1.1.5. Croissance et Développement
Economique
On utilisera fréquemment les expressions croissance
économique et développement économique. Leurs
significations ne sont pas identiques.
L'expression croissance économique renvoie à
l'augmentation de la production (produit intérieur brut) par habitat, ou
du revenu (produit national brut) par habitat dans un pays17. Les
deux ne sont pas nécessairement identiques : certains des revenus
provenant de la production peuvent s'écouler vers l'étranger.
L'expression développement économique a deux
significations. L'on l'utilise pour désigner la croissance
économique à laquelle s'ajoute
17 HAGEN (Everett), Economique de
développement, Economica, Paris, 1982, col. Tendances actuelles,
p.11
l'amélioration de la répartition du
bien-être matériel à l'intérieur des pays à
bas revenu. Dans ce sens, elle implique une amélioration de
l'alimentation, des services de santé, et de l'éducation des
familles aux revenus les plus bas18.
On utilise aussi l'expression développement
économique, de façon plus technique, pour designer tous les
effets complexes de la croissance, voulus ou non, bénéfiques,
préjudiciables ou neutres : les transformations dans les types de biens
produits, les méthodes pour les produire, et la structure de l'emploi.
On l'utilise aussi pour désigner les transformations dans le taux de
croissance de la population, le commerce extérieur, et l'urbanisation,
etc.
1.1.5.1. Développement durable
L'expression développement durable est la traduction du
terme anglais « sustainable development » elle a été
définie pour la première fois de façon claire en 1987,
dans le rapport Brundtland de la commission de l'ONU sur
l'écodéveloppement. Sa définition la plus simple, celle du
rapport de Brundtland, est la suivante : « le développement durable
est un développement qui répond aux besoins du présent
sans compromettre la capacité des générations futures de
répondre aux leurs. ».19 Cette définition reste
peu opérationnelle car elle est trop large et s'appuie sur la notion de
besoins qui est à préciser.
Malgré le flou qui caractérise cette notion, au
sommet de la terre à Rio de Janeiro en 1992, le développement
soutenable est présenté comme un modèle. Il est
évoqué en termes de respect des hommes et de l'environnement et a
pour finalité l'autonomie alimentaire par la mise en valeur des
ressources locales.
18 Idem, p.12
19 VALLEE Annie, Economie de l'environnement,
éd. Seuil, Paris, 2002, p.41
Le développement soutenable est également
conçu comme une articulation entre développement agricole et
protection de l'environnement. Redclift et Olivier Godard vont
plus loin dans l'analyse de cette notion. Pour ce dernier, le
développement durable s'est imposé comme un des objectifs de la
communauté internationale pour concilier le développement
économique et la protection de l'environnement planétaire.
Cependant, dit-il, la notion en soi est incertaine et vise à nommer un
défi plus qu'elle n'ordonne des actions à
entreprendre20. Pour Godard le développement durable
assumerait trois fonctions institutionnelles : décloisonner les
analyses, intégrer l'environnement dans une perspective de
développement économique, lier l'environnement et les relations
Nord/Sud.
Jean-Pierre Bertrand s'accorde avec les
auteurs précédents pour dire que la notion de soutenable est un
compromis entre intérêts socioéconomiques et les
intérêts socio-écologiques. Mais en agriculture, ce
compromis qui s'inscrit sur une longue durée, porte l'idée de se
donner du temps pour une solution plus globale face à la crise
agricole21.
Ces auteurs attirent par ailleurs notre attention sur la
polysémie du terme « soutenable ou durable » : on ne sait pas
très bien ce qu'il recouvre néanmoins il est utilisé par
les scientifiques et par le grand public en général.
Mais la notion de durable est également
assimilée à « reproductible ». Une agriculture durable
serait ainsi en rapport avec la possibilité de reproduction des
exploitations et des formes sociales de production. Le cas
échéant, des exploitations agricoles à caractère
intensif peuvent y figurer pourvu qu'elles assurent leur viabilité.
Ainsi, le développement soutenable autoriserait aussi la
perpétuation d'une forme de productivisme violé par une :
20 GODARD (Olivier), Le développement durable :
paysage intellectuel in Nature, sciences et sociétés,
vol.2, Paris, p.330
21 BERTRAND(Jean-Pierre) et GUILERMO HILLCOAT, Op.cit,
p. 101
idéologie de l'environnement qui recours à
l'éthique, à la morale, pour valoriser et défendre la
compétitivité, pour légitimer l'assistance.
Pour s'accorder avec les auteurs précédents,
nous définissons le développement durable comme celle qui assure
à la fois la rentabilité et la qualité des produits, des
paysages, de l'environnement physique et social, autrement dit un
développement qui viendrait combler les failles du modèle de
développement intensif.
1.1.5.2. Sous-développement
C'est une économie qui a comme caractéristique
principale ; insuffisance d'infrastructures économiques, de moyen de
transport, de formation, d'éducation de la population moyenne,
économie insuffisamment industrialisée où l'agriculture
est le seul secteur le plus dominant de la vie économique, etc.
Selon l'expression de François
Perroux, le sous-développement est le blocage de la croissance
qui résulte de la domination des pays
développés22. Le sous-développement des uns
serait alors la conséquence du développement des autres.
Plusieurs manifestations de ce processus sont ainsi mises en
avant :
1° L'échange inégal qui maintient les pays
en dével oppement dans la production de produits de base (d'origine
agricole et minière) et les condamne à servir de
débouchés aux produits manufacturés des pays
industrialisés ;
2° Le développement des cultures d'exportation
rése rvées aux marchés étrangers (coton,
café, bois, tabac) aux dépens des cultures vivrières
permettant d'améliorer le niveau de subsistance des populations ;
22 NYEMBO SHABANI, Op.cit.
3° La dégradation des termes de l'échange
qui appau vrit les pays en voies de développement puisqu'ils
achètent de plus en plus cher des produits étrangers alors que
les prix des produits qu'ils exportent eux-mêmes diminuent ;
4° Le développement du dualisme économique
et socia l, c'est-à-dire la coupure, la fragmentation des structures
économiques et sociales en deux groupes séparés
(opposition entre un secteur moderne et un secteur traditionnel dans
l'agriculture comme dans l'industrie ; opposition entre les villes et les
campagnes, etc.).
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