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La modalité épistémique en anglais

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par Marc Capliez
Université d'Artois - Master 1 recherche 2010
  

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5. SHALL, WILL et le futur

a. Expression du futur

L'anglais, contrairement au français, ne possède que deux temps : le passé et le présent (ou non-passé) et ne comporte pas de temps futur proprement dit. Pourtant, le renvoi à l'avenir est possible et pour cela, les auxiliaires modaux sont un moyen essentiel. Traditionnellement, on considère le modal will comme le modal exprimant le « futur simple » (plain future), en double usage avec shall pour la première personne (E.S.C. Weiner, 1985). Le futur est par définition impossible à savoir à l'avance, c'est pourquoi le caractère non-certain et virtuel des modaux épistémiques, qui indiquent l'hypothèse et le doute, est parfaitement compatible avec le renvoi à l'avenir. Ainsi, will et shall comme auxiliaires du futur seront classés dans la

catégorie épistémique. Sans qu'il n'y ait une quelconque influence de leur valeur radicale (volonté), will et shall expriment une prédiction, et donc, le plus haut degré de certitude d'un événement, c'est pourquoi ils sont associés au futur. De la notion de modalité, l'on passe ainsi à la notion de temps. Toutefois, ils correspondent à une conséquence nécessaire ; ils sont toujours liés à une condition, plus ou moins explicite. La différence parfois faite entre will et shall est la suivante : will renverrait au futur à toutes les personnes sauf la première, et shall au contraire, n'exprimerait le futur qu'à la première personne. Pourtant, will à la première personne est possible, mais il arrive souvent qu'une ambiguïté demeure, puisque la valeur radicale a une grande influence (voir b). A l'inverse, shall utilisé à la deuxième ou à la troisième personne sera nécessairement radical (volonté imposée, avec l'exemple des dix commandements : You shall not kill). La forme contractée 'll commune aux deux modaux permet de ne pas se demander s'il s'agit de shall ou will. Prenons quelques exemples :

1. Some estimates suggest that UK charitable giving will fall by as much as £2.

2. No need to clean the lounge; Carole will see nothing when she comes in tomorrow.

3. If I should feel at all able to see you, I shall write to ask you kindly to call.

4. I shall, on occasion, ask you to run an errand for me.

5. We will stand in the corner, we shall see everything from there.

La prédiction annoncée par les deux modaux découle d'un raisonnement (d'où leur association avec la modalité épistémique), d'une condition (if, when), laquelle peut apparaitre plus ou moins clairement dans un énoncé. En 1, comme l'indiquent le sujet estimates et le verbe suggest, il s'agit d'une estimation, ce qui confirme la possibilité d'une interprétation épistémique de will ; la prévision fall by as much as £2 se réalisera et la condition est implicite (if the estimates are right). Dans l'exemple 2, la condition est exprimée à l'aide de when, après lequel on remarque l'emploi du présent simple et non pas d'un modal pour renvoyer au futur. Ceci peut s'expliquer par le fait qu'un modal exprimant le non-certain, il est impératif que la condition à laquelle est liée la prédiction repose sur un fait certain, et donc, exprimé par un présent simple (qui lui indique que l'évènement est réel au moment de l'énonciation). Ainsi, when she comes in sert de base et est présenté comme réel, et à partir de cela, une prédiction en découle : Carole will see nothing. Une explication semblable convient pour les propositions introduites par if, après lesquelles will renvoyant au futur n'est pas possible. En 3, la proposition avec if sert de base, de condition, dont les conséquences sont exprimées à l'aide de shall et seraient inévitables si cette condition se réalisait, d'où le renvoi

au futur : I shall write. La première personne est par ailleurs compatible avec une interprétation épistémique de ce modal. La phrase 4 est également une simple prédiction, et la première personne justifie l'emploi de shall. La condition liée y est un peu moins explicite ; il s'agit du repère on occasion, qui a en fait le même sens qu'une proposition en when. Enfin, l'exemple 5 permet d'observer l'alternance entre les deux modaux exprimant la prédiction à la première personne : la différence est ici quasi-imperceptible, si ce n'est que l'on associe souvent l'utilisation de shall avec des actions indépendantes de notre volonté, tels que like, etc. C'est pourquoi le verbe de perception involontaire see est utilisable avec shall, tandis que le verbe stand est compatible avec will. De nos jours, dans la langue courante, will s'emploie avec tous les verbes pour exprimer la prédiction simple. Ainsi, le rapprochement avec l'idée de logique, de raisonnement, contenue dans la modalité épistémique ressort : si telles conditions sont réunies, alors on peut penser que tel évènement se produira. Néanmoins, étant donné le caractère virtuel des modaux, la suite des évènements pourra tout à fait venir contredire l'affirmation exprimée par will ou shall, aussi certaine soit-elle aux yeux du sujet.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote