Les comportements sexuels et reproductifs des femmes vivant sous antirétroviraux au Cameroun( Télécharger le fichier original )par Moustapha Mohammed Nsangou Mbouemboue Université Yaoundé I - Master en sociologie 2010 |
CHAPITRE IV :LES COMPORTEMENTS REPRODUCTIFS DES FEMMES SOUS TRAITEMENT ANTIRETROVIRAL AU CAMEROUNDans ce quatrième et dernier chapitre, il faut entendre par comportement reproductif, toute attitude consistant à concevoir, à mettre au monde un enfant puis à l'alimenter. A ce niveau, les préoccupations qui se dégagent sont celles de savoir : quel est le discours biomédical mis sur pied par les professionnels de santé pour assurer le désir d'enfant chez les femmes séropositives ? Quelles sont les conditions à remplir pour être éligible à la fécondité ? Quelles sont les logiques sociales qui orientent les comportements reproductifs de ces femmes ? Quelles difficultés rencontrent -elles dans la gestion de leur fécondité ? Il sera question ici de présenter les recommandations faites par les professionnels de santé aux femmes séropositives en matière de procréation, puis des représentations sociales de l'enfant qui ont cours en Afrique en général et au Cameroun en particulier. Nous présenterons également les différentes options d'alimentation des enfants nés de ces femmes ensuite dans la deuxième partie nous relèverons les différentes contraintes auxquelles font face ces femmes. I. FEMMES SEROPOSITIVES : ENTRE NORMES THERAPEUTIQUES ET REPRESENTATIONS SOCIALES DE L'ENFANT AU CAMEROUNI.1.Normes thérapeutiques en matière de procréationL'infection au VIH /SIDA influence la fécondité de toute personne séropositive en ce sens que dans cette situation elle devient conditionnée par son état de santé. Ce qui entre en contradiction aux habitudes de procréation ayant cours dans le continent en général et dans le pays en particulier. Avant 1990, du fait des connaissances limitées, le VIH était incompatible avec le désir d'enfant. Lorsqu'un individu se découvrait séropositif, surtout la femme, le seul conseil prodigué par le personnel de santé était de ne pas ou plus accoucher. Ceci parce que la science n'avait pas encore progressé au niveau de la PTME pour essayer de sauver le bébé qui devait naitre de l'individu infecté. Mais à la fin des années 1990, avec les avancées de la PTME, il s'est révélé que le VIH est présent dans le sperme des hommes non traités entre 80 - 90% et 10% chez les sujets traités grâce aux techniques de triage du sperme mis au point. De nos jours, le désir d'enfant et l'infection au VIH ne sont plus incompatibles grâce aux avancées de la PTME. Mais cette procréation en temps de VIH se fait par assistance médicale. I.1.1.Une procréation sur autorisation médicaleChez les personnes infectées, le désir d'enfant est conditionné par une assistance médicale. Ce sont les professionnels de santé qui donnent un agrément pour la conception. Cette conception est précédée par des examens biologiques qui déterminent le taux de lymphocytes CD4, puis la charge virale de l'individu. D'autres examens sont également prescrits avant l'acceptation de la procréation à savoir le prélèvement urétral (PU) chez les hommes séropositifs ou le prélèvement cervico vaginal (PCV) chez les femmes pour détecter la présence des IO ou des IST car selon le Dr YMELE FOUELIFACK, Généralement les gynécologues demandent le test d'IST parce qu'elles peuvent influencer sur la fécondité d'une femme en expulsant la grossesse ou en développant les mécanismes d'infection du bébé pendant l'accouchement220(*). Dans le cas où la femme présente un taux de CD4 inferieur ou égal à 200, le personnel de santé n'autorise pas à la femme de concevoir. Elle est tenue de patienter pour que son taux de lymphocyte CD4 remonte. Quant aux femmes qui sont à 500 de CD4, elles peuvent concevoir leur enfant au cas où elles ne présentent pas des pathologies opportunistes ou des IST. * 220 Entretien, septembre 2009. |
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