Section 3 : Etat de la sécurité
alimentaire
D'une façon générale la
sécurité alimentaire peut être assurée de deux
façons : par l'accroissement de la production intérieure, d'une
part et par celle des importations et d'aides, d'autre part.
S'agissant du premier point, de nombreux pays du Sud n'ont pu
remplir leur obligation de sécurité alimentaire, car ils ont
connu tout au long des années 1990, une baisse de la production agricole
par tête, en raison des aléas climatiques et de l'existence de
conflits, auxquels se sont ajoutés les effets des mesures de
libéralisation des échanges.
En ce qui concerne le second point, les pays en
développement ont, pendant les années 1990, fortement accru leurs
importations de denrées alimentaires : 5,6% par an pour l'ensemble des
pays en développement et 6,9% par an pour les pays à faible
revenu et à déficit vivrier.
Il résulte de cette évolution que la position
traditionnelle d'excédent agricole des pays en développement
s'est contractée à partir du début des années 1990
et que, durant la plus grande partie de la dernière décennie, les
importations et les exportations de ces pays se sont quasi
équilibrées.
Quant à la RDC, les études récentes ont
révélé qu'en 2003, 73% de la population de la RDC
souffrait de l'insécurité alimentaire90. En 2008, un
rapport d'évaluation de la vulnérabilité dans les
provinces publié par la FAO a montré une amélioration
considérable. La production agricole en RDC a affiché une
diminution pendant des décennies. Cette diminution est estimée
à
90 TOLLENS, Op. Cit, p.12
-20%,-12% et -6% respectivement pour les
céréales, les racines et tubercules et les légumes.
Le déclin le plus frappant est celui du manioc, un
aliment de base qui occupe 50% des terres cultivables et qui représente
70 à 80% de la consommation alimentaire pour la majorité des
habitants des zones rurales en raison de la prévalence des parasites,
des maladies et le manque de production en raison de conflit civil qui dure
depuis 14 années.
Une tendance similaire est signalée dans le secteur de
la pêche, qui a enregistré une diminution de 25% à 60%.
Avec un baisse moyenne de près de 45%. Le potentiel annuel de la
pêche est estimé à 707.000 tonnes. Les éleveurs des
régions du Nord Kivu, Sud Kivu, Ituri, Tanganyika, Nord Katanga et
Bandundu ont perdu entre 80 et 100% de leur bétail.
L'insécurité générale qu'a connue
la RDC depuis 1996, et avant les élections démocratiques de 2006,
a provoqué l'abandon des activités agricoles et commerciales, ce
qui a donné lieu à une carence grave des denrées
alimentaires.
3.1. Disponibilité alimentaire
Le niveau de la production interne est en grande partie
inconnu. Les statistiques sur la production en RDC préparées par
le Service National des Statistiques Agricoles (SNSA) ne sont pas en fait
faibles. La dernière enquête agricole importante dans les
provinces date de 1996/1997. On remarque que, depuis 1996 la production
agricole décline dans toutes les provinces et cette situation est
intenable. Le Ministère de l'Agriculture et du Développement
Rural (MINAGRI a présenté les déficits de la production
interne comme suit : il y a un déficit de 51% pour le manioc, 7% pour le
riz, 35% pour le maïs et 45% pour le haricot sec)91.
91 MINAGRI, Rapport sur l'état de l'agriculture
dans les provinces, Kinshasa, 2008, p.12
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