La reformulation Rawlsienne des principes de la justice( Télécharger le fichier original )par Pénéloppe Natacha MAVOUNGOU Institut catholique de Toulouse - Master 2 de philosophie 2011 |
Section 2- La priorité au sein du deuxième principe de la justice.Rawls affirme qu' « au sein du second principe de la justice, l'égalité équitable des chances a priorité sur le principe de différence »200(*). Ce dernier est« subordonné à la fois au premier principe de justice (le principe d'égale liberté) et au principe d'égalité équitable des chances. Il fonctionne en tandem avec ces deux principes prioritaires, et il doit toujours être appliqué dans le cadre d'un contexte constitutionnel dans lequel ces principes sont satisfaits »201(*). Ainsi, conformément à la définition qui a été donnée de la priorité lexicale, la démarche à suivre ici est de satisfaire d'abord l'égalité des chances avant de passer à la pratique du principe de différence. Et il est aussi important de constater que, pour John Rawls, cette priorité n'admet pas d'exception, ce qui signifie que même la plus grande satisfaction du principe de différence ne peut pas compenser la violation du principe d'égalité équitable des chances. Conclusion.Au terme de cette étude portant sur la reformulation et l'argumentation des principes de la justice comme équité, il nous paraît utile de rappeler l'idée essentielle de la deuxième partie de notre analyse, intitulée : Reformulation des principes de la justice comme équité. Alors que plusieurs lecteurs de Rawls lui adressent une critique vive, Rawls lui-même, de son côté, entreprend de reformuler ses principes en demeurant fidèle certes, à ses intuitions premières, mais aussi en s'ouvrant aux nouvelles intuitions de même qu'aux critiques. Ainsi, pour rendre cette idée de reformulation, il nous a paru nécessaire de partir de l'objet même de la justice qui est la structure de base, et de la méthode utilisée pour parvenir à un choix libre et équitable. D'où l'analyse de l'idée de position originelle liée avec le voile d'ignorance. Le deuxième grand apport a été celui de l'étude de la reformulation des principes de la justice, notamment le principe de l'égalité équitable des chances et le principe de différence. Par l'exposé du premier principe de justice, autrement appelé le principe d'égale liberté, nous avons saisi comment John Rawls comprend l'idée de liberté, notamment à travers ses points focaux, comme la liberté de pensée, la liberté de conscience et les libertés politiques. À cela, nous avons jugé nécessaire de joindre les autres questions des biens premiers sociaux, comme le respect de soi. En outre, au niveau du contenu, il a été démontré que de Théorie de la justice à La justice comme équité, certaines variations sémantiques sont intervenues. Ainsi donc par exemple, de « système le plus étendu de libertés de base », John Rawls est passé à « système pleinement adéquat des libertés de base égales pour tous », voulant ainsi signifier que les libertés de base et leurs priorités doivent s'organiser autour d'une institution qui prenne en compte les deux facultés propres aux individus, à savoir le sens de la justice et la conception du bien. Il montre ainsi qu'aucune liberté de base n'est absolue, alors qu'avec le « système le plus étendu de libertés », on avait l'impression qu'une liberté avait de la préséance sur les autres libertés. Aucune liberté n'étant absolue, les libertés doivent pouvoir s'ordonner au sein d'un même système. En ce qui concerne le deuxième principe de justice et, compte tenu de sa dimension double, il a été question, en premier lieu, de l'égalité équitable des chances en insistant sur la dimension équitable ajoutée par Rawls pour lui enlever son caractère formel. Néanmoins, l'essentiel de notre regard a été posé sur l'idée de mérite moral en montrant que Rawls ne rejette pas en bloc cette idée, mais insiste sur les attentes légitimes et le mérite institutionnel, ce dernier se réalisant dans les institutions publiques. En finir avec la méritocratie morale constitue l'un des marqueurs à l'aide desquels Rawls incite les plus avantagés que à la coopération sociale et à l'acceptation de la distribution. Il considère que les inégalités justifiées par le mérite sont des injustices. Chacun a droit à un avantage, peu importe son statut. Ainsi, en deuxième lieu, il nous a fallu aborder le principe de différence. L'essentiel de ce principe se résumant dans la maximisation des biens des plus désavantagés, nous avons souligné l'idée de réciprocité qui consiste à signifier l'importance de l'équité dans la théorie de la justice, principalement dans le principe de différence. Enfin, la priorité lexicale à l'intérieur des principes a été le point culminant de notre analyse : sans le respect de cette priorité, les principes de la justice ne peuvent être réalisés, parce que le respect de la liberté de l'individu est primordial, de même que, au sein du second principe, la réalisation du principe de différence est conditionnée par la satisfaction du principe de l'égalité équitable des chances. * 200 John Rawls, La justice comme équité, op. cit., p. 70. * 201 Ibid, p. 93. |
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