b) Démarche politique des Citoyens du monde :
Nous pouvons dire que la démarche politique des
Citoyens du Monde a été, globalement, divisée en deux au
fil des décennies. En effet, aux origines du mouvement, la critique sur
la légitimité politique des états-nations, ainsi que sur
leur pérennité en tant que système d'organisation de la
société, était au sein des contestations. Le principe
fondamental de la contestation et de la démarche politique visait une
désintégration directe des états et leur dissolution en
une grande unification des gouvernements et de leurs souverainetés : un
changement radical de la structure internationale. Leur pacte, lu
le 14 avril de 1949 à Paris proclame : « Nous
déclarons l'humanité entière en état de
légitime défense contre les Etats Souverains, les
idéologies et les propagandes qui prétendraient justifier le
recours à la guerre... » « ...convaincus que les Etats
n'entendrons notre voix que si nous sommes des dizaines de millions
rassemblés... » « ...Nous appelons la masse du peuple à
se mobiliser librement pour la paix afin de n'être pas mobilisée
demain par les Etats pour leurs guerres73 ».
Le discours politique des Citoyens du Monde et des autres
associations qui participaient au mouvement était axé
principalement sur la recherche et l'exigence de paix et de
sécurité pour les populations du monde. Cela parait naturel,
puisque ce mouvement est issu des bouleversements politiques et des mouvements
de consciences qui ont caractérisé l'après guerre.
Les Citoyens du monde jugeaient donc nécessaire de
s'affranchir des états qui, selon eux, ne cherchaient que leurs
intérêts particuliers. Leur consigne principale ainsi que leur
propre définition de ce qu'est une Citoyen du monde consiste est la
suivante « Est Citoyen du monde toute personne, qui reconnait son
appartenance à la communauté mondiale, se conduit en
conformité avec cette identité, appelle à ce que les
problèmes mondiaux soient du ressort d'institutions mondiales
démocratique ».
La principale modalité d'action proposée
consistait, et consiste encore, à ce que chaque être humain sur
terre fasse un acte politique symbolique, en s'enregistrant en tant que Citoyen
du monde auprès des différents centres d'administration.
« S'enregistrer sur le registre civil des Citoyens du Monde est le
seul moyen pour établir des listes électorales mondiales et
participer par voies de consultations démocratiques transnationales
à la désignation de délégués au
Congrès des Peuples 74». Les Citoyens du Monde
appellent ainsi chacun à s'exprimer au nom d'une conscience mondiale.
Aujourd'hui, le discours et la démarche politique de
CDM ont évolué, et l'association a vécu un
élargissement important de ses requêtes et de ses revendications.
Ils continuent à penser que l'humanité doit se replanifier et se
réorganiser sous la tutelle d'un gouvernement mondial, cependant leur
réclamation pour une dissolution des états
73 Rolf Paul Haegler, Histoire et idéologie du
mondialisme, Zürich, Ed Europa Verlag Zürich, 1972
74 Brochure informative fourni par Citoyens du
Monde
s'est vue nuancée ces derniers trente années.
Dans la brochure fournie lors de l'enregistrement comme Citoyen du Monde
auprès du centre situé au 66 bd Vincent Auriol à Paris, il
est précisé que les CDM « proposent une organisation aux
citoyens et populations de la terre, impliquant le transfert de certaines
parties de la souveraineté nationale à une Autorité
(Fédérale) Mondiale capable de résoudre, par
décision majoritaire, les problèmes qui mettent en cause le
destin de l'espèce, tels que : faim, guerre, pollution, surpopulation et
énergie ». Afin d'atteindre et de sensibiliser un plus grand
nombre de personnes, il a fallu assouplir la radicalité du discours
original. Il s'agit donc non seulement d'une réadaptation du discours
aux changements du contexte politique international (la fin de la guerre froide
et des blocs de antagonistes, la fin du processus de décolonisation, la
mondialisation, etc.) mais aussi au désir des militants de CDM de
redynamiser le mouvement en manque d'adhérents, notamment en France.
Malgré cet acte de pragmatisme politique, le discours et le vocabulaire
démodé de l'après-guerre continue à hanter les
différents documents et brochures, par exemple, le diagnostique des
« nouveaux » problèmes de l'humanité repose sur les
critiques et les questionnements adressées aux Nations-Unies dans les
années 1950.
Parmi les « nouvelles » revendications
traitées, figurent « La retraite, la précarité,
la répression, la pollution, la faim dans le monde, l'intégrisme,
le terrorisme, l'éducation, la santé, l'eau, l'alimentation,
l'énergie, la déforestation, le nucléaire, la
démocratie, les droits de l'homme... 75» Presque
toutes les causes méritent une place dans la liste des menaces et dans
le bilan dressé sur les injustices et les problèmes sociaux de
l'humanité. Cette flexibilité au niveau des champs d'action est
possible car pour la pensée des CDM, l'origine de tous ces maux est la
même, et leur remède définitif relève de la
même action : la faute est incontestablement liée aux
méfaits de la souveraineté absolue des états et de
l'absence d'une loi et d'un gouvernement supranational.
Il est important de décrire le ton qui domine dans le
discours ainsi que les qualités humaines qui sont sensées
être affichées et défendues par tous les CDM. En effet,
l'appel à la tolérance, à la vision cosmopolitique et
à la reconnaissance de la différence en tant que richesse du
monde sont omniprésents dans tous les documents. Savoir s'enrichir des
nos diversités, la recherche d'un développement économique
harmonieux et respectueux
75 Brochure informative fournie par CDM.
des tous les être humains, la pluralité et le
respect de convictions, d'opinions et de tendance, la préservation et le
respect de la diversité culturelle, la défense des Droits humains
et des droits fondamentaux de toute les populations sans distinction sont parmi
les valeurs et les vertus comprises dans la citoyenneté mondiale. De ce
fait, un « model de citoyen mondial » se dessine implicitement dans
le discours des CDM : il est participatif dans les différentes instances
politiques, il a un comportement civique exemplaire, il est respectueux de lois
et préoccupé par l'intérêt commun, il est solidaire,
altruiste et ouvert du point de vu culturel, il défend la
fraternité entre les peuples du monde ainsi que la préservation
de la biosphère.
Le fonction de remplir la lacune existante dans l'association
CDM, au niveau de l'organisation et de la diversification des actions
concrètes proposées aux activistes et aux sympathisants de la
citoyenneté mondiale, est assuré, comme nous l'avons dit, par
l'ASCOP-Citoyens du Monde. Ainsi, la structuration, la coordination et la
gestion des activités en tant que telles est un travail de l'ASCOP, elle
est l'héritière directe de toutes les démarches
idéologiques et politiques des CDM, il s'agit d'un organisme
complémentaire qui reprend non seulement les principes fondamentaux et
l'esprit du mouvement mondialiste et des CDM, mais qui essaye également
de jouer un rôle de terrain plus actif.
L'ASCOP fonctionne comme une plate-forme de sensibilisation
à la citoyenneté mondiale, c'est un espace de participation et
d'échanges. Le support privilégié choisi pour le partage
d'expériences, de coordination et de communication est internet et
notamment Facebook. Un calendrier d'informations et d'activités à
caractère mondialiste est ainsi annoncé sur la web, ainsi que les
détails de diverses rencontres, réunions de travail,
assemblées générales, organisation et résultat des
élections, démarches du Congrès des Peuples,
journées de commémorations, congrès internationaux,
conférences, etc. Les activités affichées se
déroulent dans tous les pays du globe.
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