b. MAY concessif
Le cas du may appelé « may
concessif » se doit d'être étudié parmi les cas
d'ambiguïté quant à la détermination du type de
modalité. En effet, même si certaines grammaires le classent dans
la modalité épistémique, sa parenté avec la
permission, donc la modalité radicale, est présente. La
négation porte, tout comme avec la valeur épistémique, sur
l'évènement, tandis que la négation ajoutée au
may radical porte normalement sur le modal (you may not go out
= non-permission). De manière générale, le may
concessif sert à mettre
en balance deux arguments. Voici la première phrase d'un
article de journal :
The current violence in Somalia's capital may abate, but its
effects on people's lives will undoubtedly rage on for years to come.
Dans cette phrase, la relation prédicative <the
current violence in Somalia's capital - abate> peut ne pas être
validée. Il s'agirait d'une hypothèse quant à la
réalisation de cet évènement, comme le souligne l'adverbe
undoubtedly de la deuxième partie de la phrase et le modal
will, qui tous deux expriment la certitude et montrent bien le
contraste que l'énonciateur a souhaité établir avec la
première affirmation, vue comme incertaine. L'expression du doute n'est
cependant pas primordiale dans ce type d'énoncé, dans la mesure
où may est plutôt un prétexte pour annoncer un
second fait, qui correspond à un argument (its effects on people's
lives will rage on) venant contrebalancer la première affirmation
(the current violence may abate).
Prenons l'exemple suivant, tiré d'un roman
américain écrit à la première personne :
She was, obviously, one of those women whose polished words
may reflect a book club
or bridge club, or any other deadly conventionality, but
never her soul.
Ici, l'emploi de may sert non pas à dire que
les chances de validation de l'évènement sont égales aux
chances de non-validation, mais il sert à opposer cet
événement à ce qui suit but. La parenté
avec la valeur de permission de may radical est ici évidente,
puisque l'on peut reformuler la phrase ainsi : Certes (je vous
accorde que) elle était le genre de femme... May permet
également dans ce cas de mettre en balance l'affirmation avec celle de
la deuxième partie de la phrase (but they never reflect her
soul). Ainsi, le may concessif peut être rattaché
à la fois à la valeur radical, la permission, où
l'énonciateur accorde quelque-chose pour mieux mettre en avant son
propre argument, ainsi qu'à la valeur épistémique, puisque
la validation de la relation S - P est non-certaine, et c'est ce doute qui
permet à l'énonciateur de donner de la force à son
argument. Néanmoins, le may concessif exprimant clairement la
validation d'un fait est à relier davantage à la modalité
radicale, de même que les exemples où may indique que la
relation S - P n'est qu'hypothétique doivent être rattachés
à la modalité épistémique. Mais, comme l'illustrent
les différents exemples, il est souvent difficile de distinguer la
valeur, car cela dépend de la subjectivité de
l'énonciateur, sa propre perception de l'évènement.
|