Tableau n°2 : Répartition des
enquêtées du lycée suivant leur âge
Variables
|
Fréquences
|
Pourcentage
|
16 ans
|
7
|
47
|
17 ans
|
4
|
27
|
18 ans
|
3
|
20
|
19 ans
|
1
|
6
|
Source: Données compilées
à partir des résultats de l'enquête
47% des filles ayant 16 ans ont atteint le niveau du
lycée c'es-à-dire le second cycle.
Tableau n°3 : Répartition des
enquêtées selon qu'elles ont connu l'échec ou
non.
Variables
|
Fréquences
|
%
|
Oui
|
68
|
68
|
Non
|
32
|
32
|
Total
|
100
|
100%
|
Source: Données compilées
à partir des résultats de l'enquête
Ici, il y a seulement 24% qui ont répondu à la
question. Ainsi, les résultats sont relatifs par rapport à cet
effectif des répondants.
Après avoir identifié le niveau atteint par les
enquêtées, il est nécessaire de connaître les raisons
fondamentales qui seraient liées à la déscolarisation des
filles. Dans cette perspective, les résultats de l'enquête ont
révélé que près de 68% des enquêtées
ont reconnu avoir redoublé quand elles étaient à
l'école contre 32% qui n'ont pas connu d'échec.
A la suite des réponses à cette question, une
analyse est faite par rapport au taux de redoublement selon le niveau
d'étude. Les graphiques ci-dessous illustrent les résultats
obtenus à partir des résultats de l'enquête.
Les résultats du graphique 8 ont été
calculés à partir de 58% des répondants à cette
question.
Tableau n°4 : Qualification des
résultats scolaires selon les enquêtées
Variables
|
Très faibles/ faibles
|
Moyens
|
Bons/très bons
|
Primaire
|
27
|
46
|
25
|
Collège
|
11
|
24
|
10
|
Lycée
|
4
|
7
|
2
|
Source: Données compilées
à partir des résultats de l'enquête
Pour bien comprendre les raisons relatives au redoublement et
les facteurs qui ont contribué à ces échecs, les
enquêtées ont expliqué ou donné leur point de vue
à propos de leurs résultats scolaires.
Il ressort des résultats que celles qui se sont
arrêtées au primaire, 27% ont affirmé avoir des
résultats Très faibles/ faibles, 46% des résultats moyens
et 25% ont affirmé avoir des résultats bons/très bons.
Quant à celles qui ont atteint le collège, 11% affirment avoir
des résultats Très faibles/ faibles, 24% des résultats
moyens et 10% ont affirmé avoir des résultats bons/très
bons. Enfin, celles du lycée, ont déclaré que 4% ont eu
des résultats Très faibles/ faibles, 7% des résultats
moyens et 2% ont affirmé avoir des résultats bons/très
bons.
Tableau n°5 : Pourcentage des filles ayant
répondu par rapport aux difficultés scolaires
Variables
|
Oui
|
Non
|
Total
|
Primaire
|
74
|
26
|
100
|
Collège
|
83
|
17
|
100
|
Lycée
|
92
|
8
|
100
|
Source: Données compilées
à partir des résultats de l'enquête
En ce qui concerne les difficultés scolaires, les
résultats obtenus confirment apparemment la même tendance. Ainsi,
74% de celles qui ont atteint le niveau primaire affirment avoir
rencontré des difficultés au cours de leur cursus contre 26%.
Pour celles du collège, 83% ont affirmé avoir rencontré
des difficultés. Quant aux du lycée, presque tout le monde
affirme avoir rencontré des difficultés soit 92%.
Facteurs expliquant les difficultés scolaires
des filles
Le graphique 11 ci-dessous illustre les résultats
obtenus par cette question des facteurs explicatifs des difficultés
scolaires. Celui relatif aux difficultés au sein de
l'établissement. Les facteurs ci-après : apprentissages
scolaires, rythme scolaire trop rapide, travail scolaire demandé et
résultats insuffisants ont été ceux évoqués
par les filles qui se sont arrêtées au niveau primaire avec
respectivement comme pourcentage 28%, 15%, 11% et 17%.
Les facteurs comme : apprentissages scolaires,
résultats insuffisants et relation avec les enseignants sont ceux qui
expliquent mieux les difficultés scolaires pour celles du niveau
collège et du lycée (confère annexe n°1).
En ce qui concerne les facteurs hors de
l'établissement, on constate que : les problèmes familiaux
(décès, divorce) viennent en tête, les problèmes de
logement dus à une famille trop nombreuse et raisons de santé
viennent en deuxième position et entre autre aussi, la mobilité
géographique et les difficultés sociales (confère annexe
n°2).
Après identification des facteurs faisant partir des
raisons de leurs difficultés scolaires, les enquêtées ont
fait remarquer que les difficultés étaient plus prononcées
au primaire qu'aux autres niveaux d'enseignement. Ainsi, 60% ont
révélé avoir plus de difficultés au primaire, 30%
au collège et 10% au lycée. Ces résultats permettent de
noter que la majeure partie abandonnerait l'école déjà
à ce niveau.
Motifs liés aux absences à
l'école
Au regard des analyses
précédentes, l'enquête a permis aussi de connaître
les motifs qui pourraient expliquer les raisons de l'absence à
l'école. Le manque de motivation et les problèmes financiers ont
été les motifs les plus importants. Certaines ont fait remarquer
aussi que l'éloignement géographique, la peur de se faire
disputer par l'enseignant et les contrôles continus ont été
aussi des motifs qui justifieraient leur absence à l'école (voir
graphique 14).
Evolution du taux de déscolarisation
L'enquêté a permis de relever les
différentes années de déscolarisation et les pourcentages
associés. Le graphique 15 illustre bien la tendance prise par le taux de
déscolarisation. Ainsi, en 2008 il a atteint son pic avec un taux de
20%. Ce taux a été de 3% en 1999 pour atteindre son premier pic
soit 11% en 2002. En 2003, on assiste à une baisse de 6% avant que la
pente ne reprenne son allure du début. (Confère annexe
n°4).
Cette évolution rapide serait liée à un
certain nombre de facteurs tels que : le manque de motivation et les
problèmes financiers ont été les facteurs les plus
soulevés soient respectivement 49% et 41%. Les problèmes de
santé, les problèmes familiaux (décès, divorce) et
les grossesses non désirées ont été les facteurs
secondaires soient respectivement 13%, et 10% (Confère Annexe
n°5).
Les structures de financement
Pour palier ce problème de déscolarisation qui
frappe les filles, une question a été adressée aux
enquêtées pour savoir si elles connaissent des structures de
financement pouvant leur venir en aide. Des résultats de
l'enquêtée, il en découle que seul 8% ont répondu
avoir connu ces structures contre 92% qui n'ont pas l'information (Voir tableau
ci-dessous).
Tableau n°5 : Pourcentage des filles
répondant à la connaissance des structures de
financement
Variables
|
Fréquences
|
%
|
Oui
|
8
|
8
|
Non
|
92
|
92
|
Total
|
100
|
100%
|
Source: Données compilées
à partir des résultats de l'enquête
Les actions de l'Etat par rapport à l'insertion
socioprofessionnelle
Tableau n°6: Résultats des Opinions sur
les actions de l'Etat sur l'insertion socioprofessionnelle
Variables
|
Fréquences
|
%
|
Actions sans impact
|
87
|
87
|
Actions salutaires
|
7
|
7
|
Ne sait pas
|
6
|
6
|
Total
|
100
|
100%
|
Source: Données compilées
à partir des résultats de l'enquête
En ce qui concerne l'insertion socioprofessionnelle de ces
filles, 87% ont dit que les actions de l'Etat sont sans impact. Par contre, 7%
ont affirmé que les actions sont salutaires et 6% n'ont pas du tout des
informations sur ce que l'Etat fait pour leur insertion
socioprofessionnelle.
Actions de sensibilisation
Tableau n°7: Résultats des actions de
sensibilisation de l'Etat
Variables
|
Fréquences
|
%
|
Oui
|
11
|
11
|
Non
|
89
|
89
|
Total
|
100
|
100%
|
Source: Données compilées
à partir des résultats de l'enquête
Cette partie de l'analyse consiste à faire un
état des lieux du phénomène et ses corollaires. A ce
niveau, il est revenu de noter que bon nombre des déscolarisées
n'ont pas d'autres issues ; puisqu'elles n'ont pas connaissance de actions
menées en leur faveur. Dans ce sens, il leur a été
demandé si elles ont été soumises à des actions de
sensibilisation de la part de l'Etat. Il ressort des résultats que seul,
11% ont été sensibilisé aux actions de l'Etat.
Par la suite, les répondants à cette question
ont fait comprendre que les actions de sensibilisation ne portaient que sur le
VIH/Sida, le planning familial et les grossesses à risques. Le graphique
16 illustre les réponses données par les
enquêtées.
Les actions menées par la mairie
d'Abobo
Tableau n°8 : Résultats des
enquêtées à propos des actions de la mairie
d'Abobo
Variables
|
Fréquences
|
%
|
Sensibilisation
|
1
|
10
|
Aucune action de la mairie
|
90
|
90
|
Total
|
100
|
100%
|
Source: Données compilées
à partir des résultats de l'enquête
Dans la poursuite de l'analyse, l'étude a voulu faire
ressortir l'implication de la mairie en tant que relais de l'autorité
centrale. Dans ce cadre, les enquêtées ont
révélé l'absence totale de la mairie d'Abobo dans la lutte
contre la déscolarisation et les actions à mener pour sortir
celles qui sont dans cette situation. En se référant au tableau
n°8 ci-dessous, il ressort des résultats que l'implication de la
mairie n'est pas bien connue, car à peu près 10% ont avoué
que la mairie a mis en place des structures de sensibilisation pour aider
à acquérir une activité rémunératrice
(confère tableau n°8).
Solutions proposées pour aider les filles
déscolarisées
Tableau n°9 : Types de solutions
proposés selon les enquêtées
Variables
|
Fréquences
|
%
|
Financement d'activités
|
64
|
68
|
Formation professionnelle
|
10
|
10
|
Reprise des cours
|
13
|
14
|
Autres
|
8
|
8
|
Source: Données compilées
à partir des résultats de l'enquête
En se référant aux divers résultats
provenant de l'enquête, le constat étant que les filles
déscolarisées n'ont pas connaissance des structures auxquelles se
référer d'une part, et d'autre part elles n'ont pas les
informations adéquates pour réorienter leur vie. Pour
remédier à cette situation, un certain nombre de solutions ont
été proposées. Ainsi, 68% des enquêtées ont
souhaité qu'il soit mis en place des structures pour financer des
activités génératrices de revenus, 10% des structures pour
la formation professionnelle et 14% des structures pour aider à la
reprise des cours et 8% pour autres.
|