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Le developpement local face a la politique de decentralisation

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par Yelba Patrice ILBOUDO
Ecole doctorale en dynamique des espaces et sociétés / Université de Ouagadougou - Master II R 2009
  

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III.2.2-Les enjeux du développement local

La littérature sur les enjeux du développement local n'est pas aussi fournie que celle de la décentralisation ; néanmoins nous retenons quelques écrits d'auteurs. Le développement local est avant tout un processus endogène s'inscrivant dans un territoire vécu, conduisant à un projet global de société en articulation avec l'extérieur (Handicap international, 2007). Dans ce sens, Le développement local doit également être pensé comme une « arène politique » dans le sens où s'affrontent différents pouvoirs et groupes stratégiques pour l'accès aux ressources et au pouvoir de contrôle sur la distribution de droits (Olivier de Sardan, 1995). Cela n'a rien d'une évidence tant la tendance est forte de réduire le développement local à la simple (mais nécessaire) réalisation massive d'infrastructures socioéconomiques de base (pistes, écoles, centres de santé, puits, forages, etc.).

Une autre caractéristique du développement local est que, lorsque la dimension institutionnelle est présente, elle s'inscrit dans un esprit de pluralisme des

formes d'institutions et des acteurs et prône généralement l'unanimité politique, contrairement à la décentralisation (Marc Totte, 2003).

Par ailleurs, il crée une dynamique interne au sein des populations dans la prise en charge de leurs propres affaires à travers la création d'une capacité de contrôle des ressources et réalisations locales et de réaction face aux éléments extérieurs. (PAVD/Mali, 2004). Ce processus de mobilisation et de changement s'organisent sur des aires géographiques de nature différentes. En outre, le développement local n'est pas la défense d'un territoire contre les autres territoires ; mais une démarche solidaire contre toute forme de localisme en mettant toutefois en exergue les avantages comparatifs dans le but d'une harmonisation et d'une complémentarité entre les zones géographiques d'un même Etat. Il crée des institutions spécifiques et pousse à la rétention locale des richesses (idem).

Ainsi de tous ses enjeux, il ressort que le développement local renforce l'identité et la cohésion socioculturelle, crée des espaces de coopération, de dialogue, de réflexion et de créativité, et constitue également une alternative aux modèles classiques de développement.

III.3- Perceptions de la population des enjeux et des stratégies de la décentralisation et du développement local

Des textes actuellement en discussion dans plusieurs pays africains, les premières réalisations et les réactions des paysans montrent cependant que les modalités pratiques prévues pour la décentralisation risquent fort d'aller à l'encontre des objectifs prévus. Leurs inquiétudes portent sur les points suivants :

La décentralisation est pour le moment décidée au sommet et imposée aux populations. « Définir une réforme du sommet quand on a comme objectif de «mobiliser les populations«, c'est se moquer du monde ou avouer que la mobilisation ou la participation des populations n'est qu'un élément décoratif du discours. Quand on connaît par ailleurs la méfiance des populations vis-à-vis de ce qui vient de l'extérieur, et particulièrement de l'Etat, on ne peut que rester sceptique sur les chances de réussite. Actuellement pour la majorité des paysans interrogés, la décentralisation va être une magouille entre les partis, un moyen de prélever

davantage d'argent sans qu'on voie les réalisations. » (D. Gentil et B. Husson, 1996,

p3).

En effet, s'il est encore fréquent de rencontrer généralement parmi les couches les plus défavorisées de la population, des personnes qui n'ont jamais entendu parler de la décentralisation ou qui n'en connaissent que le nom un nombre non négligeable de personnes au Benin qui sont à même de lui donner un contenu en ont une compréhension erronée ou confuse (Christophe A, 2006). Le plus souvent, elles assimilent à la décentralisation les autres aspects de la réforme territoriale et est ainsi régulièrement confondue avec le découpage territorial (idem).

En outre, l'arrivée de l'Etat au niveau local est ressentie par les populations locales comme une nouvelle source de contraintes et de dangers. Si aux yeux des populations, la décentralisation n'agit pas positivement sur leur cadre de vie et de travail, sur leurs revenus, sur leur éducation, sur leur santé, alors ils jugeront inutile la construction politique de la décentralisation (Sawadogo. R. A, 2003 cité par M. Totte et al, 2003, p96).

La décentralisation étant toujours un phénomène nouveau au Benin, de l'avis de Christophe André, il est bien malaisé de savoir aujourd'hui ce qu'elle sera concrètement et quelles en seront les conséquences pratiques pour les populations. Selon lui, si l'on ajoute à cela la mauvaise information ou l'absence d'information qui règne à son propos au sein de la population, on comprend plus aisément pourquoi l'attitude des uns et des autres vis-à-vis de la décentralisation, qu'elle soit positive ou négative, reflète fondamentalement un positionnement par rapport à l'État. L'État reste le référent ultime, l'interlocuteur absolu de la population, comme l'illustrent bien ces propos d'une jeune marchande appréhendée par ce dernier :

"Tout ce que l'État décide est bon. Est ce que nous pouvons quelque chose contre notre sort ? Le mieux pour nous maintenant est de regarder faire".

Aussi, pour une certaine catégorie de population, la décentralisation est perçue comme une réforme de l'État parmi d'autres ; telles que la création des départements et des provinces (Pamphile. S, 2000). Pour la population, l'initiative

vient de l'État et c'est lui qui la met en oeuvre. Ainsi elle ne conçoit pas la décentralisation comme un champ politique à investir (idem).

Il est cependant un aspect de la décentralisation qui inquiète fort une frange de la population au Benin pour qui ce processus ne se résume pas à un mot ; c'est la question des moyens financiers dont disposeront les communes décentralisées. En effet, bien ou mal comprise, la décentralisation consiste néanmoins pour les populations locales en un retrait de l'État dont elles craignent qu'il se transforme en un abandon. Selon ce point de vue, la décentralisation laisserait alors aux seules nouvelles communes la responsabilité d'assurer le développement local. Or il s'agit là d'une tâche qui nécessite des moyens financiers non négligeables et à laquelle les populations accordent la plus grande importance ; leurs attentes dans ce domaine portant prioritairement sur un entretien de qualité et le développement de l'infrastructure routière ainsi que l'adduction d'eau et l'électrification (Christophe A, 2006). Dans leur esprit, le développement local constitue déjà à l'heure actuelle la fonction principale de l'administration locale (après celle de délivrer des documents administratifs) et ils estiment à ce propos qu'elle l'assume mal ou insuffisamment. Elles redoutent que la décentralisation ait pour effet d'accentuer cette situation, l'État se désengageant davantage tout en n'allouant pas plus de moyens financiers aux entités décentralisées (idem).

Aussi de l'avis toujours de Christophe André (2006), ne voyant pas de quelle façon les entités décentralisées pourraient subvenir à leurs besoins accrus, la population locale redoutent souvent d'être abandonnées par l'État dont ils attendent toujours l'intervention et craignent que la décentralisation ne les livre par conséquent à eux-mêmes.

Toutefois, il existe une certaine tranche de la société civile qui reconnait les effets positifs de l'avènement de l'érection des mairies. Selon Pamphile sebahara (2000), Pour cette dernière, il ya une facilité des démarches administratives liée à la

proximité de la commune et à la disponibilité de ses agents ainsi que des réalisations du conseil municipal en matière de développement.

CHAP IV : Les compétences et les responsabilités des

acteurs et l'Etat et la participation de la population au

développement local

Ce dernier chapitre de notre étude se donne pour objectifs d'identifier et d'analyser d'une part les compétences et les différentes responsabilités qu'occupent les acteurs locaux et l'Etat dans le processus de décentralisation et d'autre part étudier la participation de la population locale aux projets et programmes de développement.

IV.1- les compétences et les responsabilités des acteurs locaux et L'Etat

Il est de plus en plus évident que le développement d'un pays n'est pas l'affaire d'une minorité de personnes mais de tous les membres de la communauté sans exception. D'où la nécessité de définir les rôles et les responsabilités de chaque tranche de la communauté pour un développement des plus harmonieux.

Ainsi pour une meilleure compréhension de ces rôles et responsabilités que jouent ces acteurs locaux et l'Etat, nécessité s'impose à nous de les définir d'abord sous un angle tel que proposé par les textes avant de donner les différentes opinions des auteurs sur cette question.

IV.1.1- les compétences et les responsabilités des acteurs locaux et L'Etat telles que généralement définies

Dans la plupart des pays qui ont adopté la réforme de décentralisation, il est définis des rôles et des pouvoirs pour chacun des acteurs et ceux à travers des textes bien structurés.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway