I-2-3 La nymphe
La nymphe est une pupe mobile, apode, en forme de virgule
vivant dans l'eau, caractérisant le stade de repos qui s'intercale entre
la larve et l'adulte Elle est formée d'un céphalothorax globuleux
et d'un abdomen.
Le céphalothorax porte des ébauches des yeux et
des appendices (antennes, trompe, pattes, ailes) .On note aussi l'existence de
deux trompes siphonothoraciques respiratoires par lesquelles la nymphe respire
l'air atmosphérique ou l'air des plantes aquatiques (Grassé,
1979).
L'abdomen est composé de huit segments visibles et d'un
neuvième atrophié, tous portant des soies
caractéristiques. Le 1er segment est muni d'une soie
palmée. Les segments 2 à 7 présentent des soies simples.
Le 8e segment est muni de deux palettes natatoires ainsi qu'une soie
palmée.
Au fur et à mesure qu'approche la fin du stade nymphal,
la morphologie de l'adulte contenue dans l'exuvie devient de plus en plus
visible par transparence. L'augmentation de la pression interne entraîne
un déchirement médio-dorsal de la cuticule du
céphalothorax, permettant l'émergence de l'imago. L'exuvie
nymphale va servir de radeau jusqu'au durcissement complet de la cuticule de
l'adulte. Dès lors, l'adulte reste un instant immobile, le temps que ses
ailes se déploient, puis s'envole. L'émergence dure environ
quinze minutes et représente une phase
délicate dans la vie de l'insecte où survient
une forte mortalité par noyade allant à près de 80% dans
certains cas (Rodhain et Perez, 1985).
La durée du stade nymphal est de 2 à 3 jours.
Elle est ailleurs inversement proportionnelle à la température :
20 jours à 20°c, mais seulement 7 jours à 31°c,
permettent ainsi la compétition de cette phase dans des sites
temporaires. La variation de la pluviosité est un facteur important dans
la productivité nymphale.
Après le stade nymphal, l'insecte subit une
cinquième mue libérant ainsi l'adulte.
I-2-4 L'adulte
L'imago est un petit nématocère fin à
corps allongé de 5 à 10 mm de long. L'adulte mâle et
femelle est nectarivore, mais la femelle est en plus hématophage et la
quantité de sang prélevée fluctue de 4 à 10
mm3 en 1 à 2 minutes. La femelle est attirée par les
odeurs corporelles, le gaz carbonique ou la chaleur émise par leurs
hôtes (Rozendaal, 1999)
L'hématophagie est importante pour la maturation des
oeufs, car la plupart des espèces ont besoin d'apport
supplémentaire en protéines. Elle n'est pas indispensable
à la survie. Il existe néanmoins des espèces dites
autogènes, qui sont capables de produire leur première ponte sans
repas sanguin, et utilisent les réserves énergétiques
accumulées par la larve, à l'exemple de Culex pipiens,
Coquillettidae richiardii, Uranotaenia unguiculata (Cléments,
1963).
Les adultes présentent des préférences
trophiques diverses vis-à-vis des hôtes et l'environnement. Ainsi,
on a des espèces zoophiles (piquent les animaux), anthropophiles
(piquent l'Homme), zoo-anthropophiles (piquent les animaux et l'Homme),
exophages (piquent à l'extérieur) ou endophages (piquent à
l'intérieur des maisons), exophiles (se reposent à
l'extérieur) ou endophiles (se reposent à l'intérieur).
Les femelles sont fécondées peu de temps après
l'éclosion. L'accouplement a lieu soit en plein vol au niveau des
essaims (espèces eurygames),
soit au repos (espèces etenogames). La femelle pond
généralement après le premier repas sanguin. Le nombre de
ponte varie de trois à cinq. La femelle ne s'accouple qu'une seule fois
au cours de son existence. Les spermatozoïdes sont emmagasinés dans
un réceptacle appelé spermathèque dont ils sont extraits
progressivement pour féconder la totalité des oeufs qu'elle
produit pendant le reste de sa vie. Quand la femelle est gravide, elle cherche
un gîte aquatique adapté à la ponte. Le temps qui
s'écoule entre le repas sanguin et la ponte des oeufs s'appelle cycle
gonotrophique. La durée de ce cycle varie de deux à cinq jours
selon les espèces ; elle varie de 48 à 74 heures en zone
tropicale chez le genre Anopheles (Mouchet et Carnevale, 1991). La
longévité de l'adulte varie selon la température,
l'humidité relative de l'air et l'espèce de moustique. En
général, les femelles vivent en moyenne trente à quarante
jours, les mâles trois à quatre jours sous une température
de 25°c à 27°c et une humidité relative de 70% à
80% chez le genre Anopheles (Rodhain et Perez, 1985). Pour certaines
espèces, elle est de trois à quatre semaines (par exemple
Culex pipiens en période estivale), pour les espèces qui
hibernent à l'état adulte, elle peut atteindre et dépasser
six mois (c'est le cas d'Anopheles atroparvus) (Mouchet et Carnevale,
1991). Les moustiques adultes du genre Aedes ne survivent que dans un
climat humide, à des températures supérieures à
22°c jour et nuit, par exemple Aedes aegypti n'est actif que si
la température est supérieure à 23°c.
La distance parcourue dépend de la réserve
d'énergie fournie par le glycogène, synthétisé
à partir du nectar et stocké dans le corps gras et dans les
muscles .La distance maximale parcourue après un repas de nectar est
d'environ 30 km, mais pas forcément en une seule fois, ni une seule
direction. Le rayon d'action est variable selon le sexe et les espèces,
de 1 à 10km quand les conditions atmosphériques sont convenables.
Le mâle a un rayon d'action plus court, par conséquent la
présence d'un grand nombre de mâles indique la proximité
d'un gîte (Bakwo, 2005).
Les moustiques sont de petits nématocères fin
à corps allongé, de 5 à 10 mm de long. Le corps est
subdivisé en trois parties distinctes (la tête, le thorax, et
l'abdomen) recouvertes d'écailles qui aident à l'identification
(Holstein, 1949).
Le tégument est composé de plaques rigides
(sclérites) reliées entre elles par des membranes chitineuses
minces. Chaque métamère (segment du corps) est un anneau
formé d'un tergite (sclérite dorsal) d'un sternite
(sclérite ventral) et de deux pleurites (sclérites
latéraux). Les téguments portent des soies ou des écailles
(ornementations) qui jouent un rôle protecteur en ralentissant
l'évaporation cutanée. La disposition, la couleur des
écailles servent en taxonomie.
La tête est globuleuse et bien dégagée du
thorax. Elle est portée par un cou étroit et porte :
Une paire d'yeux très grands, réniformes et
composés d'yeux élémentaires (ommatidies)
juxtaposées en occupant la majeure partie.
Une paire d'antennes implantées dans la région
faciale formées de plusieurs segments : un bourrelet d'insertion
globuleux, le scape. Un deuxième segment allongé ; le torus qui
renferme l'organe auditif de Johnston (plus développé chez le
mâle) une troisième partie ; le flagellum composé
d'articles en nombre variable selon les sexes. Entre chaque article
s'insèrent des soies courtes chez les femelles (antennes glabres) et
très longues chez les mâles (antennes plumeuses).
La trompe est un organe impair située dans la partie
inféro-médiane. Sa structure est différente selon les
sexes : chez la femelle, hématophage, la trompe est composée :
- De trois pièces impaires qui sont de haut en bas :
l'épipharynx, l'hypopharynx et le labium.
- De quatre pièces paires et symétriques : deux
mandibules en haut, deux maxilles en bas.
Chez les mâles qui ne se nourrissent pas de sang, mais de
sucs végétaux, seuls persistent l'épipharynx et le
labium.
Les autres pièces buccales foreuses sont
atrophiées. Les deux palpes maxillaires situés de part et d'autre
de la base de la trompe, sont des organes tactiles formés de trois ou
quatre articles ; elles sont de même longueur que la trompe. Chez les
mâles, l'extrémité distale est aplatie ou raquettes.
Le thorax est renflé dorsalement et globuleux. Il est
formé de trois segments fusionnés (le prothorax, le
mésothorax, et le métathorax) portant chacun une paire de pattes
articulées composée d'un fémur, un tibia, un tarse
à cinq articles dont le premier est encore appelé
métatarse et le dernier dépourvu de deux griffes ou ongles
égales ou inégales munies (Aedes) ou non d'une ou deux
dents accompagnées (Culex) ou non (Aedes) de pulvilli.
Le prothorax est réduit par rapport au mésothorax qui porte une
paire d'ailes minces et transparentes avec une frange de soies au bord
postérieur à nervures couvertes d'écailles. Le
métathorax porte deux balanciers ou haltères qui sont les
vestiges de la deuxième paire d'ailes ; ces haltères vibrent
rapidement lorsque le moustique est en plein vol ; ils servent d'organes
d'équilibre.
L'abdomen est allongé et a une forme cylindrique. Il
est constitué de dix segments distincts dont huit seulement sont
visibles, portant des écailles chez les Culicinae,
dépourvus (sauf à de rare exception) d'écailles chez les
Anophelinae.
Chez le mâle, le neuvième segment porte
l'armature génitale ou hypygium. Chez la femelle, il porte des cerques
plus ou moins visible. Le bout de l'abdomen est effilé ou tronqué
et sert à l'identification des différents genres de
moustiques.
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