II. Opinion publique
Arnaud Mercier affirme que le « contrôle » que
le public pourrait avoir dans l'espace communicationnel serait essentiellement
« sondagier », et que les médias, en tant que relayeurs et
commentateurs des sondages, deviendraient les représentants par
excellence de cette opinion publique.
Patrick Charaudeau22, également dans les
années 90, va nous présenter une définition plus ample de
la formation de l'opinion publique ; un produit de la relation entre
la réception et la production de l'information médiatique.
21 Source : Médiamétrie :
Médiamat Annuel 2009 pour les données sur la
télévision et Communiqué Année internet 2009 pour
les données sur l'internet. Pourcentage calculé sur la base de la
population française au 1er janvier 2010, publiée par l'INSEE :
64,7 millions
22 CHARAUDEAU Patrick, Le discours d'information
médiatique. La construction du miroir social, p. 81
Selon l'auteur, la production de l'information
médiatique prend en compte les comportements de consommation
médiatique du public, mesurés à travers de «
l'audimat ~, ainsi que l'observation des effets divers produits, a travers des
« études d'impact », pour construire une information qui
influencera a son tour ces comportements et effets. Un phénomène
circulaire s'établit ainsi entre la réception et la production de
l'information médiatique ; tantôt les médias justifient
leurs stratégies prétendant qu'ils répondent aux attentes
de leur public, tantôt les médias vont influencer ces attentes.
Gestionnaires en grande partie de l'accès a l'espace
communicationnel, les médias influencent ainsi l'opinion publique. Mais
comment se passe cette influence ? Quels aspects sont pris en compte dans la
stratégie de production de l'information ?
Charaudeau nous invite à penser que les médias,
soumis à la concurrence du libre marché, réalisent un
double effort pour essayer de capter leur public ; ils prennent en compte
à la fois sa capacité intellectuelle et sa sensibilité
affective, et structurent l'information de manière a attirer leur
attention de façon rationnelle, par le biais d'un discours
crédible, et de façon non-rationnelle, par le biais de la mise en
spectacle de l'information.
Cette idée révèle la contradiction notable
auxquelles sont soumis les médias : être le plus crédible
possible tout en suscitant l'émotion du public.
Je vous propose donc de structurer notre discussion sur ces
deux contraintes majeures auxquelles ont été soumises
Globo et TF1 : être crédible et attirer
l'émotion. Nous verrons que pour donner l'information sur l'accident,
tant le Jornal Nacional que le 20 Heures se sont
refugiés dans la fiction, pour obtenir de la crédibilité,
et dans l'émotion, pour attirer le public.
1) Le refuge dans la fiction
Les résultats présentés auparavant nous
avaient montré qu'une grande partie des techniques de mise en
récit de l'information télévisée cherchent à
produire un effet de réalité sur le spectateur. Nous partagerons
ces techniques en deux groupes : les techniques couramment utilisées par
les médias, ce que nous appellerons de techniques de faux
semblant, et les techniques utilisées davantage dans le cadre du
crash, qui visaient à créer un effet de réel face a
l'ignorance ou l'impossibilité de communiquer la réalité.
Nous appellerons ces dernières : techniques de fausse
réalité.
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