II.2.2.2.L'Islam
Considéré comme l'un des grands courants
religieux du Cameroun, l'islam a une idéologie qu'il développe
dans sa stratégie de lutte contre le VIH/SIDA. Il s'agit de l'abstinence
et de la fidélité. Abstinence pour les fidèles qui ne
sont pas encore mariés et fidélité pour ceux qui vivent
déjà en union reconnue.
Cependant, en ce qui concerne l'usage du préservatif,
cette religion maintient une position ferme, celle de la proscription. Pour
elle, le préservatif est un instrument artificiel qui empêche les
individus d'entretenir des rapports sexuels naturels tels que prévus par
le Coran.
De même, le sperme est un liquide qui contient les
germes humains, utiliser le préservatif c'est gaspiller ce liquide.
Par conséquent, gaspiller les germes humains. Or dans la tradition
musulmane, l'enfant est un don de Dieu et il est intolérable qu'un
individu aille à l'encontre de la divinité en recourant aux
méthodes contraceptives.
Accepter le préservatif dans l'islam, c'est autoriser
la débauche sexuelle, la fornication qui sont des contre-valeurs de
cette religion.
A ce moment, il se pose un problème
d'interprétation. D'un côté, on a des fidèles
musulmans qui sont confrontés à la situation de la non
autorisation du préservatif dans le but de limiter les comportements
jugés peu ordonnés et d'un autre côté, le discours
biomédical qui recommande fermement l'usage de cet instrument ou
contraceptif à toute personne séropositive. Or l'Islam est une
religion qui impose soumission et obéissance de la femme vis-à
vis de son mari, car c'est la première règle dans tout mariage
musulman.
Ainsi, la femme séropositive est confrontée
à une situation dans laquelle, si elle veut respecter sa religion, elle
sacrifie sa santé au profit de sa religion. Surtout qu'en situation de
VIH/SIDA, la PVVIH devient de plus en plus croyante parce qu'elle croît
en la délivrance divine.
En conclusion, chez les PVVIH les comportements sexuels ne
sont pas toujours homogènes. Au Cameroun, le discours médical
axé sur la sexualité recommande l'usage systématique du
préservatif, l'alimentation équilibrée et saine coince les
femmes séropositives. Le fait de vouloir respecter ce discours les
expose à des risques socioéconomiques, culturels et religieux.
D'un coté, elles sont confrontées à des recommandations
médicales qui doivent désormais régir leur
sexualité et d'un autre coté, elles font face à des
contraintes cultuelles, sociales, économiques, et religieuses. Ce qui ne
leur permet pas toujours de développer des comportements sexuels tels
que le défini le discours médical. En plus, la santé
sexuelle et reproductive des femmes au Cameroun ne dépend pas d'elles.
Face à cette incapacité de pouvoir échapper à ces
contraintes, certaines femmes qui désirent se préserver et ne pas
contaminer leurs partenaires, préfèrent juste s'abstenir de
relations sexuelles espérant rencontrer des hommes ayant leur statut
sérologique. De même, ce mode de comportement défini par la
médecine semble faire une scission entre sexualité et
procréation, or en Afrique les deux vont de paires.
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