2. OUGHT TO
Ought to est classé comme un semi-modal car il
partage avec les modaux plusieurs caractéristiques ; par exemple, il ne
prend pas de -s a la troisième personne, il n'a pas d'infinitif et il
est repris dans les énoncés non-assertifs. Néanmoins, il
est suivi de to. Ought était à l'origine le
prétérit du verbe owe. Si l'on considère à
présent la formation de should, l'on se rend compte du lien
entre les deux expressions : shall provient de la base germanique
skal-, qui signifie également owe, et -ED est
ajouté. Il existe par conséquent un lien fort entre les deux
termes ; tout comme should, ought indique donc une
nécessité logique, une vraisemblance, et la seule
différence est qu'il évalue une relation prédicative de
façon objective. En outre, il ne peut pas remplacer should dans
les cas évoqués en II. 1, c. Prenons un exemple :
`I am astonished,' said Miss Bingley, `that my father should
have left so small a
collection of books. What a delightful library you have at
Pemberley, Mr. Darcy!'
`It ought to be good,'he replied, `it has been the work of
many generations.'
Dans la première phrase, should ne pourrait
pas être remplacé par ought to ; il s'agit ici d'un
contexte appréciatif, et le modal sert à souligner
l'étonnement de l'énonciateur (I am astonished).
Ought to n'a pas cet usage. En revanche, it ought to be good
peut très bien devenir it should be good, et sans changer
le sens. Le modal et le semi-modal ont tous deux la même valeur, à
savoir, l'évaluation de la relation <it - be good> comme
vraisemblable. Le raisonnement effectué par l'énonciateur est
explicite : it has been the work of many generations, et la conclusion
est exprimée par ought to. Cependant, étant donné
qu'un semi-modal n'a pas exactement les mêmes caractéristiques
qu'un modal, l'estimation portée par ought to est vue comme
objective, dépendant de circonstances extérieures.
Should, à l'inverse, mettrait en avant la subjectivité
de l'énonciateur. Enfin, à la différence de be likely
to, par exemple, ought to étant un semi-modal, il peut
avoir une valeur radicale.
3. BE SURE/CERTAIN TO
Sur bien des plans, l'expression be sure to est proche
du modal must. En effet, dans les
deux cas, la réalisation de la relation
prédicative est vue comme très probable, quasi-certaine. 1.
He was not in the frequent habit of entering the schoolroom, but I had the
impression that he was sure to visit it that day.
2. Do you like this sunrise, Jane? That sky with its high and
light clouds which are sure to melt away as the day waxes warm.
Afin de comprendre la différence d'emploi de
l'expression be sure to et des modaux, il convient d'effectuer
quelques manipulations. Tout d'abord, dans les deux exemples, l'estimation
porte sur un évènement à venir. En 1, puisque la relation
<he - visit it> n'est pas encore actualisée au moment
d'énonciation, le fait sur lequel porte l'estimation est vu comme
à venir, par rapport à la situation d'énonciation qui est
passée. C'est pourquoi remplacer par must est impossible, car
l'hypothèse concerne un fait futur (visit it that day), et
must ne permet pas d'effectuer ce genre d'hypothèses,
contrairement à may. De même, en 2, même si le
contexte est présent, l'évaluation porte sur un fait futur, comme
le montre as the day waxes warm ; [the clouds] are sure
to melt away ne peut pas devenir they must melt away sans changer
le sens. En effet, vu qu'il s'agit de verbes dynamiques dans les deux cas
(visit et melt away), remplacer par must, ou
même will (would pour la concordance des temps) qui
exprime la certitude, leur attribuerait une valeur radicale (l'obligation avec
le premier, et la volonté avec le second), les procès dynamiques
associés à ces deux modaux déclenchant soit, comme c'est
souvent le cas, une ambiguïté dans le cas de will
(cf. I. 5), soit nécessairement la valeur radicale dans le
cas de must. Remplacer par may (might au
passé) est cependant également impossible ici, même si
may autorise l'évaluation des chances de réalisation
d'un fait à venir. Be sure to indique en effet une certitude et
non une équiprobabilité. L'on remarque ainsi que cette expression
de modalité, bien que très proche de must, s'utilise
différemment. Le modal exprime une quasi-certitude d'un fait en cours
(he must be asleep) ou passé (he must have been
asleep) au moment d'énonciation ; cette quasi-certitude est
généralement présente, ou passée dans les cas de
concordance des temps. Be sure to, à l'inverse, peut concerner
un fait à venir, aussi bien dans une situation d'énonciation
présente (am/is/are sure to) que
passée (was/were sure to). Il devient alors possible
d'affirmer que les emplois de be sure to complètent ceux de
must, puisque ceux-ci ne peuvent se substituer à
ceux-là, et vis versa. Pour ce qui est de la comparaison avec
will/would, certes le modal, tout comme be sure to,
évalue un fait à venir, mais il établit un rapport de
congruence à travers la prédiction, tandis qu'avec be sure
to, une incertitude demeure, et le ton est bien plus neutre. Enfin, avec
des verbes dynamiques, aucune ambiguïté n'est possible puisque
be sure to n'a qu'une valeur épistémique, d'où la
possibilité de l'utiliser dans des narrations au passé.
|